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mardi 9 avril 2024

Cinéma - Le couple selon Bernard Campan


 Interprète principal du film "Et plus si affinités", Bernard Campan (Photo Michel Clementz, L'Indépendant) se confie lors de son passage au Méga Castillet de Perpignan, sur sa vision du couple.

« Ces deux jeunes réalisateurs sont très précis sur le texte, mais il y a beaucoup de liberté dans leur direction d’acteur, de liberté aussi, a expliqué Bernard Campan lors de sa venue au Méga Castillet de Perpignan pour l’avant-première du film. Cela peut paraître paradoxal mais les deux vont ensemble. Et à côté de ça, il y a des parties d’improvisées car du moment que l’on sait parfaitement la partition, on peut aller ailleurs. »

Lors des lectures avant le tournage, l’ancien membre des Inconnus a mis son grain de sel : « Je suis très en demande de ça, et eux aussi. Ils proposent un travail très avancé mais veulent aller plus loin. On modifie tous ensemble de manière à arriver à une quintessence, le plus pur possible. La perfection, c’est quand il n’y a plus rien à enlever. Un romancier, dans sa dernière lecture, ne rajoute pas, il enlève le petit trop. »

Bernard Campan qui a délaissé depuis quelques années la comédie pour des films plus sérieux et profonds. Il replonge dans le bain des rires avec ce chassé-croisé de couple. « Si j’ai accepté ce film c’est d’abord pour la comédie pure, en tout cas d’être saisi par la drôlerie. Mais avec le recul je me rends compte que le film a un véritable fond et ça me renvoie effectivement à mon couple. Avec ma femme on est ensemble depuis 36 ans, on s’aime mais je peux aussi reconnaître qu’on se perd. À travers des petites habitudes, des façons de fonctionner, d’évitements, ajoutés les uns aux autres, on perd un petit peu ce qu’est l’autre et soi-même. La communication peut devenir difficile, alors que la complicité peut être forte. A certains niveaux, il y a des zones d’ombre et je peux me reconnaître. Le film m’a aidé à continuer à ouvrir les yeux sur les difficultés du couple. » 


lundi 8 avril 2024

Cinéma - Les voisins entreprenants de « Et plus si affinités »

Un dîner, deux couples : combien de combinaisons ? Ce remake d’une comédie catalane offre des rôles en or aux quatre comédiens dont Isabelle Carré et Bernard Campan.

On ne choisit pas sa famille. Encore moins ses voisins. Xavier (Bernard Campan) et Sophie (Isabelle Carré) vivent depuis des années dans un bel appartement. 25 ans de vie commune, une fille adulte qui vit à Londres et plus grand-chose à partager.

Un vide sentimental et amoureux particulièrement mis en évidence depuis l’arrivée de Julia (Julia Faure) et Alban (Pablo Pauly) dans l’appartement du dessus. Jeunes et amoureux. Et très démonstratifs la nuit lors de leurs ébats. Quand Xavier apprend que Sophie les a invités à dîner, il décide de mettre ce sujet sur le tapis. On peut s’aimer, mais pas la peine d’en faire profiter tout l’immeuble.

Un peu coincé puis grinçant, le repas va prendre une étonnante direction quand Julia, psychologue canine, se lance dans l’analyse des relations sentimentales de ses deux « vieux » voisins. Remake d’un film catalan (Sentimental de Cesc Gay), lui-même inspiré d’une pièce de théâtre, ce «Et plus si affinités» a été mis à la sauce française par Olivier Ducray et Wilfried Meance.

Ils ont rajouté un tout petit peu de grivoiserie, mais ont surtout travaillé le couple formé par Isabelle Carré et Bernard Campan. Deux comédiens qui se connaissent, s’apprécient et jouent idéalement le couple en mal de communication, d’écoute, de partage. L’usure du temps, la routine : on peut tous un peu se reconnaître dans leurs mauvaises habitudes. La facilité aurait été de glisser vers le scabreux, l’explicite (et beaucoup ne se seraient pas privés de toutes les possibilités formées par deux couples), mais les réalisateurs ont préféré donner un ton plus intimiste et parfois romantique (et un petit peu désenchanté) pour une fin aussi ouverte que nos vies quand on décide de les prendre en main.

Film français d’Olivier Ducray et Wilfried Meance avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Julia Faure et Pablo Pauly

 

jeudi 27 juillet 2023

Cinéma - « Petit Jésus », un film miracle né dans la région

Tourné dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude, le premier film de Julien Rigoulot est rafraîchissant et positif. Quand tout va mal, un petit miracle est toujours le bienvenu.

Pour son premier long-métrage, Julien Rigoulot, essentiellement connu pour avoir réalisé nombre de clips musicaux, a puisé dans sa propre expérience. Père divorcé, il a vu son monde s’écrouler, personnel et professionnel. Quand tout semble contre vous, on espère un miracle pour rebondir. Jean (Antoine Bertrand), double du réalisateur dans le film Petit Jésus, est dans une mauvaise passe. En instance de divorce, il survit en faisant des petits boulots, comme promeneur de chiens. 

Ce mercredi, il doit assurer la garde de son fils, Loulou (Esteban Azuara Eymard) tout en promenant sa petite meute. Dans la garrigue des Pyrénées-Orientales, où le film a été tourné en grande partie, un chien s’échappe. Traverse une route, rencontre les pneus d’une voiture. C’est un cadavre que Jean ramène aux propriétaires. Mais un cadavre finalement bien vivant. Grâce à Loulou. Il a caressé le chien et lui a insufflé la vie. Un miracle, selon Jean qui se rend compte dans la vie de tous les jours du pouvoir de son gamin. La tentation est grande pour Jean de profiter de ce don pour se sortir de toutes ses galères.

 Il est conforté dans ce choix, peu respectable et encore moins chrétien, par son père (Gérard Darmon), viel escroc un peu mythomane, qui vit aux crochets de Jean. Vont intervenir dans ce plan très aléatoire un curé qui veut un peu trop y croire et un avocat, plus ami de Jean que professionnel à son service. 

Cette gentille comédie, portée par la bonhomie québécoise d’Antoine Bertrand et l’espièglerie d’Esteban Azuara Eymard, aborde sans prétention la problématique de la foi et de ses supposés pouvoirs quand on est au fond du trou. On rit souvent aux facéties du curé (Bruno Sanches) ou de celles de l’avocat très borderline (Youssef Hadji). Quant à Jean, on suit son aveuglement un peu interloqué, mais tout en ayant quelques doutes, car si l’on ouvre un peu les yeux, on s’aperçoit qu’en fait, les petits miracles du quotidien sont légion. 

Enfin, ce premier film vaut aussi le détour dans une semaine dominée par la sortie mastodonte de Mission Impossible par les paysages de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, parfaitement mis en valeur par le réalisateur. Que cela soit sur les étangs de Sigean, le bord de mer, la garrigue ou le site des orgues d’Ille-sur-Têt, c’est une bonne promotion de la diversité environnementale de la région.   

Film de Julien Rigoulot avec Antoine Bertrand, Esteban Azuara Eymard, Gérard Darmon.

samedi 5 février 2022

Cinéma - « Les promesses » si politiques


Présenté en compétition au dernier Festival du film politique de Carcassonne, Les promesses de Thomas Kruithof est une véritable plongée dans le mécanisme qui fait avancer les hommes politiques. En l’occurrence une femme, Clémence (Isabelle Huppert), maire d’une cité de banlieue paroissienne. Au pouvoir depuis deux mandats, elle a publiquement annoncé un an avant la nouvelle élection qu’elle ne se représenterait pas. Sa première adjointe a été désignée par le parti pour lui succéder.


Dans les dernières semaines de son mandat d’élue locale, elle se démène pour obtenir une grosse subvention de l’État qui permettra de rénover la cité des Bernardins. Les copropriétaires n’en peuvent plus de l’insalubrité malgré les charges importantes. De plus tout l’ensemble se délabre à cause des marchands de sommeil. En négociant avec un haut fonctionnaire, Clémence va recevoir une proposition de ce dernier qui va radicalement changer la donne. Les Bernardins ont peu de chance d’être rénovés et Clémence va radicalement changer sa façon de voir son avenir. Un revirement qui va totalement désarçonner Yazid (Reda Kateb), son directeur de cabinet, brillant, originaire des Bernardins et qui espère après l’élection un poste dans un ministère à Paris.

Envie de pouvoir

Le scénario permet de surfer sur plusieurs intrigues. La première, la plus importante, l’avenir de la cité. Mais on découvre aussi en filigrane les ambitions de Yazid, ses difficultés à gérer au quotidien son origine modeste dans un monde où même très efficaces, on reste avant tout issu d’une minorité. Le plus passionnant est l’analyse des décisions de Clémence, femme politique dont la complexité est remarquablement interprétée par Isabelle Huppert. Si elle semble bien décidée au début à abandonner le pouvoir, comme lassée de cette course incessante aux subventions d’un côté et aux poignées de mains de l’autre, elle se retrouve à douter quand elle s’imagine un destin national.

Alors, lentement mais sûrement, elle revient sur sa promesse de quitter son mandat. Une promesse non tenue de plus dans un monde politique où l’ivresse du pouvoir semble une drogue dure. Pourtant, le film reste assez positif. Car malgré les manœuvres de certains, les rancœurs d’autres et les abandons des derniers, il reste des hommes et femmes qui pensent que la politique reste sacrée et essentielle. Malgré les scandales, les reniements et les fameuses promesses non tenues.

Un film qui devrait particulièrement intéresser les élus locaux et tous les responsables d’associations.

Film français de Thomas Kruithof avec Isabelle Huppert, Reda Kateb


mercredi 7 septembre 2016

Cinéma : "Comancheria", le combat des nouveaux cowboys contre les banques

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Comancheria", film du Britannique David MacKenzie, a un peu des airs de "True Detective". La faute aux comédiens, parfaits dans leur complémentarité. Ils sont quatre à se partager la vedette, chacun avec un rôle fort, à la mesure de leur talent.

D'abord les hors-la-loi, les frères Toby (Chris Pine) et Tanner (Ben Foster). Ils braquent des banques. Ce ne sont pas des experts. Ils commencent dans le métier. Pour preuve ils n'attaquent que des petites succursales, toujours de la même société, dans ce Texas de l'Ouest, rural et pétrolier. Et ils ne raflent dans les caisses que les petites coupures. Ce dernier détail fait tiquer Marcus (Jeff Bridges), vieux ranger proche de la retraite. Son instinct lui dit que ces deux braqueurs sont en réalité à la recherche d'une certaine somme. Flanqué de son coéquipier Alberto (Gil Birmingham), mi-Comanche mi-Mexicain, il se lance sur leurs traces, espérant que leur arrestation sera le dernier fait d'arme d'un vieux policier fatigué.
Le film, sous ses airs de thriller classique, se double de plusieurs réflexions. Les frères sont devenus braqueurs par nécessité. Cet argent ils en ont besoin pour racheter l'hypothèque de la banque sur le ranch de leur mère récemment morte. De l'argent qu'ils entendent blanchir dans un de ces nombreux casinos, dernière ressource des Indiens. Ce côté social montre toute l'avidité de ces entreprises financières dénuées d'empathie, capables de ruiner des familles entières après quelques belles promesses.
Double duo
Côté police, c'est un autre enjeu. Marcus endosse avec plaisir le rôle du flic raciste et persévérant. Il se moque de son coéquipier, mais pour rien au monde ne lâcherait la piste des voleurs comme un chien reniflant un os à ronger. Jeff Bridges, à des lieux de son rôle du Dude dans "The Big Lebowsky", arrive à être touchant dans son combat épuisant. Il représente une certaine Amérique, une époque révolue où servir son pays était gratifiant. Mais ce qui fait le plus penser à "True Detective", reste le duo formé par Chris Pine et Ben Foster. Le premier abandonne ses habituels personnages propres et gentils pour un fils avide de vengeance. Le second, remarquable de violence et de folie, est le véritable Indien du film, celui qui a une conception de la vie et de la mort radicalement différente. Un jusqu'au-boutisme qui donne toute sa force à ce remarquable film d'action.
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Nick Cave au Castillet.
La musique de "Comancheria" est signée Nick Cave. Le rocker australien est devenu un habitué du 7e art. Il a de nombreuses musiques de films à son actif depuis quelques décennies. Nick Cave sera également dans quelques salles de cinéma le jeudi 8 septembre à 20 h (le Castillet à Perpignan dans la région) pour présenter en séance unique son nouvel album, Skeleton Tree. Réalisé par Andrew Dominik, "One More Time With Feeling" retrace l'enregistrement de ce 16e album studio, entrecoupé de commentaires du musicien.

jeudi 27 novembre 2014

Cinéma : Trois femmes et une poupée dans "Tiens-toi droite"

Film choral au féminin, “Tiens-toi droite” de Katia Lewkowicz décortique l'image des femmes. Toutes les femmes.

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Une réalisatrice, Katia Lewkowicz, qui écrit le scénario, trois actrices pour trois rôles de femmes radicalement différentes : “Tiens-toi droite” est le film au féminin par excellence. Féministe ? Un peu aussi, mais ce n’est pas réellement le propos.
Cette comédie douce-amère porte un regard tendre sur la difficile condition féminine. Toutes les spectatrices se reconnaîtront un peu dans ces portraits, tous les spectateurs mâles hésiteront entre compassion, interrogation et incompréhension.
Première à entrer en scène : Lili (Laura Smet). Elle voue une véritable dévotion à son père, mineur de fond. Mais elle doit s’exiler en Nouvelle-Calédonie. Elle devient une jeune fille d’une grande beauté. Remporte même le titre de Miss locale et revient dans le Nord de la France pour tenter de décrocher le titre de Miss Pays francophones.



Pour Sam (Noémie Lvovsky), le temps des miss est loin. En fait elle n’a jamais été très belle. Mais elle a de la personnalité et a rencontré le mari parfait. Résultat elle lui a donné trois filles et tombe une quatrième fois enceinte. Il est content, ce sera un garçon...


Enfin Louise (Marina Foïs) a un rapport assez compliqué avec sa mère. Cette ouvrière dans un grand pressing a, comme ses collègues, subi les assauts sexuels de son patron. Résultat Louise a plusieurs demi-sœurs, toutes héritières du pressing du père qui n’a reconnu ses multiples paternités que devant les juges. Louise est une executive-women accomplie. Elle gère le pressing et décroche un poste de cadre dans une entreprise de jouets. Son nouveau challenge : larguer son amant et créer la nouvelle poupée qui fera rêver toutes les petites filles.



Le film est déconcertant au début car il suit ces trois destins qui n’ont aucun lien entre eux. Mais petit à petit les trois mondes vont se rapprocher pour se retrouver totalement imbriqués et dépendants les uns des autres.
Cela passe d’abord par Lola, la fille de Sam. Elle tient un blog vidéo. Elle y raconte comment sa maman, au lieu d’accoucher d’un garçon tant désiré, met au monde... des jumelles. A cinq filles, le papa craque.
Lola, un peu enrobée, est en admiration devant Lili, la femme parfaite à ses yeux. Une Lili à la cote de popularité exponentielle (surtout depuis qu’elle sort avec un riche industriel) embauchée par Louise pour faire la promotion de la nouvelle poupée et lui prêter ses formes idéales. Lola deviendra une sorte de spin-doctor influente et Sam sera embauchée dans l’usine de jouets. Trois femmes, une poupée, des enjeux colossaux.
Pour son second film, Katia Lewkowicz a façonné trois femmes fatales dans trois registres différents.
Lili fait craquer par sa spontanéité et un brin de naïveté.
Sam émeut quand elle décide de reprendre sa vie en main et de se passer de cet homme entouré de femmes et incapable de les aimer pour ce qu’elles sont véritablement.
Enfin Louise, la plus torturée, est au bord de la dépression quand elle prend conscience de l’ampleur de sa tache et surtout de l’hostilité de tous les hommes qui ne supportent pas qu’une femme puisse donner des ordres et prendre des décisions.

vendredi 15 août 2014

Cinéma - La famille, révélateur d'émotions

Dix ans après un premier film encensé par la critique et la presse, Zach Braff récidive avec « Le rôle de ma vie », magnifique et émouvante comédie sur la famille.


Le cinéma américain est un parfait catalyseur de l’humour juif. Chaque époque semble avoir son petit génie qui marque durablement les esprits. Il y a eu Mel Brooks et Woody Allen, puis les frères Coen. Place désormais a Zach Braff qui, au passage, écrit lui aussi ses scénarios avec son frère, Adam.
Passé par le théâtre et les sitcoms, Zach Braff ne réalise qu’avec parcimonie. Principale raison de cette rareté : il veut avoir une totale indépendance et maîtriser son projet de A à Z. Quand le phénomène du crowdfunding (financement participatif sur internet) a fait son apparition, il a lancé son projet. Moins d’une semaine plus tard il avait réuni son budget (modeste en regard des superproductions) pour se lancer dans l’aventure du « Rôle de ma vie ». Un film tourné à Los Angeles, en peu de temps, au casting sans fausse note (lire ci-contre) où le spectateur est sans cesse propulsé du rire aux larmes.
Aidan Bloom (Zach Braff) est acteur. Du moins c’est son rêve le plus cher. Pour l’instant il se contente de quelques publicités et court les castings pour décrocher un second rôle. En vain. Résultat c’est sa femme, Sarah (Kate Hudson) qui alimente le compte en banque. Un boulot tout ce qu’il y a de plus alimentaire et abrutissant. Si le couple bat un peu de l’aile, leurs deux enfants prolongent une complicité toujours vivace. Il y a l’aînée, Grace (Joey King) et le petit dernier Tucker (Pierce Gagnon). Ils vont à l’école privée juive du quartier. Des études hors de prix, mais c’est le père d’Aidan, Saul (Mandy Patinkin) qui paie. Jusqu’à ce qu’il décide de consacrer ses dernières économies à un autre budget encore plus prioritaire : soigner son cancer...

Le père et ses fils
Aidan, pris à la gorge, retire ses enfants de l’école (après une entrevue avec le rabbin d’une causticité époustouflante) et tente d’assurer seul, à la maison leur éducation. Le voilà donc le rôle de sa vie : apprendre à ses deux rejetons les bases pour survivre dans un monde sans pitié. Tour à tour prof autoritaire, copain cool et gamin encore plus farceur que Tucker qui pourtant a plus d’un tour dans sa poche, Aidan va de surprise en désillusion. Mais ce premier coup du sort va enfin lui ouvrir les yeux sur son bonheur : une femme aimante et des enfants adorables. Une seconde catastrophe va lui permettre de redécouvrir son père et renouer avec son petit frère Noah (Josh Gad). La séquence émotion joue à plein. Rires et pleurs se mélangent allègrement dans une œuvre aussi dense qu’une vie.
Un film qui pourrait devenir culte tant certaines trouvailles restent en mémoire comme le gros mot trouvé par Tucker pour alimenter une cagnotte ou le départ du rabbin en segway dans les couloirs d’un hôpital façon auto tamponneuse. Sans oublier le feu de camp la nuit dans le désert et cette superbe leçon sur la prise de conscience d’une épiphanie, expérience spirituelle « où l’on comprend quelque chose que l’on a vraiment besoin de comprendre...» Un très grand film comme il ne s’en fait qu’un par an.

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Une distribution à tomber !


Outre Zach Braff et Kate Hudson, acteurs formant le couple Bloom, “Le rôle de ma vie” bénéficie d’un casting à la limite de la perfection.
Dans la famille Bloom, si vous prenez la fille vous aurez la joie de retrouver Joey King déjà vue et appréciée dans diverses séries télé comme New Girl et prochainement Fargo. Avec sa perruque rose fluo et ses lunettes de soleil, elle est éblouissante. Pour le grand-père, atout majeur en la personne de Mandy Patinkin. Ce grand acteur spécialisé dans les rôles de patriarche (Dead like me ou Homeland) irradie le film de sa présence. Très religieux, trop rigide, la maladie va le pousser à se rapprocher de ses fils. Si Aidan a toujours été présent, ce n’est pas le cas de Noah. Ce surdoué, complètement asocial, a tout plaqué face aux critiques paternelles. Josh Gad, en geek gras et rebelle, est très convaincant. Il croise au générique un autre geek de légende : Jim Parsons (Sheldon dans The Big Band Theory) fait deux apparitions au début et à la fin du film.

lundi 19 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Bye-bye New York


Les mains claquent sur les fesses, les bouches avides parcourent les corps de haut en bas, du sexe, toujours plus de sexe. La première partie de « Welcome to New York », d'Abel Ferrara sur l'affaire DSK commence de façon très crue. Comme pour bien cerner la personnalité de cet homme « malade », totalement obsédé par la possession et la domination des femmes. Une addiction qui provoquera presque sa perte. Heureusement sa femme est là. Elle le sauve de la prison. Essentiellement pour protéger sa réputation à elle, selon le réalisateur.

Comme tout bénéficiaire d'un accès internet haut débit, j'ai pu regarder hier, en vidéo à la demande, ce film à la réputation sulfureuse. Il m'en a coûté 7 euros. Un peu cher pour une œuvre très inégale, parfois outrancière. L'avantage, c'est que pour le même prix, on peut le voir à plusieurs. Ou le regarder une seconde fois. « Non, merci ! » réplique immédiatement ma femme qui n'a que peu goûté aux turpitudes de Devereaux joué par Gérard Depardieu.
Durant la première demi-heure, il se contente de grognements pour tout dialogue. Il passe la nuit à tripoter et jouir de cette « viande » de callgirls dociles. Jusqu'au dernier râle, sur la femme de ménage qui elle, n'est pas consentante. L'histoire commence vraiment. Arrestation, prison, procès et surtout explications avec sa femme. Loin de décrire Devereaux comme un monstre, ce film le présente comme un malade, un accro au sexe. L'inhumanité, Ferrara la voit dans le personnage de Simone, interprétée par Jacqueline Bisset. Le résultat : un film de mec qui pense sous la ceinture.

dimanche 13 avril 2014

Cinéma : Les deux sœurs et les crocodiles

Un titre énigmatique, "Les yeux jaunes des crocodiles" pour un film sur la famille avec deux superbes actrices : Julie Depardieu et Emmanuelle Béart. 


Quelle est la recette parfaite d'une bonne comédie ? Des dizaines de producteurs se sont cassé les dents sur cette énigme. Souvent, ils se rabattent sur des valeurs sûres. Comme les best-sellers. Ainsi, quand le roman de Katherine Pancol « Les yeux jaunes des crocodiles » a dépassé le million de ventes en 2006, quelques-uns se sont dit avec raison qu'il y avait là un filon. Claude Lelouch a été le plus rapide. Il acquiert les droits mais n'arrive pas à mettre le projet en place pour cause de surcharge de travail. Il cède finalement les droits à Manuel Munz qui au passage rafle également les deux suites de cette saga devenue entretemps un succès international.

Un bon bouquin donne-t-il un bon film ? Seconde interrogation pour l'équipe qui s'attelle à un projet délicat tant l'histoire de Jo et Iris, les deux sœurs que tout oppose, est déjà connue par nombre de personnes. Cécile Tellerman, réalisatrice de « Tout pour plaire » et de « J'ai quelques chose à te dire » a particulièrement soigné son casting. C'est d'ailleurs la plus belle réussite de ce long-métrage sans grande surprise (surtout si on a lu le livre avant...) mais au ton toujours très juste.

Le duo en opposition est donc composé de Julie Depardieu (Jo, la moche, la faible, la sans ambition, victime consentante) et Emmanuelle Béart (Iris, la sublime, la volontaire, prête à tout pour arriver à ses fins. Une différence amplifiée par la mère, vénérant Iris et dénigrant Jo. Problème : Jo possède le talent et l'imagination. Alors qu'Iris, après une carrière de cinéaste ratée, se pique d'écrire un roman mais n'arrive pas à en écrire le moindre mot. Jo accepte de servir de nègre à sa soeur en échange de quelques sous - son mari est parti élever des crocodiles avec une manucure en Afrique du Sud – et il faut bien payer les factures.
L'être et le paraître
Emmanuelle Béart en fait des tonnes (mais c'est justifié) dans l'abjection. Elle semble abonnée aux rôles de pestes absolues. Elle s'accapare avec gourmandise ce personnage excessif. Julie Depardieu, dont c'est le retour à la comédie, doit puiser davantage dans son expérience pour endosser la peau de cette paumée, sans confiance, tétanisée par la peur de blesser ses proches. Pour arbitrer le tout, deux rôles secondaires décisifs.
Philippe (Patrick Bruel) le mari d'Iris et Hortense (Alice Isaaz) la fille de Jo. Le premier, tout en retenue et jeu intérieur, apporte une étonnante sérénité au film. On devine qu'il ne laissera pas l'injustice perdurer, au risque de perdre l'amour de sa femme. Hortense, jeune écervelée, fascinée par les pauses et la richesse d'Iris, servira de déclencheur.
Fidèle au roman, le film de Cécile Tellerman, tout en étant ouvertement une comédie, apporte ce qu'il faut de gravité à une histoire éternelle de la lutte entre le vrai et le faux, le beau et le laid, l'être et le paraître.
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 Les mondes de Katherine Pancol

Phénomène d'édition, les romans de Katherine Pancol font partie des plus attendus par des milliers de lectrices. Après avoir raconté les déboires de Jo dans « Les Yeux jaunes des crocodiles », elle a poursuivi la saga avec « La valse lente des tortues » puis clôturé le tout dans « Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi ».
Dans le second, Hortense prend un peu plus d'importance, le mari de Jo semble revenir et Philippe, de son exil à Londres (grand avocat d'affaires dans un milieu richissime, il plaque tout pour vivre plus simplement qu'à Paris), en pince toujours pour la sœur de son ex-femme. Il est interprété par un Patrick Bruel à mille lieues du chanteur pour midinettes. Posé, réfléchi, à l'écoute : l'opposé complet du pied-noir démonstratif de certains de ses rôles au cinéma.
Lors de la présentation en avant-première des « Yeux jaunes des crocodiles » au Rencontres cinématographiques du Sud à Avignon, Patrick Bruel s'adresse à la salle « J'ai d'abord aimé ce personnage. Et puis pendant que j'ai tourné le film j'ai aimé cette personne. C'est un être très intéressant dans son désarroi. » Et de ne pas cacher son envie de savoir ce qu'il peut devenir dans une hypothétique suite encore tributaire de l'accueil du public.
Quant à Katherine Pancol, elle n'a pas complètement tourné la page. Dans son nouveau roman, « Muchachas » paru en mars chez Albin Michel, on retrouve la belle Hortense, devenue styliste, au bras de Gary, le fils de la meilleure amie de Jo...