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lundi 2 septembre 2024

BD - Lycéens en pleine mutation


Marseille, son port, ses calanques... ses monstres. Série imaginée par Oliver Gay, Métamorphes est un bon mix de fantastique et de quotidien d'adolescents en pleine puberté. Même s'ils sont dans la même classe, Ambre et Lucas ne sont pas amis. Logique tant leurs mondes sont différents.

Ambre, blonde au corps parfait, règne sur une cour de semblables, arrogantes, mauvaises langues et pas très intelligentes.

Lucas, lui, est le geek parfait, guitariste dans un groupe de rock, adepte des jeux de rôles.

Un soir, par le plus grand des hasards, ils vont être contaminés par des produits chimiques expérimentaux. Et, chacun de leur côté, vont développer des mutations. Ambre va se transformer en loup-garou, Lucas en vampire. Forcément, dans l'adversité, ils vont se rapprocher et tenter de comprendre ce qui leur arrive. Un premier épisode rondement mené, parfaitement équilibré entre gags ou situations comiques et montée d'adrénaline quand le monstre qui est désormais en eux prend le pouvoir.

Un monde très prometteur dessiné par Jonathan Aucomte, au trait moderne, classique par certains côtés mais aussi dans le coup et au goût du jour.
« Métamorphes » (tome 1), Bamboo Drakoo, 64 pages, 13,90 €

samedi 20 mai 2023

BD - Sarah, fille de Marseille


Sarah doit avoir une petite voix intérieure. Mais elle n’intervient pas dans cet album très moderne de Lili Sohn (scénario) et Elodie Lascar (dessin). Sarah a 35 ans, vit à Marseille, gagne sa vie en faisant des livraisons à vélo, passe ses nuits à faire la fête avec des amies, des filles célibataires comme elle ou des couples gays. 

Un peu ronde, croquant la vie par tous les bouts, elle semble pourtant aussi malheureuse que Fleur. Car Sarah rêve de trouver l’amour, le vrai, de dormir contre son corps, voire d’avoir des enfants comme l’espèrent ses parents.


Ce roman graphique, aux dessins modernes (gros traits noirs, aplats de couleur rose), raconte aussi la vie à Marseille. Entre délire dans les lieux nocturnes et lente cuisson au soleil sur les plages en bord de Méditerranée. Une dérive sans fin jusqu’à la rencontre qui va tout changer. 

Un récit où le hasard fait bien les choses. Surtout si, comme Sarah, on sait lâcher prise, oublier ses préjugés et oser le grand saut en avant.
«Sultana», Steinkis, 22 €

dimanche 21 octobre 2018

BD - Un détective à l’ancienne

   



Nom : Vercorian. Prénom : Atom. Particularité : fils d’un flic parisien d’origine arménienne, ancien grand Résistant. Le nouveau héros imaginé par Yann et dessiné par Olivier Schwartz est résolument vintage. L’action de sa première enquête se déroule à l’été 49. Le jeune Atom veut prouver à son père, grand ponte de la PJ, qu’il vaut autant que lui. Il se rêve détective privé et profite d’un fait divers retentissant pour se lancer dans sa première affaire. 

Dans le sud, le Bégum, la femme de l’Aga Khan, vient de se faire dérober ses bijoux dans un « carjacking » avant l’heure. Atom est flanqué de son assistante, la belle et intrépide Mimi et d’un associé-financeur, Jojo la Toupie, colosse qui a connu son heure de gloire dans le milieu du catch. 

Un trio explosif pour une enquête menée à 100 à l’heure, entre la Riviera, les bas-fonds de Paris et la banlieue. Délicieusement nostalgique (mais avec un peu de parodie et de sarcasme, Yann oblige) d’une époque qui a fait les beaux jours de BD à la Tillieux avec un trait proche de Jijé, les aventures d’Atom ne devraient pas passionner les jeunes mais rencontrer un réel enthousiasme auprès des vieux collectionneurs. 

« Atom Agency » (tome 1), Dupuis, 15,95 €



mercredi 5 septembre 2018

« Shéhérazade » : amours de minots


LE FILM DE LA SEMAINE. Jeunes à la dérive dans Marseille.


Zachary et Shéhérazade sont mineurs. 17 et 16 ans. Ils vivent à Marseille et comme beaucoup de jeunes partout dans le monde, ils tombent amoureux. L’histoire aurait pu s’arrêter là, voire combler 38 épisodes de « Plus belle la vie ». Mais leur vie, à eux, n’a rien de belle. Au contraire. Zachary (Dylan Robert) sort de prison. Il croise Shéhérazade (Kenza Foretas) sur le trottoir du quartier de la Rotonde.

Le trottoir, son lieu de travail. Encore gamine, en rupture totale, elle se prostitue et cohabite dans une simple chambre miteuse avec un trans, lui-même « travailleur du sexe ». Les premiers échanges entre le deux Roméo et Juliette sont pourtant houleux. Il ne voit en elle que la « pute ». Elle profite d’un moment d’inattention pour lui dérober un savon de résine de cannabis.

■ Cinéma vérité  
C’est après qu’ils vont se trouver des points communs (enfance en foyer, déscolarisation, parents démissionnaires...). Et l’envie de s’en sortir avec leurs armes. Le sexe pour Shéhérazade, la violence pour Zachary. Film âpre, presque documentaire, « Shéhérazade », première réalisation de Jean-Bernard Marlin est à ranger dans la catégorie des films naturalistes. Le réalisateur s’est immergé dans le milieu de la nuit de Marseille avant d’écrire son histoire.

Et ses acteurs sont tous des amateurs, ayant parfois vécu en partie les errements de leurs personnages. Un cinéma-vérité, parfois brouillon, toujours juste et émouvant. Avec de réels moments de bravoure ou de grâce. Pas un film anodin, si loin des clichés divulgués par la téléréalité ou les chaînes d’info en continu. 

➤ « Shéhérazade », drame de Jean-Bernard Marlin (France, 1 h 49) avec Dylan Robert, Kenza Fortas, Idir Azougli

mercredi 18 janvier 2017

Cinéma : Une jeunesse en mal d'envol dans "Corniche Kennedy" de Dominique Cabrera

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CORNICHE KENNEDY. Ils sont jeunes, Marseillais et vivent dans l’insouciance. Seule distraction, plonger dans la mer, à quelques centimètres des rochers. Dangereux mais si grisant.


Marseille, sa lumière, sa jeunesse et la Méditerranée. Dominique Cabrera a planté ses caméras sur la corniche, pour saisir ces moments magiques, ceux du passage de l’adolescence à l’âge adulte. De Marseille, l’actualité nous donne l’image d’une ville gangrenée par la violence et les trafics. Une réalité montrée aussi dans ce film aux lectures multiples. A la base, tout débute par des cris. De joie. Des jeunes, entre 16 et 20 ans, s’élancent de la route et plongent dans la mer. Une dizaine de mètres de hauteur, des risques fous.
De la terrasse de sa villa, Suzanne (Lola Creton) les regarde. Elle ne devrait pas. Dans une semaine elle passe le bac et doit réviser. Mais la fille des beaux quartiers n’en peut plus de rester enfermée. Elle prend son sac de plage et va se mêler à la bande qui bronze sur les rochers après leurs sauts. Un premier contact rugueux, mais quand elle accepte de sauter malgré son vertige tétanisant, avec l’aide de Mehdi (Alain Demaria) et Marco (Kamel Kadri), non seulement elle se sent revivre mais découvre avec émerveillement cette insouciance, prémices des amours de jeunesse. Terminées les révisions, Suzanne traîne de plus en plus avec Marco et Mehdi, écumant les « spots » jusqu’aux plus dangereux et vertigineux.
■ Acteurs de leurs vies
Le film, entièrement tourné en extérieur, est une ode à la vie au grand air et à Marseille. Mais si l’eau de la Méditerranée est claire, sur terre, tout est plus trouble. Marco, sans emploi, vivote en rendant des services à un truand. Il conduit des voitures, transporte de la drogue sur de courtes distances. Et devient une cible pour les policiers qui veulent faire tomber le gros caïd. Une policière (Aïssa Maïga) va tenter de le retourner.
Une intrigue policière pour faire monter la tension. Car à Marseille, dès qu’on ne marche pas droit, on risque de se faire « rafaler », mot tristement devenu courant dans le langage des jeunes. On apprécie dans ce long-métrage, en plus des décors d’une rare beauté, l’interprétation des jeunes, toujours juste.
Si Lola Creton est une actrice professionnelle, ce n’est pas le cas de ses deux amoureux. Marseillais, plongeurs aguerris, ils ont été contactés par la réalisatrice quand elle faisait des repérages. Ils ont cette spontanéité qui donne une incroyable force à des scènes a priori banales. 
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Roman solaire
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Maylis de Kerangal semble la romancière à la mode actuellement dans le cinéma français. Après « Réparer les vivants », « Corniche Kennedy » est à son tour adapté avant la sortie, dans quelques mois de « Naissance d’un pont » (prix Médicis 2010) adapté par Julie Gavras. De ce roman sur Marseille et sa jeunesse, la réalisatrice a gardé le côté solaire du roman. « La fidélité au roman ne s’exprime pas sur le plan du scénario mais dans les énergies primitives du texte qui se retrouvent à l’écran » a noté Maylis de Kerangal dans des notes de productions.
Les différences sont pourtant nombreuses, le commissaire de police devient une femme dans le film et la relation amoureuse entre la jeune bourgeoise et un des « sauteurs » du roman est plus compliquée au cinéma car Suzanne n’arrive pas à choisir entre les deux amis. On peut donc relire le roman paru en poche chez Folio sans hésitation.

samedi 18 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Les immondes du foot

Je n'ai rien contre le football en soi. Mais plus le temps passe, plus je constate que seul le ballon est exempt de reproches. Chaque jour de l'Euro apporte son lot de déconvenues. Bagarres entre supporters, gestes équivoques de joueurs : les scandales s'accumulent au contraire des beaux gestes. Ne revenons pas sur le supposé bras d'honneur de Pogba, accordons lui le bénéfice du doute même si les images exhumées par la télé belge ne laissent que peu d'équivoque sur l'intention première.
Non, la plaie du football, ce sont les supporters. Ces hordes ne respectent plus aucune limite dès lors qu'elles se rassemblent en bande. Dernier exemple en début de semaine à Lille. Des dizaines de fans de l'équipe anglaise, attablés aux terrasses des cafés, ingurgitent des bières en quantité astronomique. Arrivent trois enfants roms mendiant quelques sous. La scène, filmée par des touristes, est édifiante. Immonde aussi. Les supporters jettent des piécettes dans la rue et rient en encourageant les enfants à se battre pour les ramasser. D'autres poussent un petit Rom de 7 ans à boire une bière contre quelques euros.
Mais qui sont ces monstres qui s'amusent à humilier des gamins ? On en espérerait presque que des hooligans russes débarquent par surprise et leur inculquent un peu de gentillesse à grands coups de pied dans le fondement. Bien que ces mêmes Russes, une fois torse nu, dévoilent leur vrai visage en arborant des tatouages de croix gammées.
Non, décidément, pour l'instant, il y a quelque chose de pourri dans le royaume de l'Euro.

vendredi 3 juin 2016

DVD et blu-ray : restauration de chefs-d'œuvre

Nouvelles technologies, nouvelles découvertes. Les avancées en matière de restauration des copies de films argentiques permettent de sortir des versions numériques quasiment à l'identique. Un plaisir supplémentaire pour redécouvrir ces chefs-d'œuvre du cinéma. En ce début juin, on a le choix avec une sélection de titres français chez Pathé et un film américain pour Wild Side.
pathé, tourneur, justin, marseille, wild side, falaise mystérieuseDans la continuité du plan de restauration de son catalogue, Pathé s'est engagé dans un vaste plan de restauration des classiques de son catalogue. Les trois œuvres emblématiques de Julien Duvivier, "La Belle Équipe", "La Fin du Jour" et "Voici le temps des assassins", font parties de cette nouvelle vague de sorties en DVD et Blu-ray. L'occasion également de prendre une bouffée d'accent provençal avec "Tartarin de Tarascon", comédie jubilatoire de Raymond Bernard orchestrée par Marcel Pagnol ainsi que le chef-d'œuvre de Maurice Tourneur, "Justin de Marseille", film de gangsters marseillais comme il n'en existe pas ailleurs. Ce dernier prouve que les récents règlements de compte dans la ville ne sont que les rééditions des tensions ancestrales, quand Justin tentait de faire régner sa loi face aux agissements des Italiens...


pathé, tourneur, justin, marseille, wild side, falaise mystérieuseAutre style avec "La falaise mystérieuse" de Lewis Allen avec Ruth Hussey et Ray Milland. Ce film date de 1944 et mélange comédie et fantastique. Au cours d'un séjour dans les Cornouailles, Roderick Fitzgerald et sa sœur Pamela achètent, pour une somme dérisoire, une superbe maison surplombant une falaise. Ils s'y installent, mais dès la première nuit, leur sommeil est troublé par les sanglots mystérieux d'une femme. Le coffret contient blu-ray et DVD accompagné d'un long entretien de Christophe Gans sur la genèse du film et ses influences sur le genre des "films de fantômes" et des autres cinéastes (dont Hitchcock). Sans oublier un livre richement illustré de Patrick Brion. Parfait pour redécouvrir un film très en avance sur son temps.

dimanche 29 mai 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Marseille culte

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Sans être abonné à Netflix ni avoir vu les deux premiers épisodes de la série diffusés en prime time sur TF1, je peux affirmer avec certitude que "Marseille" deviendra un programme culte. Il suffit de voir quelques extraits méchamment distillés par des "admirateurs" au second degré. Si j'en crois ces petites vidéos, il y est essentiellement question de sexe, d'ambition et d'accent.
Présenté comme la "House of cards" à la frenchie, Marseille est plutôt un mix de "Plus belle la vie" chez les bourgeois et d'une pagnolade du temps des Raimu et autres Fernandel. Si Depardieu en politique bien installé n'en fait pas des tonnes, on ne peut pas en dire autant de Benoît Magimel, qui de l'avis de tous les critiques, est la véritable vedette de l'histoire. Attraction plus exactement.
Affublé d'un accent du sud assez changeant, il surjoue en permanence et passe son temps à grimacer. Grimace quand il prépare un coup tordu. Grimace quand il "honore" une collaboratrice entre deux rendez-vous. Grimace quand il se baigne. Le tout avec des dialogues dignes des plus grands textes surréalistes. "C'est moi qui vais t'enculer avec une poignée de graviers en prime", "À part ma queue, qu'est-ce que tu veux ?" sans oublier celle qui, si vous ne prenez pas au second degré, risque de vous faire tomber au trente-sixième dessous. Magimel, nu dans une piscine, caresse un opposant politique tout aussi dénudé et lui demande, angélique, "Vous trouvez pas ça bizarre... qu'on se touche le zob en parlant de Picasso ?"
Toute la série y est résumée : vulgaire, improbable et irrésistiblement comique.

mercredi 3 juin 2015

BD - Retour en Arménie

Récemment, l'Arménie a célébré le centenaire du début du génocide par la Turquie. De très nombreux chefs d'État, dont François Hollande, étaient présents à Erevan. Pour mieux comprendre cette tragique page de l'histoire européenne, ce reportage dessiné est essentiel. Laure Marchand et Guillaume Perrier sont deux journalistes spécialistes de l'Arménie. Ils ont longtemps vécu à Istanbul et dans cet album dessiné par Thomas Azuélos, ils retracent le voyage de Christian Varoujan Arin, un militant français de la cause arménienne. Installé à Marseille, il n'a jamais osé retourner sur la terre de ses ancêtres. 
Ce périple, sur les traces de son passé, donne la parole à ceux qui sont restés en Turquie. Les descendants des hommes et femmes qui ont participé au massacre racontent leur malaise. Varoujan rencontre aussi les petits-fils des rares survivants, obligés de se convertir à l'Islam, en train de redécouvrir leurs origines malgré la chape de plomb que l'état turc veut toujours maintenir sur ces événements. Entre espoir et douleur, un voyage qui ne peut laisser indifférent.

« Le fantôme arménien », Futuropolis, 19 €

jeudi 12 mars 2015

BD - Trafic d'armes à Marseille avec Léo Loden


Si cet album n'était pas paru le 21 janvier, on aurait pu soupçonner les auteurs d'avoir tenté de surfer sur l'actualité toute chaude du début de semaine. Manuel Valls est annoncé à Marseille. Lundi matin, quelques heures avant son arrivée, des tirs de kalachnikov retentissent dans une cité. La 23e aventure de Léo Loden, le privé marseillais, débute presque de la même manière. Un marchand d'armes est abattu sur le parking d'une cité. Sur le port, un container bourré d'armes de guerre suscite bien des convoitises. Simple coïncidence pour les scénaristes, Arleston et Nicoloff. Les faits divers à base de kalachnikov sont monnaie courante depuis quelques années. Sur cette base, les auteurs ont rajouté une gentille caricature des milieux syndicaux portuaires et tenté de mettre en lumière la difficile coexistence dans les cités entre forces de l'ordre autoritaires et responsables religieux modérés. Le tout dessiné par Serge Carrère qui se bonifie avec l'âge. Il dessine les « tronches » à la perfection avec un petit côté Conrad indéniable.

« Léo Loden » (tome 23), Soleil, 10,95 €

jeudi 1 janvier 2015

Roman - Sous la ville rouge

Charlie Hasard, le personnage principal de « Sous la ville rouge » de René Frégni rêve de devenir écrivain. Passionné de boxe, vivant reclus dans son petit appartement marseillais, il espère le coup de fil de la maison d'édition parisienne. Mais il ne reçoit que des lettres types de refus... Charlie s'obstine, relance, réécrit. Il est au bord du suicide quand enfin il reçoit le coup de fil salvateur. 
Mais il faut passer le filtre du comité de lecture. Un veto annihile tous les espoirs de Charlie. Le personnage imaginaire n'a pas de seconde chance. Et il décide de dire sa façon de penser à ce tueur de talents. Avec ses poings de boxeur. L'écriture de René Frégni, tranchante, aiguisée, dissèque les illusions de son héros. Jusqu'à la folie. (Folio, 5,60 €)


mercredi 3 décembre 2014

Livre : Marseille la cosmopolite

A Marseille, rien n'est comme ailleurs. Dans la police par exemple, un flic a pour prénom Yugurthen. Bertrand du Chambon nous raconte son histoire.

yugurthen, bertrand du chambon, marseille, seuilA moitié juif, à moitié arabe (berbère exactement) : Yugurthen Saragosti est un cas à part. Policier à Marseille, il est souvent en duo avec Volpellio, plus classique dans sa vie et ses apparences. Gros, gras, fan de l'OM, d'origine Corse, il est sans cesse sur la corde raide entre légalité et magouille avec d'anciens truands. Pourtant la paire fonctionne bien et les résultats sont souvent là.
La première enquête de ce policier que l'on espère récurrent débute par la découverte d'un cadavre. Classique. Un « nonide » dans le jargon de la maréchaussée. Un non-identifié qui se révèle être un jeune beur, pauvre. Qui a pu le massacrer dans le quartier des Arnavaux. Et pourquoi ? Yugurthen s'intéresse d'autant à cette affaire qu'il reconnaît le mort. Il s'appellait Sadak et venait du Nord de la France. Il espérait repartir du bon pied à Marseille après quelques malheurs familiaux. Yugurthen a été son bienfaiteur durant quelques mois. Il l'a hébergé et aidé comme il a pu. Et puis Sadak a disparu. Il semblait aller mieux et avait trouvé du réconfort dans les bras d'une certaine Nadia.
Notre flic atypique va donc creuser cette affaire, sans jamais révéler à sa hiérarchie qu'il connaissait bien la victime. Sadak a vécu un grand amour avec une jeune femme. Ils ont eu un bébé. Mais quelques jours après la naissance, il est mort. Depuis lors, Sadak sombre. Rejetté par la femme qu'il aime, il devient SDF. Nadia doit certainement savoir ce qu'il faisait avant de mourir. Surprise, Nadia n'est pas une femme mais un travesti. Bien connu des milieux échangistes de Marseille. Et depuis quelques temps, elle se vendait avec un jeune homme qui ressemble étrangement à Sadak. L'affaire se corse. Du beau monde risque d'être mouillé.

Coup de foudre au volant
Bertrand du Chambon, dont c'est le premier polar, a un style étonnamment riche et varié. Si Yugurthen a des réflexions à la limite de la philosophie, ses camarades (dont le fameux Volpellio) sont beaucoup plus terre-à-terre pour ne pas dire triviaux. Cela n'empêche pas notre policier de jouer le joli-coeur. Notamment quand il croise la route d'une mignone automobiliste. « Des cheveux châtain foncés, bien lisses et tirés en arrière avec quelques chose de flou, de floconneux... Des yeux vert d'eau soulignés d'un mascara sombre, des paupières un peu plissées, coquines. Un petit nez retroussé. Une bouche assez large, pulpeuse, faite pour le sourire et le baiser. » Coup de foudre dans les embouteillages marseillais, très présents dans le roman. Elle se nomme Mélodie et sera d'une grande utilité dans l'enquête. Mais l'auteur semble l'avoir inventée surtout pour pimenter son récit de quelques scènes qui auraient eu leur place dans les San-Antonio, quand l'autre célèbre flic français de la littérature policière enchaînait les aventures toutes plus chaudes les unes que les autres. Il est comme ça Yugurthen (et c'est pour ça qu'on l'aime tant) : philosophe et égrillard.

« Yugurthen », Bertrand du Chambon, Seuil, 18 €

mardi 22 juillet 2014

BD - Droit au but, le minot a grandi


Si la coupe du monde nous a fait vibrer, notamment les plus jeunes, c'est on ne peut plus normal. Avant de passer en équipe nationale, les joueurs se font une réputation et un palmarès en clubs. Prenez Valbuena par exemple. S'il n'avait pas brillé avec l'Olympique de Marseille, comment ce joueur « format poche » aurait-il pu accéder au plus haut niveau ? La série « OM droit au but ! » raconte en filigrane cette belle aventure. Nino est un minot de Marseille. Il se passionne pour les résultats de son équipe fétiche. Joue un peu, progresse et finalement intègre l'équipe des jeunes de l'OM. Son évolution est le fil rouge de la série dessinée par Garréra sur des scénarios d'Agnello et Davoine
Le 11e tome, « La victoire au bout des crampons » montre Nino devenu capitaine de l'équipe et pièce maîtresse pour aller au bout du rêve, la finale du tournoi Football Génération. Mais il risque de manquer les derniers matches car le coach des pros, José Anigo, l'a repéré et voudrait lui donner une chance au plus haut niveau. Et pas contre n'importe quel club : le Barça en personne. Nino va donc se frotter à Messi et Neymar, le temps d'un match d'anthologie.

« Droit au but » (tome 11), Hugo, 10,45 €

samedi 7 décembre 2013

Pieds-noirs et racisme : la BD coup de poing signée Fred Neidhardt

La bande dessinée « Les pieds-noirs à la mer » de Fred Neidhardt, auteur montpelliérain, est un regard cru et réaliste sur un milieu qui a bercé son enfance.  

Attention titre trompeur. « Les pieds-noirs à la mer » n'est pas une BD humoristique sur les pratiques estivales des expatriés. L'expression est à prendre au premier degré et elle fleurissait sur certaines banderoles de la CGT sur le port de Marseille en 1962. La ville dirigée par Gaston Deferre ne voulait pas de ces « colonisateurs ». « A la mer » voulait dire « jeté à la mer » avec leurs maigres affaires. Lâchés par De Gaulle, mal accueillis en métropole, la communauté disséminée un peu partout en France, il n'est pas étonnant qu'avant de s'intégrer dans ce quasi nouveau pays ils aient développé une certaine aigreur. Pour certains, les plus âgés notamment, cela s'est transformé en racisme ordinaire. Contre les Arabes essentiellement.

« Je ne l'ai pas vécu directement mais par procuration, explique Fred Neidhardt, le scénariste et le dessinateur de cette BD publiée chez Marabout. Je suis né quatre ans après l'indépendance de l'Algérie. Mais quand j'étais ado c'était le sujet de dispute fréquent dans la famille. » Ses parents ont échoué à Lille. Ses grands-parents ont eu plus de chance et sont restés à Marseille.
Le pépé raciste
L'album, en partie autobiographique, raconte la fugue de Daniel, étudiant de 19 ans. En désaccord avec ses parents (passionné de BD, il veut faire les Beaux-Arts alors qu'eux insistent pour qu'il poursuive des études scientifiques) il débarque en pleine nuit chez ses grands-parents.
Accueilli à bras ouverts, l'ambiance est vite plombée par les jugements à l'emporte-pièce de l'aïeul. Daniel est très partagé : « Il est raciste, il déteste les Arabes... Il aime pas les Noirs, les Juifs... lui qui est marié à une Juive. Mais c'est quand même mon pépé. Je l'aime quand même. » C'est ce grand écart sentimental que Fred Neidhardt raconte avec brio. « Pieds-Noirs et Arabes ont beaucoup de choses en commun. Quand j'étais gamin c'est quelque chose qui m'a toujours interloqué. Tu as ta grand-mère qui médit des Arabes et puis dès qu'elle a un truc à dire qui jaillit du cœur, elle le dit en arabe. Ce cas particulier permet de montrer toute l'absurdité du racisme ». Daniel, un peu naïf, va tenter de jouer le conciliateur dans le psychodrame qui frappe sa famille.
Un de ses cousins a quitté le cocon familial et s'est installé avec une jeune Française, Khadija, d'origine Kabyle. Les tentatives de rapprochement seront vaines, preuve qu'il est des blessures inguérissables.
Mais le message du livre est aussi plein d'espoir. Les générations suivantes tourneront la page. Naturellement, ou en le mettant noir sur blanc comme l'a fait Fred Neidhardt. Un auteur qui signe son œuvre de maturité et apprécie les séances de dédicaces car il y rencontre beaucoup de fils de Pieds-Noirs se reconnaissant dans le portrait de Daniel. « Et on arrive à en parler sereinement, ce qui n'est toujours pas le cas en famille... »

« Les Pied-Noirs à la mer » de Fred Neidhardt, éditions Marabout, 13,50 € 

jeudi 3 octobre 2013

NET ET SANS BAVURES - Rouge direct

Il y a deux ans, un match de la ligue des champions avec l'Olympique de Marseille attirait des millions de téléspectateurs sur TF1. Le foot à haut niveau ayant choisi la solution sonnante et trébuchante des chaînes payantes, rares sont ceux qui ont vu le naufrage des Marseillais mardi dernier. D'autant que Bein Sports ne passe pas sur tablette. Un tweet de Guy Carlier (humoriste parfait si l'on oublie qu'il aime le foot et Johnny Hallyday) m'a permis d'assister à la Berezina des Olympiens face au mur jaune et noir (exemple type de jargon sportif que seuls les initiés comprennent...).
Carlier demande à ses abonnés s'il n'existe pas un moyen simple de voir le match sur un « site exotique ». Après quelques tâtonnements il donne la solution qui tient en deux mots « rouge direct ». Je découvre alors la face cachée des retransmissions de foot sur le net.
Si les grands groupes audiovisuels paient des millions pour détenir l'exclusivité, des petits malins, tels des parasites, récupèrent les images et les diffusent en streaming sur leurs « sites exotiques ». Certes, il ne faut ni attendre de la haute définition, ni être allergique aux images figées par manque de bande passante. Mieux vaut également ne pas abhorrer les publicités incrustées un peu partout autour de l'image, voire dedans. Toujours possible de zapper. Par exemple le match Dortmund-Marseille était diffusé sur une dizaine de sites, mais les pubs s'en retrouvent démultipliées...
Bon, on ne va pas se plaindre en plus. C'est gratuit. Très malhonnête, mais gratuit.  

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 3 octobre. 

dimanche 9 juin 2013

BD - Epuration expéditive dans les mystères de la IVe République


Trois séries distinctes, un seul scénariste et un thème : les mystères de la république. Philippe Richelle (Les coulisses du Pouvoir, Secrets bancaires...) se lance dans ce projet sous-titré « Liberté, impunité, criminalité ». IIIe, IVe et Ve république passent au scanner du scénariste spécialiste en affaires troubles. Des ligues d'extrême-droite aux événements d'Algérie en passant par l'épuration d'après-guerre, il lève le voile sur des pratiques cachées d'un Etat trop souvent au-dessus de ses propres lois. 
Dans « Les résistants de septembre », dessiné par Buscaglia, le commissaire Coste, à Marseille, enquête sur la découverte d'un charnier dans une petite commune rurale du Lubéron. Plusieurs corps, appartenant à des résistants ou des collaborateurs, mélangés dans la mort. Coste, malgré les pressions de ses supérieurs, va tenter de comprendre comment des hommes et des femmes ont pu être massacrés, et par qui. Passionnant, très bien documenté et rapide, les seconds tomes des trois séries paraîtront en septembre.

« Les mystères de la République », Glénat, 13,90 €

mardi 30 octobre 2012

Billet - Petit baiser, gros effets


Un simple baiser, entre deux étudiantes à Marseille, met à mal toute une stratégie de communication nationale patiemment élaborée par l'association Alliance Vita.

Dans 75 villes, au même moment, une chorégraphie devait appuyer l'hostilité des membres de l'association à l'adoption des enfants par les couples homosexuels. En scandant le slogan : « Un papa. Une maman. On ne ment pas aux enfants », les manifestants étaient persuadés d'une visibilité médiatique maximale.
Problème à Marseille. Deux étudiantes, amies, pas du tout homosexuelles mais sensibles à la cause, décident de faire un peu de provoc' facile : hommes et femmes (dress code : vert et blanc) se tiennent de part et d'autre d'un « ange » symbolique aux ailes tatouées « maman » d'un côté, « papa » de l'autre. Elles se mettent au centre et s'embrassent tendrement. Cinq secondes filmées par un ami mais surtout immortalisées par Gérard Julien, photographe de l'AFP.
Sur le cliché, on voit au premier plan les jeunes filles enlacées et les manifestantes, a l'arrière, qui les invectivent. A vouloir être trop médiatique, on risque de se brûler les ailes... L'ange n'a pas fait le poids face à cette image d'amour reprise un peu partout sur les sites d'informations et les réseaux sociaux... Ce qui devait être une démonstration éclatante de force, s'est transformé en « bad buzz ».
Et maintenant, le camp des protestataires a changé. Les associations de soutien à la cause homosexuelle participent à des séances de bisous. Sympa la contre-manifestation...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

mercredi 26 septembre 2012

BD - Huis-clos mortel au large de Marseille pour Léo Loden


Qui a prétendu que la Méditerranée n'était pas une mer mais une simple flaque à côté des océans ? Il ne s'est jamais retrouvé dans une de ces tempêtes d'autant plus redoutables qu'elles sont rares.
Léo Loden, le détective marseillais, en compagnie de son Tonton Loco, est victime de ce coup de mer. 
Ils s'échouent, en pleine nuit, sur le château d'If planté depuis des siècles sur l'une des trois îles du Frioul. Ils sont secourus par les cadres d'une société pharmaceutique en plein séminaire de remotivation. Eux aussi sont bloqués dans le château et bientôt dans le noir en raison d'une coupure d'électricité. 
C'est dans ce lieu clos et inhospitalier que Léo et sa perspicacité vont être mis à rude épreuve. Le nouveau repreneur de la société meurt empoisonné. Tous les autres membres du groupe sont suspects. La panique commence à gagner certains, d'autant qu'un deuxième cadavre vient compliquer les choses.
Scénario à la Agatha Christie pour Arleston et Nicoloff. Une excellente intrigue, illustrée par Serge Carrère. Pour les 20 ans de la série, plusieurs expositions sont organisées à Marseille, jusqu'au 6 novembre.
« Léo Loden » (tome 21), Soleil, 10,50 €

mardi 7 juillet 2009

Polar - Marseille lave plus blanc avec Franz-Olivier Giesbert

Un tueur en série sévit à Marseille. Il égorge ses victimes. Qui sont souvent des crapules finies. L'Immortel enquête.


Ce roman policier, truffé de rebondissements, de morts violentes et de personnages tous plus délirants les uns que les autres, plonge le lecteur dans une ville de Marseille gangrénée par la corruption et les ambitions de quelques gros nababs. Ecrit par Franz-Olivier Giesbert, on prend autant de plaisir à lire ces 300 pages que le journaliste en a éprouvé à les écrire. Car ce polar est avant tout une œuvre de divertissement, un exercice de style parfaitement maîtrisé, idéal pour cette période de vacances et de farniente.

Tout commence par le meurtre de la femme du commissaire Thomas Estoublon. Après une journée de travail, en solitaire, il la retrouve égorgée dans son lit. Très rapidement ses collègues le soupçonnent car le couple battait de l'aile. Seule Marie Sastre, commissaire elle aussi, est persuadée de l'innocence de Thomas. Mais elle ne peut empêcher son incarcération. Le policier, très déprimé, se pendra aux barreaux de sa cellule. Alors que le tueur sévit une seconde fois,, le disculpant à retardement. La presse s'empare des faits divers et baptise l'assassin du sobriquet le « Lessiveur » car il nettoie les scènes du crime avant ses forfaits. Un Lessiveur qui semble mener un combat très personnel, les victimes ne se connaissent pas mais ont au moins un point en commun : elles ne sont pas aussi innocentes qu'il n'y paraît.

Croutes de flic

Franz-Olivier Giesbert déroule son récit en suivant plus spécialement les agissements de trois personnages. Marie Sastre, la policière, pugnace mais si fragile, si attendrissante : « avec son menton décidé et sa bouche à baisers, elle était si naturelle qu'elle n'avait pas à se préoccuper de le paraître. Elle se fichait des apparences. De la sienne, notamment. » Elle tentera de démasquer le Lessiveur avec l'aide de Charly Garlaban, l'Immortel. Ayant survécu après avoir été criblé de balles, il ne sera pas insensible au charme de Marie malgré ses étranges manies, par exemple de s'entretenir des croûtes purulentes en divers endroits cachés de son corps. Un bon palliatif quand son chef s'en prend à elle : « Pendant cet échange, Marie Sastre s'était gratté le bras, puis l'aisselle où elle s'acharna sur une croûte qui finit par tomber. »

Tueur utile

Le troisième personnage clé c'est le Lessiveur. Dans certains chapitres, il commente ses exploits à la première personne. Le lecteur ne sait pas encore qui il est ni ses motivations, mais il a parfaitement conscience de la folie de cet homme, maniaque, sadique mais pas si inutile à la société alors qu'il est en pleine réflexion devant une de ses victimes se vidant de son sang : « Je dois à la vérité que j'éprouvais de la jouissance à le regarder mourir et que cette jouissance n'était pas seulement intellectuelle. Toutes les fibres de mon corps vibraient en même temps. Ce n'était pas tant à cause de la puissance que j'éprouvais devant cette pauvre chose qui se ventrouillait à mes pieds. Non, c'était l'idée d'avoir été utile à quelque chose en punissant une pourriture. J'avais le sentiment du travail accompli. »

Enfin il faut rajouter dans cette galerie des plus réussie la ville de Marseille. Toujours aussi belle et convoitée, elle donne une dimension supplémentaire à ce polar radical.

« Le Lessiveur », Franz-Olivier Giesbert, Flammarion, 19,90 € 

samedi 8 juillet 2006

Roman - Des veuves au kilo...

Ce roman de Philippe Carrese est un road movie familial sur les routes de France en compagnie d’un flic de base et du fils d’un aristocrate.

On roule beaucoup dans "Les veuves gigognes", polar signé du Marseillais Philippe Carrese. La première scène se passe au bord d’une rivière, mais très rapidement une voiture va faire irruption dans cette scène bucolique. Une Jaguar venant de défoncer un parapet de cette route de montagne et qui plonge inexorablement vers le vide. Le conducteur, un ancien député de droite, meurt sur le coup. Une mort lourde de conséquence pour nombre de personnes qui ignoraient même son existence. En premier lieu Lucas Rosarian, flic dépressif en disponibilité après le départ de sa femme pour des cieux plus gais. Quand on vient livrer un bouquet de 38 roses à Mme Rosarian, il le prend très mal. Jusqu’à ce qu’il comprenne que ce n’est pas pour sa femme infidèle mais sa mère qui pourtant n’habite plus là depuis quelques années. 
Encore plus étonnant la personne qui tient à offrir ce bouquet à sa mère. André-Marie Vilevirain de Saint-Chamons est un aristocrate quadragénaire « à tête de poireau. Au sommet de son crâne d’œuf, une méchante mèche rebelle flotte au gré du petit mistral qui se lève. Elle balaie sa calvitie naissante comme un plumeau monté sur un mécanisme d’essuie-glace. (…) L’aristocrate a le teint pâle, les lèvres fines et les yeux globuleux ». 

Maîtresses et euros
André-Marie explique à Lucas qu’il est en service commandé. Son père, récemment décédé, veut qu’il remette 50 000 euros à chacune des « femmes de sa vie ». Car le député, catholique pratiquant très respecté des autorités ecclésiastiques, menait une double vie, collectionnant les aventures et parfois les maîtresses sur de longues périodes. Parmi elles, la mère de Lucas, aujourd’hui à la retraite. C’était il y a 39 ans, quelques temps avant la naissance de Lucas qui tout à coup a un doute sur l’identité de son père et pourrait se retrouver avec un demi frère « à tête de poireau », riche à million roulant en Porsche Cayenne. Il décidera même de suppléer l’aristocrate dans sa recherche des autres femmes de député cavaleur. 
Philippe Carrese, avec son style vif et léger, bourré de bons mots et de personnages truculents, entraîne le lecteur dans une folle course poursuite de Marseille à Nice en passant par le Havre et Paris. Le couple formé par Lucas et Jean-Marie va trouver sur son chemin quelques aigrefins appâtés par les liasses de billets à distribuer aux anciennes maîtresses. A moins qu’ils ne cherchent autre chose dans les souvenirs de ce député à la vie en total décalage avec ses convictions politiques. Il y a du San-Antonio dans ce roman, situations, personnages et coups de théâtre défilant à toute vitesse au fil des pages. 

« Les veuves gigognes », Philippe Carrese, Fleuve Noir, 19 euros