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vendredi 22 août 2025

Roman – Road-trip féministe au Chili

Originaire du Chili mais vivant en France depuis des années, Nicole Mersey Ortega est blonde. Comme le personnage principal de son premier roman aux accents destroy. La jeune narratrice vit dans une favela de Santiago, mais elle ressemble à une touriste occidentale. La faute à un père français. Qui l'a abandonnée. A l'ombre d'une montagne d'ordures, elle rêve d'évasion, de fête dans le Nord. Avec deux amies, elle économise et fugue. 

Un périple de plus de 1000 kilomètres, vers une fête légendaire à Iquique. Roadtrip agité et surtout très risqué. Dans ce Chili des années 90, la police est corrompue et féroce. Les femmes ne semblent être que de la chair fraîche pour des hommes violents. De plus, un serial killer sévit sur la nationale 5, cette route qui traverse un désert interminable. Le trio va souvent se faire peur. Le lecteur redoute une fin brutale. Mais une vierge noire, ou une dame blanche, semble veiller sur les filles. 

Elles vont vivre des moments épiques (la scène du match de foot à Calama marque les esprits), de grandes frayeurs et quelques désillusions. Le tout raconté dans une langue moderne et vivante, celle des femmes libres, uniquement armées de leurs mots pour repousser les violeurs, tueurs et autres nuisibles.

« Même le froid tremble », Nicole M. Ortega, Editions Anne-Carrière, 176 pages, 19 €

mercredi 20 décembre 2023

Cinéma - “Les colons” n’ont pas de pitié pour les « sauvages »

Film de Felipe Gálvez Haberle avec Sam Spruell, Mark Stanley, Camilo Arancibia, Benjamin Westfall


Le Chili, immense pays qui se cherche encore, n’a pas attendu Pinochet pour faire de la violence et la force ses principaux outils pour tenir sa population. Le film de Felipe Galvez Haberle, Les colons, raconte comment les gros propriétaires terriens ont décidé d’exterminer les Indiens pour permettre l’élevage intensif. Terre de Feu, début du XXe siècle. Quelques hommes travaillent comme des forçats. Ils posent des clôtures dans ces prairies infinies.

Bientôt, moutons et bovins vont occuper l’espace. Le problème ce sont les Indiens. Ils se moquent des clôtures. Et les animaux, même domestiques, restent des proies pour ces chasseurs-cueilleurs. Le problème peut être résolu par quelques mercenaires sans foi ni loi. 

Parmi eux le lieutenant MacLennan (Mark Stanley), ancien soldat anglais, Bill (Benjamin Westfall) un cow-boy américain et un métis, Segundo (Camilo Arancibia), choisi par le premier car il connaît le pays et tire bien au fusil. Un trio dépareillé, jamais d’accord, mais qui n’a qu’un objectif : faire place nette. Ils chevauchent les grands espaces, traversent vallées, cols et vastes plaines, pour traquer ces Indiens. Et les abattre. Comme des animaux nuisibles. 

Un film étouffant, malgré les décors naturels purs et gigantesques, car la sauvagerie n’est pas là où notre civilisation occidentale l’a placée. Les colons sont des prédateurs, jamais rassasiés, toujours affamés de sang frais. Seul Segundo a des scrupules, se pose des questions. Mais il est lui aussi asservi par la véritable sauvagerie du lieutenant. Il va laisser faire, complice passif d’un génocide qui ne semble avouer son véritable nom qu’aujourd’hui, un siècle après les faits. Ainsi va l’Histoire du Chili, comme de ses voisins américains.   


lundi 28 mars 2022

BD - Flic rancunier et "Last detective"


Un comics chilien publié chez Drakoo. L’édition BD sait s’adapter pour donner une chance à un album de qualité. 

The last détective de Borges et Alvarez est une histoire complète se déroulant en New Amazonia dans un futur lointain. 

La police est renforcée par des humanoïdes. Et de nouvelles drogues font des ravages. C’est dans ce cadre que Joe Santos, ancien flic retiré dans la jungle, reprend du service pour tenter de coffrer, 20 ans après une vaine tentative, un dealer d’une extrême dangerosité.

« The last détective, Drakoo, 15,90 € 

jeudi 24 mars 2016

DVD : Le club des curés ripoux


Au Chili, dans une vaste maison face à l'océan dans une petite ville de province, la vie s'écoule sereinement entre prières et entraînement d'un lévrier de compétition. Quatre anciens curés et une sœur vivent retirés, cloîtrés, oubliés de tous. Dans ce lieu secret, la hiérarchie catholique cache des prélats recherchés par la police pour pédophilie et autres crimes répréhensibles.

L'arrivée d'un nouveau prêtre va menacer l'édifice. Il a été suivi par une de ses victimes. Il vient l'apostropher sous ses fenêtres. La honte et le remords sont trop forts, il se suicide dans le jardin. Ce n'est pas l'enquête policière qui menace ce "club" d'un genre particulier mais un jésuite chargé d'évaluer le fonctionnement de la maison. Avec la mission de la fermer et de remettre les fautifs à la justice. Signé Pablo Larrain, ce film est d'une rare actualité. Comme en France récemment, l'Église est suspectée de "protéger" ces religieux aux vies dépravées et qui font tant de mal dans leur entourage. La réalisation, sobre et sombre, donne un sentiment d'oppression extrême. Un film coup-de-poing qui, tout en dénonçant, donne un point de vue original sur ce scandale. En bonus, un long entretien du réalisateur chilien, le meilleur et le plus politique de ces dernières années.
"El Club", Wild Side Vidéo, 19,99 euros.

mercredi 20 août 2014

DVD - L'étrange enfance de Jodo

Tocopilla, petite ville côtière chilienne entourée de désert sert de décor au film « La danza de la realidad » d'Alejandro Jodorowsky. Le gourou de la la psychomagie avait délaissé la caméra ces vingt dernières années pour se consacrer essentiellement aux scénarios de ses multiples séries de bande dessinée (Bouncer, La caste des Meta-barons ou l'Incal).
S'il a choisi cette ville isolée et quasi sinistrée, c'est parce qu'il y a vu le jour à la fin des années 20. Le film se veut une autobiographie imaginaire. Il se met en scène, gamin trop bon (il donne ses chaussures neuves à plus pauvre que lui) mais exclu car Juif.

Le film est essentiellement consacré aux parents de Jodo. Jaime, le père (interprété par Brontis Jodorowsky, le propre fils du réalisateur), commerçant révolutionnaire vivant dans le culte de Staline, impose une éducation à la dure à son fils unique. Il quittera Tocopilla pour tenter d'assassiner le dictateur au pouvoir, se fera capturer et torturer.


Sara, la mère (Pamela Flores) est encore plus extravagante. Elle ne s'exprime qu'en chantant, montre sans cesse son énorme poitrine et croit dur comme fer à certaines formules magiques permettant de guérir la peste avec de l'urine ou de se rendre invisible dans des lieux publics. Foisonnant, inquiétant, poétique mais aussi parfois choquant, ce testament de Jodo (il a plus de 80 ans, même qu'il n'en paraît pas plus de 60...) a tout de l'expérience mystique filmique. On n'en sort pas indemne car tout n'est pas du domaine du cartésien.

« La danza de la Realidad », Pathé, 19,99 €