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lundi 20 mars 2023

Cinéma - Un homme en fuite “Sur les chemins noirs”

  Radar Films   Thomas Goisque

Un périple de 1300 km à travers la France rurale. L’adaptation d’un récit de Sylvain Tesson avec Jean Dujardin dans le rôle de l’homme qui fuit.

Envie de grand air, de paysages grandioses et d’introspection ? Le film de Denis Imbert Sur les chemins noirs, avec Jean Dujardin en vedette, est pour vous. Paradoxe du cinéma : vous enfermer durant plus de 90 minutes dans une salle plongée dans le noir va vous donner des envies de randonnée près de chez vous au mieux, de fuite à travers bois, vallées et sommets, au pire.

Tiré du livre éponyme de Sylvain Tesson, ce film, road trip pédestre à travers la France par les chemins de traverse de la fameuse « diagonale du vide » (zones rurales qui se meurent), donne beaucoup à voir. A réfléchir aussi. Sylvain Tesson a la formule efficace. Cette marche de plus de 1 300 kilomètres, il l’a entreprise après avoir été victime d’un grave accident. Une chute de 8 mètres. Colonne vertébrale en vrac, crâne fendu, jambe cassée.

  Radar Films   Thomas Goisque

Persuadé que la marche va finir de le guérir, il se lance dans ce périple, dormant à la belle étoile, écrivant le livre le soir au bivouac. Il se définit comme un « homme en fuite ». Marcher, avancer quoi qu’il en coûte, devient une sorte de philosophie de l’absurde. Il se permet quand même quelques haltes plus confortables et fait même des bouts du chemin avec des amis ou de la famille ou des rencontres incertaines comme ce jeune qui va en Lozère et fait quelques dizaines de kilomètres en compagnie de l’écrivain, lui qui ne sait presque pas écrire.

Décors grandioses 

Le film, dans lequel Jean Dujardin se glisse dans un corps cassé et fatigué, est rythmé par sa voix off. L’essentiel du film raconte ce périple, marqué par quelques chutes et frayeurs, mais le spectateur prend aussi conscience de la vie d’avant du romancier. Quand il avait un corps lui permettant de se mettre en surchauffe, abusant de soirées arrosées, escaladant les montagnes comme les façades des belles demeures parisiennes.

Le tout ponctué de longs passages du livre paru chez Gallimard comme pour donner plus de force aux images saisies dans les décors grandioses du Mercantour, de la Lozère, du Massif central ou du bord de mer, vers le Mont Saint-Michel, ligne d’arrivée de cette étape inaugurale de la création par Sylvain Tesson de la confrérie des Chemins Noirs.


Film français de Denis Imbert, avec Jean Dujardin, Joséphine Japy, Izïa Higelin, Anny Duperey

 

dimanche 16 novembre 2014

Cinéma : "Respire" de Mélanie Laurent, une amitié étouffante

Charlie, lycéenne timide, se découvre une nouvelle amie, Sarah, aussi exubérante qu'elle- même est effacée. Mélanie Laurent, pour son 2e film, explore les amitiés destructrices.


Tourné dans la région de Béziers, dans un lycée sans âme, des pavillons de banlieue ternes et un camping désert pour cause d’arrière-saison, « Respire » n’a rien du film qui se justifie par la promotion touristique de la région d’accueil. Le décor, tout en ayant une certaine importance, est banalisé pour accaparer toute l’attention des spectateurs sur les tourments de ces deux adolescentes.
Charlie (Joséphine Japy), n’a pas la vie facile. Côté amour c’est le calme plat avec son « petit ami » officiel. A la maison, elle n’en peut plus des disputes incessantes entre sa mère et son père. Finalement il part. Soulagement pour Charlie. Grosse déprime pour la mère (Isabelle Carré) qui lui pardonne tout dès qu’il refranchit le seuil de la maison familiale. Charlie ne sait plus sourire.

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Elle rejoint le lycée en traînant les pieds, récupérant au passage sa meilleure amie, Victoire (Roxane Duran, spécialisée dans le rôle de la bonne copine insignifiante de l’héroïne). Ce quotidien terne s’illumine quand Sarah (Lou de Laâge) fait son apparition. Nouvelle élève, elle est installée à côté de Charlie. Sarah, belle, sexy, passionnante. Sa vie est un véritable roman. Elle habite chez sa tante, sa mère, responsable d’une ONG en Afrique, ne devant la rejoindre que dans quelques mois. Charlie tombe presque amoureuse de Sarah (on se demande même à un moment du film si on n’assiste pas à la redite de la Vie d’Adèle).
Sarah qui vient régulièrement chez elle et qui est même invitée à passer une semaine de vacances en novembre dans un camping quasi désert au bord de l’étang de Thau. Ces moments de détente, seules dans une caravane, va encore plus rapprocher les deux jeunes femmes. Mais Charlie constate également que Sarah, parfois, sait se montrer dure. Elle sait qu’elle est belle et comme pour rendre Charlie Jalouse, elle drague ouvertement tous les hommes du camping.
Mythomane ?
Tout bascule quand Charlie surprend Sarah en plein mensonge à propos de sa famille. Une anecdote insignifiante comme elle en a des centaines, mais en totale contradiction avec une précédente histoire. Et si Sarah était une mythomane ? Dès que Charlie se pose la question, son amie, sur la défensive, se met à la harceler et se transforme en redoutable ennemie. Peur, angoisse, recrudescence des crises d’asthme pour Charlie qui se retrouve littéralement étouffée par son ancienne amie.
Mélanie Laurent signe une réalisation sobre et efficace, glaciale par moments, s’appuyant sur un duo d’actrices idéales dans leurs rôles respectifs. Joséphine Japy, tout en intériosité, parvient à faire passer cette passivité implacable, directement héritée de sa mère, femme humiliée mais toujours amoureuse. Lou de Laâge, dans une composition plus classique, passe sans difficulté de la flamboyance à l’obscurité, de la séductrice irrésistible à la redoutable ennemie. Un vrai film d’actrices, dans tous les sens du terme.

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Actrice confirmée, réalisatrice affirmée


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Mélanie Laurent, à peine 30 ans, a déjà une longue carrière derrière elle. Cette jolie blonde a débuté très jeune comme actrice. Quelques petits rôles puis la révélation dans « Je vais bien, ne t’en fais pas » qui, lui permet de décrocher le césar du meilleur jeune espoir féminin en 2006. Elle multiplie les tournages, dont quelques premiers rôles comme « La chambre des morts » tirés d’un roman de Frank Thilliez ou les participations à des projets américains comme « Inglorious Bastards » de Quentin Tarantino. Mais tout en restant régulièrement devant les caméras, elle tente aussi une carrière derrière. Elle réalise « Les adoptés » où elle interprète également le premier rôle, une histoire familiale dont elle a écrit le scénario. Cela lui ouvre les portes pour « Respire », ce second film, plus abouti, sobre et efficace. La jeune réalisatrice avoue qu’il y a un peu d’elle dans le personnage de Charlie. Durant ses années lycée, elle est tombée sous l’influence d’une camarade nocive, une perverse narcissique comme Sarah. Heureusement, elle a su s’en éloigner avant qu’elle ne prenne trop d’emprise sur elle, ce que Charlie n’arrive pas à faire malgré les brimades, humiliations et harcèlements incessants. Mélanie Laurent ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle entend mener sa carrière sur les deux fronts, même si elle avoue une préférence pour la réalisation. Elle débutera en 2015 le tournage de « Plonger », son troisième film tiré du roman de Christophe Ono-dit-Biot.