lundi 31 août 2015

Livres - Mère et fille, destin croisé et "Du même sang"

Lucy n'a quasiment pas connu sa mère, disparue quand elle était enfant. Dix ans plus tard, la jeune femme se retrouve confrontée à une autre disparition.

Premier roman de Lara McHugh, « Du même sang » est un thriller remarquablement construit, à l'ambiance trouble et aux nombreuses interrogations. Dans cette campagne reculée de l'Amérique profonde, il ne fait pas bon d'être une trop belle femme. Si en plus, on est une « étrangère » en l'occurrence originaire d'un autre état que le Missouri, on se retrouve rapidement avec toute la population à dos, accusée d'être une sorcière. Lila, quand elle arrive dans la petite ville d'Henbane au cœur des montagnes sauvages d'Ozark, est une jeune fille orpheline, un peu rebelle et à problèmes. Elle vient d'être placée comme employée dans la ferme de Crete Dane. Il a également une épicerie bar restaurant et plusieurs biens immobiliers. Il est riche et ambitieux. Lila va travailler pour lui, dans les champs puis au restaurant. Là elle rencontre Carl, le petit frère de Crete. Ouvrier dans le bâtiment, taciturne, il tombe amoureux de Lila. Elle aussi se jette dans ses bras. Rapidement une petite fille, Lucy, vient égayer le foyer.
Ce passé de Lucy, le lecteur ne le découvre que vers la moitié du roman. Un passé proche qui pèse encore sur les épaules de celle qui est devenue une adolescente. Lucy, indépendant, habituée à vivre seule depuis la disparition de sa mère et que son père, travaille loin et ne revient à la maison que pour noyer son chagrin dans l'alcool. Le roman de Lara McHugh alterne les points de vue. Lucy et Lila en priorité, puis quelques personnages secondaires. Les deux jeunes femmes semblent vivre les mêmes affres à dix années d'intervalle. La vie rêvée de Lila semble beaucoup moins heureuse qu'il n'en a l'air. Un terrible secret familial pèse sur ses épaules. Carl ne parle jamais de sa mère à Lucy. Mais quand Cheri, la meilleure amie de cette dernière disparaît, elle ne peut s'empêcher de mettre en relation ce fait divers avec sa propre histoire.

Récits parallèles
Quand le corps de Cheri est retrouvé démembré sommairement caché dans le tronc d'un immense arbre en bord de rivière, Lucy décide de faire toute la lumière sur ce meurtre. Et en remontant la piste, elle va croiser des hommes et des femmes qui dix ans plus tôt étaient également au centre de la vie de sa mère. Lila a-t-elle été victime du même tueur ? Mais pourquoi le corps n'a jamais été retrouvé ? En posant ces questions, Lucy comprend vite qu'elle met les pieds dans les plats. Jusqu'où peut elle aller sans subir le même sort que sa mère et son amie ? On suit avec anxiété sa progression, qui correspond au récit de Lila dix ans plus tôt. Jusqu'à ce dramatique dernier jour. Réflexion sur les liens familiaux, les secrets et l'entraide dans les petites communautés, ce roman pourrait facilement être adapté au cinéma ou en série, à la façon True Detective (saison 1), avec fausses pistes et véritables horreurs. D'ailleurs un projet existe avec Jennifer Garner en vedette.
« Du même sang » de Laura McHugh, Calmann-Lévy, 20,50 €

dimanche 30 août 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - L'attraction de la dépression


Les Anglais m'énervent. Trop brillants, trop originaux. Nous en France, quand on crée des parcs d'attraction, ils glorifient soit Disney, soit des pointures de la BD comme Astérix et prochainement Spirou près d'Avignon. Outre-Manche, vous pouvez visiter jusqu'à fin septembre Dismaland, parc d'attraction « lugubre et sinistre » tout droit sorti de l'imagination de Banksy, l'artiste de rue sans visage. Présenté comme ça, Dismaland ne semble pas particulièrement attractif (un comble pour un espace qui en porte le nom), pourtant je rêve de débourser les quatre euros demandés pour visiter la vingtaine d'animations. Loin du politiquement correct, Banksy dénonce avec violence les pires dérives de notre société. 
Aidé d'autres artistes aussi subversifs que lui, il propose par exemple une pêche aux canards dans une piscine remplie de pétrole avec en son centre un cormoran englué dans l'or noir. Sur le manège à cheval, un mannequin, en blouse de boucher, est assis sur une caisse de lasagnes. Les enfants peuvent faire du toboggan depuis le toit d'un fourgon de police et dans une petite rivière, des barques surchargées de mannequins-migrants tournent en rond sans jamais pouvoir rejoindre la terre ferme. 
C'est sale, glauque, monstrueux... et fascinant. Comme un amplificateur de notre monde en perdition. Le public répond présent, le parc ne désemplit pas. Le plus dingue en reste la localisation : une petite station balnéaire près de Bristol. Alors maintenant, quel homme politique de la région aura le courage de proposer la création d'un Port Banksy à demeure pour dynamiser le tourisme local ?

samedi 29 août 2015

DVD - Se relever, toujours se relever quand on est "En équilibre"

Deux êtres à vif se rencontrent, s'affrontent, se comprennent, s'aident et s'aiment dans "En équilibre" de Denis Dercourt. Victime d'un grave accident, Marc (Albert Dupontel), cascadeur équestre, se retrouve dans un fauteuil roulant. Les assurances vont tenter de minimiser ses indemnités. Pour faire baisser le montant, la grosse compagnie envoie sa meilleure arme, Florence (Cécile de France). Prototype de l'execute woman, elle sait manipuler les clients.


Après plusieurs mois d'hôpital, Marc rentre dans sa ferme où il n'a qu'un seul et unique bien de valeur : Othello, son cheval. Pourtant c'est lui qui l'a conduit au bord de la faillite. Lors du tournage d'un film historique, Marc traverse un champ de bataille, une bombe explose, le cheval se cabre et il chute. Un enfantillage pour le duo qui a réalisé cette cascade des centaines de fois. Mais un chien est le grain de sable dans les rouages, le cheval fait un écart et piétine Marc. Colonne vertébrale brisée, il se retrouve privé de ses jambes. De son métier aussi. Florence rend visite régulièrement à Marc. Pour négocier les termes définitifs de l'indemnisation. Mais Marc veut plus. Beaucoup plus.
De la haine à l'amour

Les premiers face à face sont tendus. Si la jeune femme tente la douceur dans un premier temps, sa hiérarchie la pousse à passer à la vitesse supérieure. Pression et intimidation. Acculé, Marc est sur le point d'accepter pour sauver le cheval en passe d'être saisi. Mais Florence, comme dégoûtée par son propre double jeu, l'en dissuade et lui donne des armes pour remporter son procès contre les assurances. Ce revirement est au centre du film. Outre une attirance physique pour le fier cavalier, Florence découvre une force dans cet homme cloué dans sa chaise roulante, force qui lui a fait défaut à un moment de sa vie. Avant de s'occuper de sinistres, de devenir une mère exemplaire et une épouse déçue, Florence se rêvait en pianiste professionnelle. Au premier échec elle a abandonné... Marc, malgré son handicap, n'a qu'un désir : remonter à cheval. Rien ne peut l'arrêter.

Albert Dupontel, cavalier émérite, a tourné toutes les scènes équestres. Cécile de France a pris des cours de piano pour se mettre dans la peau de cette musicienne aigrie, passionnée mais incertaine de son talent.
Reste les plus belles scènes, les regards entre ces deux êtres que normalement tout oppose. Langoureux, admiratifs, amoureux : ils transcendent cette relation, se fortifient l'un l'autre pour au final atteindre "leur quête, leur inaccessible étoile... »

"En équilibre", Studiocanal, 14,99 euros le DVD, 15,99 euros le blu-ray.


DE CHOSES ET D'AUTRES - De l'art de rebondir

Nicolas Sarkozy a souvent été accusé durant son quinquennat (et même avant, quand il était ministre de l'Intérieur) de profiter du moindre fait divers pour imposer une nouvelle loi sécuritaire. La pratique semble avoir fait des émules. A droite comme à gauche. Après l'attentat déjoué dans le Thalys, Alain Vidalies, ministre des Transports, a secoué son propre camp en demandant plus de contrôles dans les gares, quitte à promouvoir le « délit de sale gueule » quand il déclare préférer « qu'on discrimine effectivement pour être efficaces plutôt que de rester spectateurs. » Je serais barbu et basané, j'éviterais de voyager durant les prochains mois... Dans la même veine, Valérie Pécresse, tête de liste « Les Républicains » aux régionales en Île-de-France veut que les policiers conservent leur arme de service en rentrant chez eux. Surtout s'ils prennent le métro ou le RER. On ne va quand même pas laisser le rôle de héros aux Américains experts en combat à mains nues. Cette initiative risque bien évidemment de faire exploser les statistiques de suicides de fonctionnaires de police, mais la prévention implique parfois quelques dommages collatéraux. L'art de rebondir sur un fait divers n'est pas l'apanage des politiques français. Mercredi, quelques heures après le meurtre en direct de deux journalistes d'une télévision locale, la Maison Blanche a appelé le Congrès à légiférer pour mieux encadrer la vente et l'utilisation des armes à feu (une bonne idée en l'occurrence). La technique de la récupération de l'émotion légitime a de beaux jours devant elle.

vendredi 28 août 2015

Cinéma : Dheepan, le Tigre nettoie la Cité


Palme d'or à Cannes, "Dheepan" de Jacques Audiard aborde deux problèmes d'actualité : l'intégration des réfugiés en Occident et la délinquance des cités.



Le cinéma français sait encore étonner et émouvoir. Jacques Audiard l'a brillamment prouvé au dernier festival de Cannes, décrochant la Palme d'or avec son film Dheepan, portrait d'un réfugié politique sri-lankais perdu dans une autre jungle, celle des cités "chaudes" de la banlieue parisienne. Pourtant la jungle, Dheepan (Antonythasan Jesuthasan) l'a beaucoup pratiquée. Membre des Tigres tamouls, armée révolutionnaire enlisée dans une guerre sans fin pour l'indépendance du pays, il a tué tant et plus. Le film s'ouvre par la confection d'un bûcher. Au milieu d'une cocoteraie qui devrait n'être qu'un paysage digne du paradis, les rescapés d'une bataille entassent les cadavres, les recouvrent de bois et y mettent le feu. Dheepan, le soir venu, s'habille en civil et jette son uniforme dans les braises. Il va changer de vie. Tourner le dos à la guerre. Mais pour obtenir le statut de réfugié politique, les ONG internationales cherchent surtout des familles. Dans un immense camp de réfugiés, il obtient de nouveaux papiers. Pour lui, sa femme et sa fille. Reste à trouver les deux autres tiers de la famille. Ce sera Yallini (Kalieaswari Srinivasan) et Illayaal (Claudine Vinasithamby), fillette de 9 ans orpheline.
Fausse famille

Trois êtres en perdition, qui ne se connaissent pas mais ont cependant en commun le désir de quitter cette guerre qui leur a enlevé toute famille et (presque) humanité. Les scènes tournées dans le camp, avec départ en bateau surchargé, résonnent étrangement en cette fin d'été 2015. Le conflit au Sri-Lanka est terminé, mais d'autres pays sur Terre se déchirent et poussent des milliers de réfugiés à chercher refuge dans la vieille Europe. Ils espèrent rejoindre l'Angleterre, comme Yallini qui a une cousine installée près de Londres. Finalement la fausse famille au lourd secret débarque à Paris. Dheepan obtient même un emploi : gardien d'un HLM dans la cité du Pré en région parisienne. Payé, logé, en voie d'intégration on espère que c'est la fin des galères pour ces trois solitaires qui, au fil du temps, apprennent à se connaître, s'apprécier, s'aimer et même à se rêver en véritable famille. Pas de chance, la cité où ils viennent de s'installer est gangrenée par le trafic de drogue. Brahim (Vincent Rottiers), le caïd, après un séjour en prison, reprend les choses en main et voit d'un mauvais œil les efforts de Dheepan pour rendre la cité plus accueillante. L'ancien Tigre aide les personnes âgées, répare les ascenseurs et nettoie les parties communes. Il donne au nouvel espoir aux habitants 'normaux' de la cité, dépossédés de leur lieu de vie par les petits voyous. Jacques Audiard insuffle alors un côté Justicier dans la ville à son long-métrage. Cependant très loin des films de Charles Bronson comme certains l'ont caricaturé, mais avec suffisamment de réalisme pour que Dheepan retrouve son âme de Tigre et apprenne aux "cailleras de la téci" qu'il ne faut pas se croire toujours en pays conquis. Sous des airs de documentaire durant la première partie, le film aborde également la problématique de la condition des femmes et du repenti des criminels de guerre. Avant sa sortie, le film devait d'ailleurs s'appeler Dheepan, l'homme qui n'aimait pas la guerre, titre explicite sur la personnalité de ce héros exténué par le bruit des armes.
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Vincent Rottiers, le seul professionnel
Pour ce film écartelé entre Sri Lanka et banlieue parisienne, Jacques Audiard a fait le pari des acteurs non professionnels. Les trois interprètes de la famille en pleine recomposition n'avaient jamais tourné avant Dheepan. Antonythasan Jesuthasan, réfugié en France depuis des années, est très impliqué politiquement et son combat passait jusqu'à maintenant par l'écriture de romans. Côté banlieue, le réalisateur a également puisé dans le vivier de la cité où il a installé ses caméras. À deux exceptions près, Marc Zinga et Vincent Rottiers, le caïd. Habitué des rôles puissants, cet acteur de 29 ans a débuté très jeune. À 15 ans il décroche son premier rôle dans Les Diables. Il y interprète un adolescent fugueur en pleine révolte. Un rôle qu'il va entretenir, multipliant les apparitions dans les films et séries françaises. Son talent lui permet de 'survivre' à cette image d'ado rebelle. On le retrouve dans des films intimistes comme Valentin Valentin ou Le monde nous appartient. Dans Dheepan, il parvient à insuffler une belle humanité à un homme en sursis. La loi de la cité, pire que celle de la jungle ou d'un monde en guerre, ne lui laisse que peu d'espoir. Il fait ce que tout le monde attend de lui : menacer, punir, être intransigeant et, quand il le faut, tuer. Sa relation avec Yalini, qui s'occupe de son père handicapé, est une goutte d'espoir et de paix dans un film où la fureur est omniprésente.

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le hamburger caca

Une étude de santé s'est propagée sur internet comme une épidémie de gastro dans un cocktail mondain. Son titre fait frémir : « Presque tous les burgers contiennent de la matière fécale ». Jamais la célèbre expression de Jean-Pierre Coffe n'aura était autant d'actualité. « C'est de la merde ! » avait-il l'habitude de s'exclamer après avoir goûté du jambon ou autre nourriture industrielle. Donc, ces hamburgers achetés à prix d'or dans les fast-foods sont réellement de la merde, traduction non politiquement correcte de « matière fécale ». Selon cette étude menée par par le magazine américain Consumer Reports, les excréments viennent de la viande hachée. Les entérocoques (nom des bactéries fécales détectées) sont présentes sur la peau et dans les intestins des animaux. Le tout est broyé pour obtenir la matière première des steacks. Tout est mélangé et il devient impossible de ne pas ingurgiter quelques-unes de ces matières fécales en dégustant (façon de parler...) son burger. Et ne croyez pas qu'un peu de caca soit sans conséquence pour votre santé : l'étude est formelle, « cela peut provoquer chez l’homme des infections sanguines et urinaires. »

La solution consiste à cuire la viande à plus de 70° pour tuer toutes les bactéries. Une alternative qui fera bondir les amateurs de viande cuite « bleue ». Mais généralement, ces fins gourmets ne mettent jamais les pieds (et encore moins leurs papilles) dans les enseignes de restauration rapide. Et plus ça va, plus je les comprend !

jeudi 27 août 2015

BD - Melting-pot d'amies


Connue pour son franc-parler et ses positions tranchées, Rokhaya Diallo fait partie de cette nouvelle génération de Françaises qui ne se laissent pas marcher sur les pieds. Noire et Française, elle revendique son originalité et lutte sans cesse contre le racisme. Après avoir longtemps travaillé comme journaliste et chroniqueuse dans différents médias parisiens, elle franchit le cap de la fiction en signant le scénario de « Pari(s) d'amies », chronique sociale contemporaine dessinée par Kim Consigny
Ce roman graphique raconte la vie quotidienne de ces cinq jeunes Parisiennes. Une métisse qui revient des USA, le cœur brisé, une Africaine devenue executive woman en couple avec un aristocrate, une Maghrébine reine de l'évènementiel et une Asiatique, lesbienne et rappeuse. Sans oublier la Française de souche, la plus politisée au final, prof engagée tombée dans les griffes d'un beau philosophe des plateaux télé. C'est léger, frais et drôlement réaliste. Un certain Paris, joli melting-pot de couleurs et de personnalités.

« Pari(s) d'amies », Delcourt, 17,95 €


mercredi 26 août 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Fuites de radios actives

charline, alex taylor, vizorek, france inter, europe 1Durant quelques heures, lundi matin, tous mes repères ont volé en éclats. La faute au « mercato » des radios. Aux petites heures du matin, en même temps que mon café corsé, je zappe sur les différentes sessions d'informations des radios généralistes. Au gré des chroniqueurs, intervieweurs ou invités, je passe de France Inter à Europe 1, de Culture à RTL avec même parfois un détour sur RMC. Si la rentrée des classes a lieu début septembre et celle de la télévision un peu plus tard, à la radio les nouveaux programmes démarrent durant la dernière semaine d'août. Lundi je me lui laissé surprendre. Sur France Inter, en lieu et place d'Alex Vizorek à 6 h 55, j'entends Daniel Morin que j'écoutais habituellement vers midi. Quelques minutes plus tard, Alex Taylor prend la parole. Mais le brillant British abandonne la revue de presse européenne d'Inter pour officier sur Europe 1. Dans le chamboule-tout de l'info matinale, Raphaëlle Duchemin présente le journal de 8 heures. Pas de France Info, sa maison de toujours, mais de la matinale de Jean-Jacques Bourdin sur RMC. De même, Jean-Michel Apathie, voix emblématique de RTL, change de crèmerie et d'horaire. Terminées les interviews politiques courtes, il bénéficie désormais de deux longues heures d'antenne entre 12 et 14 heures sur Europe 1. Tout cela semble bien déstabilisant pour l'auditeur aux habitudes bien ancrées que je suis. Heureusement mon petit bonheur quotidien est toujours au rendez-vous : Charline Vanhoenacker, la belle Belge blagueuse, conserve sa chronique à 7 h 55 sur France Inter. 

Le Billet de Charline : "La Légion d'honneur... par franceinter

DVD - Ex-prisonnier en colère dans le très violent "Rolling Thunder"

Chef-d’œuvre du film noir, « Rolling Thunder » de John Flynn ressort en DVD et blu-ray.


On se lamente parfois de l’ultra violence contenue dans certains films actuels. Pourtant ce n’est pas un phénomène récent. En 1977, « Rolling Thunder » de John Flynn avec William Devane, Tommy Lee Jones et Linda Haynes explose les limites du genre. Au scénario Paul Schrader, auréolé du succès de « Taxi driver ». Il signe une nouvelle histoire d’homme en colère qui rend coup pour coup. Le major Charles Rane (William Devane) vient de passer sept longues années dans les geôles du Vietnam. Un retour triomphal dans sa ville du Texas n’efface pas ce cauchemar interminable. Il reçoit honneurs et pluie de cadeaux dont une belle somme d’argent. Détruit psychologiquement, il doit en plus constater que sa femme ne l’a pas attendu, préférant refaire sa vie avec un ami. Quant à son fils, il ne l’a connu que bébé. Aujourd’hui il reste un inconnu pour lui. A croire que quand la poisse vous prend en grippe, cela ne s’arrête pas du jour au lendemain. Des voyous viennent le cambrioler, lui broient la main pour lui faire avouer où il cache son argent et en partant abattent femme et enfant.
Quelques mois plus tard, l’homme au crochet se lance à la poursuite des meurtriers pour une « Légitime défense » (titre en Français lors de sa sortie en salles) sanglante et expéditive. En plus de scènes chocs dans quelques bas-fonds mexicains (ruine industrielle, immense marché aux bestiaux ou maison close), on a le plaisir de découvrir Tommy Lee Jones en jeune soldat fidèle à son commandant et la blonde la plus sensuelle de l’époque, Linda Haynes, au jeu effronté et aussi désespérée que le héros.


« Rolling Thunder », Wild Side, coffret DVD, blu-ray et livre, 29,99 euros

mardi 25 août 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Bravo, boys !


Les scénaristes d'Hollywood ont du mouron à se faire. La réalité dépasse largement la fiction dans l'attentat déjoué du Thalys vendredi dernier. Pourtant on ne retrouve pas beaucoup des ingrédients habituels des blockbusters à grand spectacle qui engendrent des millions d'entrée. Les héros ? Jeunes et patriotes. Ça c'est bon, coco. Le méchant ? Barbu et basané. Parfait. Par contre pas d'héroïne. Ni de long suspense. L'action du film dure à peine 5 minutes. Normalement, un film d'action dans un train implique longues bagarres dans les couloirs, voire course-poursuite sur les toits des wagons. Là, « juste » un coup de feu, quelques lacératsons au cutter et une bonne volée de directs à la face par des militaires pas impressionnés pour deux sous par l'artillerie du terroriste. 
La grosse différence aussi dans le fait divers de vendredi réside dans l'absence de rebondissement. Pas de premier massacre afin de détester le méchant. En réalité, si un auteur raconte le « pitch » de « Terreur dans le Thalys », il n'a aucune chance de trouver un producteur. « Alors le terroriste monte dans le TGV. Il sort sa kalachnikov, tire un coup. L'arme s'enraye. Deux jeunes Américains mettent le type KO.  » « Et puis ? », demande le producteur. « Et puis c'est fini... » répond le scénariste. Pourtant cette histoire, aussi minimaliste soit-elle, incite des millions de personnes à rêver. Tout son intérêt est conditionné par le « Et s'ils n'avaient pas été là... » Multiplier les cadavres dans un film est permis. Même conseillé. Dans la vraie vie et le cas présent, c'est l'inverse qui passionne les foules.

lundi 24 août 2015

BD - Papyrus enfin Pharaon


33e et dernier album des aventures de Papyrus, le jeune héros égyptien imaginé par De Gieter dans les pages de Spirou depuis une quarantaine d'années. Logique quand on sait que l'auteur belge a plus de 82 ans et qu'il a signé ses premiers dessins dans Spirou au début des années 60. Plus de 50 ans de carrière, beaucoup en rêvent. D'autant que les albums de Papyrus ont remporté un beau succès au fil des ans. 
Pour cette ultime série, si le trait est moins sûr, les personnages secondaires restent hilarants, notamment le pauvre Pouin, harcelé par sa femme, obligé de partir à l'aventure à la recherche de son infatigable ami. Tout débute par une petite brouille entre Théti-Chéri et Papyrus. Un quiproquo et une rumeur plus tard, voilà notre héros banni par le Pharaon. Pourquoi ? Qui le manipule ? L'album prend des airs d'enquête policière. Contrairement aux autres tomes, quasiment pas d'éléments fantastique si ce n'est une double page reprenant tous les cauchemars du héros. Une sorte de fresque résumant la saga qui provoquera le versement d'une petit larme pour les fidèles de la série.

« Papyrus » (tome 33), Dupuis, 10,60 €

dimanche 23 août 2015

BD - Bourreaux en fuite


L'histoire de la Brigade juive est relativement peu connue. Lors de la libération de l'Europe par les alliés, une brigade uniquement composée de combattants de confession juive est envoyée en avant-garde. Sa mission : traquer les criminels de guerre et permettre aux rescapés des camps de la mort de rejoindre la Palestine. 
Leslie, ancien pilote de course, se charge de la première partie, Ari, son ami, de la seconde. Durant l'été 45, l'Allemagne a enfin capitulé. Russes, Américains et britanniques se partagent le pays en ruines. A Salzbourg, Leslie est sur la trace d'un des SS les plus impitoyables. Il doit l'intercepter avant qu'il ne puisse rejoindre l'Argentine, dernier pays ami, en passant par l'Espagne
Le récit de Marvano, entre réalité et fiction, donne surtout l'occasion au lecteur de comprendre pourquoi des milliers de Juifs ont choisi de quitter cette Europe où une fois les Nazis éliminés, il restait toujours autant d'antisémites prêts à les ostraciser. Puissant et prenant.

« La brigade juive » (tome 2), Dargaud, 13,99 €

DE CHOSES ET D'AUTRES - Lire en bus, ticket gagnant

Formidable initiative d'une ville roumaine : des transports en commun gratuits. Seule condition, lire. Oui, simplement dévorer un bouquin, tranquille, pendant le trajet domicile-travail. L'idée vient d'un usager, qui l'a si bien vendue au maire que ce dernier a décidé de tenter l'expérience. Trois jours seulement (pas fous les Roumains). Suffisamment cependant pour générer une sacrée publicité à la ville de Cluj-Napoca. Grand lecteur devant l'éternel, cette initiative me semble le comble de la perfection. A une réserve près, qui ne doit pas m'être spécifique, dès que je me mets à lire dans un bus, je souffre de nausées incoercibles. Des hauts-le-cœur immédiats. 
J'ai pourtant essayé à maintes reprises, avec le même résultat. A l'heure des nouvelles technologies j'ai tenté le smartphone. Inenvisageable également. Bref, cette expérience roumaine ne me paraît plus si appropriée. Par contre, je serais ravi que d'autres entreprises de transport récupèrent l'initiative. La SNCF par exemple. Dans un TGV, lire est un véritable plaisir. Même essentiel, car les trajets encore assez longuets sont souvent émaillés de retards imprévus. La prochaine fois que je « monte » à Paris, je promets de lire un roman en entier en échange d'un billet gratuit. 
Sept heures de train correspondent à 300 pages (en comptant les quelques moments d'assoupissement aux passages les moins palpitants). Méfiance cependant pour les périples avec correspondance : vous avez toutes les chances de la rater si l'intrigue se révèle trop prenante.

samedi 22 août 2015

BD - La crème de l’humour en série

17 + 31 + 46 : Les trois séries de cette semaine proposent au lecteur pas moins de 94 albums parus. Soit une bonne centaine si l’on ajoute les hors-séries. Du rire longue durée, avec des auteurs sachant parfaitement se renouveler.

Les Profs”, succès éditorial depuis quelques années, accède à un statut supérieur avec le succès de l’adaptation en film. Le second volet des déboires de Gladys, Boulard and Co a attiré des millions de spectateurs. Ils se plongeront avec délice dans ce 17e recueil de gags toujours écrits par Erroc et dessiné par Pica, assisté à l’encrage par Jean Léturgie. Un des thèmes récurrents de cet album est le prochain départ à la retraite de la prof d’anglais. La tyrannique Gladys, toujours en train de hurler et de terroriser de pauvres élèves qui ne demandent qu’à dormir (to sleep en anglais) durant les cours. Au début, elle jubile de quitter ce monde impitoyable. Mais quand elle réalise qu’elle risque de perdre son seul plaisir dans la vie, elle change d’avis et va jusqu’à faire signer une pétition pour retarder son départ. Une BD dans laquelle tout le monde se reconnaît, du cancre au premier de la classe. (Bamboo, 10,60 euros)


Pierre Tombal” fait partie du cheptel de Raoul Cauvin, prolifique scénariste des éditions Dupuis. Avec Marc Hardy au dessin, ils racontent depuis trente ans les rencontres désopilantes de ce fossoyeur poète, parlant avec la Mort, ses clients et autres promeneurs en pleine reconnaissance de leur dernière demeure. Le dessinateur, très sensible aux courbes des jolies filles, a dû se réjouir de l’arrivée d’un nouveau personnage dans la série. Marie Tombal est la cousine de Pierre. Son joli minois l’aide beaucoup dans son travail. Elle aussi s’occupe d’un cimetière. Une concurrence qui a le don de mettre le héros de très mauvais poil. Histoires courtes ou gags, les situations comiques fusent de partout. Sans doute la série la plus hilarante de Cauvin avec “Les Femmes en Blanc”. (Dupuis, 10,60 euros)


Léonard” est le plus ancien de la bande. “Le Génie crève d’écran” est le 46e titre de la série lancée par Turk et De Groot en 1977... Depuis près de 40 ans, le duo multiplie les inventions farfelues et les situations incongrues. Le disciple joue toujours le rôle du souffre-douleur et Léonard celui de l’inventeur totalement dénué de patience. Comme le montre la couverture, il met au point une télévision en relief aux effets immédiats sur le disciple, notamment quand la Miss Météo fait son apparition. On sent quand même une petite lassitude dans les idées, une impression de déjà-vu, malgré les jeux de mots toujours renouvelés. Par contre Turk dessine toujours avec la même précision les décors italiens d’une série qu’il faudrait inventer si elle n’existait pas. (Le Lombard, 10,60 euros)

DE CHOSES ET D'AUTRES - Copains comme cochons

Ma femme me reproche parfois de ne pas avoir d'amis. Ce n'est pas tout à fait vrai. En fait, comme beaucoup d'hommes, depuis le début de notre vie commune, je n'ai plus eu de nouveaux amis. Et mes liens se sont distendus avec les anciens. Mais ils sont toujours mes camarades de jeunesse, ceux avec qui j'ai fait les 400 coups et peuvent à tout moment réapparaître. Un peu comme la relation entre Patrick et Nicolas. Le premier, longtemps petit roi dans son pré carré, a un peu trop joué avec les règles. Au point que toute la fortune immobilière qu'il a accumulée au fil des décennies a littéralement fondu au soleil des malversations découvertes par la justice. Le second, grand roi d'un territoire immense, a perdu son trône au profit de son ennemi de toujours. Pour accéder au pouvoir, Nicolas a eu besoin de ses amis. Patrick a souvent été sollicité. Il était toujours au rendez-vous, sans rechigner, le doigt sur la couture du pantalon, prêt à toutes les folies pour son ami de 30 ans. Alors quand Patrick se retrouve coincé sur le territoire national, délesté de ses résidences secondaires ensoleillées du Maroc et des Antilles et qui plus est privé de passeport pour cause de tracas judiciaire, Nicolas, bon prince (à défaut d'être resté roi), lui offre gîte et couvert dans sa villa en bord de Méditerranée. Alors vous qui n'avez pas pu partir en vacances cet été, rassurez-vous, ce n'est pas le cas de Patrick Balkany. Il a peaufiné son bronzage au Cap Nègre chez Nicolas Sarkozy. A la rentrée, les juges blafards apprécieront.

vendredi 21 août 2015

BD - Horreur en Tchétchénie


Elle semble loin cette redoutable guerre en Tchétchénie. Durant de longues années l'armée russe a combattu contre des rebelles sanguinaires. Aurélien Ducoudray, ancien grand reporter, a utilisé ses connaissances journalistiques pour signer un scénario très fort s'appuyant sur quelques personnages marquant. Dans le premier tome, Ekaterina partait vers la zone de combats pour retrouver son fils, porté disparu. 
Capturée par Bassaiev, elle se retrouve dans une ville de Grozny totalement dévastées avec un soldat russe aveugle, pas son fils mais un homme à sauver quand même. Dans cette seconde partie, les auteurs (le dessin est réalisé par Anlor) tracent le portrait d'une des amazones, ces tireurs d'élite dévoués à la cause musulmane. Mais en face, les troupes russes multiplient elles aussi les exactions avec tout le temps les mêmes victimes : les civils et les enfants. Un regard sensible sur les horreurs d la guerre, toutes les guerres...

« Amère Russie » (tome 2), Bamboo Grand Angle, 13,90 €

BD - Le muet s'explique


Éric Stalner aime changer d'atmosphère pour ses nombreuses réalisations en solo. Après l'anticipation de la « Zone » et le fantastique merveilleux de « Vito », il plonge ses lecteurs dans le milieu des cabarets de New York au XIXe siècle. Le héros, Will, jeune émigrant dont la mère est morte dans un attentat, après de dures années dans un pensionnat pour sourds et muets, trouve une seconde famille au Pink Flamingo
On y boit, on y danse, quelques jeunes femmes y vendent leurs charmes et des truands s'en servent de base arrière. Surtout tout le monde y est traité sur le même pied d'égalité que l'on soit nain ou muet, vieux ou jeune, beau ou laid. Mais ce petit paradis de la liberté individuelle est dans le collimateur de la police. 
De plus, il semble qu'un traitre cherche à faire fermer l'établissement et même assassiner la petite bande. Will va jouer de son infirmité (fausse en réalité, il simule depuis des dizaines d'années) pour découvrir quelques secrets. Un trait réaliste sûr au service d'une histoire très humaine qui pourrait bien rebondir pour un nouveau cycle sur la côte Ouest des USA

« Un long silence » (tome 2), Glénat, 13,90 €

jeudi 20 août 2015

Cinéma - Poelvoorde cherche une 'Famille à louer' et découvre la puissance de l'amour

Superbe comédie de Jean-Pierre Améris sur les familles recomposées d'aujourd'hui.

Violette (Virginie Efira), mère célibataire, est criblée de dettes. Elle multiplie les petits boulots mais ne parvient pas à joindre les deux bouts. Prise en flagrant délit de vol de viande dans un supermarché, son procès est médiatisé. Cette mère qui a basculé dans la délinquance pour nourrir ses enfants émeut la France. Elle devient un symbole de la famille soudée. Paul-André (Benoît Poelvoorde), célibataire endurci, est riche à millions. Il n'a plus besoin de travailler depuis longtemps. Dans sa grande maison il s'ennuie. En découvrant le témoignage de Violette à la télévision, il a l'impression de comprendre ce qui lui manque le plus dans cette vie morne : une famille.

Amour et énergie
Mais pour être sûr de faire le bon choix, il préfère tester avant de s'engager. Paul-André contacte Violette et lui propose cet étonnant marché : il efface toutes ses dettes si elle accepte de lui louer sa famille durant un mois. Cela implique qu'il s'installe chez elle, fasse comme s'il était son compagnon et s'occupe des deux enfants qui deviendraient de fait un peu les siens. Un peu comme si un Duquesnoy se mettait en (faux) ménage avec une Groseille.
L'idée du scénario est venue à Jean-Pierre Améris de son expérience personnelle. Comme Paul-André il a longtemps refusé de s'engager, de s'investir dans une descendance. Mais l'amour est venu contrecarrer ses projets. Il l'a raconté en juillet dernier à Perpignan lors de l'avant-première de son film au Castillet. Il rencontre celle qui va devenir sa compagne. Mais elle a déjà des enfants. Et le voilà propulsé de solitaire un peu ours à chef de famille.
C'est cette évolution de la mentalité du héros qui est au centre du film. Il faut bien l'avouer, au début le personnage de Paul-André est très antipathique. Il semble penser que tout s'achète. Comme si l'amour, la bonté, l'amitié n'existaient pas. Benoît Poelvoorde a donné une épaisseur à cet homme, mal dans sa peau depuis son enfance et son rejet par sa mère (remarquable Edith Scob). Violette, plus solaire et impulsive, va mettre du temps à dompter ce grand timide introverti. Elle saura lui expliquer que la famille ce n'est pas un concept abstrait mais une boule d'énergie et d'amour qui ne cesse d'évoluer. Elle sera tendre ou dure en fonction des circonstances.
Virginie Efira change complètement de registre, abandonnant sa distinction habituelle pour des expressions et des poses dignes des plus effrontées des cagoles du Sud. Cela finit -forcément- en histoire d'amour, même si le chemin sera long et tortueux pour que le riche bourgeois décèle toute la richesse d'une vie de famille simple et sans majordome, en l'occurrence François Morel dont on ne dira jamais combien il est précieux dans ce type de réalisation.

DE CHOSES ET D'AUTRES - L'enfer au quotidien

Parfois, on se demande pourquoi notre vie ressemble tant à un enfer au quotidien. Chômage, coût de la vie, maladie : personne n'est à l'abri. Quand on se sent frappé, la noirceur s'installe dans notre petite bulle de vie. On peut pleurer sur le sort des autres, mais cela sans aucune utilité. Notre propre malheur a toujours l'air plus pesant. Bombardements, naufrages, famine ou pollution au cyanure, s'ils permettent de relativiser, ne calment en rien nos propres tourments. Ce n'est pas parce qu'il y a plus désespéré que soi que nos souffrances en sont adoucies. La solution pour se sortir de ce cercle infernal (plus on pense à notre malheur, plus on se désespère) consiste plutôt à se couper du monde extérieur. Se recentrer sur soi. Sans aller jusqu'à prôner aveuglément la « positive attitude » de la chanteuse Lorie, pourquoi ne pas se féliciter de tous ces petits moments de la vie, infimes, futiles mais si gais quand on y réfléchit bien. Exemple pratique : votre voiture est vieille ? Non, votre voiture roule toujours malgré les milliers de kilomètres affichés au compteur. Vous n'avez presque plus d'argent sur votre compte en banque ? Tant que vous n'êtes pas à découvert, tout est permis. Vos enfants ne vous parlent plus ? Etes-vous sûr qu'ils sont de vous ? (pour les femmes, envisagez la possibilité d'un échange à la maternité). Vous venez de perdre votre emploi ? A votre tour de profiter de la solidarité nationale. Vous êtes mort ? Ah non, là je ne peux rien faire. Mais si vous lisez ces lignes c'est que ce n'est pas le cas. Alors souriez nom d'un chien !

PS : en bonus qui tue : le clip de Lorie !

mercredi 19 août 2015

Cinéma - Femmes, mode d'emploi dans "La belle saison"

Film sur la libération des femmes, 'La belle saison' de Catherine Corsini raconte la difficile émancipation du sexe trop longtemps considéré comme faible.


Au début des années 70, le rôle de la femme dans la société française se réduisait souvent à faire la cuisine et satisfaire le mari. Cela semble un poil caricatural et pourtant... Catherine Corsini, en réalisant La belle saison a certainement voulu rafraîchir la mémoire à quelques machos oublieux du combat titanesque du MLF, Mouvement de libération de la femme. Le long-métrage raconte la rencontre de deux femmes que tout oppose et qui vont pourtant s'apprécier, s'épauler puis s'aimer. Dans son Auvergne natale, Delphine (Izïa Higelin) aide ses parents à la ferme. A 18 ans elle sait traire les vaches, conduire un tracteur et rentrer les foins. Mais elle est en butte avec les envies de son père de lui trouver un mari qui pourrait l'aider. Or, Delphine aime les femmes. Une homosexualité considérée comme une maladie à cette époque. Oppressée dans ce milieu étriqué, elle 'monte' à Paris et trouve un emploi de secrétaire. Sur le chemin du travail elle croise le chemin de Carole (Cécile de France), blonde exubérante, professeur d'espagnol et militante féministe. La jeune provinciale va découvrir ce milieu exclusivement féminin dans lequel elle s'épanouit. Réunions agitées, actions éclairs sur les plateaux télé ou au cours de réunions d'associations familiales catholiques : les deux amies multiplient les coups. Et logiquement Delphine tombe amoureuse de Carole. Mais cette dernière, toute féministe qu'elle est, vit avec un homme, de gauche mais jaloux. Même d'une femme...

Homosexualité et ruralité
La romance compliquée entre les deux amies est filmée avec pudeur et grâce. Mais on retiendra surtout du film de Catherine Corsini la description du milieu féministe parisien puis la difficulté pour Delphine à avouer son orientation sexuelle à ses parents et collègues agriculteurs. Si la Parisienne n'hésite pas à s'afficher, il n'en est pas de même de la provinciale. "Je n'en ai pas rien à foutre de ce que pensent les autres, moi !" jette Delphine à la face de Carole. La problématique de l'homosexualité en milieu rural a rarement été abordée au cinéma. La belle saison est assez dure avec un monde décrit comme peu tolérant. La vision qu'en a donnée Alain Guiraudie dans Le roi de l'évasion est plus étonnante : le héros, représentant en machines agricoles, concluant toutes ses ventes par une partie de jambes en l'air... Mais on est dans un registre différent. Catherine Corsini a voulu un film témoignage, un manifeste, une comédie militante en hommage à ces femmes de fer et de conviction.
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 Izïa Higelin, fille de saltimbanque

Elle endosse la peau de cette fille de paysan avec une aisance incroyable. Izïa Higelin, déjà récompensée d'un César pour son premier rôle dans le film Mauvaise fille est de ces comédiennes qui osent tout. Au volant de son tracteur ou juchée en haut de la moissonneuse-batteuse, elle est crédible de bout en bout. Une femme forte, mais pleine de doutes. Attachée à cette terre, ce patrimoine, cette vie au grand air. Pourtant elle est insatisfaite, bloquée par l'étroitesse d'esprit de ses voisins. Une double personnalité peu évidente à interpréter. Mais Izïa Higelin a de qui tenir. Cette fille de saltimbanque, après nombre de concerts et trois albums, a décidé, comme son père Jacques à ses débuts, de toucher à tout ce qui peut être artistique. Sur scène, son énergie débordante fait des merveilles, son dernier tube La Vague en est l'illustration parfaite. Devant une caméra, il faut parfois savoir aller contre son tempérament. Delphine est secrète, timide et introvertie. C'est dire s'il s'agissait d'un rôle de composition pour la fougueuse Izïa.

DE CHOSES ET D'AUTRES - Tong alors !


Quatre-vingt-dix euros. Le prix de bonnes chaussures de ville. La conductrice de Haute-Garonne récemment verbalisée car elle était au volant en tongs aurait mieux fait de craquer pour une paire de Louboutin (même si ces talons de 15 cm ne favorisent pas l'utilisation des pédales). Certes le prix n'est pas le même, mais au moins c'est joli. Le paradoxe c'est que l'affaire rendue publique a permis aux consommateurs de constater que la gardienne de la paix s'est montrée un peu trop zélée. Il n'est pas interdit stricto sensu de conduire en tongs. Mais le représentant de la loi peut exiger que « tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent. » 
Freiner en urgence avec des tongs est effectivement handicapant et dangereux. Surtout si on transpire des pieds. Les tongs, longtemps appelées claquettes dans les campagnes françaises, sont pourtant incontournables dans la région en été. Idéales pour faire le trajet du bungalow à la plage, leur confort pousse nombre de vacanciers à ne plus les quitter. Si en voiture on peut encore argumenter, par contre en scooter, elles sont complètement interdites. Paradoxe ultime : un conducteur de deux-roues qui porte bien un casque mais est habillé en short, tee-shirt et tongs. Et le « friday wear » mode anglo-saxonne qui privilégie la tenue sportive-classe le vendredi, n'autorise personne à venir travailler en tongs. La limite de la décontraction reste le bon goût.   

mardi 18 août 2015

BD - Reine chinoise


Cap vers l'Asie pour la nouvelle héroïne de la collection « Les Reines de Sang ». Après avoir suivi les parcours d'Isabelle, la Louve de France, Aliénor, la légende noire et Frédégonde, la sanguinaire, découvrez la vie tumultueuse et machiavélique de Tseu Hi, impératrice de Chine à la fin du XIXe siècle. Philippe Nihoul raconte ce destin dessiné par Fabio Mantovani. Jeune fille un peu trop délurée pour l'époque, la jolie Tseu Hi va devenir une des nombreuses concubines de l'empereur. 
Un destin peu enviable car elle se retrouve cloitrée dans la Cité interdite, obligée d'attendre que le souverain daigne s'intéresser à elle. Elle va cependant avoir un allié dans la place, un mendiant devenu eunuque pour échapper à la faim. Tous les deux très ambitieux, ils vont mettre au point un plan pour que Tseu Hi devienne incontournable. Elle apprend donc toutes les techniques possibles pour satisfaire un homme et va même parvenir à tomber enceinte. 
En devenant mère, elle passe au statut de seconde femme. Un coup du sort plus tard, elle est au pouvoir et devra régler le problème des Européens de plus en plus exigeants. Passionnante histoire où tous les coups sont permis.

« Tseu Hi, la dame dragon » (tome 1), Delcourt, 14,50 €

DE CHOSES ET D'AUTRES - Papier budget ciseaux

En France, on se plaint du poids des cartables des écoliers. A moins de deux semaines de la rentrée des classes, cette information venue des Etats-Unis devrait nous faire relativiser. Un article du Washington Post détaille la liste des fournitures scolaires demandées aux parents dans les écoles publiques. Outre les cahiers et stylos habituels, depuis quelques années - restrictions budgétaires obligent, - la liste ne cesse de s'allonger. L'élève doit fournir des feuilles blanches pour les photocopies, des pansements en cas de bobos et, incroyable mais vrai, des lingettes désinfectantes et des rouleaux de papier toilette. Après avoir supprimé quantité d'activités artistiques et culturelles, les écoles, prises à la gorge au niveau financier, n'ont rien trouvé de mieux pour faire des économies.
Je n'ai aucune idée de l'état des cabinets dans les écoles américaines. Les souvenirs de ceux que j'ai rarement fréquentés en France ne donnaient pas envie. Et de fait, le papier y était très souvent absent. Par contre je me souviens de la scène hilarante d'American Pie, film potache où l'un des personnages, surnommé « Pause caca » dans la version française, devait en toute urgence utiliser les toilettes du lycée. Par chance il y trouve du papier.

Chez nous, la mode des menus végétariens dans certaines cantines communales risque elle aussi d'alourdir les cartables. A cause de feuilles d'un autre genre : de celles dont le boucher emballe le jambon et améliore ainsi nettement le menu épinards-pâtes-courgettes.