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lundi 14 mars 2022

De choses et d’autres - 10 heures insupportables

La jeunesse française est géniale. Du moins certains de ses membres qui n’hésitent pas à donner de leur temps pour faire bouger les choses. Plus que du bénévolat, plus que du militantisme, au-delà du sacerdoce : le défi de dix heures. L’exemple vient d’un jeune chômeur du Jura âgé de 25 ans. Sous le pseudonyme de Cemcem, il publie des vidéos de 10 heures sur sa chaîne YouTube qui compte près de 250 000 abonnés. Dix heures de courage brut car les défis relevés sont tout sauf évidents.

Le premier, en 2018, se filmer durant 10 heures en train de regarder, en boucle, le fameux « Bonsoir Paris » qui a lancé la carrière de Bilal Hassani. Imaginez, une fois c’est déjà un peu gênant, 20 fois de suite dans différentes conditions, c’est clairement pénible. Mais 10 heures d’affilée, là chapeau ! Il a également cumulé des millions de vues quand il a subi durant 10 heures le générique de 3 secondes de Netflix. Autre idée, rester 10 heures dans le noir et se filmer à la caméra infrarouge.

Le plus compliqué, compter jusqu’à 100 000. La vidéo dure 12 heures, mais il a dû tourner durant près de 50 heures avec pas mal de pauses.

Il a finalement trouvé l’idée ultime « du défi de la mort qui tue ». Il vient de publier le résultat de son expérience « Je regarde Zemmour durant 10 heures ». La voilà la solution pour faire baisser le vote des extrêmes : obliger les électeurs à écouter durant 10 heures le discours de leur favori.

Avant la 7e heure, ils auront craqué et ne voudront jamais apporter leur suffrage à ce qui sera devenu un véritable cauchemar. Cela marche à droite comme à gauche. Le problème, malheureusement, c’est que le résultat serait le même avec les candidats républicains et l’abstention battrait de nouveaux records.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 3 mars 2022

mercredi 1 juillet 2020

De choses et d’autres - Quand le vert déborde

Encore une fois, Éric Zemmour fait parler de lui. Le trublion de droite, qui tous les soirs peut s’exprimer sur CNews, a commenté lundi soir la victoire des écologistes aux municipales en faisant cette constatation pour le moins hasardeuse. Pour lui, pas de doute : « Le vert des Verts correspond comme par hasard au vert de l’islam. » Forcément, tout ce qui se prétend encore un peu de gauche et humaniste sur le net s’est offusqué. 

En fait, cette dernière saillie de Zemmour nous en apprend plus sur son état mental que sur ses convictions politiques. Car en ne voyant dans le vert des Verts que la couleur de l’islam, tout psychologue, même d’opérette, comprend immédiatement que Zemmour a un gros problème de rejet de cette religion. Un être normal, un tant soit peu équilibré, quand on lui dit « vert » pense immédiatement herbe, arbres, chlorophylle. Nature et écologie quoi… Pour Zemmour, le vert symbolise l’islam. Point. 

Vous me direz, il aurait pu être encore plus dérangé. Il y en a qui associent cette couleur aux extraterrestres et craignent d’être enlevés pour subir des expérimentations. 

Pourtant, le vert reste une très jolie couleur. Composée de bleu et de jaune, elle peut avoir des centaines de nuances. Notamment dans les yeux. Et comme c’est très rare (seulement 2 % de la population, 10 % pour les yeux bleus), cela permet à certaines actrices ou modèles d’être encore plus belles. Pas inféodées à l’islam, cher Éric Zemmour. Belles. Tout simplement.  

dimanche 29 novembre 2015

Livre : Politique fiction à droite toute !

Pour beaucoup d'observateurs, l'élection de 2017 sera une revanche de 2012 entre Hollande et Sarkozy. Geoffroy Lejeune imagine la victoire d'un outsider : Éric Zemmour.

Faut-il aimer se faire peur ? Imaginer le pire pour se contenter du raisonnable ? On se pose forcément la question en refermant ce livre de politique fiction signé par un rédacteur de « Valeurs actuelles », hebdo ouvertement à droite pour ne pas dire à l'extrême droite. Geoffroy Lejeune se met dans la peau d'un journaliste chargé de couvrir la campagne présidentielle de 2017. Affecté au staff de Marine Le Pen, il se réjouit d'être enfin dans le camp qui a toutes les chances de l'emporter. Mais avant cela il raconte comment, en coulisses, tout se met en place. Par exemple il détaille la façon dont Sarkozy l'emporte aux primaires des Républicains et fait le ménage autour de lui. Il découvre également comment le Front National se retrouve profondément divisé depuis que sa présidente décide de la dédiabolisation et surtout de l'inflexion de la ligne vers un nationalisme protecteur qui doit beaucoup aux idées de Chevènement. Conséquence, les plus à droite du FN se rebellent. Le père, mais surtout la nièce, Marion, obligée de quitter le parti pour désaccord et tentée de se retirer de la vie politique.
Mais un phénomène va la faire changer d'avis. Quelques conseillers occultes, dont le sulfureux Patrick Buisson, sont persuadés que les Français ne veulent pas d'un remake de 2012. Ils font tout pour qu'un outsider émerge. L'énorme succès de librairie du « Suicide français » d'Éric Zemmour les persuadent qu'il peut être l'homme de la situation. Clairement à droite, mais pas trop sectaire, apprécié par une large frange de la population pour sa façon d'exprimer avec des mots simples ce que certains pensent sans oser le dire. De plus, considéré par les autres candidats comme un saltimbanque, il cache bien son jeu.

Zemmour, du saltimbanque au président
Buisson se lance dans la bataille quand il est persuadé que Sarkozy n'a plus aucune chance de l'emporter, tant devant Hollande que Le Pen, mal conseillé par une Carla beaucoup trop à gauche selon certains. Le conseiller qui a enregistré secrètement ses conversations avec l'ancien président se réjouit de lui annoncer sa décision : « Nous ne travaillerons plus ensemble, Nicolas, c'est fini. Tu ne peux plus gagner et je ne te fais plus confiance. Tu as trahi, tu trahiras. » Sarkozy se montre menaçant mais Buisson a cette réplique qui éclaire peut-être l'ancien président sous un jour nouveau : « Je te connais par cœur, Nicolas. Tu as beaucoup de défauts, mais le pire d'entre eux, c'est que tu ne sais pas tuer. C'est ta plus grande faille. » Trop gentil Sarkozy ? Étonnant, mais c'est bien sous cet aspect qu'il est décrit.
Par contre Hollande est machiavélique. Il devine l'impact Zemmour. Une division supplémentaire de la droite qui ne peut que lui être bénéfique. Sauf si il parvient à coiffer sur le poteau les autres candidats. Il va alors ratisser très large, de NKM à Marion Maréchal-Le Pen, en passant par quelques apparatchiks de gauche. Ce texte se lit comme un thriller, avec trahison et coups de théâtre. Il y a même quelques morts célèbres. Comme un antidote à ceux qui croient trop vite que tout est déjà joué.
Michel Litout
« Une élection ordinaire », Geoffroy Lejeune, Ring, 18 euros



dimanche 27 janvier 2008

Roman - Amitié contre communauté

A partir d'un fait divers, Eric Zemmour dresse un portrait inquiétant d'une société française victime du repli communautaire.


« Yazid porta le couteau à la gorge de Simon et trancha d'un coup sec »
. Tout commence dans un parking parisien. Un Arabe vient de tuer un Juif. Mais ce fait divers n'est pas le début de l'histoire. C'est au contraire la fin de l'amitié entre Yazid et Simon. Ils ont grandi ensemble dans un immeuble parisien. Ont été amis durant des années, le grand défendait son « petit frère », ce dernier, gagnant plus d'argent car disc-jockey renommé, n'hésitait pas à en donner à son ami dans le besoin. Et pourtant au final, Yazid tue Simon. Le jeune meurtrier, dans sa cellule quelques heures après le crime se justifie en pensant que « Allah l'avait guidé, conduit; il n'avait été que Son bras armé ».

Crime raciste. L'information est assez importante pour qu'elle remonte immédiatement jusqu'à Pierre Gaspard, ministre. Il dîne avec un vieil ami, le narrateur de ce roman d'Eric Zemmour. Ils se sont connus au temps de SOS Racisme. Gaspard déjà gaulliste, le narrateur jeune journaliste idéaliste et de gauche. Aujourd'hui il est devenu producteur de télévision. Riche, connu, marié avec une aristocrate. Mais avant tout Juif et de plus en plus sensible à cette ambiance délétère régnant dans ce pays des libertés et des droits de l'Homme, avec des relents d'un passé pas si éloigné que cela. Le ministre, après avoir fait le nécessaire pour étouffer médiatiquement l'affaire, demande au narrateur d'enquêter, de trouver les raisons de ce meurtre. Il va se passionner pour cette histoire, y trouvant des réponses à ses doutes, hésitations ou prises de position.

L'Histoire des années 80

Eric Zemmour, ne se contente pas de raconter l'enfance de Simon et de Yazid. Il replace le tout dans le contexte historique (les années 80) revenant également sur le parcours professionnel et idéologique du narrateur. Il décrit parfaitement les vies de ces deux familles, la juive et l'arabe, avec leur soucis financiers, leurs difficultés d'intégration. Mais on est également sensible aux errements du narrateur. Acculé au divorce par sa femme, il rencontre au cours de son enquête Clotilde Camus, la jeune journaliste au Parisien qui a relaté le faits divers. 

On retrouve dans sa description la plume acérée d'Eric Zemmour, souvent accusé de misogynie, non sans raison : « Clotilde collectionnait tout ce que je n'aimais pas. Elle portait un chandail de mohair rouge qui moulait de gros seins. Elle avait des jambes courtes enveloppées dans des jeans qui enserraient jusqu'au ridicule des hanches trop généreuses. (...) J'avais toujours ignoré, méprisé même, ce genre de filles que goûtaient nombre d'hommes. Je préférais les grandes filles élancées, racées, disais-je alors, la poitrine évanescente, la chute de rein escamotée, la taille étroite de garçonnet. » Cela ne l'empêchera pas de coucher avec la fraîche et délurée Clotilde qui se moque comme de l'an 40 qu'il soit connu...

Comme un avertissement...

Le roman alterne donc tranches de vie de Simon, jeune disc-jockey de plus en plus recherché, mixant dans les plus grande discothèques d'Europe, de Yazid, petit délinquant raté qui finalement ne trouvera qu'une écoute, celle de l'imam de son quartier et du narrateur, empêtré dans ses contradictions mais observateur lucide de cette France s'opposant en autant de communautés de plus en plus ouvertement ennemies. Pas très optimiste, cette oeuvre de fiction ne donne pas de clés pour éviter l'embrasement final redouté. Mais on ne pourra pas dire qu'on n'était pas prévenu : « Je vois venir des orages terribles. Mais si je les annonce, on m'accusera de les provoquer. Je le sais, j'ai fait subir ça aux autres pendant des années. »

« Petit frère », Eric Zemmour, Denoël, 20 €