samedi 14 janvier 2012

Virus en mutation dans "Rifteurs" de Peter Watts

Une explosion atomique dans les profondeurs de l'Océan Pacifique a ravagé la côte Ouest des USA. Dans ce chaos, l'Humanité tente de survivre.

Peter Watts, Rifteurs, Starfish, Science-fiction, Fleuve NoirAprès le huis-clos au plus profond des abysses (« Starfish » paru en 2010 au Fleuve Noir), Peter Watts prolonge sa saga de science-fiction au grand air. Son héroïne, Lenie Clarke a survécu. Après l'explosion et le tsunami qui en a résulté, elle s'est tapi au fond de l'océan. Technicienne chargée d'entretenir ces nouvelles centrales électriques utilisant l'énergie géothermique, elle a a été « améliorée » pour résister aux grandes pressions et respirer sous l'eau. C'est à pied qu'elle rejoint la cote américaine. Et ce qu'elle découvre ne ressemble plus au monde qu'elle a connu avant. « Le fond était entièrement recouvert de cadavres. Qui semblaient eux aussi couvrir plusieurs générations. Certains se réduisaient à  des agglomérats symétriques d'algues. » Des millions de morts, des pans entiers du pays disparu : l'Amérique peine à se redresser.

Camps de réfugiés
Mais dans ce futur proche, des repères restent. Les rares parties côtières épargnées sont toujours longées par un mur infranchissable. Un mur édifié pour empêcher aux réfugiés venus de toutes parts de pénétrer dans cet Eldorado rêvé. Lenie Clarke, en sortant de l'eau, telle une divinité antique, devient un sujet de conversation, puis d'admiration pour les milliers de réfugiés survivant au bord de l'eau. Parqués, mais pas abandonnés. Des machines les nourrissent au quotidien. Un magma de protéines, coupé avec de puissants médicaments pour abolir toute velléité de rébellion. Un homme, tout en se méfiant de Clarke, va lancer un vaste mouvement de grève de la faim. Cela permet aux réfugiés de libérer leur conscience, de retrouver cette volonté d'avancer, de conquérir le pays.

Le Maelström prend le pouvoir
Ce monde apocalyptique, où le clivage entre nantis et moins-que-rien est de plus en plus grand, est surveillé par des drones-robots pilotés par des techniciens bien au chaud dans leurs maisons high-tech. Le roman nous fait découvrir les interrogations d'une de ces surveillantes toute puissante : Sou-Hon. Elle tente de contacter Lenie Clarke alors qu'au même moment des incendies ravagent des régions entières et que le Maelström, l'immense réseau informatique ayant succédé à internet, voit se développer des intelligences artificielles de plus en plus autonomes.
Peter Watts, écrivain canadien, est biologiste marin de formation. Avec ce roman, il quitte son domaine de prédilection pour la terre ferme. Mais ses spéculations sur des thèmes d'actualité (gestion des réfugiés, maîtrise de l'information, nouveaux dangers bactériologiques) cachent un thème plus universel : l'exploration de la psychologie humaine. Il nous avait épaté dans « Starfish », tous les personnages étant des « déviants » (serial-killers, violeurs...). Cette fois, ils sont plus dans la norme, mais tous potentiellement sujets à de graves psychoses. Le constat n'est pas très optimiste. Mais en prendre conscience permettra peut-être d'éviter quelques catastrophes planétaires.

« Rifteurs », Peter Watts, Fleuve Noir, 24 €

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