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jeudi 11 août 2016

Cinéma : Quand les enfants prennent leur famille en main

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Et si les enfants étaient parfois plus sérieux et responsables que les parents ? Ce concept est à la base de "C'est quoi cette famille ?" de Gabriel Julien-Laferrière.

Famille recomposée, je vous hais. Du moins les parents qui ont de véritables tableaux de service pour savoir qui garde qui. Les enfants, ballottés d'un père à une belle-mère sans oublier les grands-parents se retrouvent quasiment sans domicile fixe. Cela arrive désormais à plus de la moitié des petits Français tant le divorce et le remariage sont entrés dans les mœurs de ces adultes peu responsables. Bastien, 13 ans, est l'exemple extrême. Il se retrouve au centre d'une immense famille recomposée avec pas moins de six demi-frères et sœurs et huit parents. Une véritable tribu qui se croise, vit quelques soirées ensemble, n'a pas le temps de partager quoi que ce soit avant que la garde change, les habitudes aussi. Il a l'impression d'être une tortue, avec toute sa vie contenue dans son petit sac à dos. Il en a marre. Pour l'instant il vit avec sa mère Sophie (Julie Gayet) et son beau-père actuel Hugo (Lucien Jean-Baptiste). Mais il sent qu'il y a de l'eau dans le gaz entre ces deux-là, malgré la naissance d'un adorable petit garçon cinq ans auparavant.
L'appartement des enfants
Redoutant un nouveau divorce (et donc obligatoirement un nouveau mariage dans peu de temps), il va tout faire pour que les choses changent. Son idée : tous les enfants habiteront dans un immense appartement. En permanence. Ensuite ce sont aux différents parents à assurer un tour de garde pour qu'ils ne vivent pas complètement seuls, même si cette première hypothèse a la préférence des plus âgés de la fratrie. Le spectateur craint que l'idée de base ne s'essouffle rapidement. Mais c'est sans compter avec le talent de Gabriel Julien-Laferrière qui, en plus de parfaitement diriger les enfants, sait faire jouer les ressorts de la comédie chez les adultes. Son casting pour l'occasion est assez malin. Julie Gayet, la plus "normale" du lot, joue les équilibristes entre ses deux ex, Philippe (Thierry Neuvic) et Claude (Philippe Katerine). Sans compter sur la dépression de sa sœur, Agnès (Julie Depardieu) qui se mélange à la tribu par défaut. Rajoutez un papa geek (Arié Elmaleh) et une grand-mère foldingue et légèrement nymphomane (Chantal Ladesou) et vous avez une succession de situations toutes plus hilarantes les unes que les autres. Avec en plus, un final en musique qui n'est pas sans rappeler un peu "La famille Bélier". Une comédie pour toutes les générations, que l'on soit une famille recomposée ou pas.
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Claudia Tagbo, un humour irrésistible

Parmi les six parents de la famille recomposée du film de Gabriel Julien-Laferrière, Claudia Tagbo  endosse le rôle de la mère excessivement possessive.
famille, divorce, tagbo, gayet, neuvic, depardieuAvec Hugo (père du jeune narrateur Bastien), elle a conçu dans sa jeunesse Eliot, devenu grand ado un peu trop sérieux. La faute à sa mère qui le couve comme un poussin à peine éclôt. La comédienne, repérée dans le Jamel Comedy Show, donne de sa personne pour rendre cette caricature de mère totalement irrésistible. Autant elle est sèche et presque méchante avec les autres adultes (et en plus horriblement jalouse des années après sa rupture avec Hugo), autant elle est prête à tous les sacrifices pour son fils qui lui ne demande qu'à s'émanciper.
Son bagout, son accent africain exagéré, ses tenues : tout n'est que caricature et c'est bien la force de cette actrice qui n'en a que faire de son "image". Elle veut avant tout faire rire. Et ça marche à tous les coups. Claudia Tagbo que l'on retrouve d'ailleurs dans une autre sortie de la semaine puisqu'elle prête sa voix à une des chasseuses de fantômes du remake de "SOS fantômes".

samedi 3 octobre 2015

Cinéma : Elle console les hommes tristes

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Hanna (Vimala Pons) est beaucoup trop gentille. Elle console les cœurs brisés en ouvrant ses bras… et son lit. "Je suis à vous tout de suite", comédie piquante.

Malade. Complètement malade la belle et timide Hanna (Vimala Pons) personnage principal de 'Je suis à vous tout de suite' de Baya Kasmi. Une névrose assez rare : celle de la gentillesse. Elle tient ça de ses parents, jamais méchants, toujours conciliants. Conséquence elle est incapable de faire de la peine. A ce stade, c'est plus que de l'empathie. Problème, cette trentenaire est DRH dans une grosse société. Parmi ses attributions, l'annonce à des employés éplorés de leur renvoi. Alors pour se faire pardonner, quand ils se mettent à pleurer en se demandant comment ils vont bien pouvoir finir de payer leur crédit sur la maison. "Je peux faire quelque chose pour vous ?" demande-t-elle de sa petite voix. Un câlin ? Un peu plus ? Une fois passés dans le lit d'Hannah, les licenciés sont certes toujours sans ressources, mais ont retrouvé le sourire. Hannah n'est pourtant pas gentille avec tout le monde. Elle déteste son petit frère Hakim (Mehdi Djaadi). Très complices enfants, tout a changé quand le garçon est devenu adolescent. Enfants d'un épicier arabe (Ramzy, touchant et attachant) et d'une mère au foyer psychanalyste bénévole (Agnès Jaoui), ils ont grandi dans une de ces grandes cités où le 'vivre ensemble' s'est lentement délité au fil des ans. Surtout Hakim qui, après un passage par la case 'petite frappe dealer', plonge dans la religion. Il ne supporte plus les tenues très légères de sa sœur et ses relations amoureuses, aussi brèves que multiples.
Une comédie… sérieuse
Le film alterne les scènes d'enfance et le présent. Hanna habite à Paris, rue Saint-Denis, Hakim chez ses parents, avec femme et enfants. Lors d'une réunion de famille, les parents demandent à Hanna un service. Et pas des moindres. Hakim, malade, doit être transplanté d'un rein. Celui d'Hanna a toutes les chances d'être compatible. Va-t-elle pour la première fois refuser de rendre service à quelqu'un ? Tant qu'elle n'est pas guérie de sa névrose, il n'y a aucun suspense. Si on rit souvent au cours du film, Vimala Pons alternant avec une virtuosité déconcertante, humour, séduction et tristesse, le sujet principal reste très sérieux. Mais comme le discours n'est pas pesant et moralisateur, il passe d'autant mieux. Car la réalisatrice aborde sans y toucher, pêle-mêle les problématiques de la religion, de la liberté de la femme, des origines, de la maltraitance des enfants, de la condition des prostituées et même des personnages âgées accros au cannabis et au jeu (un rôle sur mesure pour Anémone). Un film vivifiant, comme le joli minois de Vimala Pons.