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vendredi 26 septembre 2014

Cinéma : « Leviathan » ou la Russie crépusculaire


leviathan, cannes, scénario, Zviaguintsev, Elena Liadova
Si la Russie a gagné quelques libertés individuelles en rejetant le communisme, les féodalismes locaux ont la vie dure.


En compétition au dernier Festival de Cannes, « Léviathan » d'Andreï Zviaguintsev a remporté la palme du scénario. L'histoire, simple et noire à souhait, permet de décrire la situation réelle de ce pays, débarrassé de la dictature communiste mais pas des petites féodalités. Le personnage principal, Kolia (Alexeï Serebriakov), ancien parachutiste, s'est retiré dans une petite ville du grand nord, au bord de la mer de Barents, pour y exploiter un garage accolé à la maison familiale depuis quatre générations. Il y vit en compagnie de son fils Roma, adolescent en pleine période de rébellion, et Livia (Elena Liadova), sa jeune et nouvelle épouse. Il aurait tout pour être heureux si le maire (Roman Madianov) n'avait pas décidé de construire à l'emplacement de sa maison un centre de télécommunications.
Après avoir tenté de trouver un arrangement avec Kolia, il passe à la manière forte. Expropriation et indemnités ridicules. Acculé, Kolia se souvient d'un collègue d'armée devenu depuis avocat à Moscou. Dmitri vient passer quelques jours chez son ami avec de nouveaux atouts dans sa manche. La police et la justice locales étant totalement inféodées au maire - caricature d'un Eltsine (pour son alcoolisme et ses rondeurs) mâtiné de la morgue d'un Poutine et de la violence d'un Staline - Dmitri va devoir aller chercher des appuis très haut pour tenter de faire plier l'élu.

Le faible et le fort
Le film, lent et parfois contemplatif, se découpe en plusieurs longues séquences. Elles peuvent présenter la nature sauvage et déserte de cette partie de la Russie, ou les rapports compliqués entre les habitants du cru, tous très portés sur la vodka, alcool qui coule à flot et en permanence. Kolia boit beaucoup. Et devient rapidement violent. Le maire, toujours accompagné de plusieurs nervis, n'est pas en reste. Cela donne cette scène surréaliste où il vient, en pleine nuit, menacer Kolia devant femme et enfant. Toute la noirceur de ce pays, offert aux affairistes et aux mafias locales est résumée dans cet affrontement du faible contre le fort.
Pourtant on y croit à un moment. Dmitri, en plus du soutien d'un homme qui fait trembler rien qu'à l'évocation de son nom, a un dossier circonstancié sur les horreurs commises par le maire.
Un chantage à la vérité qui tourne court. La Russie décrite par Andreï Zviaguintsev a tout de la république bananière ou du comté moyenâgeux. Il n'y fait pas bon vivre avec l'espoir d'une once de liberté. Par contre, on y meurt facilement. Une œuvre forte, à la narration maîtrisée et aux images soignées. Les acteurs sont tous excellents avec cependant une mention spéciale à Elena Liadova, faible et fragile dans cet univers d'hommes rudes et Roman Madianov, archétype de l'homme corrompu par le pouvoir, aussi infime soit-il.

mercredi 6 octobre 2010

Roman - Rêver à bord du Léviathan


Avec « Leviathan », première partie de sa nouvelle trilogie, Scott Westerfeld fait encore plus fort que ses précédentes séries, « Uglies » et « Midnighters ». Il retrouve un genre qu'il apprécie particulièrement, la science-fiction tendance uchronie. L'action se déroule en 1914 en Europe. Le continent est toujours partagé en deux grands empires, Anglais Français et Russes d'un côté, Allemands, Autrichiens et Turcs de l'autre. La grande différence ce sont les technologies. Le premier bloc est darwiniste, le second clanker. Les savants darwinistes ont fait des croisements d'animaux pour les mettre au service des humains. Les clankers ont construit des machines. Deux conceptions totalement différentes de la vie, comme deux évolutions parallèles de notre société. 

Ce roman pour la jeunesse (plutôt les adolescents) a pour héros deux fortes personnalités. Alek, héritier de l'empire austro-hongrois, en fuite après l'assassinat de ses parents par des rebelles serbes et Deryn, jeune fille se faisant passer pour un garçon pour réaliser son rêve, devenir pilote dans l'air service britannique. La fuite d'Alek se fera à bord d'un mécanopode, « l'appareil dépassait le toit des écuries, ses deux pieds métalliques plantés dans la terre meuble du paddock. Il ne s'agissait pas d'une machine d'entraînement mais d'un véritable engin de guerre. Avec un canon ventral, et les museaux épais de deux mitrailleuses Spandau de part et d'autre de son énorme tête. »

Deryn, de son côté, sera affectée sur le Leviathan, « le premier des grands souffleurs d'hydrogène » conçu à partir d'une baleine dont les gaz remplissent des poches lui permettant de voler. « La créature était colossale. De forme cylindrique, elle ressemblait à un zeppelin, mais ses flancs hérissés de cils palpitaient doucement, et une nuée de chauve-souris et d'oiseaux symbiotiques l'environnait. » Une histoire palpitante, des personnages attachants, des inventions qui font rêver : ces 440 pages se dévorent comme un roman de Jules Verne.

« Léviathan », Scott Westerfeld, Pocket Jeunesse, 19 €