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jeudi 30 novembre 2023

Cinéma - “Perfect Days” ou la sérénité dans la propreté


Peut-on vivre tel un ermite dans une des plus grandes mégalopoles du monde, Tokyo ? Est-il possible de décider de revivre au quotidien une unique journée immuable, rythmée par les mêmes actions et rendez-vous ? Pour Wim Wenders, ces deux attitudes sont toute la vie de Hirayama (Koji Yakusho), un homme d’une déroutante simplicité, personnage principal de Perfect Days, film découvert au dernier festival de Cannes.

Une longue ode à la contemplation, au silence à la sérénité et à la simplicité de la nature. Pour faire passer ces émotions primaires, qui ont déserté les zones urbaines, le réalisateur allemand a fait confiance à ce comédien déjà remarqué dans The Third Murder de Kore-eda. Un excellent choix, Yakusho repartant de la Croisette avec le Prix d’interprétation masculine. Il incarne parfaitement cette immobilité répétitive volontaire. Avec la force de faire comprendre que ce n’est pas contraint.

Il a fait ce choix de solitude, de silence, de travail ingrat. Et cela passe par la répétition. La première demi-heure verra le montre se brosser les dents quatre fois, nettoyer une dizaine de toilettes publiques, boire toujours le même café en partant au boulot au volant de sa camionnette. Sa force : oublier, occulter le monde qui l’entoure. Se contenter de regarder le ciel en souriant, de photographier (sur des pellicules argentiques) les frondaisons des arbres, écouter des classiques des années 70 (Lou Reed et d’autres) sur des cassettes. Le spectateur pressé et moderne ne tiendra pas longtemps.
Celui qui est ouvert à la beauté et à la lenteur du monde, ressortira de la salle avec des batteries d’optimisme et de sérénité gonflées à bloc.


 Film de Wim Wenders avec Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano.



mercredi 10 juin 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Ascenseur occupé

Les Japonais pensent à tout. Ou presque. L'archipel, fréquemment sujet à des séismes, se retrouve sans électricité durant des périodes plus ou moins longues. Conséquence : les ascenseurs se retrouvent bloqués avec quelques naufragés à l'intérieur. Les fabricants nippons ont donc l'intention d'équiper les cabines de réserves d'eau potable et de... toilettes portables. Si par malheur le « Big One » frappait le Japon, les estimations font état de 17 000 personnes bloquées dans les 700 000 ascenseurs du pays.
Imaginez. Vous êtes l'un de ces 17 000 malheureux contraints de cohabiter de longues heures dans un espace très restreint. Forcément, à un moment la nature reprendra le dessus, vous serez saisi d'une envie irrépressible de faire pipi. Ou pire (le stress engendre souvent une torsion des boyaux). D'une situation simplement embarrassante, on se retrouve dans une galère cauchemardesque.
Si vous avez la chance d'être l'unique occupant, seuls les secours constateront les dégâts. Mais si un (ou une) inconnu partage votre infortune : « Excusez-moi, mais je ne peux plus me retenir. Ne regardez pas. Et retenez votre respiration un bon quart d'heure... » « Pas très intimes ces toilettes portables. Et je ne trouve pas la chasse. Désolé. »
Le pire : se retenir des heures et craquer une minute avant le retour de l'électricité. Non seulement vous vous retrouvez en train de déféquer devant vos compagnons de galère, mais en plus vous n'avez pas le temps de vous reculotter avant l'ouverture des portes et l'arrivée de sauveteurs (lesquels font immédiatement demi-tour à cause de l'odeur). De quoi ne jamais plus prendre un ascenseur et cauchemarder jusqu'à la fin de son existence.

mercredi 11 septembre 2013

Billet - Envie pressante

Et si Internet modifiait nos conditions de transports ? De plus en plus d'utilisateurs nomades ne supportent plus de rester dans une zone blanche. Plus de connexion et tout leur univers s'écroule. Ils ne sont qu'une minorité, mais ces « drogués » sont véritablement en état de manque dans les transports en commun. Une étude réalisée par le groupe américain Honeywell montre que 17 % des Britanniques, entre des toilettes dans un avion ou une connexion fiable à internet choisissent la seconde solution. Sur les moyens-courriers, c'est jouable. Mais encaisser Paris-New York ou Paris-Tokyo sans aller une seule fois aux toilettes relève de la pure fiction. 
Tout ça pour regarder des chats idiots et des lapins crétins sur Youtube, ne pas rire aux tweets abscons d'humoristes sur le retour ou pire, consulter ses emails du boulot alors que l'on vole vers une île tropicale et ses plages de sable blanc. Non, le net c'est bien, mais ne vaut pas de risquer un éclatement de la vessie par 10 000 mètres d'altitude. Et en avion, il y a pire que de ne pas pouvoir surfer sur le net. Se retrouver coincé en classe éco entre deux passagers qui font chacun le double de votre volume, subir tel autre dont les ronflements parviennent à couvrir le bruit des réacteurs ou les cris de ce bébé, forcément torturé par des parents sadiques, à entendre sa gamme dans les aigus. 
Mais le pire reste le bavard. L'olibrius qui se sent obligé de raconter toute sa vie (généralement très déprimante) comme s'il vivait les dernières heures de son existence. Même les lapins crétins sont plus supportables !

Chronique parue mardi 10 septembre en dernière page de l'Indépendant.