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lundi 25 novembre 2024

BD - De l’or (et un nouveau scénariste) pour les Tuniques Bleues


Pas de retraite pour les Tuniques Bleues et encore moins pour leur dessinateur, Lambil. Il signe le 68e album de ce duo légendaire de soldats américains pris dans la tourmente de la guerre de Sécession.


Cette fois c’est Fred Neidhardt qui signe le scénario. Le Montpelliérain, après avoir écrit un Spirou, s’attaque à une seconde légende de la BD franco-belge. Avec bonheur. Il offre notamment un début d’aventure très grinçant avec reparties cinglantes de Blutch, éternel tire-au-flanc dont la permission va être gâchée par son complice de toujours, Chesterfield. Ils vont tenter de dérober un chargement d’or destiné à financer l’armement des Sudistes.

À noter que l’un des personnages secondaires est un soldat noir, permettant à cette BD de faire passer quelques messages contre le racisme. Comme une réponse anticipée à la polémique autour de l’album Spirou et la Gorgone Bleue.
« Les Tuniques Bleues » (tome 68), Dupuis, 48 pages, 12,50 €

vendredi 11 février 2022

BD - Fred Neidhardt a des réminiscences d'Alger


Roman graphique historique avec expérience personnelle et bouts de vie familiale dans un style d’autofiction, ce Alger-retour de Fred Neidhardt devrait parler à tous les pieds-noirs installés dans la région, encore plus leurs descendants qui n’ont qu’une idée très partielle de cette Algérie quittée dans la précipitation.  « La valise ou le cercueil ! » répète régulièrement Jean-Pierre, le père de Daniel le narrateur. Jean-Pierre était encore adolescent quand il a embarqué sur le paquebot Ville de Marseille avec toute sa famille. Ils se sont reconstruits, plein d’aigreur, du côté de Montpellier

En 2014, Daniel a décidé de voir par lui-même ce qu’est devenue cette ville d’Alger racontée par son père et uniquement vue à travers des clichés en noir et blanc ramenés dans cette fameuse valise. C’est donc simplement avec un sac à dos et quelques adresses, qu’il va plonger dans la réalité algérienne de ces dernières années. Il aurait voulu faire le voyage avec son père, mais ce dernier refuse catégoriquement de remettre les pieds dans ce pays. 

Dessin plus réaliste

Sans guide, il tente de retrouver l’adresse de l’appartement familial et quand il est sûr de l’avoir localisé, va frapper à la porte. Mahmoud, un professeur de français à la retraite ouvre et va lui offrir thé et hospitalité. Entre le jeune fils de rapatrié et le vieil Algérien qui a récupéré l’appartement quelques semaines après le départ des Européens, une jolie complicité va s’instaurer. Cela permet à Daniel/Fred de raconter avec nuances les différentes composantes de l’Algérie actuelle. Il va croiser des jeunes qui tentent de s’émanciper, des fidèles du régime qui continuent à honorer les martyrs de l’Indépendance et puis d’autres, qui fantasment la France ou sont de plus en plus religieux. Sans savoir exactement ce qu’il cherche, Daniel va en partie retrouver ses racines et même réussir à convaincre son père à faire lui aussi ce retour vers Alger. 


Après avoir raconté l’arrivée de Pieds-Noirs en France (Les Pieds-Noirs à la mer, réédité avec une préface de Joann Sfar), Fred Neidhardt poursuit sa quête pour comprendre d’où il vient. Plus connu pour ses séries comiques, cet habitant de Montpellier a changé de style pour cet album. Un trait plus réaliste permet au lecteur d’avoir l’impression d’être dans cette ville, si vivante de nos jours, si marquée par un passé de mort et de violence. Une évolution graphique qui permet de plus d’insérer dans les planches des croquis de bâtiments visiblement faits sur place dans un carnet qui revêt une grande importance dans la trame du récit.  

« Alger-retour » de Fred Neidhardt, Mara-Bulles, 16,90 €

vendredi 8 mai 2020

Spirou et Fantasio ont accompagné le confinement des lecteurs de l'Indépendant

Fin ce vendredi 8 mai de la publication en feuilleton de la nouvelle aventure de Spirou et Fantasio. Fred Neidhardt et Fabrice Tarrin vous donnent rendez-vous fin août pour la sortie de l’album « Spirou chez les Soviets » aux éditions Dupuis.

Que tout le monde se rassure, le monde libre l’emporte à la fin de l’aventure de Spirou et Fantasio imaginée par Fred Neidhardt, auteur résidant à Montpellier et dessinée par Fabrice Tarrin, habitant lui à Narbonne. Deux jeunes auteurs qui n’ont pas hésité à dynamiter le monde imaginé par Jijé, Franquin, Fournier ou Tome et Janry.
Le héros en habit rouge, lancé en dans le magazine qui porte son nom depuis 1938 par Rob-Vel, affiche plus de 60 albums au total. La série principale, animée par Franquin dans les années 60 et dernièrement par Yoann et Vehlmann, cohabite depuis quelques années avec des aventures signées de grandes plumes de la BD. La collection intitulée « Le Spirou de… » donne l’occasion à certains de revisiter totalement l’univers. Si Yann (déjà avec Tarrin au dessin) a rendu un vibrant hommage aux grandes aventures à la Franquin dans « Le Tombeau des Champignac », Émile Bravo a mis le jeune groom sur les routes de l’exode face à l’arrivée des troupes allemandes dans « L’espoir malgré tout ».

Dans Spirou chez les Soviets, Fred Neidhardt a voulu confronter le héros de son enfance au régime autoritaire de l’URSS des années 60. S’il est question de politique et de droits de l’Homme dans cette histoire de plus de 50 pages, ce n’est cependant pas le brûlot publié en 1929 par Hergé, engagé dans une croisade contre les Bolcheviks.


Spirou est un héros humaniste comme le démontre la dernière partie de l’album publiée hier et aujourd’hui dans les pages de l’Indépendant. Une jolie récréation durant le confinement, l’occasion selon Fabrice Tarrin, « d’apporter une petite récréation aux lecteurs. » L’album, qui devait paraître en juin, est finalement décalé à la fin de l’été.
 Désormais Fabrice Tarrin va de nouveau retourner à son héros personnel, le Lémurien, série très personnelle née sur un blog au début des années 2000 où il se met en scène. Un nouvel album est espéré l’année prochaine. À moins qu’il ne prenne du retard à cause d’un célèbre petit Gaulois…

samedi 7 décembre 2013

Pieds-noirs et racisme : la BD coup de poing signée Fred Neidhardt

La bande dessinée « Les pieds-noirs à la mer » de Fred Neidhardt, auteur montpelliérain, est un regard cru et réaliste sur un milieu qui a bercé son enfance.  

Attention titre trompeur. « Les pieds-noirs à la mer » n'est pas une BD humoristique sur les pratiques estivales des expatriés. L'expression est à prendre au premier degré et elle fleurissait sur certaines banderoles de la CGT sur le port de Marseille en 1962. La ville dirigée par Gaston Deferre ne voulait pas de ces « colonisateurs ». « A la mer » voulait dire « jeté à la mer » avec leurs maigres affaires. Lâchés par De Gaulle, mal accueillis en métropole, la communauté disséminée un peu partout en France, il n'est pas étonnant qu'avant de s'intégrer dans ce quasi nouveau pays ils aient développé une certaine aigreur. Pour certains, les plus âgés notamment, cela s'est transformé en racisme ordinaire. Contre les Arabes essentiellement.

« Je ne l'ai pas vécu directement mais par procuration, explique Fred Neidhardt, le scénariste et le dessinateur de cette BD publiée chez Marabout. Je suis né quatre ans après l'indépendance de l'Algérie. Mais quand j'étais ado c'était le sujet de dispute fréquent dans la famille. » Ses parents ont échoué à Lille. Ses grands-parents ont eu plus de chance et sont restés à Marseille.
Le pépé raciste
L'album, en partie autobiographique, raconte la fugue de Daniel, étudiant de 19 ans. En désaccord avec ses parents (passionné de BD, il veut faire les Beaux-Arts alors qu'eux insistent pour qu'il poursuive des études scientifiques) il débarque en pleine nuit chez ses grands-parents.
Accueilli à bras ouverts, l'ambiance est vite plombée par les jugements à l'emporte-pièce de l'aïeul. Daniel est très partagé : « Il est raciste, il déteste les Arabes... Il aime pas les Noirs, les Juifs... lui qui est marié à une Juive. Mais c'est quand même mon pépé. Je l'aime quand même. » C'est ce grand écart sentimental que Fred Neidhardt raconte avec brio. « Pieds-Noirs et Arabes ont beaucoup de choses en commun. Quand j'étais gamin c'est quelque chose qui m'a toujours interloqué. Tu as ta grand-mère qui médit des Arabes et puis dès qu'elle a un truc à dire qui jaillit du cœur, elle le dit en arabe. Ce cas particulier permet de montrer toute l'absurdité du racisme ». Daniel, un peu naïf, va tenter de jouer le conciliateur dans le psychodrame qui frappe sa famille.
Un de ses cousins a quitté le cocon familial et s'est installé avec une jeune Française, Khadija, d'origine Kabyle. Les tentatives de rapprochement seront vaines, preuve qu'il est des blessures inguérissables.
Mais le message du livre est aussi plein d'espoir. Les générations suivantes tourneront la page. Naturellement, ou en le mettant noir sur blanc comme l'a fait Fred Neidhardt. Un auteur qui signe son œuvre de maturité et apprécie les séances de dédicaces car il y rencontre beaucoup de fils de Pieds-Noirs se reconnaissant dans le portrait de Daniel. « Et on arrive à en parler sereinement, ce qui n'est toujours pas le cas en famille... »

« Les Pied-Noirs à la mer » de Fred Neidhardt, éditions Marabout, 13,50 € 

samedi 27 novembre 2010

BD - Les aventures de Fred chez les « cocos de l'Est »

Fred Neidhardt est un auteur insaisissable. On sent qu'il rêve d'une carrière classique de dessinateur de BD franco-belge, mais son mauvais fond l'en empêche. Car Fred aime choquer. Il a signé quelques impostures mémorables, dépassant parfois les limites de la bienséance des années 2000. Pourtant, sous ces airs de mauvais garçon, on devine un sentimental. La faute à son enfance, où amour fou le disputait à masturbation frénétique. Après « Pattes d'eph & col roulé », il prolonge ses mémoires de petit garçon avec cette « Peur du rouge » se déroulant au début des années 80. 

Élevé dans une famille bourgeoise redoutant comme la peste l'arrivée des communistes (les Rouges) au pouvoir dans le sillage de Mitterrand, il relate dans ce long roman graphique une visite en Allemagne, à Berlin exactement. A l'époque, la capitale allemande est toujours partagée par le fameux mur. Privilège du touriste, Fred et ses camarades peuvent le franchir, comparer l'Est et l'Ouest. 

Le récit oscille entre plaisanteries potaches entre gamins en pleine adolescence rebelle et scènes chocs, notamment quand ils visitent le mémorial à la barbarie nazie. Mais le véritable but du voyage de Fred, c'est la rencontre avec la fille qui hante ses nuits. Il a lu « Moi, Christiane F. 13 ans, droguée, prostituée », est tombé amoureux de ce visage grave en couverture. Il tente de retrouver les lieux décrits par la jeune fille. Les sens aux aguets, il espère sans cesse la voir. Et rêve qu'il la sauve, tel un chevalier blanc... Dans la réalité, cela se passe différemment. Drogués et punks prennent un malin plaisir à faire peur à ce jeune touriste égaré. Fred sera finalement secouru par Günter, un Allemand moderne. Un peu trop au niveau des pratiques sexuelles...

Après ce récit âpre et sans concession, Fred Neidhardt a logiquement voulu passer à quelque chose de plus léger. Il a signé une parodie de Spirou et Fantasio publiée cet été dans l'hebdomadaire du même nom. Son « Spouri et Fantaziz » mode racaille était hilarant. On en retrouve l'essentiel sur le blog de Fred, le Fleurblog.

« La peur du rouge », Fred Neidhardt, Delcourt, 13,95 €