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lundi 26 juin 2023

Cinéma - Comment rire des limites de l’effet “Wahou !”

Le quotidien de deux agents immobilier est prétexte pour Bruno Podalydès de rire de la société française.

Un film simple, fin et intelligent. Avec la possibilité de sourire à de multiples occasions, tout en sortant de la séance en étant persuadé d’en savoir un peu plus sur les dérives de la société française actuelle. Parfois, un film bien écrit, interprété avec justesse et réalisé avec sérieux peut se révéler beaucoup plus édifiant que n’importe quel blockbuster coûtant 100 fois plus cher. En réalité, le titre du nouveau film de Bruno Podalydès est parfaitement adapté : « Wahou ! » serait-on tenté de résumer ce “presque” film à sketches. 

Le principe est simple : deux agents immobiliers Oracio (Bruno Podalydès) et Catherine (Karin Viard), de l’agence Wahou ! cherchent à vendre deux biens très différents : une superbe maison de caractère avec jardin arboré et un appartement moderne, avec dressing parental. « Wahou ! » s’exclament les visiteurs. Mais rares sont ceux qui vont plus loin… Un wahou ne fait pas la vente ! 

Le défilé des potentiels acheteurs donne tout son sel au film. Il y a la bande d’amis musiciens qui aimeraient vivre en colocation, la bourgeoise charmée par les vieilles boiseries mais dont le mari veut avant tout remplacer le piano par un billard, les deux frères, promoteurs, sortes de clones qui découvrent avec satisfaction les nuisances sonores de la ligne de chemin de fer au fond du jardin, ce qui permettra de faire baisser le prix, le petit couple parfait se déplaçant à vélo, moderne et aseptisé, ou l’infirmière à bout qui cherche une solution de repli pour sa mère grabataire. 

 Toute la société française est passée au crible et parfois violemment dézinguée, avec en plus un stagiaire caustique et malin (Victor Lefebvre), un peintre en bâtiment trop curieux et des propriétaires récalcitrants (Sabine Azéma et Eddy Mitchell). Sans oublier nos deux vendeurs, récitant leur leçon mais croyant de moins en moins en leur utilité. Karin Viard, en femme au bord de la rupture, permet de saisir toute la violence de ce métier souvent décrié. 

Bruno Podalydès, devant et derrière la caméra, en analysant les limites de l’effet Wahou, nous donne des clés pour comprendre le fonctionnement de notre monde actuel. 

Ce n’est pas toujours très optimiste et encore moins réjouissant, mais certains résistent comme le personnage interprété par Eddy Mitchell, attaché à sa vieille maison délabrée, comme à ses vieux albums de Tintin qui lui permettent de retomber en enfance. 

Film de et avec Bruno Podalydès et aussi Karin Viard, Sabine Azéma, Eddy Mitchell, Victor Lefebvre, Manu Payet

dimanche 21 août 2022

Cinéma - “Les vieux fourneaux 2”, si sympathiques vieux !

 Le trio des Vieux fourneaux n’a rien perdu de sa folie iconoclaste. Un second film avec des migrants et des ruraux.


Toujours d’attaque les Vieux fourneaux. Malgré quelques années de plus au compteur, ils reviennent sur le devant de la scène pour un second film tiré des bandes dessinées. Un trio toujours aussi iconoclaste, militant et empêcheur de tourner en rond. Imaginés par Wilfried Lupano (6 albums parus aux éditions Dargaud, dessins de Paul Cauuet), ces trois retraités ont frôlé le million d’entrées dans leur premier film.

En cet été 2022, on retrouve Pierrot (Pierre Richard), le plus déterminé, en train de mettre en place un happening contre les riches devant l’ambassade de Suisse. Ils finissent tous au poste, Pierrot avec une rotule en vrac après une évacuation musclée. Dans la vraie vie, le genou du comédien audois est réellement en vrac. Résultat Pierrot se déplace avec une béquille customisée, bourrée de gadgets, de la réserve d’alcool au taser en passant par le lance boulon, si pratique dans les manifs. Une adaptation du scénario montrant combien Pierre Richard est essentiel au projet.

Mimile et Berthe, longue histoire d’amour 

Pour le militant infatigable des droits de l’Homme, le plus gros problème reste l’hébergement des réfugiés. L’hôtel particulier de Fanfan (amie de Pierrot, riche héritière mais d’extrême-gauche) va être perquisitionné. Pierrot décide de revenir dans son village gersois de Montcoeur pour cacher le groupe composé de Syriens, d’Afghans et d’Africains. Il débarque à l’improviste chez son pote Antoine (Bernard Le Coq qui reprend le rôle de Roland Giraud) et va bousculer les habitudes du petit bourg campagnard endormi.

Le film prend une tournure politique certaine, pour dénoncer les fausses peurs de cette population rurale face à des hommes et femmes fuyant dictature et mort certaine. L’histoire parle aussi de désertification, de la lente mort de ces villages de la campagne, désertés par les forces vives, devenus malgré eux les mouroirs de toute une génération. Par chance, à Montcoeur il y a quelques spécimens assez typiques. Comme Mimile (Eddy Mitchell), qui tente toujours d’inviter Berthe (Myriam Boyer), 40 ans après le premier refus de la paysanne bougonne.

Les vieux fourneaux 2 est un peu un brûlot politique, mais l’ensemble reste très marrant, avec des comédiens au top. Notamment Pierre Richard qui n’a pas perdu une miette de son dynamisme. Réponse cinglante à tous les oiseaux de mauvais augure qui distillent de fausses informations sur son état de santé. Parfois, des coups de béquilles se perdent !

Film français de Christophe Duthuron avec Pierre Richard, Eddy Mitchell, Bernard Le Coq, Alice Pol

 

vendredi 4 mars 2022

Cinéma - De multiples énigmes à tiroir dans “Murder Party”

Jeanne (Alice Pol) soupçonne tout le monde. Même l’héritier si mignon, Théo (Pablo Pauly). Kazak Productions

Un peu accro aux médicaments (calmants et autres anxiolytiques), Jeanne (Alice Pol), est une architecte d’avenir. Elle vient de finaliser un gros projet : transformer le manoir d’un millionnaire du jeu de société en vaste complexe à la gloire… du jeu. Quand elle arrive dans cette propriété reculée du centre de la France, elle découvre la famille très déjantée du patriarche César (Eddy Mitchell). Il y a ses enfants, Théo et Léna, sa seconde femme, Salomé, sa sœur, directrice financière (Miou-Miou) et un majordome (Gustave Kervern). Quand César est retrouvé mort empoisonné, ils se retrouvent tous dans la peau de suspects. Et la Murder Party débute. Tous enfermés dans le manoir, ils doivent participer à des épreuves pour gagner des indices qui leur permettront de démasquer le meurtrier. Cela les libérera. Mais si un joueur se trompe, c’est la mort. 

Cette comédie policière a parfois des airs de Squid Game, la série coréenne trash et gore de Netflix, l’humour et le décalage en plus. Car rien ne semble très sérieux dans ce jeu. Jeanne, qui se retrouve coincée à ses dépens, est persuadée que c’est une farce. Jusqu’à ce qu’il y ait un second meurtre. Elle panique, tente de sortir, abuse de médicaments puis décide de s’en passer. Par contre les autres membres de la famille, qui ont toujours baigné dans l’univers du jeu, semblent véritablement s’amuser et participer à cet escape game dangereux avec un ravissement de tous les instants.

Premier long-métrage de Nicolas Pleskof, Murder Party, écrit avec la collaboration d’Elsa Marpeau (la créatrice de l’inspecteur Marleau), est loufoque et iconoclaste. L’action semble de dérouler dans les années 70, mais dans des décors des années 50 avec des évolutions techniques actuelles comme les smartphones et la réalité virtuelle. Un monde étrange et irréel qui renforce les effets de surprise quand le scénario part de plus en plus loin, multipliant les coups de théâtre et les énigmes à tiroir pour finalement offrir pas moins de trois fins successives aux amateurs de polars tordus.  

Film français de Nicolas Pleskof avec Alice Pol, Miou-Miou, Eddy Mitchell