mardi 18 janvier 2022

Cinéma - “Nightmare Alley”, le film noir du XXIe siècle

Écrit et filmé comme un classique du XXe siècle, le nouveau Guillermo del Toro mélange hommage et inventivité.

 

La trop gentille Molly (Rooney Mara), complice du rusé Stan (Bradley Cooper). Kerry Hayes/2021 20th Century Studios


Misère, gloire et déchéance d’un arnaqueur, tel aurait pu être le sous-titre de ce Nightmare Alley, film de Guillermo del Toro avec une pléiade de vedettes à l’affiche. Adapté d’un roman des années 40, ce drame, très sombre, suit le parcours de Stan (Bradley Cooper), Américain d’extraction populaire bien décidé lui aussi à mordre à pleine dent dans le rêve américain. Alors qu’en Europe Hitler commence à faire des siennes, de l’autre côté de l’Atlantique, Stan, après un long voyage en bus, débarque sur la côte Est et parvient à se faire embaucher comme homme à tout faire dans une fête foraine. Sous la responsabilité de Clem (Willem Dafoe), le très autoritaire patron de cette bande d’illusionnistes et de simili monstres, il observe et charme Zeena (Toni Colette), une diseuse de bonne aventure. Mais c’est la belle Molly (Rooney Mara) qui fait battre son cœur. Pour elle il fera tout pour quitter le cirque misérable et devenir célèbre. 

Chute inéluctable

La première partie du film, dans des décors entre cauchemar et bidonville, est la plus ressemblante à un film de del Toro. On y retrouve d’ailleurs Ron Perlman, un de ses comédiens fétiche. 

Mais une fois Stan installé à New York, on entre dans une autre histoire. Devenu distingué, respectable, quasi un sosie de Clark Gable, il n’est pourtant qu’un petit escroc qui profite de la crédulité des clients des grands hôtels. Avec sa complice, il met au point un numéro de pseudo-télépathie. L’occasion de profiter de quelques gogos faciles à plumer. Cela ne plaît pas à Molly, mais l’amour la rend aveugle. Aussi quand Stan rencontre une psychanalyste qui lui propose d’arnaquer un gros bonnet, ce dernier plonge immédiatement sans la moindre hésitation. Interprétée par Cate Blanchett, cette blonde fatale semble tirée elle aussi d’un de ces films noirs des années 40 et 50 qui ont fait la légende d’Hollywood. Le rêve américain de Stan va se transformer en cauchemar, avec apparition de spectre et réveil d’une ancienne plaie qui précipitera sa chute. 

Une intrigue machiavélique, à la fin évidente, interprétée par un long gros plan sur Bradley Cooper qui semble totalement habité par son personnage. On retrouve dans ce final toute la noirceur de l’univers du réalisateur d’origine mexicaine. 

Film de Guillermo del Toro avec Bradley Cooper, Cate Blanchett, Toni Collette, Rooney Mara

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