Affichage des articles dont le libellé est Pepe Carvalho. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Pepe Carvalho. Afficher tous les articles

lundi 24 avril 2023

BD - Pepe Carvalho vogue vers les mers du Sud

De tous les détectives privés de la littérature policière européenne, Pepe Carvalho de Manuel Vazquez Montalban occupe une place de choix. Si Nestor Burma est associé à Paris, Pepe est le héros à connaître pour palper la réalité de la Barcelone d’antan. Hernan Migoya adapte le roman « Les mers du Sud », toujours dessiné par Bartolomé Segui. En 1979, alors que l’Espagne et plus encore la Catalogne découvre les bienfaits de la démocratie après la disparition de Franco et la fin de la dictature, un cadavre est découvert dans une décharge sauvage de la périphérie de Barcelone. Un homme, mort poignardé.

Loin d’être un clochard abandonné là après une querelle d’ivrogne, c’est la dépouille d’un certain Stuart Pedrell, riche entrepreneur. Il a disparu depuis un an. Sa femme, qui a brillamment repris au débotté les rênes de l’entreprise, engage Pepe Carvalho pour retrouver ses meurtriers. Toujours aussi nonchalant et pessimiste, le privé amateur de bonne bouffe et de boissons alcoolisées plonge dans deux mondes très différents. D’un côté la grande bourgeoisie catalane, riche, réactionnaire et très catholique. De l’autre les artistes, intellectuels et militants de gauche, progressistes, avant-gardistes.

Le lien entre ces deux mondes : le mort. Car s’il savait faire fructifier sa fortune en bon capitaliste sans scrupules, Stuart Pedrell était aussi un ami de ce milieu interlope, achetant des œuvres, recevant chez lui des artistes sans le sou, aidant les partis les plus radicaux.

Le détective, dans ses investigations, se frottera à la fille du défunt (jeune femme perdue qui sautera littéralement sur Pepe chez qui elle retrouvera le père disparu et l’amant espéré), un avocat trouble, des maîtresses cupides et un associé sarcastique. Côté camp progressiste, il découvrira la seconde vie du disparu, devenu simple employé et compagnon d’une jeune gauchiste enceinte de ses œuvres.
L’intrigue du roman, considéré comme un des meilleurs de la série, progresse lentement. Normal, Pepe Carvalho aime prendre son temps. Cela permet aux auteurs d’utiliser les nombreuses digressions de Montalban sur la gastronomie, la politique, la littérature. Cela gonfle aussi la pagination de l’album qui fait 88 pages. Résultat le lecteur en a pour son argent et devrait envisager sans coup férir de prendre un billet pour la capitale catalane pour se glisser dans les pas du héros.

«Pepe Carvalho» (tome 3), Dargaud, 16 €

dimanche 31 mai 2020

BD - Dégustez Barcelone avec Pepe Carvalho



Les grands personnages de fiction ne meurent jamais. Pepe Carvalho (comme Maigret ou San Antonio en France), survit à son créateur Manuel Vazquez Montalban. 

On peut toujours se plonger dans les romans (réédités en poche chez Points) ou redécouvrir cette série policière atypique grâce à une adaptation en bande dessinée fidèle et de qualité. 


Hernan Migoya et Bartolome Segui ont osé s’attaquer à ce monument de Catalogne pour en livrer des albums qui se savourent comme les multiples plats qui rythment les enquêtes de ce fin gourmet. Pour rappel, Pepe Carvalho est un privé barcelonais dans l’Espagne qui vient juste de sortir du franquisme. Dans « La solitude du manager » (3e roman de la série, seconde adaptation en BD), il est chargé par une veuve d’enquêter sur le meurtre d’un haut responsable d’une multinationale espagnole. L’occasion pour Pepe de remuer le passé de quelques gauchistes reconvertis dans le grand capital. 

Une enquête sombre et désespérante. Heureusement il reste quelques encas savoureux (une butifarra en pleine nuit) ou repas succulents à base de filet de cabillaud à la plancha, confit d’oie, pieds d’agneau aux artichauts et petits pois et le meilleur pour la fin : « se mijoter un salmis de canard à une heure du matin fait partie des plus belles folies capables de saisir un être humain qui ne serait pas fou. »

« Pepe Carvalho » (tome 2), Dargaud, 15 €