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samedi 16 mars 2024

Essai - Lydie Salvayre vénère le dimanche

 Ce texte parfois hilarant, longue réflexion sur la nostalgie des dimanches immobiles qui dérive sur l’inutilité du travail et le droit à la paresse, permet à Lydie Salvayre de mettre les rieurs de son côté. 

Que faites-vous les dimanches ? Êtes-vous de ceux qui attendent impatiemment le lundi et la reprise de la semaine active ou bien, comme Lydie Salvayre, vous aimez vous « réveiller sans l’horrible sonnerie du matin qui fait chuter vos rêves et les ampute à vif. » L’immense majorité aime les dimanches, un jour à part, où il n’y a pas de règle, d’obligation. Et puis le dimanche, normalement, on ne travaille pas. « Nous aimons vaquer dans la maison, en chaussons éventrés et pyjama informe. Et ce total insouci du paraître nous est, à lui seul, une délectation » explique la romancière. Elle se souvient de ces dimanches où, encore jeune, elle restait plongée dans les classiques de la littérature française. Un jour où « nous aimons lanterner, buller ». Bref paresser. Or, selon Lydie Salvayre, « la paresse est ni plus ni moins qu’une philosophie. »

Poursuivant sa réflexion, elle en arrive à se dire que le problème c’est avant tout le travail. Et le petit essai sur la quiétude dominicale se transforme en féroce attaque contre la charge travail qui nous bouffe la vie. « C’est le travail exagéré qui nous use et nous déglingue, au point que nous nous demandons chaque soir si nous pourrons, le lendemain, reprendre le collier, et si nous aurons assez de jus pour poursuivre. » Et de constater, personne ne peut la contredire : « C’est le travail qui prématurément nous fane. C’est le travail qui nous épuise, qui nous brise, qui nous vide… »

Pourtant il existe une solution. Lydie Salvayre se fait la zélatrice du « travail-patience » en opposition au « travail-corvée ». Selon des experts, « quinze heures par semaine de ce travail-patience seraient tout à fait suffisantes ». Beaucoup mieux que les 35 heures !

Ainsi on pourra enfin affronter sereinement le lundi « jour odieux, jour honni, jour maudit entre tous. » Même si les arguments avancés semblent très sérieux, c’est sans oublier un humour de bon aloi avec lequel Lydie Salvayre tente de convaincre ses lecteurs. Elle se met en scène, reconnaît qu’elle va souvent trop loin, qu’elle pousse le bouchon. Mais elle ne fait que suivre la voie des grands anciens, ceux qui avant elle ont combattu ce travail forcément aliénant.

Elle cite Blanqui, le révolutionnaire audois, surnommé « l’Enfermé » car il a passé plus de temps en prison (à ne rien faire…) qu’en liberté. Blanqui qui était ami avec Paul Lafargue, « gendre turbulent de Karl Marx » rédacteur en 1880 d’un « petit traité séditieux qui va défrayer la chronique et quelque peu agacer son illustre beau-père : Le Droit à la paresse. » Car selon lui, le « droit au travail n’est autre qu’un droit à la misère. »

Arrivé à ce niveau de revendication, que même l’extrême gauche actuelle n’ose plus avancer (pourtant il a existé un ministère du Temps Libre dans les années 80 après l’élection de François Mitterrand), comment la bonne fée du dimanche (Lydie Salvayre), va-t-elle se tirer de ce mauvais pas ? Tout simplement en convoquant le plus petit-bourgeois des auteurs français, Marcel Proust en personne. Et dans une nouvelle démonstration éclatante, elle explique que celui qui a écrit A la recherche du temps perdu (16 ans pour accoucher), a tout simplement prouvé que « la paresse est une forme de travail ». Lydie Salvayre connaît cependant bien son public et laisse le dernier mot à… Rabelais.

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« Depuis toujours nous aimons les dimanches » de Lydie Salvayre, Seuil, 108 pages, 16,50 €

lundi 13 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Paradis dominical

huitres, leucate, repas, soleil, été, sortie, dimanche
A cause de la chaleur ? Ou d'un livre lu récemment ("Leucate Univers" de Gérard Gavarry) ? A moins simplement d'une envie de grand air avant l'arrivée des touristes. Bref, hier en fin de matinée, me prend une envie irrépressible d'huîtres de Leucate. Ne vivant pas seul, et décidant rarement du menu du déjeuner, il me faut avant tout persuader mon épouse. Facile, il suffit que je prononce le mot "huîtres" pour que ses yeux s'illuminent. Prête en moins de dix minutes (un record), elle salive d'avance.
Une demi-heure plus tard, sous le soleil mais avec la fraîcheur des bassins pleins de fruits de mer juste à côté, nous voilà attablés dans un des nombreux restaurants-guinguettes du centre de conchyliculture audois. Si le vent sur l'étang propulse les véliplanchistes à de faramineuses vitesses, sur le parking il se contente de brasser poussière et sable. Un petit désagrément vite oublié à l'abri derrière une palissade coupe-vent, quand la serveuse dépose un plateau de douze grosses huîtres et six palourdes devant ma moitié. Petit bras, je me contente de six moyennes, six moules et six palourdes. Bizarrement, j'adore ces coquillages, mais j'en suis très vite rassasié. Contrairement aux frites, pâtes et autres mets pourtant réputés plus roboratifs. La nature est mal faite (cf mon tour de taille).
Comme le vin, un petit cru local, se laisse boire, l'ensemble transforme ce repas en antichambre du paradis. Fraîcheur, goût, quantité, cadre : tout nous a contentés. Un dimanche parfait pour l'ultime jour d'une semaine de "vacances décalées".