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vendredi 16 août 2024

Polar historique - L’éventreur d’Amiens défie Jules Verne


La mode du polar historique ne faiblit pas. Bien au contraire. Depuis quelques années on constate une recrudescence de romans se déroulant au XIXe siècle ou au début du XXe. Et le jeu des auteurs est de prendre pour héros des personnalités connues.

Céline Ghys apporte sa pierre à l’édifice avec Jules Verne contre Nemo. L’intrigue a pour décor Amiens en 1882. La nuit, un mystérieux tueur masqué éventre plusieurs notables de la préfecture de la Somme. A quelques rues de la maison de Jules Verne, célèbre écrivain. Pour résoudre cette affaire, le ministère expédie un de ses meilleurs éléments, le commissaire Gaston Chastagnol. Il est moderne, cherche les indices sur les scènes de crime et tente de dresser le profil psychologique de l’éventreur d’Amiens qui signe ses forfaits Nemo.

Un peu comme Claude Delafuye, jeune journaliste récemment arrivé en provenance de Paris. Deux fins limiers qui deviennent trois quand Jules Verne décide de leur donner un coup de main. Un polar enlevé, bourré d’anecdotes réalistes, avec plusieurs intrigues en parallèle, notamment sur les amours de Claudine, la jeune nièce du romancier.

Sans oublier un message social et moderne, sans doute éloigné de la pensée du véritable Jules Verne mais qui donne un attrait de plus au roman.

« Jules Verne contre Nemo », Céline Ghys, Fayard, 342 pages, 20,90 €

mercredi 13 décembre 2023

Polar - Un policier trop surveillé veut « Rester le chasseur »

Quand il découvre qu’une de ses informatrices vient d’être sauvagement assassinée, Alex Dumas, flic à Saint-Brieuc, enquête malgré les réticences de sa hiérarchie. Un polar breton signé Denis Lépée.


Dans la galerie des flics de papier (héros de romans policiers), Alex Dumas imaginé par Denis Lépée fait figure de dernier des Mohicans. Il a l’honneur chevillé au corps. Sans doute un reste de son expérience militaire, avant de devenir responsable des stups à Saint-Brieuc. Inflexible, droit, rigoureux, il n’hésite pourtant pas à prendre parfois des libertés avec les règlements qui ont tendance à lui compliquer la vie.

Après avoir monté un dossier officiel d’informateur pour une éducatrice qui baigne dans le milieu de la jeunesse défavorisé, il a regretté qu’elle n’ait pas bénéficié de ce statut avantageux.

Mais a quand même continué à échanger avec elle. A son grand regret quand il découvre qu’elle vient d’être sauvagement assassinée, après avoir été torturée. Alex Dumas craint que cela ait un rapport avec son enquête très officieuse sur un trafiquant de drogue local de plus en plus ambitieux.

Car « Il n’y a pas que les cadres qui rêvent de vivre en province. Les trafiquants de drogue aussi ont compris l’intérêt du développement du business dans les villes moyennes ». Ceux qui ne restent pas sous-traitants « peuvent se tailler des empires très rentables ». Ce serait le cas d’Alan Kerdec, « un vrai givré » selon l’avis de Dumas. Mais Kerdec semble être protégé en plus haut lieu. Pire, Dumas a l’impression qu’on le surveille, permettant au gros dealer d’avoir toujours un pion d’avance sur lui. La paranoïa est puissante quand on menace directement sa femme et ses enfants.

Ce premier polar de Denis Lépée, plutôt spécialisé dans les romans historiques, est très réaliste. On suit pas à pas l’enquête du héros, ses doutes, sa façon de rebondir et surtout de déjouer les nombreuses chausse-trapes déposées sur son chemin avant un final explosif.

« Rester le chasseur » de Denis Lépée, Fayard Noir, 268 pages, 19 €
 

vendredi 29 mars 2013

Polar - Mémé Cornemuse sur les traces de Béru

Mémé Cornemuse aurait tout à fait pu être un personnage de San-Antonio. Nadine Monfils, sa créatrice, lui donne l'occasion de s'émanciper.

Adeptes du bon goût s'abstenir. Mémé Cornemuse, l'héroïne totalement déjantée imaginée par Nadine Monfils est de retour. Cette grand-mère indigne, fan de Jean-Claude Van Damme et d'Annie Cordy, imagine le casse du siècle. Une bijouterie regorgeant de breloques. Première opération, s'installer près de la place. Mémé endosse les habits de concierge. L'immeuble est stratégiquement collé aux coffres. Puis embaucher un arpette qui fera le sale boulot. Un ancien taulard va prendre ses quartiers dans la cave et creuser un tunnel. Problème, Mémé doit répondre aux sollicitations incessantes des locataires. L'occasion pour Nadine Monfils de décrire quelques cas sociaux d'exception. Ginette Plouf par exemple, une trentenaire avachie, cocue depuis des lustres. Elle est au centre de l'intrigue principale. En rentrant du boulot, elle craque pour des chaussures jaunes. « Elles ont appartenu à Lady Di ! » lui affirme plein d'assurance le commerçant escroc. Ginette, sur ses escarpins, voit la vie différemment. Elle reprend confiance en elle.

Garniture de camembert
A l'arrêt de bus, elle croit découvrir le prince charmant. Simplement un dragueur compulsif qui, une fois sa petite affaire conclue sur le capot d'une voiture dans un parking souterrain, prend ses jambes à son cou. De retour au domicile conjugal, l'infidèle est tentée d'avouer sa faute à Marcel, son mari. Mais ce dernier est mort. Assassiné exactement. Mains coupées et sexe planté dans un camembert au frigo...
Ginette paniquée, prévient la concierge. Et comme Mémé ne veut pas que la flicaille investisse son immeuble, elle se charge de faire disparaître le corps. Une mise en bouche totalement foutraque, et ce n'est que le début. En cherchant à découvrir qui a tué Marcel, Ginette et Mémé vont croiser nombre d'hurluberlus. Genre cette locataire « qui avait un gros grain de beauté sur la joue gauche, garni d'un poil noir. Avec le double menton, on aurait dit une sorte de bonobo en jupe plissée. »

Sexe à tous les étages
Autre rebondissement improbable, l'héroïne apprend qu'elle a un fils. Elle n'a aucun souvenir des 9 mois de grossesse, si ce n'est avoir laissé, dans sa jeunesse, un paquet sanguinolent devant un couvent. Elle se met à rêver à ce gamin maintenant adulte. Un regain d'amour maternel ? Pas vraiment : « Cornemuse aurait bien aimé avoir un fils pédé. Un qui lui aurait ramené des jeunes éphèbes bien membrés et musclés, histoire de passer ses soirées à s'envoyer en l'air. »

Le sexe, en long en large et en travers, c'est un des points communs des romans de Nadine Monfils avec l'univers de San-Antonio. Le commissaire imaginé par Frédéric Dard poursuit ses aventures, sous la plume de Patrice, le fils. Les éditions Fayard viennent de publier le nouvel opus (toujours deux nouveautés par an...) intitulé « San Antonio contre X ». Une reine du cinéma X vient d’être assassinée. Puis une autre hardeuse subit le même sort, en plus sauvage encore. San-Antonio se charge de l'enquête, flanqué du phénoménal Béru, devenu pornstar pour la circonstance. 
Selon l'auteur, jamais en mal de superlatifs, «c'est le plus mystérieux, le plus cocasse et le plus torride de tous les San-Antonio. »
Michel Litout
« La vieille qui voulait tuer le bon dieu », Nadine Monfils, Belfond, 19 €
« San Antonio contre X », Patrice Dard, Fayard, 6,90 €



vendredi 30 septembre 2011

L'hôpital et ses monstres : le nouveau San-Antonio de Patrice Dard décape les zygomatiques

Quand San-Antonio met les pieds dans un hôpital, le trou de la sécu n'a plus qu'à compter ses abattis car les malades se transforment en morts !


Qu'on le veuille ou non, les nouvelles aventures de San-Antonio rédigées par Patrice Dard, n'ont rien perdu de leur truculence ni de leur régularité. « Comme sur des roulettes » est le second titre à paraître cette année chez Fayard. Le héros, toujours le cœur sur la main, décide d'accompagner sa maman au chevet de Bérurier. L'adjoint au sexe gigantesque est terrassé par une crise de goutte. Rien d'étonnant quand on sait les quantités de cochonnailles et de picrate ingurgitées par l'ogre du quai des Orfèvres. L'intrigue est lancée par la curiosité maladive de San-Antonio. En descendant du bus et en jetant ses tickets, il remarque dans la poubelle un cahier rouge. Et le subtilise. Dans la minute qui suit, un infirmier farfouille dans la poubelle et retourne dans l'hôpital, soucieux. Sentant l'embrouille, le flic le plus célèbre de France le suit et débarque dans le service RTT. N'allez pas croire que des salariés français tombent malade de devoir moins travailler (San-Antonio c'est de la fiction mais faut quand même pas exagérer). RTT veut dire « recherche en thérapie tératologique ». Et des monstres, s'il n'y en a pas beaucoup dans ce petit service, ils sont particulièrement difformes et effrayants.

C'est pas pour me vanter, mais des histoires tordues j'en ai lues des centaines dans ma carrière de petit chroniqueur littéraire provincial. Et cette fois encore, Patrice Dard parvient à m'étonner. L'infirmier est retrouvé mort, enfermé dans un placard, un bistouri dans le ventre. Le cahier rouge semble être la cause de ce décès, mais San-A se le réserve pour un peu plus tard, comme un atout planqué dans la manche. Après, les péripéties s'enchaînent avec maestria : action, poursuite, baston, rebondissements. Manque les traditionnelles dites « de cul ». Exactement elles sont dissociées du récit. L'auteur explique dans un avertissement que « suite à la misérable embrouille DSQ (ce Strauss qui préfère le frotti-frotta à la valse), j'ai décidé de rester prudent vis-à-vis du sexe. J'ai jugé préférable de rassembler toutes les séquences olé olé à la fin de l'ouvrage, dans un chapitre spécial que tu pourras arracher afin de les soustraire à la lecture de tes bambins déjà presque aussi concupiscents que toi. »

Lourdes et ses miraculés

On aura beau dire, un polar français sans scène se déroulant en province c'est un peu comme un roman de Katherine Pancol sans répétition : ça manque de crédibilité. L'équipe de San-Antonio, les méchants et quelques monstres en goguette vont faire un tour à Lourdes, cité de Bernadette et des marchands du temple, chassés en leur temps de Jérusalem par un certain Jésus. La vision de cette débauche de religion nous fait un peu penser aux scènes du « Miraculé », superbe film (un pléonasme de plus...) de Jean-Pierre Mocky. Et ça file un peu le bourdon au commissaire qui est beaucoup plus philosophe depuis sa reprise en mains par le fiston Dard.

« Si on réfléchit bien, il faudrait arrêter de réfléchir pour être heureux. Moi ce qui me gangrène la vie, ce sont mes idées, mes pensées, mes envies, mes dégoûts. Tout ce qui agite mon esprit sans jamais l'apaiser. (…) J'aspire au froid de mes sentiments, à la rigidité cadavérique de mes sensations, à la paix de la viande, laquelle passe toujours, hélas, par l'extinction des feux de l'âme. » Il est triste San-Antonio, voire dépressif ? Non, simplement un peu fatigué après un peu plus de 200 romans menés tambour battant. Mais ce bref séjour à l'hôpital devrait lui redonner un peu de vitalité.

« Comme sur des roulettes », Patrice Dard, Fayard, 6,90 € 

mardi 19 avril 2011

polar - Deux p'tites tours et puis s'en vont


San-Antonio est de retour, de nouveau en format poche, comme au plus beau temps, quand Frédéric Dard proposait trois romans par an au Fleuve Noir. 

Cette fois ce sont les éditions Fayard qui publient les nouvelles aventures dues à la plume du fils, Patrice. « Deux p'tites tours et puis s'en vont » aborde un sujet d'actualité brûlant : le terrorisme islamique. La menace plane sur la France et pour tenter de déjouer un attentat en préparation, notre sémillant héros se rend aux USA. 

Il a dans ses bagages Bérurier, incognito grâce à un passeport belge. Cela donne quelques dialogues surréalistes, moitié argot, moitié englishe. 

Patrice Dard fait voler en éclat toute idée de politiquement correct. Un défouloir idéal pour les dépressifs et qui devrait être remboursé par la sécu ! (Fayard, 6,90 €) 

jeudi 1 avril 2010

San-Antonio - Neige, boules et bévues

Patrice Dard, pour le 20e titre des nouvelles aventures de San-Antonio, s'essaie au format poche.


Cela fait dix ans que Frédéric Dard a quitté ce monde. Le créateur de San-Antonio et de tout son petit monde (Bérurier, Pinaud, Berthe, Félicie...) est pourtant toujours présent dans le coeur de millions de lecteurs. Ce dixième anniversaire est l'occasion pour les éditions Fleuve Noir de ressusciter quelques romans devenus rares, tout en poursuivant la réédition, avec des couvertures inédites de Boucq, des premières aventures du célèbre commissaire de police, grand tombeur de ces dames. Premières car depuis dix ans, Patrice Dard, le fils de Frédéric, a repris en main la maison San-Antonio pour les éditions Fayard. Il publie en ce mois de mars 2010 la 20e enquête de la nouvelle série. Et pour la première fois, le roman est publié en poche, ce format économique, souvent décrié par les « grands auteurs », mais qui a assuré une popularité inégalée à l'oeuvre de Dard père.

Béru en ski

« Ça sent le sapin » est un roman d'hiver. Il se déroule essentiellement dans une station de sports d'hiver, aux alentours de Noël. Cela donne d'entrée une scène comme les fans en raffolent : Béru et madame sur des skis : « Le Gravos des cimes et sa Baleine des neiges, une grosse bobonne en doudoune d'un vert dégueulis d'épinard. » Le couple n'est pas là pour s'adonner aux joies des sports d'hiver (bien que Berthe ait accepté de prendre, dixit Béru, « des cours de surf avec Frédo, le grand moniteur blond qu'a un regard d'angelot et des biscoteaux de lutteur de foire. Attention, pas un risque-tout, le zigue. Il l'a convoquée dans son studio. »)

Béru est en service commandé. Il était chargé de protéger un certain Pipo, ancien skieur alpin qui pourrait bien être assassiné ce 23 décembre. Il semble être la prochaine victime d'un serial killer ayant déjà à son actif un kayakiste, un alpiniste et un golfeur.

La mission foire lamentablement mais San-Antonio ne lâche pas l'affaire. Il va remuer ciel et terre pour retrouver le tueur et comprendre les motifs de sa folie meurtrière. Au passage il emballera une certaine Dominique Patrault, médecin légiste de son état. Il croisera aussi une ancienne connaissance policière, un malfrat reconverti, une vendeuse de lingerie, une vieille bique mauvaise langue et une avocate fiscaliste. Un défilé savoureux de second rôles faisant tout le sel de ces aventures de San-Antonio.

Reste le meilleur, les interventions de Bérurier, toujours aussi gras du bide, ordurier et obsédé. L'auteur, dans la bouche de San-Antonio, lui rend un long hommage dont voici un extrait : « Écoute-moi bien, Alexandre. Tu incarnes sans doute le personnage le plus répugnant de toute la littérature française. Tu es rustaud, trivial et aussi mal embouché qu'un chiotte à la turque. Chacune de tes phrases est un attentat contre la grammaire. Tu tourmentes le vocabulaire, persécutes la syntaxe, martyrise le subjonctif. (...) Ton haleine ferait avorter une couvée de vautours. Mais je dois humblement reconnaître que tu es un flic hors-pair ! » Patrice Dard a lui aussi compris que les enquêtes de San-Antonio, les intrigues et tout le rituel du polar ne sont que des prétextes pour mettre en scène le personnage ultime : Bérurier. Les second rôles ne sont rien sans les héros. Mais dieu que ces héros seraient fades sans leurs acolytes.

« Ça sent le sapin », San-Antonio, Patrice Dard, Fayard, 6,90 €

vendredi 1 août 2008

Polar - Coup de froid pour San-Antonio

Mission au Québec pour le héros « dardien » chargé de mettre hors d'état de nuire un serial killer, le « Postier », s'attaquant aux blondes.


Le petit monde de San-Antonio, malgré la disparition en 2000 de Frédéric Dard, continue d'évoluer, le fils, Patrice, ayant repris cette petite entreprise littéraire, certainement la plus originale de la création française. Les puristes regretteront l'absence d'une certaine folie, typique de l'écrivain aux centaines de romans. Le fils, s'il a parfaitement saisi les psychologies des principaux protagonistes, ne semble pas encore oser se lancer dans des romans complètement délirants, comme seul Frédéric Dard osait, fort de son succès commercial qui ne s'est jamais démenti. Patrice fait donc encore du San-Antonio classique, presque trop. Mais cela reste quand même une bouffée d'air pur dans une production livresque française parfois triste pour ne pas dire sinistre.

Postier killer

De l'air pur et en l'occurrence très frais puisque cette nouvelle aventure du commissaire, chéri de ses dames, se passe en grande partie au Québec. Les premières pages montrent une équipe en pleine déroute. Pinaud envisage de prendre sa retraite, Jérémie Blanc est retourné en Afrique, de même que Mathias, Toinet, le fils de San-Antonio, s'est mis aux abonnés absents, trop occupé à suivre la grossesse de sa compagne, Amélie. Ne reste que Bérurier, complètement déprimé puisque sa Berthe a décidé de le quitter pour un jeune et vigoureux gigolo. Bref, rien ne va plus dans la maison poulaga.

C'est le moment qu'a choisi le président de la République en personne pour confier à San-Antonio une mission très spéciale. Dans un dialogue d'anthologie où le premier personnage de l'Etat fait les questions et les réponses, il demande à notre valeureux héros, de démasquer et de mettre hors d'état de nuire, le « Postier », serial killer s'attaquant aux jeunes et jolies blondes québécoises. Après leur avoir rasé le pubis et envoyé, par courrier, cette fine toison à des anonymes, il continue son découpage avec d'autres parties du corps qui elles, malheureusement, ne repoussent pas...

Piégés par Matignon

Antoine, avec pour seul renfort Béru, le dernier de la bande, se rend au Québec. Mais rapidement la mission part en eau de boudin. Papiers et bagages volés, ils tombent dans un guet-apens à leur hôtel : accusés de meurtre ils sont obligés de prendre la fuite et d'entrer en clandestinité. Mais ce ne sont pas ces quelques contrariétés qui vont décourager notre duo de choc.

Ils vont se lancer sur les pistes enneigées de la Belle Province, pistant le Postier et tentant de déjouer les pièges d'un service qui serait téléguidé, depuis Paris, par le Premier ministre en personne qui n'aurait trouvé que ce moyen pour tenter de se démarquer de son patron. Quelques scène osées et autres trouvailles du langage fleuri d'Alexandre-Benoît Bérurier donnent au lecteur son minimum syndical de rire. Avec parfois quelques perles de Béru comme cet abyssal « Si j'me sens m'nacé par la mort, j'mettrai fin à mes jours pour me simplifier la vie ! »

« Arrête ton char, Béru ! », Patrice Dard, Fayard, 15 €

jeudi 16 août 2007

Roman - "L'embaumeur" plane sur Auxerre


Dominique Noguez, en suivant pas à pas son jeune héros Christophe Régnier dans les rues d'Auxerre, en profite pour détailler toute une galerie de personnages truculents. Christophe, en premier lieu, écrivain amateur, travaillant vaguement pour une société étrangère désirant mieux connaître une ville de province, en l'occurrence Auxerre. Il rédige des fiches sur les personnages de la région, du dernier fossoyeur au marionnettiste professionnel. C'est en cherchant des "sujets" qu'il se penche pour la première fois sur la vie de M. Léonard, son voisin, par ailleurs embaumeur pour les pompes funèbres. 

Alors que la canicule de 2003 pointe le bout de son nez, Auxerre vit dans la terreur : plusieurs personnes sont retrouvées sauvagement assassinées et les disparitions se multiplient. Un tueur en série semble avoir pris la ville en grippe... Au fil des pages, souvent désopilantes, on rencontre un bibliothécaire érudit, l'oncle de Christophe, ancien architecte, vivant en ermite, un journaliste coureur de jupons à l'imagination foisonnante, un jeune banquier, amant de M. Léonard, sans oublier la jolie et espiègle Prune, soeur d'Eglantine, fiancée de Christophe et fugueuse récidiviste.

L'embaumeur est souvent au centre de l'intrigue du roman. Il tente même de faire découvrir son métier à Christophe. Mais ce dernier n'appréciera que moyennement de laver des morts, leur faire des injections pour empêcher la putréfaction, reconstituer leur visage et les maquiller. Les meurtres redoublant d'intensité, le roman se transforme en polar après avoir flirté avec la romance et l'étude sociologique.

"L'embaumeur" de Dominique Noguez. Editions Fayard. 20 €, également au Livre de Poche, 6,50 €.





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samedi 24 février 2007

Roman - Les immeubles Walter


Étrange petit roman que ces « immeubles Walter » de Stéphane Denis. Entre fait divers crapuleux, initiation amoureuse, mémoires du siècle et révélations sur un grand écrivain de droite mort tragiquement : Pierre Drieu La Rochelle. 

Le narrateur, jeune homme plein d’avenir et d’ambition, est à la recherche d’un appartement dans Paris pour y débuter une existence oisive et dorée d’écrivain en devenir. Dans sa quête d’un nid douillet et accueillant, il bénéficie de l’aide d’une grande dame propriétaire d’une bonne partie des Immeubles Walter, résidence de prestige dans un quartier huppé de Paris. Il deviendra un confident de cette héritière d’un richissime industriel. Elle lui demandera d’écrire sa vie. C’est là qu’il découvrira cette liaison longtemps cachée entre l’écrivain brillant, mais beaucoup trop engagé (du mauvais côté) durant l’occupation allemande. 

Quelques scènes pittoresques mettent en scène Drieu La Rochelle, avant sa déchéance et son suicide. Mais par ailleurs, le jeune écrivain qui n’a pas ses yeux dans les poches, découvre que la veuve est également l’objet de toutes les attentions d’un groupe d’amis qui se révèlent en réalité des escrocs en puissance. Ecrit avec beaucoup de distance, ce roman de Stéphane Denis a un petit air de « hussard » de la grande époque. Quant à la morale… chacun pourra se la fabriquer en toute conscience.

« Les immeubles Walter », Stéphane Denis, Fayard, 11 € ou Le Livre de Poche, 4,50 €

lundi 20 novembre 2006

BD - Sarko, un drôle de coco...

Ils s'y sont mis à trois pour proposer sur plus de 150 pages, "La face karchée de Sarkozy", une bande dessinée sans concession sur le phénomène Sarkozy. Phénomène car après avoir lu cette BD tirée d'une enquête de Philippe Cohen, scénarisée par Richard Malka et mise en images par Riss, on se demande si cet homme politique a ne serait-ce qu'un atome d'humain. Cela pourrait ressembler à une success-story, le parcours d'un jeune Français plein d'ambition pour son pays. Cela ressemble au final à l'ascension d'un assoiffé du pouvoir, voulant toujours aller plus haut pour se venger de brimades subies durant sa jeunesse avec une phrase en leitmotiv "Je vais tous les niquer !". 

Il commence par le maire de Neuilly, puis Pasqua, il tente Chirac avec Balladur, il échoue mais revient dans la course, s'attaque à De Villepin avant de repartir à l'assaut de Chirac. La BD dresse le portrait au vitriol d'un homme politique prêt à tout pour accéder au pouvoir suprême, comme le sale gamin qui fait des pieds et des mains pour avoir le plus beau jouet de la devanture. 


Une BD-enquête loin de la "légende Sarkozy" serinée par ses fidèles. (Vents d'Ouest et Fayard, 15 €)