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samedi 6 juin 2015

BD - Récits parallèles de Tromelin aux moulins de Don Quichotte

Un dessinateur sur les traces d’esclaves naufragés dans l’Océan indien, un marines américain qui se prend pour Don Quichotte : ces deux albums, le premier de Savoia, le second de Lax explorent la voie de la double narration en parallèle.

En 1761, un navire négrier fait naufrage sur un îlot perdu entre Madagascar et La Réunion. Avec les débris de l’épave, les marin français confectionnent un esquif de secours. Mais il est trop petit pour accueillir à son bord tous les naufragés. 80 esclaves sont abandonnés à leur sort sur l’île de Tromelin qui n’a pas encore de nom. Les rares survivants, une poignée de femmes et un bébé, seront secourus quinze ans plus tard par le chevalier de Tromelin. Cette histoire, caractéristique de la façon étaient traités les esclaves originaires de Madagascar, a failli être totalement oubliée. Au début des années 2000, quelques chercheurs ont monté une expédition pour retrouver les traces archéologiques de ces “
Esclaves oubliés de Tromelin”. Sylvain Savoia, dessinateur de Marzi, a eu la chance de faire partie de cette mission de quelques semaines. Il raconte en dessin cette plongée dans l’adversité. Tromelin, simple base météo, est une bande de sable peuplée de bernard-l’hermite, de fous et parfois de tortues quand elles viennent pondre sur la plage. Une solitude qu’il décrit minutieusement. Un reportage en parallèle avec l’histoire de ces esclaves, obligés de survivre avec rien. Les deux ambiances alternent avec bonheur, donnant encore plus de relief aux recherches de cette dizaine de scientifiques.

Passé et présent s’imbriquent aussi dans “
Un certain Cervantès”, gros roman graphique en noir et blanc signé Lax. Cervantes, Mike de son prénom, est un Américain de base, obligé de s’enrôler dans les marines pour éviter la prison pour culture et consommation de cannabis. En Afghanistan, son blindé saute sur une mine. Une main blessée, il reste de longs mois prisonniers des Talibans. Comme son homonyme, Miguel de Cervantès, capturé par les Arabes en 1571. L’Espagnol, de retour au pays, imagine Don Quichotte. Le soldat américain lui aussi retrouve enfin la terre de ses ancêtres. Une main en moins et une sourde révolte enfouie au plus profond de son être. Lax raconte comment cet écorché vif va complètement dérailler et se prendre pour Don Quichotte. Il va tenter d’aider un clandestin, puis détruire le matériel de propagande d’une société immobilière qui fait son beurre sur les faillites des subprimes. Il ira se cacher dans une réserve indienne avant de s’attaquer à un télévangéliste, symbole de la nouvelle inquisition. Ce long récit (200 pages dessinées au lavis), un peu désenchanté, mais plein d’espoir quand même, non seulement nous apprend beaucoup sur la crise sociale aux USA, mais également sur l’existence mouvementée de ce grand visionnaire que fut Miguel de Cervantès.

Les esclaves oubliés de Tromelin”, Dupuis, 20,50 euros

Un certain Cervantes”, Futuropolis, 26 euros

lundi 20 août 2012

BD - Lax et Fournier racontent la saga d'une famille de l'Himalaya


En altitude, on a l'impression que le temps ne coule pas de la même façon qu'au niveau de la mer. Il aura fallu quatre années de patience au lecteur pour découvrir la suite et la fin du récit de la vie de cette famille de simples paysans de l'Himalaya à la fin du XIXe siècle. 
Ecrite par Lax, cette saga est mis en images par Jean-Claude Fournier. Le créateur de Bizu, repreneur de Spirou et animateur des Cranibales, pour la première fois de sa longue carrière, se risquait au dessin réaliste. 
Dans les décors majestueux du toit du monde, ses aquarelles devenaient encore plus lumineuses. Coup d'essai, coup de maître. On peut donc désormais suivre la suite des péripéties d'un père à la recherche de son fils retiré dans un monastère. Accusé d'espionnage pour les Anglais, il est emprisonné. 
Le second fils, Resham, déserte l'armée coloniale pour aller le délivrer. Véritable road-movie sur les chemins de traverses, cet album simple et beau happe le lecteur comme rarement.

« Les chevaux du vent » (tome 2), Dupuis, 16,50 € (il existe une édition limitée et numérotée à 30 €)

mardi 24 mai 2011

BD - Légendes à deux roues


La bicyclette, Christian Lax adore. Pour en faire mais aussi pour y puiser la matière de ses albums. Il a beaucoup rêvé aux exploits de ces forçats de la route. Après avoir raconté la vie incroyable de « L'aigle sans orteils » dans la collection Aire Libre, il a prolongé le récit pour Futuropolis avec « Pain d'alouette ». Dans ce second tome, il se penche sur la plus dure des courses, le Paris-Roubaix. L'enfer du Nord, aux pavés mythiques, a longtemps été considérée comme la reine des classiques. La plus difficile, la plus exigeante.

Avant d'arriver à l'édition de 1934, Lax présente les deux personnages principaux. Reine, la fille de l'Aigle, orpheline ayant connu une enfance difficile, devenue brillante journaliste sportive. Elie Ternois, fils du Nord, a décidé de devenir coureur pour ne plus avoir à descendre au fond de la mine. Ils vont s'aimer, se soutenir, réussir ensemble.

Une belle histoire d'amour et de volonté.

« Pain d'alouette » (tome 2), Futuropolis, 16 € 

vendredi 14 août 2009

Parfois, la BD sert à dépasser tous les tabous

La bande dessinée sait sortir de son carcan pour exploiter quelques références. Que cela soit l'œuvre de Boris Vian, les romans de la Série noire ou les westerns spaghettis, ces trois albums permettront aux lecteurs d’élargir leur horizon.

L’adolescence, période difficile à vivre, devient un véritable rêve éveillé quand on trouve sa voie. "Thomas ou le retour du Tabou" d’Hervé Bourhis retrace le parcours d’un collégien au moment où il se désintéresse des dessins animés découvrant que certains livres peuvent être passionnants. Il débute avec L’écume des jours de Boris Vian puis embraye avec une biographie de cet écrivain rebelle. Thomas prend le pari de refaire vivre l’ambiance du cabaret le Tabou. Une histoire toute en finesse, abordant les problèmes de l’art, de l’amitié et de l’émancipation par rapport aux parents. Un album qui a reçu en 2002 le prix René Goscinny du scénario. (Les Humanoïdes Associés, 12,35 €)

Ambiance très littéraire également dans "Le Choucas met le feu aux poudres", cinquième titre de la série écrite et dessinée par Lax. Le héros, détective privé vénérant la collection de la Série Noire, se trouve cette fois aux prises avec une maison d’édition voulant profiter de la période électorale pour faire des bénéfices substantiels en discréditant la République. Situations épiques, personnages secondaires cocasses, analyse critique de notre société : cette série a tout pour plaire. (Dupuis, 8,99 €)

De l’hommage à la parodie il n’y a qu’un pas que Curd Ridel (scénario) et Dav (dessin) franchissent allégrement en signant "Django Renard", série de gags brocardant les westerns spaghettis. On retrouve dans cette BD animalière Django, malicieux et débrouillard et Teddy Beer, force de la nature marchant dans l’ombre de Django mais qui n’a pas inventé la poudre. (Bamboo, 8,99 €)

 

mardi 11 novembre 2008

BD - Le Népal d'antan


La collection Aire Libre permet à des dessinateurs confirmés de se risquer dans un genre différent de leurs habitudes. Dernier en date à s'y risque, Jean-Claude Fournier qui entreprend de raconter la vie d'une famille népalaise, au XIXe siècle, sur un scénario de Lax. 

Fournier, créateur de Bizu, avait repris Spirou et Fantasio, après Franquin, puis animé les aventures culinaires de la Famille Crannibales. Nouveau style et nouvelle technique pour cet album éblouissant. On est notamment en admiration devant ces aquarelles, fidèles à la luminosité unique de ce pays montagneux.

« Les chevaux du vent » (tome 1), Dupuis, 14 € (existe également en édition luxe, avec un cahier supplémentaire, à 18 €) 

mercredi 18 juin 2008

BD - La brousse ou la vie pour le Choucas de Lax


Lax, tout en adaptant des classiques du polar dans la collection Casterman Rivages Noir, y va de ses histoires personnelles de détective blasé et malchanceux. Son Choucas est plus digne de la Série Noire. Une collection qu'il affectionne particulièrement, la dévorant quand il n'est pas sur une enquête. 

Le Choucas lit beaucoup... Il voyage de plus en plus également. Dans le précédent album il sillonnait le Népal. Cette fois, il va au Mali puis au Burkina Faso. Mais tout débute en France, à Paris. La police se sent de plus en plus « libre ». Les bavures pour délit de faciès sont de plus en plus fréquentes. Mais ce n'est pas la défense et de la veuve et de l'orphelin noirs qui pousse le Choucas à prendre l'air, mais une banale fuite de lavabo. Il se retrouve malgré tout embringué dans une affaire de fugue d'un jeune adolescent. Benoît, originaire du Mali, adopté très jeune, ressent de plus en plus sa différence. 

Surtout quand il croise une patrouille. IL décide donc de rejoindre le pays de ses ancêtres, au grand désespoir de ses riches parents. Commence un périple au pays de la bière de mil épique et dangereux. Une façon très habile pour dénoncer une certaine ambiance dans les grandes villes.

« Les tribulations du Choucas » (tome 2), 13 € 

dimanche 15 juin 2008

BD - Casterman offre de nouveaux « Rivages » au polar en BD

Nouvelle collection présentant des adaptations en BD de romans policiers. Première fournée avec Jim Thompson, Donald Westlake, Miles Hyman, Lax...


Lancée en 1986, la collection Rivages/Noirs est devenue une référence en matière de littérature policière, détrônant la Série Noire. Une collection de poche dirigée par François Guérif qui va maintenant se décliner en bande dessinée grâce à un partenariat avec les éditions Casterman. Les quatre premiers titres (il devrait ne pas y en avoir une demi-douzaine par an) permettent à quatre dessinateurs confirmés de s'approprier l'univers d'auteurs français et américains. Et logiquement c'est par un roman de Jim Thompson que tout débute.

 Nuit de fureur. Peardale, années 40, quelque part dans l’Amérique profonde. Un homme à l’allure juvénile débarque dans cette petite ville tranquille, pour y suivre de sages études, dit-il à Mme Winroy, la séduisante logeuse qui l’accueille dans sa pension de famille. Mais évidemment, la réalité est tout autre. Carl Bigelow, alias Charlie “Little” Bigger, tueur à gages officiellement reconnu coupable d’au moins seize assassinats, est en repérage pour le compte d’un ponte de la pègre new-yorkaise, afin de préparer la liquidation en douceur d’un escroc repenti. Miles Hyman peint cette Amérique profonde des années 40 avec talent. Il déshabile les quelques femmes de l'histoire avec un brio étonnant. Le héros, froid et sinistre, se bat avec son absence totale de moralité. Il se sait condamné, par la maladie et son employeur, mais honore son contrat quand même. Une désespérance typide des romans de Jim Thompson adapté par Rodolphe.


 Pierre qui roule.
New York, juin 1969. Fraîchement sorti de prison, John Dortmunder se voit proposer un “coup” par l’un de ses anciens complices, Kelp, spécialiste du vol de voitures : profiter d’une exposition d’art africain à New York pour dérober le clou de la manifestation – une émeraude d’une valeur d’un demi-million de dollars – au bénéfice d’un obscur état africain dont la pierre précieuse constitue le totem. L'adaptation de Lax (auteur du Choucas) est aussi délirante que le récit original. Elle souligne à la perfection la démesure progressive des plans imaginés par le sympathique mais très malchanceux cambrioleur. Les dessinateur, plus habitué aux décors parisiens ou exotiques (le dernier Choucas se déroule au Mali après une aventure népalaise), est très à l'aise avec les décors très verticaux de Big Apple.

« Nuit de Fureur » de Jim Thompson (adaptation Matz, dessin Miles Hyman), 16,95 €

« Pierre qui roule » de Donald Westlake (adaptation et dessin Lax), 16,95 € 

dimanche 14 octobre 2007

BD - La réalité avant les tranchées

Début du siècle dernier, le destin de deux jeunes Français est au centre de cet album de BD en deux parties. Le scénario est de Lax, les dessins de Frédéric Blier. Jean Gadoix est un braconnier de Haute-Loire. Ousmane Dioum est chasseur au Sénégal. Deux adolescents qui vont se retrouver responsable de leur famille. Jean car son père, alcoolique, est paralysée après un accident, Ousmane après que le mari de sa sœur ait été dévoré par un lion. 

Par touches successives, au fil des années et des événements, on suit ces existences, difficiles, rudes. Les deux hommes se forgent des caractères d'acier. Pendant ce temps, le monde s'agite et en 1914, les bruits de guerre se font insistants.

"Amère patrie", Dupuis, 13,50 euros 

mardi 26 décembre 2006

BD - L'intégrale, cadeau idéal...

Black Hole. Dans une petite ville américaine, une étrange maladie fait son apparition. Ce mal, vite baptisé « la Crève » affecte exclusivement la population adolescente. Les symptômes provoquent d'ignobles mutations. Rapidement les pestiférés s'isolent et tentent de vivre avec cette maladie venue de nulle part. Oeuvre majeure de Charles Burns, fruit de 11 années de travail, ce long cauchemar bénéficie de son édition en intégrale. 360 pages en noir et blanc qui marquent les esprits. (Delcourt, 29,90 €)

Le Choucas. Quand Lax a créé son personnage de détective placide et désabusé, il avait imaginé des albums en noir et blanc. Un genre dans lequel il excelle. Pourtant, l'éditeur a voulu que la série soit publiée en couleurs. Juste retour des choses, voici la publication des six premières aventures dépouillées des « enluminures ». Cela gagne en noirceur, et on peut mieux apprécier la qualité du trait de ce grand de la BD. (Dupuis, 30 €)

Les sales blagues, la totale. Un autocollant sur la couverture vous prévient « 2,5 kilos de colossale finesse ». 

Un gros pavé de poésie et de douceur ? Non, simplement la compilation de toutes les Sales blagues dessinées par Vuillemin depuis les débuts. 13 tomes en un seul volume de plus de 620 pages. 

La garantie d'une saine rigolade pour un réveillon qui n'en finirait pas... (Albin Michel, 39 €)

Torpedo. Voilà une des plus grosses intégrales BD mise sur le marché pour cette fin d'année. 680 pages retraçant les aventures de Lucas Torelli, dit Torpedo. Un truand américain des années 30 qui ne fait pas dans la dentelle quand il a un différend. Ecrit par Abuli, Torpedo, après une première histoire sous la plume d'Alex Toth, a continué sa vie avec Jordi Bernet aux pinceaux. Un maître catalan du noir et blanc. (Vents d'Ouest, 35 €)

dimanche 18 juin 2006

BD - Nouveau départ pour le Choucas


Le Choucas prend ses aises. Le détective privé imaginé par Lax quitte un format trop étriqué pour ses aventures et déploie ses ailes dans un grand format du plus bel effet. Nouveau format, nouveau rythme et nouvelle destination pour ce licencié économique, ayant rebondit après avoir beaucoup lu de romans policiers, essentiellement des Série Noire ayant pour héros des détectives privés. Cette fois il est contacté par des assurances. Elles rechignent à payer une grosse prime à la femme d'un avocat sulfureux retrouvé mort dans son lit. Un avocat qui après avoir défendu les pires escrocs et hommes politiques corrompus, a tout plaqué pour ouvrir un petit restaurant au Népal. C'est là qu'il a trouvé la mort. C'est également là que le Choucas se rend pour tenter de prouver que cette mort n'a rien de naturelle. Pour s'entraîner aux pentes abruptes, notre héros enchaîne plusieurs ascensions de Montmartre et finit par la tour Eiffel. Arrivé sur place, sa condition physique reviendra lentement, mais sûrement. Il rencontrera en chemin quelques maoistes, une Française nymphomane, un statisticien et même une ancienne gloire de la télévision reconvertie en moine. Humour et dépaysement assurés. (Dupuis, 13 €)