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samedi 25 octobre 2008

Roman _ Polar brûlant et enflammé

Dans une ville de Londres impersonnelle, les vies de plusieurs personnages vont se croiser avec le feu destructeur en toile de fond


Un incendiaire monnayant son vice, une ancienne avocate vivant de la vente de ses charmes, une voisine acariâtre, un vieux garçon maniaque, une veuve au grand cœur, un bâtard floué... La galerie de personnages de ce roman policier de Frances Fyfield montre toute l'étendue de son talent quand elle décrit l'étrange humanité qui survit dans Londres, capitale moderne truffée de vieux quartiers qui ont encore gardé toutes leurs spécificités du siècle dernier.

L'action se déroule en grande partie à Golden Street. C'est dans cette rue qu'habitent Henry Brett et Celia Hornby. Lui au rez-de-chaussée, elle à l'étage. Une vieille maison. Où tout s'entend. Surtout quand on fait exprès de faire beaucoup de bruit. Celia harcèle Henry qui n'a plus une minute de calme. Il est sur le point de craquer. Heureusement pour lui, une connaissance commune le met en relation avec Sarah Fortune. Ancienne avocate, cette élégante femme de 40 ans vit de ses charmes. Elle vend de l'affection. Ses prix sont très fluctuants.

Echange d'appartements

Pour Henry, ce sera en échange de son appartement. Sarah a envie de s'éloigner de son domicile quelques temps. Henry va se refaire une santé chez elle et Sarah va tenter d'amadouer la voisine. Mais ce sera compliqué. Elle le constate dès qu'elle la croise dans l'escalier. : « Une petite bonne femme en robe de chambre, tenant la rampe d'une main et se griffant le cou de l'autre. Dans la clarté du lustre, la peau grumeleuse de son visage évoquait un aliment mal cuit et elle toussa avec un vilain bruit de glaires, ce qui parut la calmer. » Quand Sarah explique qu'elle va habiter quelques jours chez son ami Henry, Celia Hornby réplique avec acrimonie « Vous ne pouvez pas être son amie. Il n'en a pas. »

Sarah fait payer tous ses amants. Même Alan qui pourtant lui plaît énormément. Alan aussi est en train de tomber amoureux de la belle et distinguée Sarah. Amants passionnés mais très cachottiers l'un envers l'autre. Sarah en dit le moins possible sur ses autres clients, Alan sur son véritable boulot. Pour la galerie, il s'occupe de la sécurité dans un hôtel de luxe. Cela permet de se loger à l’œil, sans avoir de chambre attitrée ni d'adresse. En réalité, Alan est le meilleur incendiaire de Londres. Il est régulièrement sollicité par des propriétaires cherchant à escroquer leur assurance.

Le feu pour intimider

Il a poussé très loin son exigence dans cette pratique. « Allumer un incendie était un art – un processus délicat. Du temps où il n'était qu'un garnement, Alan adorait déjà contempler les flammes. Et depuis qu'il avait compris que mettre le feu était non seulement un art, mais aussi une pratique monnayable, il faisait ce qu'il fallait pour être loin avant la première langue de flamme, voire même avant la fumée. » Alan est contacté par un homme désireux de faire une grosse peur à une femme qu'il a en abomination. Cette femme c'est Sarah. Alan ne le sait pas.

Vengeance, passion, feu : Frances Fyfield agence parfaitement ces trois ingrédients pour donner un tempo crescendo à son roman où les différents protagonistes ont finalement beaucoup plus qu'il n'y paraît à cacher aux uns et aux autres.

« Petits jeux avec le feu », Frances Fyfield, Presses de la Cité, 18,50 € 

jeudi 13 décembre 2007

Thriller - L'art de la noyade, sauce anglaise

La famille, ses joies et ses déchirements, sont au centre de ce thriller psychologique anglais d'une experte du genre : Frances Fyfield.


« Une étrange pensée visita Rachel : le risque se précisait qu'elle se retrouve à demi amoureuse de tous les membres de cette fichue famille. »
Rachel Doe, executive woman londonienne, solitaire, ne vivant que pour son travail dans la finance, a vu sa vie basculer quand elle a décidé de s'inscrire à un cours de dessin. Elle est rapidement tombée sous le charme de la modèle du jour, Ivy.

Ivy, l'autre héroïne de ce thriller signé Frances Fyfield. Ancienne droguée, ayant connu les galères de la rue, elle a repris le dessus en enchaînant les ménages, de nuit, dans des sociétés où lieux publics, le salaire de modèle permettant d'améliorer l'ordinaire. Rachel va rapidement demander à Ivy de venir s'installer dans son grand appartement sans vie. Les deux femmes, la trentaine récemment passée, vont retrouver une vie de colocation d'étudiantes, passant des nuits complètes à se raconter leur vie, se confier.

De Londres à la campagne

La vie de Rachel est terne, celle d'Ivy plus tumultueuse. Ivy va vouloir présenter Rachel à ses parents. Grace et Ernest sont fermiers dans les environs de Londres. Bientôt à la retraite, ils vivotent grâce à des chambres d'hôtes. L'élevage de porcs ou de vaches laitières ne permettent plus de payer les frais de l'exploitation. Rachel, au fil des conversations avec le vieux couple, va découvrir le grand drame de la vie d'Ivy dont elle ne parle presque jamais. Ivy a été mariée avec Carl. Ils ont eu une fille et un garçon. Cassy et Sam. Alors qu'elle se baignait dans un lac sur la propriété, sous la surveillance de son père, la petite Cassie se noie. La perte de cet enfant a eu raison du couple et de la raison d'Ivy. Carl part avec Sam et coupe tous les ponts. Les grands-parents sont sans nouvelles de leur petit-fils depuis des années. Ivy a décidé de tirer un trait définitif sur le passé.

Sous le charme du juge

Rachel, face à cette famille déchirée, souffrant de ce deuil, va tenter de recoller les morceaux. Pour faire plaisir aux grands-parents, pour aider Ivy, elle va contacter Carl et lui proposer une rencontre, avec Sam. Ce dernier, devenu un jeune adulte, a tout de sa mère, notamment un pouvoir de séduction extrême. C'est en le rencontrant que Rachel se demande si elle ne va pas tomber amoureuse de toute la famille car, en plus de vivre avec Ivy, elle adore la grand-mère et n'est pas insensible au charme viril et pondéré de Carl, devenu juge.

France Fyfield, avec sa maîtrise habituelle, consacre les 200 premières pages à la description minutieuse des personnages. L'enthousiasme de Rachel, le calme de Carl, la bonhomie de Grace, les mystères d'Ivy. Pour ce qui est du suspense, ce ne sont que quelques pages, flashes hyperviolents semblant sans lien entre eux, faits divers normaux de Londres la surmenée : un homme étranglé dans une ambulance, un fan poignardé dans la foule à la sortie d'un concert... Le lecteur, au fil des chapitres, se prend d'affection pour Rachel et se met à craindre pour son avenir. Naïve, candide, elle ne se doute pas qu'en tombant sous le charme des différents membres de cette famille, elle risque surtout de se retrouver au centre d'une bataille haineuse qui n'a rien perdu de son intensité malgré les années passées.

« L'art de la noyade », Frances Fyfield, Presses de la Cité, 20 €