Lucy n'a quasiment pas connu sa mère, disparue quand elle était enfant. Dix ans plus tard, la jeune femme se retrouve confrontée à une autre disparition.
Premier roman de Lara McHugh, « Du même sang » est un thriller remarquablement construit, à l'ambiance trouble et aux nombreuses interrogations. Dans cette campagne reculée de l'Amérique profonde, il ne fait pas bon d'être une trop belle femme. Si en plus, on est une « étrangère » en l'occurrence originaire d'un autre état que le Missouri, on se retrouve rapidement avec toute la population à dos, accusée d'être une sorcière. Lila, quand elle arrive dans la petite ville d'Henbane au cœur des montagnes sauvages d'Ozark, est une jeune fille orpheline, un peu rebelle et à problèmes. Elle vient d'être placée comme employée dans la ferme de Crete Dane. Il a également une épicerie bar restaurant et plusieurs biens immobiliers. Il est riche et ambitieux. Lila va travailler pour lui, dans les champs puis au restaurant. Là elle rencontre Carl, le petit frère de Crete. Ouvrier dans le bâtiment, taciturne, il tombe amoureux de Lila. Elle aussi se jette dans ses bras. Rapidement une petite fille, Lucy, vient égayer le foyer.
Ce passé de Lucy, le lecteur ne le découvre que vers la moitié du roman. Un passé proche qui pèse encore sur les épaules de celle qui est devenue une adolescente. Lucy, indépendant, habituée à vivre seule depuis la disparition de sa mère et que son père, travaille loin et ne revient à la maison que pour noyer son chagrin dans l'alcool. Le roman de Lara McHugh alterne les points de vue. Lucy et Lila en priorité, puis quelques personnages secondaires. Les deux jeunes femmes semblent vivre les mêmes affres à dix années d'intervalle. La vie rêvée de Lila semble beaucoup moins heureuse qu'il n'en a l'air. Un terrible secret familial pèse sur ses épaules. Carl ne parle jamais de sa mère à Lucy. Mais quand Cheri, la meilleure amie de cette dernière disparaît, elle ne peut s'empêcher de mettre en relation ce fait divers avec sa propre histoire.
Récits parallèles
Quand le corps de Cheri est retrouvé démembré sommairement caché dans le tronc d'un immense arbre en bord de rivière, Lucy décide de faire toute la lumière sur ce meurtre. Et en remontant la piste, elle va croiser des hommes et des femmes qui dix ans plus tôt étaient également au centre de la vie de sa mère. Lila a-t-elle été victime du même tueur ? Mais pourquoi le corps n'a jamais été retrouvé ? En posant ces questions, Lucy comprend vite qu'elle met les pieds dans les plats. Jusqu'où peut elle aller sans subir le même sort que sa mère et son amie ? On suit avec anxiété sa progression, qui correspond au récit de Lila dix ans plus tôt. Jusqu'à ce dramatique dernier jour. Réflexion sur les liens familiaux, les secrets et l'entraide dans les petites communautés, ce roman pourrait facilement être adapté au cinéma ou en série, à la façon True Detective (saison 1), avec fausses pistes et véritables horreurs. D'ailleurs un projet existe avec Jennifer Garner en vedette.
« Du même sang » de Laura McHugh, Calmann-Lévy, 20,50 €

Deux êtres à vif se rencontrent, s'affrontent, se comprennent, s'aident et s'aiment dans "En équilibre" de Denis Dercourt. Victime d'un grave accident, Marc (Albert Dupontel), cascadeur équestre, se retrouve dans un fauteuil roulant. Les assurances vont tenter de minimiser ses indemnités. Pour faire baisser le montant, la grosse compagnie envoie sa meilleure arme, Florence (Cécile de France). Prototype de l'execute woman, elle sait manipuler les clients.

Pour ce film écartelé entre Sri Lanka et banlieue parisienne, Jacques Audiard a fait le pari des acteurs non professionnels. Les trois interprètes de la famille en pleine recomposition n'avaient jamais tourné avant Dheepan. Antonythasan Jesuthasan, réfugié en France depuis des années, est très impliqué politiquement et son combat passait jusqu'à maintenant par l'écriture de romans. Côté banlieue, le réalisateur a également puisé dans le vivier de la cité où il a installé ses caméras. À deux exceptions près, Marc Zinga et Vincent Rottiers, le caïd. Habitué des rôles puissants, cet acteur de 29 ans a débuté très jeune. À 15 ans il décroche son premier rôle dans Les Diables. Il y interprète un adolescent fugueur en pleine révolte. Un rôle qu'il va entretenir, multipliant les apparitions dans les films et séries françaises. Son talent lui permet de 'survivre' à cette image d'ado rebelle. On le retrouve dans des films intimistes comme Valentin Valentin ou Le monde nous appartient. Dans Dheepan, il parvient à insuffler une belle humanité à un homme en sursis. La loi de la cité, pire que celle de la jungle ou d'un monde en guerre, ne lui laisse que peu d'espoir. Il fait ce que tout le monde attend de lui : menacer, punir, être intransigeant et, quand il le faut, tuer. Sa relation avec Yalini, qui s'occupe de son père handicapé, est une goutte d'espoir et de paix dans un film où la fureur est omniprésente.
Durant quelques heures, lundi matin, tous mes repères ont volé en éclats. La faute au « mercato » des radios. Aux petites heures du matin, en même temps que mon café corsé, je zappe sur les différentes sessions d'informations des radios généralistes. Au gré des chroniqueurs, intervieweurs ou invités, je passe de France Inter à Europe 1, de Culture à RTL avec même parfois un détour sur RMC. Si la rentrée des classes a lieu début septembre et celle de la télévision un peu plus tard, à la radio les nouveaux programmes démarrent durant la dernière semaine d'août. Lundi je me lui laissé surprendre. Sur France Inter, en lieu et place d'Alex Vizorek à 6 h 55, j'entends Daniel Morin que j'écoutais habituellement vers midi. Quelques minutes plus tard, Alex Taylor prend la parole. Mais le brillant British abandonne la revue de presse européenne d'Inter pour officier sur Europe 1. Dans le chamboule-tout de l'info matinale, Raphaëlle Duchemin présente le journal de 8 heures. Pas de France Info, sa maison de toujours, mais de la matinale de Jean-Jacques Bourdin sur RMC. De même, Jean-Michel Apathie, voix emblématique de RTL, change de crèmerie et d'horaire. Terminées les interviews politiques courtes, il bénéficie désormais de deux longues heures d'antenne entre 12 et 14 heures sur Europe 1. Tout cela semble bien déstabilisant pour l'auditeur aux habitudes bien ancrées que je suis. Heureusement mon petit bonheur quotidien est toujours au rendez-vous : Charline Vanhoenacker, la belle Belge blagueuse, conserve sa chronique à 7 h 55 sur France Inter.
On se lamente parfois de l’ultra violence contenue dans certains films actuels. Pourtant ce n’est pas un phénomène récent. En 1977, « Rolling Thunder » de John Flynn avec William Devane, Tommy Lee Jones et Linda Haynes explose les limites du genre. Au scénario Paul Schrader, auréolé du succès de « Taxi driver ». Il signe une nouvelle histoire d’homme en colère qui rend coup pour coup.
Les scénaristes d'Hollywood ont du mouron à se faire. La réalité dépasse largement la fiction dans l'attentat déjoué du Thalys vendredi dernier. Pourtant on ne retrouve pas beaucoup des ingrédients habituels des blockbusters à grand spectacle qui engendrent des millions d'entrée. Les héros ? Jeunes et patriotes. Ça c'est bon, coco. Le méchant ? Barbu et basané. Parfait. Par contre pas d'héroïne. Ni de long suspense. L'action du film dure à peine 5 minutes. Normalement, un film d'action dans un train implique longues bagarres dans les couloirs, voire course-poursuite sur les toits des wagons. Là, « juste » un coup de feu, quelques lacératsons au cutter et une bonne volée de directs à la face par des militaires pas impressionnés pour deux sous par l'artillerie du terroriste. La grosse différence aussi dans le fait divers de vendredi réside dans l'absence de rebondissement. Pas de premier massacre afin de détester le méchant. En réalité, si un auteur raconte le « pitch » de « Terreur dans le Thalys », il n'a aucune chance de trouver un producteur. « Alors le terroriste monte dans le TGV. Il sort sa kalachnikov, tire un coup. L'arme s'enraye. Deux jeunes Américains mettent le type KO. » « Et puis ? », demande le producteur. « Et puis c'est fini... » répond le scénariste. Pourtant cette histoire, aussi minimaliste soit-elle, incite des millions de personnes à rêver. Tout son intérêt est conditionné par le « Et s'ils n'avaient pas été là... » Multiplier les cadavres dans un film est permis. Même conseillé. Dans la vraie vie et le cas présent, c'est l'inverse qui passionne les foules.

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Mais pour être sûr de faire le bon choix, il préfère tester avant de s'engager. Paul-André contacte Violette et lui propose cet étonnant marché : il efface toutes ses dettes si elle accepte de lui louer sa famille durant un mois. Cela implique qu'il s'installe chez elle, fasse comme s'il était son compagnon et s'occupe des deux enfants qui deviendraient de fait un peu les siens. Un peu comme si un Duquesnoy se mettait en (faux) ménage avec une Groseille.
Elle endosse la peau de cette fille de paysan avec une aisance incroyable. Izïa Higelin, déjà récompensée d'un César pour son premier rôle dans le film Mauvaise fille est de ces comédiennes qui osent tout. Au volant de son tracteur ou juchée en haut de la moissonneuse-batteuse, elle est crédible de bout en bout. Une femme forte, mais pleine de doutes. Attachée à cette terre, ce patrimoine, cette vie au grand air. Pourtant elle est insatisfaite, bloquée par l'étroitesse d'esprit de ses voisins. Une double personnalité peu évidente à interpréter. Mais Izïa Higelin a de qui tenir. Cette fille de saltimbanque, après nombre de concerts et trois albums, a décidé, comme son père Jacques à ses débuts, de toucher à tout ce qui peut être artistique. Sur scène, son énergie débordante fait des merveilles, son dernier tube La Vague en est l'illustration parfaite. Devant une caméra, il faut parfois savoir aller contre son tempérament. Delphine est secrète, timide et introvertie. C'est dire s'il s'agissait d'un rôle de composition pour la fougueuse Izïa.
Quatre-vingt-dix euros. Le prix de bonnes chaussures de ville. La conductrice de Haute-Garonne récemment verbalisée car elle était au volant en tongs aurait mieux fait de craquer pour une paire de Louboutin (même si ces talons de 15 cm ne favorisent pas l'utilisation des pédales). Certes le prix n'est pas le même, mais au moins c'est joli. Le paradoxe c'est que l'affaire rendue publique a permis aux consommateurs de constater que la gardienne de la paix s'est montrée un peu trop zélée. Il n'est pas interdit stricto sensu de conduire en tongs. Mais le représentant de la loi peut exiger que « tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent. » Freiner en urgence avec des tongs est effectivement handicapant et dangereux. Surtout si on transpire des pieds. Les tongs, longtemps appelées claquettes dans les campagnes françaises, sont pourtant incontournables dans la région en été. Idéales pour faire le trajet du bungalow à la plage, leur confort pousse nombre de vacanciers à ne plus les quitter. Si en voiture on peut encore argumenter, par contre en scooter, elles sont complètement interdites. Paradoxe ultime : un conducteur de deux-roues qui porte bien un casque mais est habillé en short, tee-shirt et tongs. Et le « friday wear » mode anglo-saxonne qui privilégie la tenue sportive-classe le vendredi, n'autorise personne à venir travailler en tongs. La limite de la décontraction reste le bon goût. 
Melting pot de genres dans ce roman signé Catherine Velle. « Un pas dans les nuages » a des airs de terroir avec ses longues odes à la beauté des Cévennes, un embryon de thriller avec un mystérieux « méchant » qui en veut la belle héroïne et enfin un petit côté fleur bleue avec la romance entre la solitaire et le météorologue taciturne. Cette hésitation dans l'orientation principale du texte est la seule réservé à émettre. On est forcément un peu déçu car ces 350 pages sont un peu courtes pour bien développer l'intrique policière, donner réellement l'envie d'aller crapahuter sur les pentes du mont Aigoual et vibrer à cette histoire de coup de foudre un peu téléphonée, météo oblige. Reste un roman idéal pour se distraire en vacances, dépaysant et sans prise de tête. 


La terre court à sa perte. Pas besoin d'être un grand économiste ou scientifique bardé de diplômes pour s'en douter. Cette évidence est souvent utilisée comme base aux scénaristes et romanciers de science-fiction. « Battle for Skyark » de Simon Hung part de ce postulat. Réchauffement climatique oblige, la terre n'est plus qu'un désert brûlant. Des monstres ont fait leur apparition et l'Humanité a construit une immense arche en orbite pour y vivre plus sereinement. Classique. La suite l'est moins. Comme le film s'adresse plutôt aux enfants et adolescents, ce sont ces derniers qui sont expédiés, par châtiment, sur terre pour expier leurs fautes. Le jeune Rags (Caon Mortenson) tombe en plein désert. Il est rapidement aidé par une bande de jeunes rebelles, survivant vaille que vaille dans le « camp des damnés ». Ils attendent le messie, celui qui les délivrera des attaques des monstres. Il sera porteur d'un signe : treize cicatrices sur le bras. Rags, blessé dans sa rentrée dans l'atmosphère, a justement ces treize ombres. Est-il le sauveur ? Comment va-t-il se transformer en vaillant guerrier lui qui n'est qu'un enfant sage, renvoyé sur terre car son père était un opposant politique ? De pleutre il devient héros... 

