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lundi 13 janvier 2025

Cinéma – Le scénario commenté du film « Anatomie d’une chute »

Palme d’or à Cannes et surtout Oscar du meilleur scénario cette année, le film « Anatomie d’une chute » de Justine Triet est à redécouvrir dans sa version écrite. La publication du scénario original réjouira les cinéphiles.

D’autant qu’en plus du texte original, on peut découvrir des explications des deux auteurs ainsi que des passages non tournés ou non retenus dans le montage final.

Outre un riche cahier photo du tournage en fin d’ouvrage, vous pourrez découvrir le fac-similé du scénario d’Arthur Hariri orné de dessins réalisés durant les réunions de préparation. Une véritable leçon de cinéma.

« Anatomie d’une chute, scénario commenté », Gallimard, 320 pages, 25 €

vendredi 26 septembre 2014

Cinéma : « Leviathan » ou la Russie crépusculaire


leviathan, cannes, scénario, Zviaguintsev, Elena Liadova
Si la Russie a gagné quelques libertés individuelles en rejetant le communisme, les féodalismes locaux ont la vie dure.


En compétition au dernier Festival de Cannes, « Léviathan » d'Andreï Zviaguintsev a remporté la palme du scénario. L'histoire, simple et noire à souhait, permet de décrire la situation réelle de ce pays, débarrassé de la dictature communiste mais pas des petites féodalités. Le personnage principal, Kolia (Alexeï Serebriakov), ancien parachutiste, s'est retiré dans une petite ville du grand nord, au bord de la mer de Barents, pour y exploiter un garage accolé à la maison familiale depuis quatre générations. Il y vit en compagnie de son fils Roma, adolescent en pleine période de rébellion, et Livia (Elena Liadova), sa jeune et nouvelle épouse. Il aurait tout pour être heureux si le maire (Roman Madianov) n'avait pas décidé de construire à l'emplacement de sa maison un centre de télécommunications.
Après avoir tenté de trouver un arrangement avec Kolia, il passe à la manière forte. Expropriation et indemnités ridicules. Acculé, Kolia se souvient d'un collègue d'armée devenu depuis avocat à Moscou. Dmitri vient passer quelques jours chez son ami avec de nouveaux atouts dans sa manche. La police et la justice locales étant totalement inféodées au maire - caricature d'un Eltsine (pour son alcoolisme et ses rondeurs) mâtiné de la morgue d'un Poutine et de la violence d'un Staline - Dmitri va devoir aller chercher des appuis très haut pour tenter de faire plier l'élu.

Le faible et le fort
Le film, lent et parfois contemplatif, se découpe en plusieurs longues séquences. Elles peuvent présenter la nature sauvage et déserte de cette partie de la Russie, ou les rapports compliqués entre les habitants du cru, tous très portés sur la vodka, alcool qui coule à flot et en permanence. Kolia boit beaucoup. Et devient rapidement violent. Le maire, toujours accompagné de plusieurs nervis, n'est pas en reste. Cela donne cette scène surréaliste où il vient, en pleine nuit, menacer Kolia devant femme et enfant. Toute la noirceur de ce pays, offert aux affairistes et aux mafias locales est résumée dans cet affrontement du faible contre le fort.
Pourtant on y croit à un moment. Dmitri, en plus du soutien d'un homme qui fait trembler rien qu'à l'évocation de son nom, a un dossier circonstancié sur les horreurs commises par le maire.
Un chantage à la vérité qui tourne court. La Russie décrite par Andreï Zviaguintsev a tout de la république bananière ou du comté moyenâgeux. Il n'y fait pas bon vivre avec l'espoir d'une once de liberté. Par contre, on y meurt facilement. Une œuvre forte, à la narration maîtrisée et aux images soignées. Les acteurs sont tous excellents avec cependant une mention spéciale à Elena Liadova, faible et fragile dans cet univers d'hommes rudes et Roman Madianov, archétype de l'homme corrompu par le pouvoir, aussi infime soit-il.

jeudi 30 mai 2013

Billet - Ma meuf, elle écrit

Ecrire au féminin ? Selon une image assez rancie par les ans, les filles n'arrêtent pas de faire des histoires. Stéphanie Rouget, Nathalie Lenoir et Fanny Desmares l'admettent bien volontiers. Mais chez ces trois-là, les histoires se transforment en scénarios. Elles viennent de lancer un site internet au doux nom de #meufteam. Leur objectif : développer des projets pour le cinéma comme pour la télévision « qui mettent en lumière la femme sous un jour dynamique et moderne. » Mais pas trop sérieusement quand même. Elle se présentent comme des digitals mums qui « utilisent la vie comme matériel d’écriture et s’amusent de tout (surtout d’elles même). » Une chance qu'elles aient de l'humour, car l'image des femmes dans certaines séries télé ne fait pas progresser la cause.
Une mine pourtant, la preuve avec la première production propre de HD1, la chaîne de la TNT.  « Ma Meuf » est une série de 60 épisodes de 3 minutes, programmée du lundi au vendredi à 20H35 à partir du 10 juin. Elle raconte l'histoire de Joseph, apprenti réalisateur, qui filme Margaux, sa copine, depuis leur première rencontre, sans jamais apparaître lui-même à l'écran. Et on voit toute l'utilité de la démarche de la #meufteam : un homme est aux commandes, la femme sa simple marionnette.

L'exercice se solde parfois par une réussite comme « La vie d'Adèle », film récompensé à Cannes. Reste que ce long-métrage est tiré d'une bande dessinée de... Julie Maroh. Une artiste, scénariste et dessinatrice, lesbienne militante, snobée par Abdellatif Kechiche, comme par hasard.  

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.