Avant le film, après le roman de Flaubert, il y a le roman graphique. « Gemma Bovery » est paru en 2000 en France chez Denoël Graphic. L'œuvre de Posy Simmonds est hybride. Plus qu'une longue bande dessinée, c'est une véritable recherche sur un nouveau rythme de narration. Si certaines planches sont entièrement dessinées, ce n'est qu'une infime minorité. La dessinatrice anglaise a également un joli style littéraire et amplifie l'action par des petits textes. Une mise en page soignée permet au lecteur de se retrouver dans ce récit à plusieurs niveaux, forcément déroutant au premier abord. Cette complémentarité entre textes et images a donné envie à Anne Fontaine de l'adapter au cinéma. Une écriture très comparable. Alors avant d'aller vous régaler des mimiques de Gemma Arterton et des saillies de Fabrice Luchini, lisez la version originale de Gemma Bovery. Une nouvelle édition vient de sortir en librairie, augmentée d'un sketchbook de Posy Simmonds (en couleurs alors que la BD originale est en noir et blanc), recrutée par Anne Fontaine pour superviser l'adaptation.Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
samedi 13 septembre 2014
Cinéma et BD : "Gemma Bovery", un roman graphique à redécouvrir
Avant le film, après le roman de Flaubert, il y a le roman graphique. « Gemma Bovery » est paru en 2000 en France chez Denoël Graphic. L'œuvre de Posy Simmonds est hybride. Plus qu'une longue bande dessinée, c'est une véritable recherche sur un nouveau rythme de narration. Si certaines planches sont entièrement dessinées, ce n'est qu'une infime minorité. La dessinatrice anglaise a également un joli style littéraire et amplifie l'action par des petits textes. Une mise en page soignée permet au lecteur de se retrouver dans ce récit à plusieurs niveaux, forcément déroutant au premier abord. Cette complémentarité entre textes et images a donné envie à Anne Fontaine de l'adapter au cinéma. Une écriture très comparable. Alors avant d'aller vous régaler des mimiques de Gemma Arterton et des saillies de Fabrice Luchini, lisez la version originale de Gemma Bovery. Une nouvelle édition vient de sortir en librairie, augmentée d'un sketchbook de Posy Simmonds (en couleurs alors que la BD originale est en noir et blanc), recrutée par Anne Fontaine pour superviser l'adaptation.lundi 28 avril 2014
Livre - "Destination ténèbres" de Frank M. Robinson en poche
samedi 7 avril 2007
SF - L'accélération de l'univers
« Spin », roman de science-fiction de Robert Charles Wilson nous entraîne dans un avenir où la Terre, placée à l'abri, regarde le temps s'accélérer.
Il est des joyaux dont on ne profite jamais assez. Les étoiles par exemple. Regardez-vous les étoiles la nuit ? Osez-vous vous projeter dans cette immensité, faire l'effort intellectuel de se situer, simple petit humain, face à cet espace infini ? Depuis la nuit des temps les étoiles ont intrigué, guidé, fait rêver. Ce soir, si le ciel n'est pas trop couvert, allez les admirer un peu. Et puis commencez la lecture de ce roman de Robert Charles Wilson. Vous serez dans le bain, mais gare au choc.
Dans le premier chapitre, on fait la connaissance du héros narrateur, Tyler Dupree, 12 ans. En compagnie de Jason et de Diane Lawton, en pleine nuit, il va sur la colline à côté de la Grande maison. Regarder les étoiles avec les jumelles astronomiques de Jason. Ce dernier, surdoué, est le jumeau de Diane. Un peu moins intelligente, mais si belle. Tyler est secrètement amoureux de la fille du maître de maison. Et Tyler sait qu'il n'a aucune chance car il n'est que le fils de la gouvernante. Durant cette nuit d'octobre, alors que les adultes assistent à une réception huppée, les trois gamins quittent leurs chambres et se retrouvent pour regarder les étoiles.
La fin des étoiles
Une nuit mémorable, un tournant pour l'Humanité. Un peu après minuit, les étoiles ont disparu : « Je regardais le ciel pendant que Diane et Jason se chamaillaient. Il n'y a rien eu sinon une brève et étrange lueur qui m'a laissé dans les yeux l'image rémanente des étoiles et une froide phosphorescence verte. » Après une nuit d'angoisse à craindre également la disparition du Soleil, Tyler est rassuré, l'astre solaire est toujours là. Différent, mais au rendez-vous pour maintenir l'équilibre des éco-sytèmes.
Ce n'est que quelques années plus tard que les savants ont découvert le Spin. Les étoiles seraient cachées par un immense bouclier, une sorte de membrane, placé autour de la Terre. Le Soleil serait artificiel, fabriqué par des « Hypothétiques », supposés extraterrestres surveillant et protégeant la planète.
Tyler va devenir médecin, Jason met toute son intelligence pour comprendre le Spin, Diane vire au mysticisme, s'embrigadant dans une secte millénariste. Le récit de Robert Charles Wilson s'étale sur plusieurs dizaines d'années. Après la nuit d'octobre, la vie semble fonctionner à nouveau normalement. Mais Jason, chercheur au plus haut niveau de l'Etat américain, a des informations qu'il veut partager avec sa sœur et Tyler.
Incohérence du temps
Après des analyses de capteurs placés dans des fusées envoyées au-delà du Spin et récupérés plus tard, il se trouve que « le temps ne s'écoule pas à la même vitesse de l'autre côté de la barrière. Ou, pour inverser l'équation, le temps sur Terre passe plus lentement que dans le reste de l'univers. » Stupéfaction de Diane et Tyler quand Jason explique qu'il « s'est passé cinq ans et deux mois depuis l'événement d'octobre. A l'extérieur de la barrière, cela correspond à un peu plus de cinq cents millions d'années. » Avec pour conséquence le rapprochement de la Terre du Soleil. Elle va se faire avaler. « Dans combien de temps ? » demande Diane. Et Jason de répondre, avec un air de pitié, « Quarante, peut-être cinquante ans. En gros. »
Un secret bien gardé pour ne pas paniquer les milliards d'humains. Face à cette fin du monde à priori inéluctable, Jason va avoir une idée hors du commun. Cette accélération du temps pourrait être en fait la solution pour un nouveau départ, ailleurs. Comme d'habitude avec Robert Charles Wilson, le souffle de la grande aventure intellectuelle souffle tout au long de ce roman récompensé du prix Hugo 2006. Avec en plus des personnages attachants dans leurs contradictions, peurs et espoirs.
« Spin », Robert Charles Wilson (traduction de Gilles Goulet), Denoël, 25 €

