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lundi 1 septembre 2025

BD - Emilie Schindler, une épouse parmi les Justes


Les épouses sont souvent les grandes oubliées de certains destins exceptionnels. Le cas d’Emilie Schindler est exemplaire. La femme d’Oskar, rendu célèbre après la publication d’un roman et la sortie du film sur son activisme pour sauver des centaines de Juifs en pleine seconde guerre mondiale, a toujours été près de son mari quand il jonglait avec les nazis pour permettre à ses ouvriers d’échapper à la solution finale. Ce n’est pas “La liste de Schindler” dont il faudrait parler mais de “La liste des Schindler”. Cet album écrit par Jean-Yves le Naour et dessiné par Christelle Galland replace Emilie Schindler dans ce récit ayant permis à Oskar de devenir Juste en 1963 alors qu’elle a dû attendre 1994. Emilie une femme doublement aigrie. En raison de l’oubli historique mais aussi des tromperies nombreuses du mari volage. 

C’est en 1999 que la trace d’Emilie Schindler est retrouvée par des journalistes allemands. La vieille dame vit seule dans une petite maison dans la banlieue de Buenos Aires en Argentine. Elle accepte de raconter son histoire, dévoilant au passage quelques vérités sur Oskar Schindler. Ce dernier n’a jamais été un mari parfait. Rapidement Emilie, pourtant follement amoureuse du début à la fin, comprend que cet homme, toujours en avance, bouillonnant de projets, aime les femmes, la fête et sait dépenser en une nuit tout l’argent gagné en un mois. Pour satisfaire ses besoins financiers, il accepte toutes les compromissions. Membre du parti nazi, espion pour les SS, il va reprendre une usine de fabrication d’ustensiles de vaisselle à des Juifs dépossédés de leurs biens. Et pour augmenter les bénéfices, vendra ses casseroles à l’armée du Reich et surtout n'emploie que des Juifs payés deux fois moins que le reste des travailleurs. Oskar, raciste, exploiteur, infidèle… Loin du héros. Pourtant Emilie expliquera qu’il a changé quand il apprend l’existence des camps de concentration et surtout de l’extermination de masse des prisonniers. Il fera alors tout pour sauver ses employés. Aidé par son épouse, il trompe les nazis, se rachète d’un passé peu glorieux. Mais une fois la guerre terminée et le couple installé en Argentine, Oskar retombe dans ses travers. Fêtes, maîtresses et finalement abandon d’Emilie pour refaire sa vie en Allemagne. 

Cette BD, en plus de raconter un pan de l’Histoire du XXe siècle, montre l’abnégation de cette femme, son courage, sa fidélité et son engagement malgré les dangers. Elle aussi méritait d’être parmi ces Justes qui ont désormais leur propre collection de BD. L'autre titre paru en cette rentrée 2025 concerne Carl Lutz et est dessiné par Brice Goepfert.  

“Les Justes - Emilie et Oskar Schindler”, Bamboo - Grand Angle, 64 pages, 15,90 €


mardi 3 octobre 2023

Goncourt : 120 ans de prix et de polémiques dans une anthologie passionnante

 Le prix Goncourt est la plus prestigieuse des récompenses littéraires françaises. Celui qui est aussi le plus polémique, et depuis plus d’un siècle.

Imaginée à la fin du XIXe siècle, l’académie Goncourt avait pour but de dépoussiérer les lettres françaises. Une sorte de « contre-Académie française » soucieuse de promouvoir un jeune écrivain en devenir. Le premier prix a été décerné en 1903. Une première polémique car c’est un roman de science-fiction, Force ennemie de John-Antoine Nau, qui décroche le prix doté de 5 000 francs.

Une histoire du prix et du jury qui ne manque pas de péripéties, comme un feuilleton où coups de théâtre, grosses colères, fâcheries et trahisons venaient sans cesse rebattre les cartes. Cette histoire littéraire française est signée Jean-Yves Le Naour, docteur en Histoire (et aussi scénariste de films documentaires ou de BD) aidé de Catherine Valenti, Maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université Toulouse II.

Le fond est très documenté, le style léger et parfois incisif. Les auteurs ont donc retenu une présentation chronologique pour cette anthologie qui présente le livre lauréat, son auteur mais aussi (et surtout), la cuisine interne dans ce jury qui a trop souvent été caricaturé suspecté d’être aux ordres des grandes maisons d’éditions, de manquer d’originalité et d’accumuler les loupés mémorables.

Exemple avec l’année 1923, il y a pile un siècle. Le prix revient à Lucien Fabre pour son Rabevel ou le mal des ardents, trilogie publiée d’un coup d’un seul par Gallimard. Une œuvre désormais oubliée alors que cette même année 1923 voyait la parution de romans de jeunes auteurs prometteurs comme Jean Cocteau, François Mauriac, Joseph Kessel, Valery Larbaud, Max Jacob ou Paul Morand. Espérons que 100 années plus tard, le jury du Goncourt se prononce pour un roman qui restera dans les annales.

« 120 ans de prix Goncourt - Une histoire littéraire française » de Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti, Omnibus et Perrin, 576 pages, 24 €

dimanche 11 juin 2023

BD - Sauver les aviateurs alliés avec « Le Réseau Comète »


La Résistance en France durant la seconde Guerre mondiale a pris de nombreuses formes. Certains ont pris les armes, d’autres ont attendus le dernier moment pour changer de camp. Et puis il y a les discrets, ceux qui ont essentiellement œuvré pour aider les Alliés. Pas d’armes, pas d’éclats, mais des risques énormes et souvent la prison, la déportation voire la mort devant un peloton d’exécution.

Dans ce récit très détaillé, en partie basé que les souvenirs de la plus jeune membre du réseau, Jean-Yves Le Naour raconte comment, de Bruxelles à l’Espagne, des hommes et des femmes ont pris tous les risques pour permettre à des aviateurs alliés, abattus au-dessus de l’Europe, de revenir vers Londres et de repartir au combat. Cachés chez l’habitant, ils avaient de faux papiers pour traverser la France en train.

Mais arrivé à la frontière entre la France et l’Espagne, côté Pays basque, il fallait passer par les chemins de contrebande et éviter les nombreuses patrouilles allemandes. Marko et Holgado, deux dessinateurs originaires de la région (le premier est Français, le second Espagnol), ont dessiné les exploits de ces résistants de l’ombre. Un devoir de mémoire bienvenu alors que les derniers témoins vivants sont en train de disparaître.

« Le Réseau Comète », Bamboo Grand Angle, 14,90 €

samedi 10 novembre 2018

BD - Devoir de mémoire avec « La petite fille qui voulait voir la guerre »



Comment expliquer la guerre 14 - 18 aux jeunes générations. « La petite fille qui voulait voir la guerre » de l’historien Jean-Yves Le Naour et la dessinatrice Christelle Galland donnera sans doute des pistes aux éducateurs. 

Clémence, 10 ans, doit faire un exposé sur cette sombre époque de l’Histoire de France. En passant devant le monument aux morts de sa commune, Charnay-lès-Mâcon, elle découvre que son nom de famille y figure. Elle va aller à la recherche de cet ancêtre mort pour la patrie. Un album complété par un remarquable dossier sur le 134e régiment d’infanterie de Mâcon dans la Grande Guerre.
« La petite fille qui voulait voir la guerre », Bamboo, 14,50 €

dimanche 20 septembre 2015

BD : La jeunesse de De Gaulle


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Jeune officier prisonnier durant la première guerre mondiale, Charles de Gaulle prouve qu'il a de la suite dans les idées. Capturé en mars 1916, il tentera cinq fois de s'évader. La seconde fois, il reste 10 jours en cavale, repris à quelques kilomètres de la frontière. Jean-Yves Le Naour, historien et grand vulgarisateur de sa discipline, signe un scénario fidèle des péripéties de ce jeune soldat français, pétri de courage et de fierté. Longtemps déprimé car inutile à son pays entre les quatre murs de sa cellule, il n'a jamais baissé les bras, multipliant les plans pour s'échapper. Du déguisement à la descente des remparts à l'aide de draps déchirés et noués entre-eux en passant par la dissimulation dans le linge sale, De Gaulle fait preuve d'inventivité. Pour rien. Il ne retrouvera sa famille qu'en 1918, une fois les Allemands vaincus. Dessiné par Plumail, cet album montre les premiers pas d'un chef incontesté, sévère avec son état-major et persuadé que l'Armistice ne sera qu'une pause avant la reprise des volontés hégémoniques des Allemands.

« Charles De Gaulle » (tome 1), Bamboo, 13,90 €

mardi 2 décembre 2014

BD : menace sur Paris en septembre 1914

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Septembre 1914. la guerre vient d'être déclarée, l'armée allemande marche vers Paris. Joffre est aux commandes des troupes françaises. A Paris, les politiques sont de plus en plus inquiets. Deux camps s'opposent. Certains pensent que la déferlante allemande est trop forte. Il faut déclarer Paris ville ouverte pour empêcher les massacres et la destruction. D'autres préfèrent tout tenter pour sauver la capitale. Car si Paris tombe, il n'y aura plus d'espoir ailleurs en France. Le général Gallieni est sorti de sa retraite pour devenir l'adjoint de Joffre. Plus spécialement chargé de la défense de Paris, il refuse coute que coute de baisser les armes. En urgence il élabore des défenses sommaires et mobilise. Mais ses désaccords avec Joffre compliquent la situation. Quand les Allemands arrivent à quelques dizaines de kilomètres de la Tour Eiffel, ils font une erreur que Gallieni repère immédiatement. Il parvient à persuader Joffre d'abandonner cette attitude attentiste pour passer à l'offensive. C'est la fameuse bataille de la Marne. Une épopée militaire et stratégique racontée par Jean-Yves Le Naour et dessinée par Claude Plumail, illustrateur rigoureux, chantre de l'exactitude.

« Les taxis de la Marne », Bamboo, 13,90 €

samedi 2 août 2014

BD - L'origine de la guerre 14/18

Le monde entier célèbre cette année le centenaire du début de la première guerre mondiale. Un siècle nous sépare de la pire boucherie de l'Humanité. Une occasion en or pour mieux comprendre comment on en est arrivé là. Parmi les nombreuses BD récemment parues sur le sujet, la biographie sommaire de François-Ferdinand, celui par qui tout est arrivé, est la plus sérieuse et documentée. Jean-Yves Le Naour, historien, a vulgarisé la dernière année d'existence de l'héritier du trône d'Autriche, Chandre l'a dessinée. L'archiduc, en opposition avec le souverain régnant, n'est pas belliqueux. Il se désintéresse des affaires d'état pour se consacrer à sa vie de famille. C'est pourtant lui qui est désigné pour aller inspecter les troupes en Bosnie, région récemment annexée. 
A Sarajevo, le 28 juin, il défie les Serbes dans sa voiture décapotable. Un extrémiste parvient à l'abattre. On comprend dans cet album que cette visite, imposée à François-Ferdinand, était une provocation fomentée par l'axe. Ce coup de feu est le top départ d'un déchaînement de violence. Guerre contre la Serbie, puis la France, la Russie et le reste du monde. La faute à l'impérialisme allemand et un certain nationalisme exalté par des partis bellicistes dans les autres nations. Une leçon d'Histoire à se remémorer en ces temps de plus en plus violents.
« François-Ferdinand », Bamboo, 13,90 €