lundi 31 décembre 2007

BD - Baston Donjon

Herbert, le canard, fils du duc, est de retour à Vaucanson. Un "Retour en fanfare", titre du sixième opus de Donjon Zénith, écrit par Joann Sfar et Lewis Trondheim, dessiné depuis par Boulet. Un retour au pays qui n'est pas simple. En compagnie de son amoureuse, du gardien du donjon et de Melvin, il voudrait revoir ses parents. Mais ces derniers l'ont banni. 

Pour pénétrer dans la ville, il avale quelques gouttes d'une potion dite du masque de la mort. Hideux, méconnaissable, il va découvrir que son père est sur le point de perdre le pouvoir, renversé par un intendant trop ambitieux. Un album plein de rythme, de pigeons, de fanfarons et de baston...

"Donjon Zénith", Delcourt, 9,80 euros

dimanche 30 décembre 2007

BD - Caroline Baldwin dans la froidure canadienne


La 13e aventure de Caroline Baldwin débute par l'arrivée du facteur. Caroline réceptionne un colis destiné à son grand-père... décédé depuis des années. Elle y découvre un livre racontant le début d'histoire d'amour entre ce fier indien canadien et une jeune institutrice. La jeune femme, rejetée, a pris la fuite et trouvé refuge à l'extrême nord du pays. 

C'est dans cette communauté d'Ivulvik, en plein pays Inuit, que Caroline retrouve la vieille dame. Mais ce ne sont pas les seuls souvenirs qui reviennent à la surface à la faveur du réchauffement climatique. Un album de Taymans, abordant intelligemment la mort annoncée de ces communauté pour cause de fonte des glaces.

"Caroline Baldwin", Casterman, 9,80 euros 

samedi 29 décembre 2007

BD - Néfésis et sa double dose de héros

Dans ce Paris de 1900, version steampunk, imaginé par Filippi, la jeune étudiante Margot mène une double vie. Fragile et futile le jour, elle se transforme, la nuit venue, en justicière intrépide. Elle a l'énorme avantage d'être "possédée" par l'esprit de Némès, un puissant pharaon de l'Egypte antique. Toute cette série est bâtie sur ces cohabitations entre êtres de chair et esprits venus des rives du Nil. Dans ce second tome dessiné par Camboni, Margot va devoir affronter Néménès, frère de Némès, être maléfique voulant libérer tous les esprits malades pour mettre la capitale à feu et à sang. Monde alternatif, machines ingénieuses et fantastique magique sont les atouts cette série détonante.

"Néfésis", Dupuis, 13 euros 

vendredi 28 décembre 2007

Roman - La vie de famille en réduction

Léon est petit. Solange, sa femme, est plus grande. De plus en plus grande car Pascal Bruckner s'est amusé à le faire rapetisser. Un mini roman délirant.


Dans un couple, habituellement, l'homme est plus grand que la femme. Rarement le contraire. Une exception qui a souvent du mal à passer dans toutes les civilisations. Quand Léon a séduit Solange, il ne s'imaginait pas qu'il allait en plus devoir batailler avec toute la famille de son aimée. Car Léon, sans être véritablement petit du haut de son mètre soixante-six, donne l'impression d'être un nabot à côté de Solange culminant à un mètre quatre-vingts.

Le jour de leur mariage, "Léon se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur les lèvres de Solange. Celle-ci, incapable de se baisser de peur d'abîmer sa longue robe blanche et de perdre sa couronne de fleurs qui ceignait son front, dut le saisir à bras-le-corps pour le soulever jusqu'à sa bouche."

39 centimètres de moins

Médecins tous les deux, ils emménagent dans un vaste appartement parisien et, l'amour aidant, donnent naissance à un garçon prénommé Baptiste. C'est quelques jours après la naissance de ce solide gaillard que Léon a constaté quelques changements. Il flottait dans ses habits, ses chaussures étaient plus grandes, il dut rajouter des trous à ses ceintures. Léon, à son grand étonnement, du se rendre à l'évidence : il avait rapetissé. En quelques jours il a perdu 39 centimètres devenant cette fois véritablement beaucoup plus petit que sa femme.

Malgré des analyses médicales de toutes sortes et la consultation d'un spécialiste, aucune explication rationnelle ne put être donnée. Léon, tout à la joie d'être père, s'adapta à sa nouvelle condition. Quant à Solange, elle restait toujours autant amoureuse de son "petit mari", d'autant que tout n'avait pas diminué dans cette opération...

"Un époux farfadet"

La situation se compliqua à la naissance de leur deuxième enfant, Betty. En sortant de l'hôpital, Léon ne faisait plus que 88 centimètres. Une nouvelle fois il venait de perdre 39 centimètres. Inexplicable, irrémédiable mais sans conséquence : "Pendant des mois, Solange fut ravie. Son mari miniature la contentait en tout. Elle n'en voulait pas un plus grand. Il était docile, peu encombrant, filait doux. Elle régnait dans un monde de gnomes, deux enfants plus un époux farfadet. Que demander de plus ?"

Avec une fantaisie de plus en plus débridée, Pascal Bruckner s'est amusé à décrire la vie au quotidien de cet homme obligé de s'adapter. Léon en perdant ces centimètres se retrouve également remis en cause dans son autorité de père. Baptiste devient plus fort physiquement que lui. Et jaloux.

Poussant l'idée à l'extrême, l'auteur, en donnant ensuite des jumeaux à ce couple de plus en plus dépareillé, transforme Léon en petite chose insignifiante. Un homme de 10 centimètres qui va devoir sans cesse être sur ses gardes s'il ne veut pas périr. Griffes du chat, galopades des enfants... les dangers sont multiples. Une fantaisie parfois totalement invraisemblable, mais c'est là tout le charme de ce petit roman, semblant sans queue ni tête mais qui au final nous en apprend beaucoup sur l'âme humaine, sa grandeur et sa petitesse.

« Mon petit mari », Pascal Bruckner, Grasset, 13,90 € 

jeudi 27 décembre 2007

BD - "Le grand mort" et la Bretagne insoupçonnée


Qui a dit que Régis Loisel était un auteur rare ? Certes le dessinateur a parfois mis beaucoup de temps pour finaliser un album, mais le créateur, à l'imagination débordante, semble de plus en plus décidé à faire partager à tout un chacun ses mondes irréels. 

En cette fin d'année, en plus du retour de la Quête de l'oiseau du temps (avec Le Tendre) et un nouvel opus de Magasin Général (avec Tripp), il vient de signer l'idée de base et le scénario du "Grand Mort", nouvelle série fantastique. 

Pour gagner du temps, Loisel a abandonné la création en solitaire. Il a ainsi bénéficié de l'aide de Jean-Blaise Djian au scénario et les dessins sont de Mallié. Mais on retrouve quand même sa pâte. 

Pauline, étudiante, a décidé de réviser une semaine au calme, dans une maison d'une amie au cœur de la Bretagne. Mais la jeune Parisienne tombe en panne en route et trouve refuge chez Erwan. Ce dernier est une sorte de druide et il va entraîner Pauline, malgré elle, dans un monde parallèle. Très rationnelle, ne croyant pas à toutes ces fadaises et légendes, elle va pourtant devoir s'adapter dans un monde où toute logique a disparu. L'humour, très présent, donne un attrait supplémentaire à cet album.

"Le grand Mort", Vents d'Ouest, 13 € 

mercredi 26 décembre 2007

BD - Quintett, le dénouement


Il est quasiment impossible de parler du contenu du cinquième et dernier mouvement de la série Quintett écrite par Franck Giroud. Un énorme avertissement est même publié en dernière page : "Attention, si, les albums précédents peuvent se lire séparément, celui-ci est indissociable des quatre premiers mouvements. Il est vivement recommandé de ne pas l'ouvrir avant de les avoir lus. 

Et pour apprécier pleinement cette "chute", il est même conseillé de ne pas feuilleter cet album avant d'entamer sa lecture". Impossible d'en parler si ce n'est pour dire que c'est une superbe réussite et que cet avertissement est tout à fait justifié. On peut quand même révéler que ces dernières 80 pages sont dessinées par Alessandrini (après Bonin, Gillon, Cuzor et Kraehn) et que l'on retrouve les quatre personnages principaux des événements s'étant déroulés en 1916 à Pavlos en Grèce. 

Dora Mars, Alban Méric, Elias Cohen et Nafsika Vasli, malgré des années d'oubli, vont devoir se replonger dans ces drames. On est en 1932, à Paris, et ils vont comprendre que ce qu'ils pensaient être la vérité, leur vérité, n'était peut-être qu'une illusion.

"Quintett", Dupuis, 14 € 

mardi 25 décembre 2007

BD - Niklos Koda et la magie barcelonaise


Le 9e titre de la série Niklos Koda a pour cadre Barcelone. La capitale catalane accueille une grande réunion de magiciens, le club Osiris. Une sorte de confrérie qui est en grand danger. Dans l'ombre, d'autres personnes aux pouvoirs tout aussi puissants ont entamé une guerre qui fera de nombreuses victimes. 

A la tête de ces opposants on retrouve Hali Mirvic, le vieil ennemi de Niklos Koda. Mais dans cet affrontement, le héros imaginé par Jean Dufaux et dessiné par Olivier Grenson se tient un peu à l'écart. Il est beaucoup plus préoccupé par l'enlèvement de sa petite fille, Seleni. Dans une église, des demeures bourgeoises, sur les quais du port ou les ramblas, actuellement et dans le passé, c'est un jeu compliqué de tromperie et de simulacre qui engage des puissances colossales. Avec en fait, dans le jeu des magiciens d'Osiris, une carte traîtresse, l'arcane 16 qui donne son nom à l'album. 

Un scénario dense, réservant un coup de théâtre final annonçant un nouveau cycle, le tout dessiné par Grenson, virtuose pour imaginer des "trognes".

"Niklos Koda", Le Lombard, 9,80 € 

lundi 24 décembre 2007

BD - Une légende en villégiature


Dans un superbe album au dos toilé avec en quatrième de couverture une frise à damier rappelant les premiers albums du Lombard, Jean-Yves Ferri s'est amusé à imaginer les vacances à la plage du général De Gaulle en 1956. Petit rappel historique. Lassé par les manigances politiques des partis, le général de Gaulle décide de se retirer du pouvoir. 

Et pour faire véritablement la coupure, il part incognito en vacances au bord de l'Océan en compagnie de sa femme, Yvonne, de son fils, Philippe, de son aide de camp Lebornec et de son chien, Wermacht, le rejeton du chien-loup de Hitler. Un équipage qui ne passe pas inaperçu, d'autant que le libérateur de la France, malgré les tongs, son torse nu et un short un peu trop grand, se croit encore parfois à l'Elysée. 

Le naturel revient au galop et il se permet de lancer un "appel" à la sono du maître nageur sauveteur ou de donner une conférence impromptue sur la situation internationale à quelques vacanciers le prenant pour Jacques Tati. Il rencontre également un autre retraité européen en la personne de Churchill. 

Sous forme de demi-planches, un format qu'il maîtrise parfaitement, Ferri rend désopilant ce grand dadais ayant une si haute idée de son destin.

"De Gaulle à la plage", Dargaud, 11 € 

samedi 22 décembre 2007

Thriller - Torture entre amis

Un homme prisonnier d'une femme. Elle le torture. Pourquoi ? L'homme ne le sait pas et cela donne tout son sel à ce thriller de Karine Giébel.


Il a tout pour plaire et briller. Le commandant Benoît Lorand fait partie de ces flics pour qui l'action et la séduction sont intimement liés. Il est à la tête d'une équipe d'inspecteurs dévoués corps et âmes à leur chef. Marié, il a un jeune fils dont il est très fier. Mais c'est un séducteur impénitent. Il collectionne les conquêtes. Djamila, une de ses subordonnées le sait bien puisqu'elle est passée par là, « C'est sa façon d'agir avec les nanas... Un petit coup et puis s'en va ! Et le lendemain matin un bouquet de fleurs et une carte de rupture ! ».

Le problème c'est que le commandant Lorand a disparu depuis trois jours. La « maison poulaga » de Lyon est en émoi car elle n'a aucune piste. Djamila, peut-être en raison de sa connaissance particulière du personnage est chargée de l'enquête. Elle hésite entre une fugue amoureuse (mais cela ne dure jamais trois jours...) et une vengeance de l'épouse trompée. Le lecteur, lui, sait où se trouve Lorand. Et le plaint...

Dans une cage

Le beau policier, en revenant d'un stage à Dijon, s'est arrêté pour aider une jeune femme en panne au bord de la route. La voiture ne redémarrant pas, il l'a raccompagnée chez elle. Ils ont pris un verre. Puis... Puis le grand trou noir pour Lorand qui se réveille dans une cage au fond d'une cave humide. Après avoir constaté qu'il n'a aucune possibilité de s'échapper, il se retrouve face à sa gardienne. Lydia est « grande, élégante. De longs cheveux roux, la peau claire. Et sur ses lèvres un funeste sourire. » Telle une chatte s'amusant avec sa proie, Lydia va entamer une longue, très longue séance de torture.

Ce huis clos, ce face à face entre la tortionnaire et sa chose, compose l'essentiel de ce roman qui va crescendo dans l'horreur et le suspense. Karine Giébel a visiblement des trésors d'imagination pour faire durer ce « plaisir » dont Lorand se passerait bien. Le lecteur, une fois ces premières scènes d'une rare violence digérées, se retrouve comme hypnotisé par cette machine implacable. Il se met dans la peau de l'homme, qui, d'une attitude de bravoure et de fierté, redevient humain, fragile, implorant, prêt à tout avouer pour deux gorgées d'eau ou une couverture. Car la souffrance qu'impose Lydia est multiple. La faim dans un premier temps, puis la soif et le froid. Elle immobilise son prisonnier, lui entaille la poitrine, le frappe. Un supplice qui donne l'occasion à Lorand de faire un point sur sa vie, ses pratiques. S'il trompe sa femme, il l'aime véritablement. Certes c'est trop tard pour les remords, mais quand on est au fond du trou, tout est bon pour se redonner un peu d'espoir, de baume au cœur.

Ecriture nerveuse

Pendant que le commandant perd ses derniers lambeaux de dignité, Djamila, aidée par un flic taciturne de Paris venu superviser l'enquête, cherche une piste. Elle doit se contenter de l'épouse. Un autre face-à-face s'amorce entre la femme légitime et la maîtresse d'un soir.

Ce thriller français détonne un peu dans la production actuelle. Par sa dureté, mais également par l'application de l'auteur à parfaitement cerner la psychologie des principaux personnages. Lydia, folle, forcément, est fascinante. Son mobile, mystérieux la moitié du roman, donne un autre éclairage à sa personnalité quand elle l'explique à son prisonnier. Lorand, de prétentieux vaniteux, devient cette loque qu'on a quand même des difficultés à plaindre. Un cauchemar écrit nerveusement qui pourrait revenir hanter vos nuits.

« Les morsures de l'ombre », Karine Giébel, Fleuve Noir, 14,90 € (également disponible en format poche chez Pocket) 

vendredi 21 décembre 2007

BD - Cosmik Roger, Jedi de l'absurde

Dans l'espace infini, il y a les héros de légende comme Luke Skywalker ou le capitaine Kirk et les ratés, désespérants de nullité, explorateurs de mondes invivables, dont la tête de file est incontestablement Cosmik Roger. L'astronaute, légèrement porté sur la boisson (ou les champignons hallucinogènes...) cherche désespérément une planète qui pourrait accueillir l'Humanité, sérieusement menacée par une pollution galopante. 

Notre ami Cosmik Roger affronte dans ce 5e titre ses « 12 travaux ». Première astuce de Julien CDM et Mo CDM, il n'y en en fait que 9 dans ces 48 pages hilarantes. 9 histoires complètes bourrées d'extraterrestres gluants, de monstres aux tentacules baladeuses et de mondes improbables. Sans oublier quelques pigeons, sorte de fixation des auteurs qui semblent parfois trouver leur inspiration sur le rebord de leur fenêtre. 

L'avantage avec Mo CDM, le scénariste, c'est que la simple vue d'un pigeon débouche sur une histoire totalement absurde, inclassable et aux effets comiques redoutables. Une série phare de la nouvelle génération de Fluide, plus moderne, sans limite, superbe graphiquement (Julien CDM est le fils d'un certain Jean Solé...) et aux développement infinis.

"Les 12 travaux de Cosmik Roger", Fluide Glacial, 9,95 € 

jeudi 20 décembre 2007

BD - Souvenir d'un petit fakir


Avant de connaître le succès populaire avec Lanfeust, Arleston a signé quelques séries n'ayant pas rencontré leur public. Il avait notamment imaginé les aventures de Tandori, un apprenti fakir indien vivant au XIXe siècle dans un pays imaginaire. Une série éditée par les éditions du Lombard au début des années 90. Cette BD était dessinée par Curd Ridel. Trois titres ont été publiés, puis oubliés. Mais le nom d'Arleston est suffisant maintenant pour attirer un public important, amateur notamment de situations comiques et de jeux de mots tirés par les cheveux. Les éditions Soleil rééditent donc la première aventure de Tandori, en grand format, avec des couleurs pimpantes et déjà tout un petit monde riche en ressort comique. 

Tandori va devoir contrer les méchants Anglais qui tentent de faire passer leur trafic d'opium par le territoire où règne le bon maharajah Lahmuker. Il va ridiculiser les vestes rouges, avec sa magie et la science d'un jeune inventeur français, véritable trouvaille de l'album, Verne, ingénieur de Nantes, aidé dans sa lutte contre la perfide Albion par un marin breton, Kerozen Surcouf. Tandori va également bénéficier de l'aide précieuse de la belle Butterfly, fille d'un marchand d'opium qui rejette le trafic de son père. 

La série a bien vieilli, le dessin est fouillé, précis, et les personnages savoureux. Reste à savoir si Tandori connaîtra des aventures originales après la réédition des deux autres titres existants...

"Tandori", Soleil, 12,90 € 

mercredi 19 décembre 2007

BD - Glaces éternelles et nucléaire


Dans un futur proche, Dakota, un pilote d'avion, monnaye son talent pour détruire des icebergs gigantesques. Un effet du réchauffement climatique. Ces montagnes de glace dérivent dans l'océan et menacent les bateaux. En faisant exploser cette immense montagne éphémère, Dakota découvre un cylindre métallique caché au coeur de la matière. 

Il le récupère à ses risques et périls et le ramène dans une base de l'armée européenne. Mais il considère sa mission terminée dès qu'il constate que le cylindre n'est pas radioactif. Dakota fait la chasse aux déchets issus du nucléaire. 

Une obsession depuis que sa petite fille soit victime, en deux jours, d'un morceau de satellite tombé dans la campagne et qu'elle a pris pour un jouet. L'autre personnage principal de cette série écrite par Pecqueur et dessinée par Kovacevic est une jeune femme, conductrice de trains. Mismy est à la tête d'un convoi de wagons transportant de l'eau, denrée devenue encore plus rare que le pétrole. Un convoi est attaqué par un commando masqué. Dans sa fuite, Mismy découvre une fillette aux pouvoirs étranges. Une même fillette qui était quelques heures plus tôt dans le mystérieux cylindre repêché dans l'océan. 

Superbement dessinée, cette série s'annonce pleine de surprises.

"Arctica", Delcourt, 12,90 € 

mardi 18 décembre 2007

BD - Root, gentille barbare

Toran menait une vie de barbare tout ce qu'il y a de plus normale, fier de ses nombreux fils adeptes de massacres et autres pillages. Un bonheur mis en danger avec l'arrivée du sixième enfant : Root a tout l'air d'être une fille... 

Une petite fille au pays des barbares, un mini concept qui suffit largement à Téhem, le scénariste de cette série, pour aligner les gags, tous plus succulents les uns que les autres. Car Root, loin de se couler dans le moule de ce monde de brutalité et de vigueur l'environnant, est douce, gentille et intelligente. 

Les barbares, peu portés sur la propreté, vont donc légèrement évoluer sous la houlette de cette fillette débrouillarde. Mais certains ne maîtrisent pas parfaitement l'utilisation de la brosse à cheveux à base de hérisson. De même, Root est très attirée par le village des pêcheurs. Des pêcheurs qui ne sont pourtant pour ses frères que des idiots à piller. 

Une série publiée dans Tchô, le magazine de Titeuf, et qui est digne de l'esprit du héros des cours de récréations. Xavier, le dessinateur, a longtemps animé les pages du mensuel avant de lancer Root. Il bénéficie de l'aide de ces champions du rire que sont Téhem, Zep et autres Buche...

"Root", Glénat, 9,40 € 

lundi 17 décembre 2007

BD - Un cas unique ou "Comme tout le monde" ?


Denis Lapière, scénariste prolifique, a signé également l'histoire du film « Comme tout le monde » de Pierre-Paul Renders. De ce scénario original, il en a tiré une adaptation en bande dessinée confiée au dessinateur Rudy Spiessert. 

Dans une ligne claire modernisée, aux angles plus marqués, on découvre le cas de Jalil. Ce jeune homme participe un jeu et répond systématiquement dans la moyenne. Il apparaît comme le prototype du Français moyen. Un cas unique qui intéresse énormément le monde de la publicité et du marketing. Jalil, sans s'en apercevoir, va devenir une référence dans le petit monde des produits nouveaux. 

Mais pour ne pas fausser ses jugements, il ignore tout de son nouveau rôle. Une politique fiction assez noire dans notre monde dominé par les sondages.

« Comme tout le monde », Dupuis, 144 pages, 19,30 € 

dimanche 16 décembre 2007

BD - Tout Alack Sinner en un seul volume


José Munoz a obtenu en janvier dernier le grand prix de la ville d'Angoulême. Il présidera donc le 35e festival qui se déroule du 24 au 27 janvier. Ce dessinateur argentin est essentiellement connu en France pour son personnage d'Alack Sinner (scénario de Sampayo). 

Le premier tome de cette intégrale en noir et blanc arrive à point pour redécouvrir ce maître des ombres. Alack Sinner est un ancien flic new yorkais devenu détective privé. Il doute souvent, est teigneux, parfois découragé, ou déprimé. Il a une vraie vie, n'est plus le héros de papier sans peur et sans reproche. Un choc dans les années 70. 

Trente années plus tard, cette BD est toujours aussi moderne et authentique. (Casterman, 392 pages noir et blanc, 19,95 €) 

samedi 15 décembre 2007

BD - La tétralogie du monstre de Bilal en intégrale luxueuse


Ce gros volume reprend les dernières recherches graphiques et narratives d'un maître du genre : Enki Bilal. Une histoire à trois voix, Nike, Leyla et Amir, comme autant de représentant de cette ancienne Yougoslavie, éclatée, démantelée. Après la trilogie Nikopol, cette nouvelle saga, toujours aussi intellectuelle, encore plus expérimentale côté dessin, prouve définitivement que Bilal a encore quelques chose à dire en bande dessinée et qu'il reste le talentueux précurseur qui lui a assuré une reconnaissance européenne.

(Casterman, 272 pages, 54,95 €)

jeudi 13 décembre 2007

Thriller - L'art de la noyade, sauce anglaise

La famille, ses joies et ses déchirements, sont au centre de ce thriller psychologique anglais d'une experte du genre : Frances Fyfield.


« Une étrange pensée visita Rachel : le risque se précisait qu'elle se retrouve à demi amoureuse de tous les membres de cette fichue famille. »
Rachel Doe, executive woman londonienne, solitaire, ne vivant que pour son travail dans la finance, a vu sa vie basculer quand elle a décidé de s'inscrire à un cours de dessin. Elle est rapidement tombée sous le charme de la modèle du jour, Ivy.

Ivy, l'autre héroïne de ce thriller signé Frances Fyfield. Ancienne droguée, ayant connu les galères de la rue, elle a repris le dessus en enchaînant les ménages, de nuit, dans des sociétés où lieux publics, le salaire de modèle permettant d'améliorer l'ordinaire. Rachel va rapidement demander à Ivy de venir s'installer dans son grand appartement sans vie. Les deux femmes, la trentaine récemment passée, vont retrouver une vie de colocation d'étudiantes, passant des nuits complètes à se raconter leur vie, se confier.

De Londres à la campagne

La vie de Rachel est terne, celle d'Ivy plus tumultueuse. Ivy va vouloir présenter Rachel à ses parents. Grace et Ernest sont fermiers dans les environs de Londres. Bientôt à la retraite, ils vivotent grâce à des chambres d'hôtes. L'élevage de porcs ou de vaches laitières ne permettent plus de payer les frais de l'exploitation. Rachel, au fil des conversations avec le vieux couple, va découvrir le grand drame de la vie d'Ivy dont elle ne parle presque jamais. Ivy a été mariée avec Carl. Ils ont eu une fille et un garçon. Cassy et Sam. Alors qu'elle se baignait dans un lac sur la propriété, sous la surveillance de son père, la petite Cassie se noie. La perte de cet enfant a eu raison du couple et de la raison d'Ivy. Carl part avec Sam et coupe tous les ponts. Les grands-parents sont sans nouvelles de leur petit-fils depuis des années. Ivy a décidé de tirer un trait définitif sur le passé.

Sous le charme du juge

Rachel, face à cette famille déchirée, souffrant de ce deuil, va tenter de recoller les morceaux. Pour faire plaisir aux grands-parents, pour aider Ivy, elle va contacter Carl et lui proposer une rencontre, avec Sam. Ce dernier, devenu un jeune adulte, a tout de sa mère, notamment un pouvoir de séduction extrême. C'est en le rencontrant que Rachel se demande si elle ne va pas tomber amoureuse de toute la famille car, en plus de vivre avec Ivy, elle adore la grand-mère et n'est pas insensible au charme viril et pondéré de Carl, devenu juge.

France Fyfield, avec sa maîtrise habituelle, consacre les 200 premières pages à la description minutieuse des personnages. L'enthousiasme de Rachel, le calme de Carl, la bonhomie de Grace, les mystères d'Ivy. Pour ce qui est du suspense, ce ne sont que quelques pages, flashes hyperviolents semblant sans lien entre eux, faits divers normaux de Londres la surmenée : un homme étranglé dans une ambulance, un fan poignardé dans la foule à la sortie d'un concert... Le lecteur, au fil des chapitres, se prend d'affection pour Rachel et se met à craindre pour son avenir. Naïve, candide, elle ne se doute pas qu'en tombant sous le charme des différents membres de cette famille, elle risque surtout de se retrouver au centre d'une bataille haineuse qui n'a rien perdu de son intensité malgré les années passées.

« L'art de la noyade », Frances Fyfield, Presses de la Cité, 20 € 

mercredi 12 décembre 2007

BD - "Sergent Mastock", le pire des GI's


Les éditions Bamboo sont trop souvent réduites aux séries comiques sur les métiers, Profs, Fonctionnaires et autres Gendarmes. Mais à côté de ce filon, un peu surexploité c'est vrai, d'autres séries humoristiques plus originales tentent de se faire une place. Et certaines valent véritablement le détour comme ce Sergent Mastock du duo Hennebaut Bétaucourt. 
La couverture donne le ton, pastiche d'un comics à la gloire de l'armée américaine. L'action se passe en 1942 dans le Pacifique. Une section a pour mission de libérer des soldats US prisonniers des Japonais. Mais pour atteindre la prison, il faudra traverser toute une île. Une expédition placée sous de mauvais auspices quand les soldats remarquent dans leurs rangs Jim O'Hara, d'origine irlandaise et surtout roux, très roux. 
La poisse va donc durement frapper la section et à l'arrivée, ils ne seront pas très nombreux pour attaquer les Japonais. La caricature est féroce. Les Blancs sont des ploucs idiots et violents, le seul Noir de la section peu différent. Un Indien, Bison Malin, se révélera plus expert en crèmes hydratantes pour le visage qu'en pistage. Sans oublier Jim, Roux, naïf, véritable calamité mais incroyablement chanceux. Un premier tome bidonnant. Reste à réussir à se renouveler pour le second volume...
"Sergent Mastock", Bamboo, 9,45 € 

mardi 11 décembre 2007

BD - Charmante mais communiste


C'est vrai qu'elle est belle Alix Yin Fu, espionne chinoise au service de la triade des Tigresses blanches. Un aristocrate français lui confie « Si toutes tes copines du Parti étaient aussi bien roulées que toi, les communistes auraient une chance... » 

Belle, vierge, incorruptible... Une sacrée héroïne que Conrad anime depuis de longues années. Dans la série les Innommables d'abord, puis dans cette série racontant les jeunes années de la belle espionne Chinoise. Il bénéficie de la complicité de Wilbur pour le scénario. Wilbur qui comme son nom ne le dit pas, est en fait Sophie Commenge, compagne de Conrad, apportant cette touche de plus en plus féminine dans ces aventures où les morts violentes et trahisons sont encore monnaie courante. 

Dans ce quatrième tome, Alix doit infiltrer l'entourage de TV Soong, le financier de Tchang Kaï-chek. Cela devrait permettre aux hommes de Mao de trouver un moyen pour porter un coup fatal aux nationalistes. Conrad semble éprouver de plus en plus de plaisir à dessiner la belle espionne, multipliant les robes moulantes ou échancrées, véritables armes de séduction massive quand elle sont au service d'un tel corps...

"Tigresse blanche" tome 4, une espionne sur le toit, Dargaud, 11 € 

lundi 10 décembre 2007

BD - Rions de la réalité de la télé


Titre un peu trompeur pour cette série imaginée par Panetier et dessinée par Ghorbani. Il ne s'agit pas d'une caricature de la téléralité mais plutôt de gags et récits complets présentant « la réalité de la télévision ». Des parodies d'émission existantes, dans une chaîne imaginaire ressemblant à un mix de TF1 et de M6. Cela commence fort avec une volée de bois vert contre l'indépendance de ces rédactions dépendant d'un patron, par ailleurs gros industriels et élu de la République. 

Parmi les présentateurs « récurrents », Sébastien Lourdingue, le titulaire de la météo. Ses chiffres d'audience sont catastrophiques. Mais difficile pour le directeur des programmes de virer le... neveu du patron. De copinage et de piston il en est également question dans une parodie de l'émission de Laurent Ruquier. Parodie très proche de la réalité tant il est vrai que l'autopromotion et la flagornerie entre chroniqueurs est une réalité de ces émissions censées nous dire ce qui est bien... 

Les deux auteurs s'attaquent également aux séries télés, proposant une version très masochiste de « Prison Break ». Reste le meilleur, trois pages sous forme d'une bande annonce vantant la nouvelle série « Perdus ». L'histoire de rescapés d'un naufrage peu ordinaire.

"Télé réalité", Vents d'Ouest, 9,40 € 

dimanche 9 décembre 2007

BD - Du silex au quartz avec "Neandertal"


En ces temps anciens, reculés, obscurs, les hommes vivaient en clans et n'avaient qu'un but : ramener suffisamment de nourriture pour satisfaire toutes les bouches. Dans une grotte, Laghou de la tribu du clan de l'Ours, ne participe pas aux chasses. Il est boiteux. Mais il est quand même très utile à ses frères car il est adroit de ses mains et sait parfaitement tailler pierres et silex, essentiels pour fabriquer des armes efficaces. 

Roudier, en débutant une nouvelle saga préhistorique, notamment sur les us et coutumes de l'homme de Neanderthal, plonge le lecteur dans un monde rude et sans concessions. Mais déjà avec des traîtrises pour acquérir le pouvoir. Quand le chef du clan est blessé mortellement par un bison, les autres guerriers décident de le venger. 

Une chasse dangereuse au cours de laquelle un ambitieux en profite pour éliminer ses rivaux, histoire de devenir le nouveau chef. Laghou est témoin de cette forfaiture. Il décide de venger ses frères assassinés. Pour cela il devra acquérir une arme redoutable : le cristal de chasse connu de nos jours sous le nom de quartz. 

Ne manquez pas dans cet album des planches muettes d'une grande pureté et essentielles dans la narration.

"Neandertal", Delcourt, 12,90 €

samedi 8 décembre 2007

Thriller - Vous n'oublierez pas la Villa Nirvana

Une maison au bout du monde, sur le Cap de Bonne-Espérance, imaginée par Vincent Crouzet. Un espion français va s'y damner.

Pas de doute, si Vincent Crouzet est un écrivain français, son inspiration il la trouve en Afrique australe. Après « Rouge Intense », thriller se déroulant dans le milieu des trafiquants de pierres précieuses, il revient sur ce bout de terre qu'il connaît bien en nous faisant visiter la « Villa Nirvana », maison au cœur de ce roman haletant et angoissant.

François Vargas, agent de la DGSE, est envoyé en Afrique du Sud par sa hiérarchie. Cet homme de l'ombre, habitué aux actions dangereuses et violentes, écope d'une mission aussi étonnante que monotone. Moby Dick, surnom d'un gros bonnet du trafic d'armes, installé dans la région, devait être surveillé par un agent français, Bruno, un compagnon d'armes de François. Mais depuis quelques jours, Bruno ne donne plus aucun signe de vie. Que s'est-il passé ? François a pour mission de le découvrir, tout en reprenant la surveillance de Moby Dick. Pour ce faire, il va se faire passer pour le frère de Bruno.

Un vent obsédant

François débarque donc un beau matin dans le petit village touristique de Scarborough, prend contact avec la police locale et récupère les actifs de son supposé frère : une voiture (un vieille Coccinelle), une villa en location, du matériel de plongée, une bonne, une maîtresse... Tout ne viendra pas d'un coup. Le premier contact avec la vie de Bruno ce sera la maison. Villa Nirvana, bâtisse perdue au bout d'une impasse, accolée à une autre résidence en travaux. Travaux visiblement abandonnés. Les voisins les plus proches ce sont des babouins, agressifs et protégés car en voie d'extinction. Et puis le vent, le Docteur. Au souffle puissant et aliénant qui, telle la Tramontane parfois en Catalogne, a tendance à faire dérailler François Vargas : « Putain de vent. Au départ, il a gémi. Puis il a hululé. J'ai perçu comme un galop. Il ne doit subsister que de la lande dans ce coin, tout autour. Un désert de lande. Rien ne résiste éternellement à cette force pure, mais encore à ce bruit qui court longuement avant de frapper ».

Le grand requin blanc

Après avoir fait connaissance avec le décor et les éléments, François va aller au devant des habitants. Tous bien mystérieux. En majorité très pessimistes sur l'avenir de Bruno. Il aurait été boulotté par un grand requin blanc alors qu'il nageait dans l'océan Indien. C'est la version de trois vieilles commères et de l'épicier du coin. La bonne de Bruno, une superbe princesse de sang Xhosa, vivant dans un bidonville et nettoyant les crasses des Blancs pour survivre, fascine François. Il tente vainement de percer son mystère.

Et puis un jour apparaît Kimberley. Une jeune femme très sportive, chef des coast gards de la région, marquée dans sa chair. Adolescente, un hameçon lancé par un de ses frères lui a déchiré la bouche. Depuis elle ne sourit que d'un côté. Mais en permanence. Kim qui était la maîtresse de Bruno. Kim qui a déjà perdu, au cours de nuits de lune noire, son mari puis son fils. Tous mangés par un requin blanc gigantesque que depuis elle chasse.

Avec maestria, en excellent stratège littéraire, Vincent Crouzet place ses pions dans ce décor unique, avec cavaliers, fous et... Reines. Sans oublier de nous dévoiler, par petites touches, la véritable personnalité de François qui, espion oblige, a souvent menti au cours de sa vie professionnelle. Mais pour ce qui des menteurs, il semble être tombé sur un nid grouillant de spécimens tous plus virtuoses les uns que les autres. Il finira cependant par découvrir le vérité, l'incroyable vérité.

« Villa Nirvana », Vincent Crouzet, Flammarion, 19,90 € 

vendredi 7 décembre 2007

BD - De sept en sept...

Après les Sept psychopathes recrutés pour assassiner Hitler, voici les sept voleurs réunis pour voler le trésor des nains, caché dans une montagne gardée par un dragon. On apprécie particulièrement les 20 premières planches, celles où on découvre les personnalités des voleurs et comment ils sont recrutés. 

Ebrinh et Ivarr, deux humains repérés, l'un pour son adresse à l'arc, l'autre pour sa faculté à forcer toutes les serrures, s'imposent vite comme les plus sceptiques du groupe composé en outre de deux nains, de deux orcs et d'un brave paysan, force de la nature n'ayant jamais quitté son village natal. Ils devront longuement marcher dans la forêt, ensemble, pour atteindre enfin le pays des nains et tenter de s'emparer du trésor. 

Le scénario de David Chauvel regorge de référence aux grands classiques de l'héroic-fantasy. C'est lui qui a développé le projet 7 et il a logiquement demandé au dessinateur d'Arthur, Jérôme Lereculey, de se charger de la mise en images de cette somptueuse saga.

Et si vous n'en avez pas assez du chiffre 7, vient de paraître le troisième titre de la série, « Sept Pirates » par Bertho (scénario) et McBurnie (dessin).

"Sept voleurs", Delcourt, 13,95 € 

jeudi 6 décembre 2007

BD - Alix et l'Ibère

Alix et Enak sont toujours au service de César. L'empereur romain, après avoir conquis la Gaule, s'attaque à la péninsule ibérique. Mais le peuple des Ibères est fier et difficile à soumettre, le stratège romain va s'en rendre compte à ses dépens. Sur ces terres arides, bordées par la Méditerranée, Alix semble las de ces batailles et conquêtes sans fin. César le comprend et lui offre une splendide ferme, idéalement placée. Mais pour cela il en chasse manu militari les actuels propriétaires, une famille d'Ibères vivant jusqu'alors en paix... 

Alix bien évidemment refuse, César insiste. Notre héros, contraint, s'installe dans le vaste bâtiment. Une nuit, il est capturé par une bande de rebelles ibères. A leur tête Tarago, fier guerrier prêt à tout pour libérer son peuple du joug romain. Entre lui et Alix, tout est prétexte à désaccord. Un face à face où forcément il y aura un vainqueur et un vaincu. 

Tout l'album, écrit par Jacques Martin, François Maingoval et Patrick Weber, est construit sur cet antagonisme rédhibitoire. Pourtant les deux hommes, fonctionnent sur le même principe et pourraient s'apprécier... Ce long duel peuplé de coups de théâtre a été dessiné par Christophe Simon. L'esprit de Jacques Martin est parfaitement conservé.

"Alix" n° 26, Casterman, 9,50 € 

mercredi 5 décembre 2007

BD - Eau trouble dans les avens

Troisième et dernière partie de cette exploration d'un Aven imaginé par Stefan et Laurent Astier. Un dernier épisode qui alterne flashbacks dans la jeunesse de quatre notables de ce village et enquête de nos jours, de plus en plus compliquée, de l'inspecteur Walec sur une inexpliquée vague de suicides. Walec se lance à la poursuite d'un mystérieux tireur. 

Ce dernier trouve refuge dans une immense grotte, d'où jaillit la source d'eau pétillante qui a fait la fortune du village. Walec ne se doute pas que quelques décennies auparavant, quatre jeunes adultes, à quelques jours de leur départ sous les drapeaux, avaient suivis dans cette même grotte une jeune femme. Cette dernière, étrangère, mystérieuse et farouche, participe avec son père à un véritable sabbat de sorcière. 

Mais si trois des jeunes témoins involontaires n'osent bouger de leur cachette, ce n'est pas le cas du plus riche, le plus arrogant, le plus saoul également ce soir-là. Une soirée lourde de conséquences pour les quatre amis. Walec, sans le vouloir, va se retrouver, de nos jours, au premier rang pour solder ce lourd héritage. 

Une fin très noire, mais qui est logique, tant cet Aven est un lieu à part, loin des conventions et de la morale.

"Aven", Vents d'Ouest, 9,40 € 

mardi 4 décembre 2007

BD - Histoires de meurtres

Véritablement passionnante et étonnante cette nouvelle série, écrite par Didier Convard et dessinée par Denis Falque. Ne croyez pas qu'il s'agit d'une nouvelle biographie d'un tueur en série ayant sévit il y quelques années. Certes on pourrait le croire en découvrant les première planches, se déroulant en 1980 sur le bassin d'Arcachon. Un jeune homme tente de séduire une adolescente. Face à son refus, il lui attache les chevilles avec une ficelle et lui met un baillon dans la bouche. Puis... 

Changement radical d'ambiance dans la séquence suivante. De nos jours, le maire d'une grande ville donne un bal à l'occasion de ses 20 ans de mariage. En pleine soirée, un inconnu lui remet un DVD. Dessus, l'assassinat de sa jeune maîtresse, une étudiante en journalisme. Le maire demande à un ami policier de récupérer l'ordinateur portable de la jeune femme. Bien que persuadé qu'il réalise une énorme bêtise, le policier s'exécute. Il perturbe ainsi sa propre enquête sur le tueur à la ficelle, un assassin qui habituellement tue des prostituées en plein air après leur avoir attaché les chevilles. 

Magouilles politiques, chantage, secrets inavouables : cette série, outre une intrigue pleine de rebondissements, explore un monde peu mis en valeur par la BD.

"Le protocole du tueur", Glénat, 9,40 € 

lundi 3 décembre 2007

BD - Quand l'amour se transforme en une drogue aveugle

De toutes les séries imaginées par le scénariste Jean Dufaux, Djinn est celle où il a poussé le plus la problématique de l'interdépendance de l'homme et de la femme. Quand l'amour se transforme en une drogue aveugle, la passion poussant au crime ou au sacrifice. Des sentiments exacerbés et magnifiés par les dessins d'Ana Mirallès. 

Le septième tome de cette série sensuelle et charnelle débute en Afrique. Un aventurier est capturé par les guerriers Orushi. Il est présenté à la déesse Anatku. Une jeune femme, le corps recouvert de peinture, droguée, ne se souvenant plus qu'elle s'appelle en fait Jade et qu'il était venu la rechercher à la demande de Miranda Nelson, noble anglaise prête à tout pour retrouver les faveurs de son ancienne maîtresse. 

Un album plein de tam tam, de déclarations d'amour et de fiers guerriers.

« Djinn », Dargaud, 11 euros 

dimanche 2 décembre 2007

BD - Clones temporels et voyageurs


Couverture de Guardino, scénario de Boisserie, dessin de Stalner, rythme de parution rapide : « Voyageur » bénéficie de tous les ingrédients pour rapidement accrocher le lecteur. Une histoire de science-fiction s'étalant sur plusieurs époques. 

Les auteurs débutent par le futur. Quatre albums présentant ce monde, conséquences des deux autres cycles, présent et passé. Dans un Paris transformé en gigantesque camp de concentration d'un côté, centre de recherche génétique de l'autre, deux jumeaux, Lou et Fish tentent d'échapper aux griffes de leur créateur, Markovic. Des adolescents aux pouvoirs surnaturels. Mais ils ne sont pas seuls, Markovic dans ses laboratoires fabrique de nouveaux clones. 

Palpitantes, ces aventures de liberté et lutte contre la dictature, tiennent en haleine le lecteur.

« Voyageur », Glénat, 12,50 euros 

samedi 1 décembre 2007

BD - Spirou revival par Yann et Tarrin


Cet album a le goût d'un Franquin, le trait d'un Franquin, mais c'est un... Tarrin. Fabrice de son prénom, surdoué du dessin, installé à Montpellier et qui a travaillé plus de deux années pour achever cette aventure de « Spirou et Fantasio par... » 

Le scénario est de Yann, père spirituel de Tarrin, brillant dessinateur mais également esprit très caustique. Un duo de rêve pour « exploser » le mythe Spirou. Perdu, ils signent un album qui conserve l'esprit, le retrouve plus exactement. Nos deux héros, avec le comte de Champignac et une Seccotine qui prend enfin toute son importance, iront au Tibet à la recherche de la momie d'une princesse. 

Il est également question d'ancêtres, de champignons et d'un nouvel animal qu'on aimerait bien revoir dans les prochaines aventures, classiques, de ce héros immortel.

« Le tombeau des Champignac », Dupuis, 13 euros