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vendredi 5 juillet 2024

Cinéma - “Juliette au printemps” retrouve sa famille

Film tout en finesse que ce « Juliette au printemps » de Blandine Lenoir. Le portrait d’une famille foutraque, celle de Juliette, de sa mère artiste à la sœur adultère et au père rongé par un deuil. 

Adapté d’une BD de Camille Jourdy parue chez Actes Sud BD, Juliette au printemps, film de Blandine Lenoir, est idéal pour retisser des liens avec votre famille s’ils se sont un peu délités au fil du temps. La famille de Juliette est spéciale. Comme elle d’ailleurs. Juliette (Izïa Higelin), est dessinatrice. Elle illustre des livres pour enfants. A quitté la région mais en ce printemps, elle reprend le train et revient chez son père passer quelques jours. Pour se remettre d’une dépression avoue-t-elle d’entrée.

Léonard (Jean-Pierre Darroussin), le père, est un peu démuni face au blues de sa fille. Lui-même n’est pas au mieux de sa forme. Aigri, vivant seul dans son appartement depuis le départ de Nathalie (Noémie Lvovsky), il demande à Juliette de l’aider pour vider la maison de sa mère, Nona (Liliane Rovère).

Juliette qui va aller voir sa sœur aînée, Marylou (Sophie Guillemin), puis assister au vernissage de la nouvelle exposition de sa mère.

Une fois tous les membres de la famille présentés, Blandine Lenoir peut dérouler son intrigue. Rien d’exceptionnel. Juste la vie quotidienne des millions de familles françaises. Mais c’est tellement bien écrit, filmé et joué que l’on prend un plaisir étonnamment simple mais fort à partager les doutes, étonnements ou espoirs de Juliette. Son rôle est central, mais ce sont les personnages secondaires qui apportent tout son seul au film.

Notamment la sœur qui confirme le talent sans limite de Sophie Guillemin. Cette coiffeuse à domicile, mariée et mère de deux enfants, vit dans un stress permament. Toujours rabaissée par sa mère, elle ne trouve son salut qu’en prenant pour amant un gros nounours, patron d’un magasin de farces et attrapes, venant à ses rendez-vous galants déguisés en perroquet ou en fantôme.

Noémie Lvovsky, en mère fofolle, collectionneuse d’amants depuis son divorce, est une incroyable tornade. Pourtant il suffit d’un mot, d’un seul, pour qu’elle tombe dans une profonde mélancolie, comme si elle passait son temps à faire semblant.

Comme Jean-Pierre Darroussin qui fait semblant de la haïr alors qu’il est toujours follement amoureux d’elle et de ses excès. Pour couronner le tout, Juliette croise le chemin de Pollux, le locataire de Nona, grand cœur sensible qui va lui redonner un peu d’espoir grâce à un… caneton. Un film choral sans la moindre fausse note. Un bijou de résilience et d’optimisme à ne pas rater.

Film de Blandine Lenoir avec Izïa Higelin, Sophie Guillemin, Jean-Pierre Darroussin, Noémie Lvovsky, Salif Cissé, Liliane Rovère

 

lundi 20 mars 2023

Cinéma - Un homme en fuite “Sur les chemins noirs”

  Radar Films   Thomas Goisque

Un périple de 1300 km à travers la France rurale. L’adaptation d’un récit de Sylvain Tesson avec Jean Dujardin dans le rôle de l’homme qui fuit.

Envie de grand air, de paysages grandioses et d’introspection ? Le film de Denis Imbert Sur les chemins noirs, avec Jean Dujardin en vedette, est pour vous. Paradoxe du cinéma : vous enfermer durant plus de 90 minutes dans une salle plongée dans le noir va vous donner des envies de randonnée près de chez vous au mieux, de fuite à travers bois, vallées et sommets, au pire.

Tiré du livre éponyme de Sylvain Tesson, ce film, road trip pédestre à travers la France par les chemins de traverse de la fameuse « diagonale du vide » (zones rurales qui se meurent), donne beaucoup à voir. A réfléchir aussi. Sylvain Tesson a la formule efficace. Cette marche de plus de 1 300 kilomètres, il l’a entreprise après avoir été victime d’un grave accident. Une chute de 8 mètres. Colonne vertébrale en vrac, crâne fendu, jambe cassée.

  Radar Films   Thomas Goisque

Persuadé que la marche va finir de le guérir, il se lance dans ce périple, dormant à la belle étoile, écrivant le livre le soir au bivouac. Il se définit comme un « homme en fuite ». Marcher, avancer quoi qu’il en coûte, devient une sorte de philosophie de l’absurde. Il se permet quand même quelques haltes plus confortables et fait même des bouts du chemin avec des amis ou de la famille ou des rencontres incertaines comme ce jeune qui va en Lozère et fait quelques dizaines de kilomètres en compagnie de l’écrivain, lui qui ne sait presque pas écrire.

Décors grandioses 

Le film, dans lequel Jean Dujardin se glisse dans un corps cassé et fatigué, est rythmé par sa voix off. L’essentiel du film raconte ce périple, marqué par quelques chutes et frayeurs, mais le spectateur prend aussi conscience de la vie d’avant du romancier. Quand il avait un corps lui permettant de se mettre en surchauffe, abusant de soirées arrosées, escaladant les montagnes comme les façades des belles demeures parisiennes.

Le tout ponctué de longs passages du livre paru chez Gallimard comme pour donner plus de force aux images saisies dans les décors grandioses du Mercantour, de la Lozère, du Massif central ou du bord de mer, vers le Mont Saint-Michel, ligne d’arrivée de cette étape inaugurale de la création par Sylvain Tesson de la confrérie des Chemins Noirs.


Film français de Denis Imbert, avec Jean Dujardin, Joséphine Japy, Izïa Higelin, Anny Duperey