samedi 23 août 2014

Cinéma : Le nouvel Eden des « Combattants »


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Un homme, une femme, la nature. Le premier film de Thomas Cailley parle d'amour, de survie et de la place des jeunes dans la société.


Le premier contact entre Madeleine (Adèle Haenel) et Arnaud (Kevin Azaïs) est des plus rugueux. Sur une place, au coeur de l'été, l'armée française organise des jeux pour tenter de recruter des jeunes susceptibles de s'engager. Arnaud, inscrit par des amis, doit se mesurer à Madeleine dans un corps-à-corps. Madeleine, musclée et entraînée, a vite le dessus. D'autant qu'Arnaud rechigne à se battre avec une femme. Bloqué, il n'a pas d'autre moyen que de mordre son adversaire pour lui faire lâcher prise. Ils se séparent en se lançant des regards de haine. Fin du prologue de ce film entre naturalisme et survivalisme.
Arnaud recroise le chemin de Madeleine quelques jours plus tard. Il aide son frère à construire des abris de piscine en bois. Les parents de la jeune fille, riches bourgeois aisés, en achètent un et c'est Arnaud qui va le construire. L'ouvrier va travailler tout en surveillant la jeune femme qui fait des longueurs dans la piscine. Intrigué par sa nage particulière, il s'approche du bord. Quand Madeleine émerge, avec ce ton cassant qui la caractérise elle l'apostrophe : « Tu me mates? » La situation tendue se débloque quand Madeleine demande à Arnaud s'il peut la conduire sur la plage, là où les militaires ont planté leur podium d'information. L'incompréhension mutuelle va lentement se transformer en fascination. Surtout du fait d'Arnaud qui reste sans voix face à cette fille qui sait ce qu'elle veut. Madeleine, persuadée que le fin du monde est proche, cherche à s'aguerrir pour survivre. La meilleure façon, selon elle, est d'intégrer l'armée française, un bataillon de parachutistes, les mieux entraînés.

La forêt sur grand écran
Avant un stage de deux semaines, elle fait ses classes avec Arnaud en coach : nage avec sac à dos chargé et préparation aux nourritures les plus abjectes (elle petit-déjeune avec un maquereau cru passé au mixer...). Arnaud aussi fera ce stage et leur destin se trouvera alors irrémédiablement lié.
Tourné dans les forêts landaises, certaines scènes du film font penser à un nouvel éden. Voire à deux naufragés volontaires loin de la civilisation. L'amour a-t-il sa place dans cet environnement hostile ? La survie est-elle plus facile seule ou en couple ? Ce long-métrage, présenté à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, tout en abordant des thèmes éternels, est particulièrement bien ancré dans son époque.
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Femme forte

Si Arnaud semble beaucoup hésiter sur l'orientation à donner à se vie future, Madeleine ne doute pas une seconde.
combattants, haenel, vailley, landes, survieQuand elle accepte de venir manger chez Arnaud (elle venait pour lui offrir des poussins morts et congelés à donner à manger à son furet...), elle explique calmement qu'on est tous condamnés. Entre la faim dans le monde, le réchauffement climatique ou les catastrophes nucléaires, rien n'est épargné aux convives. S'engager dans l'armée, c'est se préparer à survivre. Problème, cette individualiste survivaliste ne supporte pas l'autorité. Son stage de commando tourne rapidement au fiasco.
Pour interpréter cette femme forte et fragile, Adèle Haenel a mis de côté son charme et son joli minois. Elle ne sourit quasiment jamais, semble toujours sur la défensive et aboie plus qu'elle ne parle. Une jolie performance pour une actrice déjà primée aux Césars avec le prix du meilleur second rôle en 2014 dans « Suzanne ». Elle est également au générique de “L’homme qu’on aimait trop“ d’André Téchiné, toujours à l’affiche. 

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