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mercredi 7 mai 2025

Jeunesse - Jouer aux détectives et aux voleurs


John, 12 ans, sera détective. Ou voleur. Pour l'instant son choix n'est pas arrêté. Orphelin depuis quelques mois, il vit caché dans le faux plafond d'un grand musée de New York. Il espère encore que sa mère va revenir le chercher. Etrange personnage que ce jeune héros imaginé par Tom Phillips. 

Vivant à la marge de la société, il est avant tout un grand rêveur. La réalité va pourtant le rattraper quand on l'accuse d'avoir volé un rubis égyptien d'une grande valeur. Il ne devra son salut qu'à sa rencontre avec l'inspecteur Toadius McGee, plus grand détective du monde. Le choix est fait : il sera détective et arrêtera « La phalène mauve », célèbre voleur au nom inspiré par un papillon. 

Un récit enlevé, plein de rebondissements, aux personnages intrigants et étonnamment humains. Un petit bijou d'intelligence et d'humour, sans oublier un petit soupçon de leçon de vie.     

« L'étrange ligue des détectives et des voleurs », Tom Phillips, PKJ, 336 pages, 16,90 €

mardi 13 août 2024

BD - Fantastique Jean Ray


Écrivain tombé dans l’oubli, Jean Ray a signé des centaines de romans populaires dont de très nombreux ayant pour héros Harry Dickson, surnommé le Sherlock Holmes américain. Pourtant ses aventures se déroulent à Londres et le romancier est Belge… Une littérature populaire, inventive, sans limite dans les trouvailles croquignolesques.


Doug Headline et Luana Vergari proposent des adaptations en BD des meilleurs récits. Après Mystérias, le tome 1, découvrez la suite, La cour d’épouvante, toujours avec Onofrio Catacchio. Le détective privé est sollicité par Hamilton, un riche industriel en proie à des rêves épouvantables. Chaque nuit, il se retrouve face à 11 juges masqués, la cour d’épouvante, qui veut lui faire payer ses exactions.

Délire ou mystification ? Harry Dickson, avec son fidèle adjoint Tom Wills, va passer quelques nuits dans le manoir de Hamilton et découvrir que derrière cette incroyable histoire il y a un chantage mené par le méchant de la série, Mystérias !

Si l’intrigue a un peu vieilli, on appréciera quand même la richesse de cet univers : hypnose, monde horrifique des forains, mythologie indienne et apologie de la modernité. Un étrange mélange fournisseur d’une intrigante nostalgie.

« Harry Dickson, La cour d’épouvante » (tome 2), Dupuis, 64 pages, 15,95 €

dimanche 9 août 2015

BD - Maggy rime avec ennuis


Les meilleurs scénaristes humoristiques deviennent excellents quand il leur prend l'envie de changer de registre. Yann ou Tome en sont les meilleurs exemples. Lewis Trondheim marche sur leurs pas en imaginant les enquêtes de Maggy Garrisson, jeune détective privée londonienne, un peu replète, pas toujours très honnête et présentement amoureuse. Stéphane Oiry dessine toujours le second volet de ses aventures. 
Maggy, tombée sous le charme du beau mais très voyou Alex. Ensemble ils ont délesté deux flics ripoux de 30000 livres. Dont l'inspecteur Sheena, la meilleure amie de Maggy. L'histoire est composée de deux intrigues indépendantes : un contrat pour découvrir qui a dérobé les bijoux d'une femme récemment décédée et les soupçons de Sheena sur l'identité de ses agresseurs, avec l'envie de retrouver le pactole, mal acquis mais bien utile en ces temps de crise. 
Trondheim parvient à distiller une ambiance très particulière, entre filature classique et montée de la paranoïa autour des liasses de billets. La séquence au cours de laquelle Maggy se creuse les méninges pour trouver une cachette indétectable vaut à elle seule de lire cet album.

« Maggy Garrisson » (tome 2), Dupuis, 14,50 €

vendredi 3 avril 2015

Roman - Éboueur à bas prix

Dick Lapelouse fait dans le social. Le héros imaginé par Sébastien Gendron casse les prix dans son secteur de prédilection : tueur à gages.


Qui n'a pas eu envie, une fois dans sa vie, de se débarrasser d'un importun. Un parasite qui nous bouffe l'existence. Une pensée furtive, mais des siècles de civilisation empêchent le passage à l'acte. La seconde idée, c'est de déléguer le travail d'extermination. Problème, les tueurs à gage ne sont pas bon marché. Mais ça c'était avant l'arrivée de Dick Lapelouse sur le marché du crime rémunéré. 
Le personnage inventé par Sébastien Gendron revient dans une seconde aventure, mouvementée et très psychologique. La particularité de Dick, ce sont ses tarifs. Il accepte de tuer pour des sommes très raisonnables. Rarement plus de 150 euros, tous frais compris. Cet ancien homme de main d'un truand marseillais a une grande expérience dans l'élimination des déchets. Un traitre, une balance, un gêneur voire un politique qui refuse de cracher au bassinet : Dick était la solution. Après quelques années de bons et loyaux services, il quitte ce milieu pour se mettre à son compte. A Paris puis à Bordeaux, ville de prédilection de l'auteur.
Les affaires marchent tellement bien qu'il est obligé de prendre un bureau pour recevoir ses clients. Il embauche même une secrétaire et partage le loyer avec un psychanalyste. Le début du roman est léger et enlevé. Entre la description de Camille, la secrétaire fan de Claude François et quelques affaires vite expédiées, le roman se lit parfois comme un San-Antonio. Pratique et méfiant, avant d'accepter un contrat, Dick fait passer un certain nombre d'épreuves à ses clients potentiels. Il leur demande comment ils désirent que le gêneur meure. Pour ce faire il a un catalogue très détaillé dans lequel il décrit plusieurs dizaines de modes opératoires, du classique révolver à la pendaison en passant par les couteaux, étouffement et autre utilisation d'objets contondants. Ensuite, il tient à ce que la demande d'exécution soit enregistrée par une petite caméra. Une preuve pour impliquer le client, au cas où Dick se ferait prendre. Il veut bien tuer mais ne pas en supporter seul les conséquences.

A son psychanalyste et ami, voisin de palier, il explique qu'il y a « un million de manières de mourir et chacune correspond à un moment. Je ne veux pas que mes clients se trompent sur ce qu'ils désirent vraiment parce que je ne veux pas me tromper non plus. Dans l'idée, le fait de me demander de flinguer, d'étrangler ou de poignarder quelqu'un c'est presque aussi simple que d'aller au rayon des plats surgelés d'Auchan parce qu'on n'a pas envie de préparer le repas du soir. Dans les faits, c'est tout autre chose. » Habituellement il se contente d'officier dans la région. Il accepte pourtant de dézinguer une crapule de la pire espèce à Barcelone. Un ancien Franquiste, qui s'est fait passer pour un Républicain et qui a semé quelques morts derrière lui. Exit les quais de la Garonne et place aux ramblas catalanes. Un contrat exotique qui va cependant remuer bien des souvenirs dans la vie de Dick. Il va même rencontrer sa conscience, lui qui était persuadé d'en être dépourvu.
Entre grosse prise de tête intellectuelle et action pure et dure, cette « Revalorisation des déchets » de Sébastien Gendron promène le lecteur des plus horribles scènes de crime au délire paranoïaque d'un homme qui pourrait bien être un tueur en série enfin utile pour la société.
« La revalorisation des déchets », Sébastien Gendron, Albin Michel, 19 €