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jeudi 17 octobre 2024

Cinéma - “On fait quoi maintenant ?” ou trois seniors en galère


Se faire licencier à 59 ans : certains en rêvent, d’autres vivent ça comme un cataclysme. Alain (Lucien Jean-Baptiste), commercial spécialisé dans la vente de portails fait partie des seconds. N’arrivant pas à retrouver un emploi, il a la géniale idée de créer sa boîte. Cela inquiète un peu sa femme Mathilde (Zabou Breitman). D’autant qu’il envisage de se lancer dans la garde d’enfants.

Grand-père gâteau, Alain est souvent sollicité par sa fille pour garder ses trois petits-enfants. Le marché est porteur. Pour mettre toutes les chances de son côté, il doit étoffer son équipe. C’est à la composition du trio que la comédie de Lucien Jean-Baptiste devient irrésistible.

Si lui est avant tout un doux rêveur, aveuglé par son envie de se prouver qu’il peut être indépendant, Véronique (Isabelle Nanty) et Jean-Pierre (Gérard Darmon) sont deux cas sociaux au fort potentiel humoristique. La première, ancienne responsable de la logistique dans l’entreprise d’Alain, est en arrêt maladie depuis deux ans.

Son mari l’a quittée. Depuis, elle ne voit plus personne. Il vaut mieux tant elle est incontrôlable à la moindre contrariété. Le second, ancien présentateur d’un jeu télévisé, survit en vendant les dernières miettes de son image de marque.

Convaincre les banquiers est une gageure. Ils y croient pourtant, trouvant dans cet investissement l’opportunité pour se bonifier. Mais les obstacles (autant de gags en puissance), sont nombreux. Entre la mythomanie de Jean-Pierre et la franchise destructrice de Véronique, Alain va devoir souvent jouer le pompier appelé d’urgence. Une très bonne comédie sur les seniors qui ne se laissent plus faire.

Film de et avec Lucien Jean-Baptiste et avec Isabelle Nanty, Gérard Darmon


mercredi 14 février 2024

Cinéma - Une seconde “Maison de retraite” tout aussi désopilante

 


Il n’est jamais facile d’imaginer une bonne suite à un film qui est plébiscité par le public. Sorti il y a deux ans, Maison de retraite avec Kev Adams a attiré plus de 2 millions de spectateurs. Une suite a donc rapidement été lancée. Avec toujours l’humoriste au scénario, mais un nouveau réalisateur, Claude Zidi Jr.

Côté casting, la palette s’agrandit. Arrivent dans la bande des « vieux » Jean Reno, Amanda Lear, Chantal Ladesou, Enrico Macias et Michel Jonasz. Les fans du premier volet retrouvent, en pleine forme, Daniel Prévost, Firmine Richard et Liliane Rovère. Manquent à l’appel Mylène Demongeot (décédée avant le tournage) et Marthe Villalonga (même si la doyenne des pieds-noirs fait une petite surprise en fin de film).

Il y a deux ans, tout se terminait bien pour les anciens et les orphelins réunis par Milann (Kev Adams). Dans la suite, le rêve vire au cauchemar quand l’administration inspecte les locaux. Rien n’est aux normes. Travaux obligatoires. Au lieu de fermer, Milann transfère tout le monde dans une autre maison de retraite, au bord de la Méditerranée, très classe. Problème, les premiers pensionnaires ne veulent pas de ces nouvelles têtes.

Loin de se contenter de cette petite guerre entre anciens, abondamment vendue dans la bande-annonce, le film, tout en restant très comique, joue sur plusieurs cordes. Un peu de romance, du social (avec dénonciation des grosses sociétés qui font du fric sur le dos de nos aînés) et quasiment du polar d’action pour un final explosif. Encore une excellente comédie pour le cinéma français qui reprend des couleurs en ce début d’année. 


lundi 1 mai 2023

Cinéma - “Pour l’honneur” des valeurs du rugby


Le rugby comme facteur d’intégration dans la société française, tel est le thème central du nouveau film de Philippe Guillard avec Olivier Marchal et Mathieu Madénian.

Ancien joueur, ancien commentateur, Philippe Guillard a finalement trouvé sa voie en devenant réalisateur. Un premier succès, Le fils à Joe, et quelques comédies plus tard, il revient à son sujet de prédilection : le rugby de village. Pour l’honneur raconte la rivalité entre deux villages : Trocpont-sur-Vézère et Tourtour-les-Bains. Dans cette Corrèze rugueuse et en voie de désertification c’est la lutte des classes qui fait des heures supplémentaires. Trocpont est plutôt bourgeoise, Tourtour plus prolétaire.

Marco Bianchoni (Olivier Marchal), patron du bistrot et entraîneur de Tourtour ne sait plus comment faire pour remporter le derby. Car la riche Trocpont, sponsorisée par les salaisons Lalanne, attire d’anciennes gloires du ballon ovale. Quand la préfecture décide de placer une dizaine de demandeurs d’asile à Tourtour, dans l’ancien hôtel de Marco, c’est un choc pour ce petit village très (trop…) Français.

Mais le fils d’immigré italien sait d’où il vient et va tenter une intégration des congolais, Afghans et autres Africains en les enrôlant dans son équipe. Un petit jeune a une botte redoutable, un autre au gabarit impressionnant capte les balles en touche et un lutteur afghan déménage en mêlée. Reste à leur expliquer les règles de ce sport. Ce n’est pas gagné d’avance, d’autant que Marco est sous pression : ce derby il veut le gagner.

Hilarant Mathieu Madénian 

On aurait pu craindre que le fond de l’histoire sur l’intégration fasse un peu trop bisounours, mais le scénario de Philippe Guillard et Éric Fourniols évite aisément les gros pièges. Au contraire, il apporte une vision assez juste de la fracture de la société française. Tout en restant résolument optimiste. Et souvent très comique.

Olivier Marchal assure une performance majeure quand il harangue ses troupes. Le meilleur du rire à gorge déployée reste quand même le Catalan de la distribution : Mathieu Madénian. Son personnage d’adjoint, taillé comme une crevette mais qui ne peut pas s’empêcher de chambrer les armoires à glace, affublé d’une casquette et d’une moustache ridicule, mériterait presque une suite uniquement consacrée à son humour dévastateur.

Comédie française de Philippe Guillard avec Olivier Marchal, Olivia Bonamy, Mathieu Madenian.

 

lundi 20 mars 2023

Cinéma - Un homme en fuite “Sur les chemins noirs”

  Radar Films   Thomas Goisque

Un périple de 1300 km à travers la France rurale. L’adaptation d’un récit de Sylvain Tesson avec Jean Dujardin dans le rôle de l’homme qui fuit.

Envie de grand air, de paysages grandioses et d’introspection ? Le film de Denis Imbert Sur les chemins noirs, avec Jean Dujardin en vedette, est pour vous. Paradoxe du cinéma : vous enfermer durant plus de 90 minutes dans une salle plongée dans le noir va vous donner des envies de randonnée près de chez vous au mieux, de fuite à travers bois, vallées et sommets, au pire.

Tiré du livre éponyme de Sylvain Tesson, ce film, road trip pédestre à travers la France par les chemins de traverse de la fameuse « diagonale du vide » (zones rurales qui se meurent), donne beaucoup à voir. A réfléchir aussi. Sylvain Tesson a la formule efficace. Cette marche de plus de 1 300 kilomètres, il l’a entreprise après avoir été victime d’un grave accident. Une chute de 8 mètres. Colonne vertébrale en vrac, crâne fendu, jambe cassée.

  Radar Films   Thomas Goisque

Persuadé que la marche va finir de le guérir, il se lance dans ce périple, dormant à la belle étoile, écrivant le livre le soir au bivouac. Il se définit comme un « homme en fuite ». Marcher, avancer quoi qu’il en coûte, devient une sorte de philosophie de l’absurde. Il se permet quand même quelques haltes plus confortables et fait même des bouts du chemin avec des amis ou de la famille ou des rencontres incertaines comme ce jeune qui va en Lozère et fait quelques dizaines de kilomètres en compagnie de l’écrivain, lui qui ne sait presque pas écrire.

Décors grandioses 

Le film, dans lequel Jean Dujardin se glisse dans un corps cassé et fatigué, est rythmé par sa voix off. L’essentiel du film raconte ce périple, marqué par quelques chutes et frayeurs, mais le spectateur prend aussi conscience de la vie d’avant du romancier. Quand il avait un corps lui permettant de se mettre en surchauffe, abusant de soirées arrosées, escaladant les montagnes comme les façades des belles demeures parisiennes.

Le tout ponctué de longs passages du livre paru chez Gallimard comme pour donner plus de force aux images saisies dans les décors grandioses du Mercantour, de la Lozère, du Massif central ou du bord de mer, vers le Mont Saint-Michel, ligne d’arrivée de cette étape inaugurale de la création par Sylvain Tesson de la confrérie des Chemins Noirs.


Film français de Denis Imbert, avec Jean Dujardin, Joséphine Japy, Izïa Higelin, Anny Duperey

 

dimanche 21 août 2022

Cinéma - “Les vieux fourneaux 2”, si sympathiques vieux !

 Le trio des Vieux fourneaux n’a rien perdu de sa folie iconoclaste. Un second film avec des migrants et des ruraux.


Toujours d’attaque les Vieux fourneaux. Malgré quelques années de plus au compteur, ils reviennent sur le devant de la scène pour un second film tiré des bandes dessinées. Un trio toujours aussi iconoclaste, militant et empêcheur de tourner en rond. Imaginés par Wilfried Lupano (6 albums parus aux éditions Dargaud, dessins de Paul Cauuet), ces trois retraités ont frôlé le million d’entrées dans leur premier film.

En cet été 2022, on retrouve Pierrot (Pierre Richard), le plus déterminé, en train de mettre en place un happening contre les riches devant l’ambassade de Suisse. Ils finissent tous au poste, Pierrot avec une rotule en vrac après une évacuation musclée. Dans la vraie vie, le genou du comédien audois est réellement en vrac. Résultat Pierrot se déplace avec une béquille customisée, bourrée de gadgets, de la réserve d’alcool au taser en passant par le lance boulon, si pratique dans les manifs. Une adaptation du scénario montrant combien Pierre Richard est essentiel au projet.

Mimile et Berthe, longue histoire d’amour 

Pour le militant infatigable des droits de l’Homme, le plus gros problème reste l’hébergement des réfugiés. L’hôtel particulier de Fanfan (amie de Pierrot, riche héritière mais d’extrême-gauche) va être perquisitionné. Pierrot décide de revenir dans son village gersois de Montcoeur pour cacher le groupe composé de Syriens, d’Afghans et d’Africains. Il débarque à l’improviste chez son pote Antoine (Bernard Le Coq qui reprend le rôle de Roland Giraud) et va bousculer les habitudes du petit bourg campagnard endormi.

Le film prend une tournure politique certaine, pour dénoncer les fausses peurs de cette population rurale face à des hommes et femmes fuyant dictature et mort certaine. L’histoire parle aussi de désertification, de la lente mort de ces villages de la campagne, désertés par les forces vives, devenus malgré eux les mouroirs de toute une génération. Par chance, à Montcoeur il y a quelques spécimens assez typiques. Comme Mimile (Eddy Mitchell), qui tente toujours d’inviter Berthe (Myriam Boyer), 40 ans après le premier refus de la paysanne bougonne.

Les vieux fourneaux 2 est un peu un brûlot politique, mais l’ensemble reste très marrant, avec des comédiens au top. Notamment Pierre Richard qui n’a pas perdu une miette de son dynamisme. Réponse cinglante à tous les oiseaux de mauvais augure qui distillent de fausses informations sur son état de santé. Parfois, des coups de béquilles se perdent !

Film français de Christophe Duthuron avec Pierre Richard, Eddy Mitchell, Bernard Le Coq, Alice Pol

 

jeudi 11 juin 2020

DVD. Nouveautés à foison dans un marché en crise

Après deux mois sans la moindre sortie, les nouveaux DVD et bluray envahissent les rayons des magasins spécialisés en culture mais aussi les grandes surfaces. Des nouveautés pour tenter de rattraper un manque d’activité mais qui ne cache pas la crise que traverse le secteur. Pour preuve, 50 éditeurs de vidéo ont publié un « Appel » pour interpeller les autorités sur les dangers économiques qui menacent ces petites structures. Dans ce texte dévoilé jeudi, les signataires estiment que « la vidéo physique est capitale dans la galaxie du cinéma et dans la diffusion de la culture en général. En complément des autres médiums, la vidéo physique fait vivre le patrimoine cinématographique et audiovisuel assurant sa préservation, sa diffusion et sa transmission. »

 Mais, regrettent les 50 éditeurs, « ce précieux outil de diversité et de création, que 10 millions de Français déclaraient encore acheter en 2018, pourrait perdre entre 30 et 40 % de sa valeur commerciale, du fait de la grave crise que nous traversons. Nous demandons aux pouvoirs publics un plan de sauvegarde avec la  création d’un budget spécifique de sauvegarde pour la culture, incluant notamment l’univers de la vidéo physique, en plus des exploitants, des distributeurs ou des producteurs. » 

Alors si vous voulez aider ce secteur vital pour le cinéma français, n’hésitez pas à acheter et savourer (avec souvent des bonus édifiants) les titres de cette sélection subjective. Le 26 mai, plongée dans le rude monde de la paysannerie contemporaine avec Seules les bêtes (Haut et Court), thriller enneigé de Dominik Moll. 

Le 27 mai dernier Selfie (Apollo), film à sketches sur les dérives des réseaux sociaux vous permettra de réfléchir à votre consommation de gigaoctets. Encore une histoire de ferme dans Revenir (Pyramide), film de Jessica Palud avec Adèle Exarchopoulos sorti le 2 juin. Toujours le 2 juin, Gloria Mundi (Diaphana) a fait son arrivée dans les commerces. Le dernier film de Robert Guédiguian parle de misère et de dignité. 

Terminez dans le sang de la Guerre d’Algérie filmée par Abdel Raouf Dafri dans Qu’un sang impur… (Mars Films) avec la révélation Lyna Khoudri.

  

samedi 21 mars 2020

DVD et VOD - Les Municipaux vont enfin pouvoir se la couler douce


Heureux employés municipaux de Port-Vendres. Du moins ceux de la série de films interprétés par les Chevaliers du Fiel. Si le premier, tiré des spectacles, a bien fonctionné au box-office, le second, « Les Municipaux, trop c’est trop » (M6 Vidéo et sur toutes les plateformes de VOD) a connu un relatif échec condamnant la mise en chantier d’un troisième opus qui de toute manière n’était pas dans les cartons d’Éric Carrière, le scénariste et moitié du duo comique sudiste. Pourtant cette suite valait au moins autant le détour que la première.


Le scénario était un poil plus élaboré et surtout donnait de jolis rôles aux personnages secondaires. Francis Ginibre et Eric Carrière étant irréprochables comme d’habitude dans leurs caricatures de rois des fainéants, il fallait trouver un autre ressort pour relancer l’intérêt des spectateurs. Le mariage d’un des Municipaux avec une femme-monstre était l’occasion rêvée.
Dans le rôle de Véro, la mangeuse d’hommes, Angélique Panchéri en fait des tonnes. Avec succès. Car quand il faut faire rire, parfois, plus c’est gros, plus c’est plaisant. Ses mimiques de nymphomane affamée (alors qu’elle n’a pas spécialement un physique avantageux) ont de quoi faire paniquer tout mâle qui redoute de quitter les jupons de sa maman (en l’occurrence Marthe Villalonga, infatigable actrice de la région).
 En ces jours peu réjouissants, une bonne tranche de rigolade au premier degré ne peut pas faire de mal. Alors merci les Municipaux, merci les Chevaliers du Fiel. 

mardi 25 février 2020

Cinéma - Les souvenirs canétois du réalisateur de « Lucky »


Au grand regret d’Olivier Van Hoofstadt, le film ne s’est jamais fait. « J’ai travaillé trois ans sur le scénario, ici, dans les Pyrénées-Orientales, mais il y a eu des complications avec les producteurs et le film ne s’est pas fait », se souvient le réalisateur belge avant l’avant-première de son troisième film, « Lucky », la semaine dernière au Méga Castillet de Perpignan. 
Le titre du film abandonné ? « Canet-Plage ». « Je voulais filmer ces grands bâtiments en bord de mer, notamment en octobre ou novembre quand la lumière est superbe ». Trois années et des regrets. Mais il a conservé le scénario et espère encore pouvoir relancer le projet si un autre producteur rachète les droits initiaux. Il pourra compter sur le soutien de Jacques Font, le M. Cinéma du département. « Pour Lucky je n’ai quasiment pas fait d’avant-première hormis à Bruxelles et Paris. Mais je voulais le montrer à Perpignan. Alors j’ai appelé Jacques et il a organisé l’avant-première. » Jacques Font qu’il a rencontré lors de son séjour catalan.  Entre ces deux figures atypiques, l’amitié a été immédiate. 
Du département, Olivier Van Hoofstadt se souvient de la gentillesse des habitants.  Et de la beauté des lieux. « On dirait la Californie. Je me croyais à Hollywood. » Il a écrit son film sur place et fait de nombreux repérages pour les décors. « On comptait filmer dans une maison à Torreilles, en bord de mer. On avait aussi repéré des paillotes. »
Une grosse désillusion mais il a su rebondir. En continuant à tourner des publicités (très rémunérateur) et en se lançant sur un autre projet, cette comédie tournée en avril de l’an dernier dans la région de Rungis et qui sort ce mercredi 26 février partout en France.


On retrouve dans cette comédie deux acteurs qui devaient faire partie de la distribution de Canet-Plage. François Berléand devait en être de même que Corinne Masiero, la célèbre Capitaine Marleau. Dans Lucky, le réalisateur du culte Dikkenek l’utilise en total contre-emploi. Terminé l’accent chti et l’aspect populaire, elle devient une grande bourgeoise blasée et surtout totalement nymphomane. Non seulement elle collectionne les gigolos, mais elle se permet de draguer Florence Foresti et même d’envisager quelques galipettes avec un ado cambrioleur. Dans « Canet-Plage », elle devait interpréter une femme totalement immorale. Elle avait dit oui immédiatement…
Alors souhaitons un beau succès à Lucky. Ainsi
Olivier Van Hoofstadt aura encore plus d’arguments pour relancer le projet « Canet-Plage ».

(Article paru dans l'Indépendant le 25 février 2020)