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mardi 11 mars 2025

Science-fiction - Avenir radieux dans "Terra Humanis" de Fabien Cerutti

Les auteurs de science-fiction nous proposent souvent une vision sombre de l'avenir. Comme si notre perte était inéluctable. Pour conjurer ce sort, Fabien Cerutti propose une version radieuse de ces prochaines décennies. Car en utopiste indécrottable, il est persuadé qu'il est encore temps de sauver notre environnement. Comment ? Plongez dans « Terra Humanis » pour découvrir ses solutions. Un roman qui court sur plus d'un siècle, de la prise de conscience de quelques scientifiques à des découvertes majeures et quelques efforts pour réduire notre course en avant.

Tout change quand un couple, Rebecca et Luc, prennent le pouvoir en France, mobilisent la population sur leur programme écologiste et parviennent à entraîner d'autres pays émergents. Le changement est lent, plein d'embûches, mais efficace. Un texte résolument positif et optimiste, à l'opposé de la triste « écologie punitive », épouvantail des bonnes volontés.

« Terra Humanis » de Fabien Cerutti, Folio SF, 384 pages, 10 €

dimanche 18 juin 2023

Cinéma - « Vers un avenir radieux » de Nanni Moretti, le cinéma de l’utopie

Le grand réalisateur italien Nanni Moretti se raconte dans ce film gigogne sur le cinéma, ses travers, sa force, sa poésie.


Plus qu’une simple leçon de cinéma, Vers un avenir radieux de Nanni Moretti est un film qui respire la joie de filmer, de créer, d’imaginer et de faire rêver. Une œuvre à part, où le 7e art est le véritable héros, n’en déplaise à certains producteurs grossiers qui n’imaginent pas un film sans un moment « what the fuck ? » Présenté en compétition à Cannes et revenu bredouille, le film a sans doute souffert de son côté trop léger et optimiste. Étrange paradoxe de notre époque où le cinéma ne peut qu’être noir et sombre, alors qu’il compte, avant tout, dans la vie des gens pour les divertir, les faire s’évader.

Pour parler de son art, Nanni Moretti interprète Giovanni, un cinéaste (sans doute inspiré de son propre parcours), qui se lance dans le tournage d’un film sur la position du parti communiste italien lors de l’insurrection de Budapest en 1956. Un sujet hautement politique, alors que Giovanni rêve de tourner un film d’amour truffé de chansons italiennes.

Netflix, violence gratuite

Produit par sa femme, Paola (Margherita Buy), et Pierre (Mathieu Amalric), un Français un peu mythomane, le film avance lentement. Car Giovanni est exigeant. Il supervise tout, des titres des journaux de l’époque aux fausses bouteilles d’eau minérale utilisées par les acteurs. Ces derniers doivent suivre ses dialogues à la lettre et ne pas improviser « à la Cassavettes », comme tente de le faire la vedette féminine Vera (Barbora Bobulova). Le tournage est de plus en plus laborieux et plus rien ne va dans la vie privée de Giovanni. Sa femme décide de le quitter. L’argent arrive à manquer, la production s’arrête à mi-chemin.

Alors, il ne reste plus qu’une solution à Giovanni : accepter de rencontrer les nouveaux rois de la production audiovisuelle : Netflix. Une scène hilarante, où les technocrates de la plateforme de streaming n’ont de cesse de faire remarquer que le film, s’ils acceptent de l’acheter et de le produire, sera diffusé dans 190 pays. 190 pays ! Vous vous rendez compte, 190 pays…

On appréciera aussi la séquence où Giovanni débarque sur le tournage d’une comédie d’action d’un jeune cinéaste prometteur et va dynamiter l’ultime scène, trop violente à son goût. Entre petits tracas quotidiens, éclairs de génie d’un grand cinéaste, négociations avec les comédiens et les fournisseurs, lubies et rituels à la limite de la superstition, on en apprend beaucoup sur le quotidien d’un réalisateur. Mais que cela ne vous empêche pas d’apprécier, à sa juste mesure, le très joli final de Vers un avenir radieux, film d’une utopie qui redonne foi dans la vie.

Film de et avec Nanni Moretti et aussi Margherita Buy, Silvio Orlando, Mathieu Amalric

jeudi 7 avril 2016

Cinéma : La liberté, un "avenir" intimidant

avenir, huppert
Une femme découvre la liberté quand son mari la quitte et que sa mère meurt. Mais comment trouver sa place quand on se considère comme finie ? Un film comme un devoir de philosophie.


Jeune réalisatrice de 35 ans, Mia Hansen-Løve a déjà un beau CV derrière elle. Enrichie d'une prestigieuse récompense, celle de meilleure réalisatrice au dernier festival de Berlin pour "L'avenir". Ce film, directement inspiré de la vie de ses parents, est un long questionnement sur le sens de la vie et de l'enseignement. Nathalie (Isabelle Huppert) est professeur de philosophie. Elle vit dans un bel appartement parisien en compagnie de son mari, Heinz (André Marcon), lui aussi professeur. Nathalie a deux enfants devenus adultes et un parcours professionnel exceptionnel. Elle enseigne à des terminales et repère les meilleurs éléments comme Fabien qu'elle a poussé à devenir Normalien. Mais à l'orée de la cinquantaine, cette femme, au quotidien très formaté, voit son existence bouleversée.
Élève modèle
Premier signe, elle ne comprend plus ces jeunes en grève pour l'avenir de leur... retraite. Ensuite son mari lui apprend qu'il a rencontré une femme et va la quitter. Enfin sa mère (Edith Scob, lire ci-contre), tombe malade et devient dépendante. Quand elle meurt, ce sont toutes les chaînes de la vie de Nathalie qui se brisent. Elle se retrouve seule, sans rien devoir à personne. Un tourbillon de liberté qui la déstabilise. Elle va se tourner vers son petit prodige, Fabien, mais là aussi l'incompréhension règne en maître. Dans le rôle principal, Isabelle Huppert rend parfaitement le questionnement froid et très philosophique de cette femme perdue dans un monde qu'elle ne comprend plus. La faute à son embourgeoisement sans doute. Ou cette volonté d'être utile, de prendre en charge la vie de ses proches comme un défi permanent. Son tête à tête avec le chat de sa mère est à ce niveau très symbolique. Le film, parfois un peu trop bavard, retrouve grâce et luminosité quand Nathalie passe quelques jours dans le Vercors, dans la communauté libertaire fondée par Fabien. Une dernière évidence pour cette femme du passé qui a pourtant un avenir à construire. Lequel ? Le film ne le dit pas. Mais il reste positif, comme toutes les réalisations de Mia Hansen-Løve.
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Edith Scob : cinq décennies de seconds rôles
avenir,huppertDans le rôle de la mère dépressive et tyrannique de Nathalie, on retrouve un visage bien connu du cinéma français. Cela fait près de 50 ans qu'Edith Scob incarne un certain type de femme, racée et hautaine. Son premier rôle marquant, elle le doit à Georges Franju. Elle y interprète une des pensionnaires de l'asile psychiatrique de "La tête contre les murs". Ce même Franju lui offre un nouveau rôle de composition avec "Les yeux sans visage", film fantastique terrifiant. La frêle jeune fille va enchaîner les tournages, tant dans des productions populaires ("L'été meurtrier", "Sœur Thérèse.com") que des films d'auteurs, notamment avec Rivette ou Bunuel. Mais elle ne sera jamais en vedette. Une position qu'elle conservera au gré des décennies. Maintenant âgée de plus de 70 ans, elle est abonnée aux 'vieilles' psychorigides, voire carrément folles. Elle expliquait toute la difficulté d'aimer de Benoît Poelvoorde dans "Famille à louer". Dans "L'avenir", elle ne supporte pas les ravages du temps, se conduit comme une fillette capricieuse avec sa fille qui accourt au moindre problème. Elle est souvent dans le même registre, mais toujours avec justesse.