dimanche 13 avril 2014

Cinéma : Les deux sœurs et les crocodiles

Un titre énigmatique, "Les yeux jaunes des crocodiles" pour un film sur la famille avec deux superbes actrices : Julie Depardieu et Emmanuelle Béart. 
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Quelle est la recette parfaite d'une bonne comédie ? Des dizaines de producteurs se sont cassé les dents sur cette énigme. Souvent, ils se rabattent sur des valeurs sûres. Comme les best-sellers. Ainsi, quand le roman de Katherine Pancol « Les yeux jaunes des crocodiles » a dépassé le million de ventes en 2006, quelques-uns se sont dit avec raison qu'il y avait là un filon. Claude Lelouch a été le plus rapide. Il acquiert les droits mais n'arrive pas à mettre le projet en place pour cause de surcharge de travail. Il cède finalement les droits à Manuel Munz qui au passage rafle également les deux suites de cette saga devenue entretemps un succès international.
Un bon bouquin donne-t-il un bon film ? Seconde interrogation pour l'équipe qui s'attelle à un projet délicat tant l'histoire de Jo et Iris, les deux sœurs que tout oppose, est déjà connue par nombre de personnes. Cécile Tellerman, réalisatrice de « Tout pour plaire » et de « J'ai quelques chose à te dire » a particulièrement soigné son casting. C'est d'ailleurs la plus belle réussite de ce long-métrage sans grande surprise (surtout si on a lu le livre avant...) mais au ton toujours très juste.


Le duo en opposition est donc composé de Julie Depardieu (Jo, la moche, la faible, la sans ambition, victime consentante) et Emmanuelle Béart (Iris, la sublime, la volontaire, prête à tout pour arriver à ses fins. Une différence amplifiée par la mère, vénérant Iris et dénigrant Jo. Problème : Jo possède le talent et l'imagination. Alors qu'Iris, après une carrière de cinéaste ratée, se pique d'écrire un roman mais n'arrive pas à en écrire le moindre mot. Jo accepte de servir de nègre à sa soeur en échange de quelques sous - son mari est parti élever des crocodiles avec une manucure en Afrique du Sud – et il faut bien payer les factures.
L'être et le paraître
Emmanuelle Béart en fait des tonnes (mais c'est justifié) dans l'abjection. Elle semble abonnée aux rôles de pestes absolues. Elle s'accapare avec gourmandise ce personnage excessif. Julie Depardieu, dont c'est le retour à la comédie, doit puiser davantage dans son expérience pour endosser la peau de cette paumée, sans confiance, tétanisée par la peur de blesser ses proches. Pour arbitrer le tout, deux rôles secondaires décisifs.
Philippe (Patrick Bruel) le mari d'Iris et Hortense (Alice Isaaz) la fille de Jo. Le premier, tout en retenue et jeu intérieur, apporte une étonnante sérénité au film. On devine qu'il ne laissera pas l'injustice perdurer, au risque de perdre l'amour de sa femme. Hortense, jeune écervelée, fascinée par les pauses et la richesse d'Iris, servira de déclencheur.
Fidèle au roman, le film de Cécile Tellerman, tout en étant ouvertement une comédie, apporte ce qu'il faut de gravité à une histoire éternelle de la lutte entre le vrai et le faux, le beau et le laid, l'être et le paraître.
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 Les mondes de Katherine Pancol

Phénomène d'édition, les romans de Katherine Pancol font partie des plus attendus par des milliers de lectrices. Après avoir raconté les déboires de Jo dans « Les Yeux jaunes des crocodiles », elle a poursuivi la saga avec « La valse lente des tortues » puis clôturé le tout dans « Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi ».
Dans le second, Hortense prend un peu plus d'importance, le mari de Jo semble revenir et Philippe, de son exil à Londres (grand avocat d'affaires dans un milieu richissime, il plaque tout pour vivre plus simplement qu'à Paris), en pince toujours pour la sœur de son ex-femme. Il est interprété par un Patrick Bruel à mille lieues du chanteur pour midinettes. Posé, réfléchi, à l'écoute : l'opposé complet du pied-noir démonstratif de certains de ses rôles au cinéma.
Lors de la présentation en avant-première des « Yeux jaunes des crocodiles » au Rencontres cinématographiques du Sud à Avignon, Patrick Bruel s'adresse à la salle « J'ai d'abord aimé ce personnage. Et puis pendant que j'ai tourné le film j'ai aimé cette personne. C'est un être très intéressant dans son désarroi. » Et de ne pas cacher son envie de savoir ce qu'il peut devenir dans une hypothétique suite encore tributaire de l'accueil du public.
Quant à Katherine Pancol, elle n'a pas complètement tourné la page. Dans son nouveau roman, « Muchachas » paru en mars chez Albin Michel, on retrouve la belle Hortense, devenue styliste, au bras de Gary, le fils de la meilleure amie de Jo...

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