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jeudi 23 janvier 2025

BD - Jack Gilet, bourreau itinérant américain

Très beau et passionnant roman graphique signé par David Ratte, auteur prolixe installé depuis de nombreuses années dans les Pyrénées-Orientales. Jack Gilet, le héros, a hérité de la charge de son père : bourreau. Dans l’Amérique du début du XXe siècle, le travail ne manque pas. Mais Jack est un sensible. Tuer des hommes ou des femmes, il ne peut pas. Il s’est reconverti en bourreau d’animaux.

Il sillonne l’Amérique rurale, pour exécuter les sentences parfois étonnantes contre une vache belliqueuse, un chien agressif, voire un cochon affamé (il a mangé un nourrisson…). A Flagstone, petite ville peuplée de « péquenaud », dixit Jack Gilet, en plus d’une truie, il doit pendre une chèvre coupable d’avoir envoyé par-dessus le parapet d’un pont un homme qui s’en prenait à sa propriétaire, Winifred, jeune sauvageonne. Malgré les pleurs de la jeune fille lors du procès, l’animal est condamné. Jack officie et repart vers une nouvelle mission. Winifred, en rage, décide de le suivre et de se venger. Cette longue course-poursuite à travers les superbes paysages des USA encore sauvages, est une plongée dans les consciences de deux personnages.

Si Jack peut tuer des animaux sans s’émouvoir, au contraire, Winifred les trouve plus attachants que les hommes dont on peut se débarrasser sans problème.

Une belle histoire, pleine de rebondissements, portée par des planches d’une exceptionnelle beauté, en couleurs directes à l’aquarelle.
« À la poursuite de Jack Gilet », Bamboo Grand Angle, 128 pages, 19,90 €

samedi 15 octobre 2011

Thriller - Sursis pour un condamné dans "L'honneur d'Edward Finnigan » de Roslund et Hellstrom

Condamné américain pour enquête suédoise, tel est le menu de ce polar nordique dénonçant en filigrane l'inhumanité de la peine de mort.

Dans le concert de nouveaux talents venus des pays nordiques, Roslund et Hellstrom ont un parcours un peu dissonant. Leurs premiers best-sellers traduits en France (La Bête et Box 21) décrivaient une Suède assez déprimante. La faute aussi à leur héros, Ewert Grens, un commissaire de police vivant dans le passé, sans famille, dur pour ses hommes et ne supportant pas l'échec. Pourtant, Grens va faire embaucher dans son équipe une nouvelle coéquipière, plus positive, qui va même réussir à le faire danser.

Le prélude à « L'honneur d'Edward Finnigan » se déroule aux USA. « Autrefois », dans le couloir de la mort d'une prison américaine. John, condamné à mort alors qu'il n'avait que 17 ans pour le meurtre de sa petite amie, attend l'exécution de son voisin, Marv. Il sait que la prochaine fois ce sera lui qui prendra la direction du couloir. Marv il ne le connaît qu'en lui parlant à travers les barreaux. Quelques heures avant son exécution le surveillant-chef, Vernon Eriksen, autorise John à aller lui faire des adieux. Le même jour, John se retrouve face à l'homme qu'il hait le plus (et c'est réciproque), Edward Finnigan, le père de la jeune fille assassinée.

Aussi quand John s'imagine la mort de Marv, quelques heures plus tard, il se voit lui aussi griller sur la chaise électrique, imaginant ce qui arrive à son ami : « les globes oculaires avaient dû exploser. L'urine et les matières fécales devaient couler. Le sang devait jaillir de tous les orifices du corps. » C'est une des marque de fabrique des romans de Roslund et Hellstrom, ils n'épargnent rien à leurs lecteurs.

Du ferry à la cellule de garde à vue

La suite du roman se déroule « aujourd'hui » en Suède. Première scène dans un ferry faisant la liaison entre Abo et Stockholm. Dans la salle de bal, un groupe joue quelques chansons douces. Des couples se forment, des femmes dansent, des hommes ivres en profitent pour se frotter à elles. Le chanteur assiste à cette scène et son sang ne fait qu'un tour. Il s'appelle lui aussi John et craque car la femme ressemble trop à son épouse. Il s'arrête de chanter, interpelle le malotrus qui lui rit au nez. « Sans même s'en rendre compte, il fit un pas en arrière et balança son pied en avant avec une force que seul le temps peut emmagasiner. En plein dans cette bouche qui ricanait. » A l'arrivée du bateau, John parvient à prendre la fuite, mais il est arrêté quelques heures plus tard par les hommes de Grens.

Ce dernier semble avoir une dent contre lui. Le danseur est dans le coma. Le vieux flic ne veut pas que John s'en tire facilement. C'est un homme résigné qui est conduit au commissariat, mais il se transforme en fou furieux quand il est question de l'enfermer dans la « cellule de garde à vue » une « petite pièce contenant en tout et pour tout une couchette et une cuvette de WC. »

Les auteurs nous font partager l'enquête de Grens et ses découvertes. Le passeport canadien de John serait un faux. Et grâce à Interpol les enquêteurs suédois apprennent que sa photo correspondrait à un autre repris de justice. Mais ce dernier serait mort depuis une dizaine d'années. Une crise cardiaque. Dans sa cellule du couloir de la mort. Grens se retrouve donc avec un ressortissant américain, condamné à mort. Comment a-t-il refait sa vie en Suède, comment s'est-il évadé, que vont faire les autorités suédoises ? Ces interrogations vont transformer le roman en un brillant essai sur la peine de mort et ses excès, d'un camp comme de l'autre. Un thriller qui vous tourneboule par sa fin machiavélique et laisse Grens, le héros policier, encore plus dépressif que dans les premières pages.

« L'honneur d'Edward Finnigan » de Roslund et Hellstrom, Presses de la Cité, 21,50 € (« Box 21 », le précédent roman de Roslund et Hellstrom vient de paraître chez Pocket)