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jeudi 24 novembre 2022

Beau livre - Vin et château d’exception


De tous les vins du Bordelais, celui de Sauternes est le plus délicat. Ce superbe livre sur le Château de Fargues raconte « la folle ambition des Lur Saluces à Sauternes ». Histoire d’un cru, d’une famille, d’un domaine et d’une vinification : on trouve tout cela dans ces pages signées Hélène Farnault, richement illustrées de photos de François Poincet. Véritable nectar des dieux, le sauternes, dont les raisins sont cueillis grain par grain à la main, reste le plus grand des vins liquoreux. Vous pouvez le déguster pour les fêtes ou l’accommoder dans les recettes présentées dans l’ouvrage. Elles sont signées, entre autres, par Guy Savoy ou Eric Briffard.

« Château de Fargues », Glénat, 39,95 €  

mercredi 9 septembre 2015

BD - Piquette bordelaise


L'idée de l'album est excellente : faire une critique sans concession des grands propriétaires des domaines viticoles bordelais. Malheureusement le résultat n'est qu'à moitié convaincant tant le personnage principal de cette BD d'Isabelle Bunisset (scénario) et Giuseppe Liotti (dessin) est insupportable. Sans compter avec la love story qui conclu cet album comme un cheveu sur la soupe (ou un vin bouchonné si l'on veut rester dans le domaine du cliché viticole). 
Annabelle, jeune divorcée, journaliste dans un grand magazine parisien, est envoyée pour un reportage de trois mois dans le Bordelais. Elle doit faire les portraits dithyrambiques des familles détenant les plus grands crus de la région. Elle découvre une société repliée sur elle-même, maniant la méchanceté avec brio, sans pitié pour les concurrents et bouffie de la renommée mondiale de ses vins. Ce serait savoureux si celle qui les dénonce n'était pas aussi détestable qu'eux. 
Grande bourgeoise en permanence dans l'ironie, rien n'importe plus que ses chaussures de luxe, ses tenues trop élégantes pour être honnêtes et ses anxiolytiques (la vie est tellement dure...) Et le pire : elle est la fille honteusement pistonnée du grand patron du magazine. Si Annabelle existait dans la vraie vie, on n'aurait qu'une envie : lui botter le cul !

« Vin, gloire et bonté », Glénat, 19,50 €

vendredi 3 avril 2015

Roman - Éboueur à bas prix

Dick Lapelouse fait dans le social. Le héros imaginé par Sébastien Gendron casse les prix dans son secteur de prédilection : tueur à gages.


Qui n'a pas eu envie, une fois dans sa vie, de se débarrasser d'un importun. Un parasite qui nous bouffe l'existence. Une pensée furtive, mais des siècles de civilisation empêchent le passage à l'acte. La seconde idée, c'est de déléguer le travail d'extermination. Problème, les tueurs à gage ne sont pas bon marché. Mais ça c'était avant l'arrivée de Dick Lapelouse sur le marché du crime rémunéré. 
Le personnage inventé par Sébastien Gendron revient dans une seconde aventure, mouvementée et très psychologique. La particularité de Dick, ce sont ses tarifs. Il accepte de tuer pour des sommes très raisonnables. Rarement plus de 150 euros, tous frais compris. Cet ancien homme de main d'un truand marseillais a une grande expérience dans l'élimination des déchets. Un traitre, une balance, un gêneur voire un politique qui refuse de cracher au bassinet : Dick était la solution. Après quelques années de bons et loyaux services, il quitte ce milieu pour se mettre à son compte. A Paris puis à Bordeaux, ville de prédilection de l'auteur.
Les affaires marchent tellement bien qu'il est obligé de prendre un bureau pour recevoir ses clients. Il embauche même une secrétaire et partage le loyer avec un psychanalyste. Le début du roman est léger et enlevé. Entre la description de Camille, la secrétaire fan de Claude François et quelques affaires vite expédiées, le roman se lit parfois comme un San-Antonio. Pratique et méfiant, avant d'accepter un contrat, Dick fait passer un certain nombre d'épreuves à ses clients potentiels. Il leur demande comment ils désirent que le gêneur meure. Pour ce faire il a un catalogue très détaillé dans lequel il décrit plusieurs dizaines de modes opératoires, du classique révolver à la pendaison en passant par les couteaux, étouffement et autre utilisation d'objets contondants. Ensuite, il tient à ce que la demande d'exécution soit enregistrée par une petite caméra. Une preuve pour impliquer le client, au cas où Dick se ferait prendre. Il veut bien tuer mais ne pas en supporter seul les conséquences.

A son psychanalyste et ami, voisin de palier, il explique qu'il y a « un million de manières de mourir et chacune correspond à un moment. Je ne veux pas que mes clients se trompent sur ce qu'ils désirent vraiment parce que je ne veux pas me tromper non plus. Dans l'idée, le fait de me demander de flinguer, d'étrangler ou de poignarder quelqu'un c'est presque aussi simple que d'aller au rayon des plats surgelés d'Auchan parce qu'on n'a pas envie de préparer le repas du soir. Dans les faits, c'est tout autre chose. » Habituellement il se contente d'officier dans la région. Il accepte pourtant de dézinguer une crapule de la pire espèce à Barcelone. Un ancien Franquiste, qui s'est fait passer pour un Républicain et qui a semé quelques morts derrière lui. Exit les quais de la Garonne et place aux ramblas catalanes. Un contrat exotique qui va cependant remuer bien des souvenirs dans la vie de Dick. Il va même rencontrer sa conscience, lui qui était persuadé d'en être dépourvu.
Entre grosse prise de tête intellectuelle et action pure et dure, cette « Revalorisation des déchets » de Sébastien Gendron promène le lecteur des plus horribles scènes de crime au délire paranoïaque d'un homme qui pourrait bien être un tueur en série enfin utile pour la société.
« La revalorisation des déchets », Sébastien Gendron, Albin Michel, 19 €

dimanche 13 avril 2014

BD - Les vignes et les livres des "Gens Honnêtes" de Gibrat et Durieux


En plein vignoble du Bordelais, une petite librairie vivote. Elle est tenue par Philippe Manche. Ce presque sexagénaire, ancien commercial, passé par la petite entreprise (coiffeur dans les TGV, thème du premier tome de la série), file le parfait amour à distance avec Camille. Mais comme la vie est souvent un gros tas de crottin, la belle le plaque temporairement pour se lancer dans un tour du monde. 


Seul (si l'on excepte sa mère, veuve qui vient de s'amouracher du maire du village), il déprime sérieux. Heureusement il peut compter sur Isabelle, l'opposante rebelle au notable, pour le distraire de son spleen et à Ducousso, un maçon taciturne qui aime qu'on lui fasse la lecture. 
Ce troisième tome du feuilleton écrit par Gibrat et dessiné par Durieux est d'une finesse étonnante. Personnages forts et entiers, petits secrets, rebondissements : tout y est pour transformer ces « Gens honnêtes » en vedettes d'une saga attachante.

« Les gens honnêtes » (tome 3), Dupuis, 15,50 €

jeudi 23 janvier 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Ça l'affiche mal, la suite

Impossible de résister à l'envie de vous faire partager d'autres trouvailles du site internet Municiplol2014 (voir chronique d'hier). Pas de jeu de mots cette fois, mais des candidats volontairement dans le registre de la farce.

Près de Toulouse, à Castanet-Tolosan, les électeurs auront la chance de "voter pour Moi". Le matériel de propagande se montre digne de l'univers de Groland. Moi, grand escogriffe prétentieux, lunettes d'écaille et cheveux gras, débite son slogan : "Des noix, des bananes et une dictature pour tous". Son étiquette ? Le Parti du Quotidien, dit PQ… Il présente ses vœux depuis ses toilettes et sa principale ambition, après le poste de maire, est de devenir "maître du monde". Cette grosse farce va durer jusqu'en mars, date du spectacle de "La Mère Deny's", compagnie théâtrale à l'origine de ce happening.

A Bordeaux, Franky Baloney a peu de chance de mettre en ballottage Alain Juppé. L'objectif de sa candidature : faire la promotion du vin. Et d'en boire un maximum au passage. Le slogan de Franky : "un Bordeaux oui, mais un Bordeaux supérieur". Pour un coût de seulement 66 millions d'euros, il propose la construction d'un tunnel de 40 kilomètres entre le centre-ville et le bassin d'Arcachon. Une étude prouve que "cette nouvelle infrastructure permettrait de vendre 1,3 verre de rosé de plus par touriste chaque jour".

Alors pour Moi ou pour Franky, qu'importe, mais votez !

samedi 28 septembre 2013

BD - La vengeance absolue made in Vautrin et Moynot


Emmanuel Moynot,
après trois aventures de Nestor Burma, délaisse Léo Malet pour Jean Vautrin. Avec un point commun : une noirceur absolue du récit. Mais là où Malet donnait toujours une chance à Burma, régulièrement tabassé mais toujours vivant à la fin du roman, Vautrin est beaucoup plus expéditif pour ses personnages. 
Les cadavres tombent comme des PV sur vos pare-brises après la publication d'une circulaire du ministère de l'Intérieur réclamant de « meilleurs résultats ». 

François-Frédéric, bon chic bon genre, vient de passer trois années en prison. Abus de biens sociaux. Il a porté le chapeau pour son beau-père. Qui pour le remercié lui a piqué sa fiancée. C'est peu dire que François-Frédéric est colère. Il achète un flingue et décide d'assassiner sa vie : tuer froidement tous ceux qui l'ont côtoyé. 
Cela va de la vieille servante à sa première femme en passant, bien sûr, par le beau-père. 100 pages hyper violentes, avec heureusement une intrigue secondaire pour « adoucir » le récit.
« L'homme qui assassinait sa vie », Casterman, 18 €

mercredi 1 mai 2013

Roman - "Road tripes" ou la cavale bordelaise de Sébastien Gendron

Totalement allumé, ce roman de Sébastien Gendron trimbale le lecteur de Gironde à Montélimar à travers une folle cavale à l'accent bordelais.

Au-delà du jeu de mot charcutier, « Road tripes » de Sébastien Gendron ne ment pas sur la marchandise. Construit en deux parties, la première comprend beaucoup de route. La seconde autant de tripes. Humaines... Le point commun c'est l'amitié improbable entre les deux protagonistes principaux.
Le narrateur, Vincent, un quadra un peu paumé, raconte comment il s'est mis dans cette situation inextricable. Fils de dentiste bordelais, il a appris le piano dès ses 6 ans. A l'adolescence il délaisse le classique pour le jazz. En même temps qu'il suit des études de chirurgien dentiste (payées par papa), il forme un groupe et décroche quelques dates. Une fois son diplôme en poche et papa quasiment à la retraite, il plaque Bordeaux et tente sa chance à Paris fort d'un commentaire élogieux d'Herbie Hancock. Il rencontre alors Marie, une bordelaise pur jus. Retour à la case départ, toujours musicien, mais en province, lesté d'une femme enceinte. Il déprime grave et se retrouve flanqué à la porte de chez lui quand la gentille bourgeoise découvre que le fils de dentiste est couvert de dettes.
Ravalant sa fierté, Vincent accepte de distribuer des prospectus publicitaires pour un salaire de misère dans des banlieues puant la misère. C'est en confectionnant ses « poignées » de pubs dans un hangar qu'il rencontre Carell. Et que sa vie bascule.

Pur bordeluche
Carell, affublé d'un « accent bordelais des années 60 », souriait à Vincent « avec son visage d'ange raté et son physique impossible, trop petit pour la hauteur des tables de tri et trop gros pour se caler correctement. » La quarantaine lui aussi, il n'a peur de rien. Surtout pas de jurer en bordeluche, l'argot girondin si particulier. Rien que pour ces passages il ne faut pas rater ce roman. « Tu me dailles » « Oh enfi... » « Enquigueille ! », autant d'expressions désuètes mais si chantantes à l'oreille. C'est peut-être ça qui a séduit Vincent. Ou l'envie de confier sa vie mal barrée à quelqu'un qui ose. Tout et n'importe quoi. Le début de la cavale est causé par un incendie. En plein été, Carell a la mauvaise idée de brûler les prospectus plutôt que de se fatiguer à les distribuer. Un peu d'essence, un briquet... une forêt de moins !
Carell, paniqué, trace la route, Vincent dans le rôle du passager. Ils foncent sur les départementales. Jusqu'à Marcillac-Vallon pour une étape nocturne mouvementée. La suite est un enchaînement d'erreurs. Carell dans ses œuvres. Il tabasse une vieille prostituée pour lui dérober son sac banane, vole une voiture... de la gendarmerie, séduit une grosse motarde adepte d'une secte, se retrouve avec toute une armée de cinglés à sa poursuite. Et Vincent voit son existence se compliquer d'heure en heure, kilomètre après kilomètre. Une fuite qui trouvera son apogée à Montélimar par un braquage d'anthologie. La suite, ce sont les tripes. Preuve que les ennuis sont toujours exponentiels.
Certes Sébastien Gendron a forcé le trait. Ce Carell est un sacré olibrius et Vincent est bien faible. Mais tout aussi invraisemblable que cela puisse paraître, l'amitié entre ces deux paumés, handicapés de la société, est si forte qu'elle balaye tout sur son passage.
Michel LITOUT
« Road tripes », Sébastien Gendron, Albin Michel, 17 euros