Affichage des articles dont le libellé est orange. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est orange. Afficher tous les articles

mardi 13 août 2024

Roman historique - Oranges et frontière


Paru en 2005, Quai des oranges de Nicole Zimermann est un superbe portrait de femme. De celles qui n’acceptent pas de marcher droit dans les pas du patriarcat. Rose, le personnage principal du roman, est une jeune Catalane vivant à Cerbère. Nous sommes dans les années 20 et le village frontière est essentiel dans les échanges commerciaux entre Nord et Sud de l’Europe.

Rose est transbordeuse d’oranges. Dans la gare, elle vide les wagons espagnols de ces fruits très recherchés et remplit les trains français. Un travail harassant mais bien payé. Rose, trop romantique, cède aux avances d’un garçon du cru et se retrouve fille-mère. Une infamie à l’époque.

Elle va cependant aller contre sa famille et la communauté, s’imposer dans son métier et permettre aux autres femmes de s’imaginer un meilleur futur. Le roman, très documenté, raconte aussi comment Rose a été envoyée au Pays basque pour former les ouvrières locales à ce travail ingrat mais essentiel.

L’occasion de détailler une petite compétition régionale : « Dures à l’ouvrage, vives et concentrées, les Basques mettent tout leur amour-propre à apprendre vite et à ne pas se laisser distancer » par les Catalanes.

« Quai des oranges » de Nicole Zimermann, Privat, 295 pages, 21 €

mardi 14 février 2023

Cinéma - “The Son” ou la chronique de parents démunis

La dépression d’un adolescent plonge son père dans l’incompréhension. Un grand film signé Florian Zeller avec Hugh Jackman au sommet de son art.

Hugh Jackman, père démuni face à son fils, Zen McGrath.
CHANNEL FOUR


La famille continue d’être au centre du cinéma de Florian Zeller. Après The Father avec Anthony Hopkins, il adapte sur grand écran une autre de ses pièces, The Son, avec cette fois Hugh Jackman dans le rôle vedette. Père, fils… Comme si dans cette relation se trouvait tout ce qui permet, de fait, le prolongement et la continuation de toute civilisation. Une histoire écrite d’avance, mais qui parfois déraille, surprend et marque, l’échec d’une vie, d’une tentative de normalité souhaitée par une société en perpétuelle reproduction d’habitus de classe. Ce père qui voit son fils s’éloigner de lui nous explique qu’il ne faut pas toujours espérer être un modèle évident pour sa descendance.

Peter (Hugh Jackman), la cinquantaine fringante, est un riche homme d’affaires américain. Il dirige son petit empire avec la même main autoritaire que son père, Anthony (Anthony Hopkins) aujourd’hui retiré du grand bain. Peter, père d’un jeune Théo. Il vit depuis peu avec la mère, Beth (Vanessa Kirby), beaucoup plus jeune. Un second départ pour Peter après avoir divorcé de Kate (Laura Dern).

Le fils délaissé

Mais pas sans conséquence pour son ancienne épouse et surtout Nicholas (Zen McGrath), leur fils. Il a 15 ans et souffre de cette séparation. Moralement. Il devient agressif avec sa mère. Comme pour lui reprocher de ne pas avoir réussi à retenir ce père qu’il aime tant. Peter, lui, semble avoir tiré un trait sur cette première partie de sa vie. Accaparé par son travail, amoureux de sa nouvelle et jeune compagne, béat face à son bébé, il a comme gommé de sa vie Nicholas. Il doit remettre les pieds sur terre quand Kate lui apprend que Nicholas ne va plus en cours depuis un mois, qu’il devient agressif, qu’elle a peur.

Face au désespoir et à l’impuissance de son ancienne femme, il accepte de prendre Nicholas chez lui, avec Beth et le bébé. Comme pour se donner la possibilité de renouer avec cet enfant qui a été au centre de sa vie il y a encore quelques années. Mais le mal de Nicholas est plus profond.

Film sombre, implacable, sans doute moins étonnant dans sa forme que The Father, The Son est un drame absolu, une véritable tragédie par son côté inéluctable. Une histoire et une réalisation entièrement au service des comédiens. Hugh Jackman, loin de ses prestations dans les films Marvel, donne toute la mesure à son talent. Il passe de l’homme sûr de lui, droit dans ses choix de vie, persuadé de faire le meilleur pour son entourage, à ce père perdu, démuni, complètement impuissant face à la maladie de son fils, celui pour qui il rêvait le plus bel avenir. Un rôle en or pour un film bouleversant.

Film américain de Florian Zeller avec Hugh Jackman, Laura Dern, Zen McGrath, Vanessa Kirby, Anthony Hopkins

samedi 28 juillet 2018

Série télé - Orange est toujours à la mode


De toutes les séries lancées sur Netflix, « Orange is the new black » est certainement la plus remarquable. Remettant au goût du jour un genre cinématographique passé de mode, le spectateur va se passionner pour la vie dans une prison de femmes. Mais on est loin des séries Z réalisées par des hommes pour des hommes. On trouve aux manettes Jenji Kohan, une scénariste qui a déjà plusieurs succès derrière elle, de Weeds à Glow. Piper Chapman (Taylor Schilling), emprisonnée pour une année, est toujours derrière les barreaux de la prison de Litchfield.

Depuis fin juillet, elle est de retour avec ses copines pour une sixième saison diffusée en exclusivité sur Netflix. Enfermées dans une prison de haute sécurité, les amitiés seront testées et de nouvelles alliances seront créées. Vont-elles se liguer les unes contre les autres ou rester unies ?

Une série qui sait alterner les émotions. La violence du milieu n’empêche pas les amours ou l’amitié, l’entraide ou la trahison. Un condensé de notre monde si souvent injuste.

➤ « Orange is the new Black » (intégrale saisons 1 à 4 en bluray et saison 5) chez Sony. Les 13 épisodes de 50 minutes de la saison 6 sont disponibles sur Netflix.

vendredi 8 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - Ma 4G est une 4L

Toujours plus vite. Du moins dans les publicités. Le déploiement de la 4G en France est annoncé comme une révolution. Votre smartphone devient encore plus rapide que votre ordinateur. Dans les faits, tests d'associations de consommateurs à l'appui, votre Porsche 4G ressemble furieusement à une Renault 4L...
L'UFC Que choisir parle carrément de « communication trompeuse », clouant au pilori des publicités un peu trop belles pour être vraies. « L'étude fait apparaître un décalage entre bon nombre de promesses faites par les opérateurs et les réelles conditions techniques auxquelles les consommateurs peuvent avoir accès » pointe du doigt l'UFC dans un communiqué. Mauvais élèves : Orange et SFR. Bouygues, aux choix techniques différents, s'en tire beaucoup mieux.
Au-delà de la science, les créations publicitaires « too much » prolifèrent. Ainsi ce film où un père, avec son smartphone, filme son fils en train marquer un but d'un retourné à la Zlatan. Avant même que la balle n'atteigne le fond des filets, les internautes voient la vidéo et le gamin acclamé par des milliers de supporters. La parabole est belle (le but aussi), mais faut pas prendre les utilisateurs pour des ignares. A moins que la 4G ne permette de se déplacer dans le temps.
Pour l'instant, la 4G a tout de la 4L : une vieille voiture sympa mais dont les prix sont outrageusement élevés en raison d'un incompréhensible phénomène de mode...

Chronique "Net et sans bavure" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant

lundi 22 octobre 2012

Billet - Après la lutte, les injures des classes

La lutte des classes est toujours d'actualité. Elle a simplement changé de forme. La semaine dernière elle s'est exprimée par le biais d'une altercation entre un responsable d'Orange et une fonctionnaire de la SNCF.
La scène, enregistrée par un témoin, se déroule dans une gare de la banlieue parisienne. L'agent commerciale de la SNCF a l'outrecuidance de faire remarquer au cadre de la société de téléphonie qu'il parle un peu trop fort  dans son portable. Il sort immédiatement de ses gonds : « Moi je ne respecte pas les fonctionnaires français. Je gagne 70 K-euros (70 000 euros par an), vous gagnez le smic alors vous fermez votre gueule. » Durant de longues minutes il agonit d'insultes la pauvre femme qui garde son calme. Publiée sur Youtube, la vidéo est vue plus d'un million de fois et déclenche la polémique. Dans un premier temps les deux entreprises se montrent très prudentes. Pas de confirmation, juste l'annonce d'enquêtes internes. La SNCF dégaine la première et via un tweet apporte « son soutien à son agent agressée verbalement. »
Vendredi, c'est Orange qui annonce avoir identifié l'irascible : « Il nous a fait part de lourdes difficultés personnelles et de sa volonté de s'excuser auprès de l'intéressée et de son entreprise. » Il semble se repentir après coup mais le mal est fait. Preuve par A plus B que certains prétendus « pigeons » ne sont pas si gentils et que les fonctionnaires ont parfois de bonnes raisons de faire grève... 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.