jeudi 30 décembre 2010

BD - Petite trolle


Deuxième album des Trolls de Troy de l'année. Cette fois Arleston et Mourier se sont penché sur l'enfance de Waha. Comment cette petite humaine a-t-elle été adoptée par les redoutables Trolls de Phalompe et surtout, qui sont ses véritables parents ? En fait ce 14e titre est en partie composé de gags et d'histoires courtes parus il y a quelques années dans Lanfeust Mag. 

Arleston a judicieusement écrit quelques scènes de raccords avant de délivrer, dans les 20 dernières pages, inédites celles-ci, l'histoire de Waha. Cela pourrait sembler un patchwork un peu bancal, mais au final l'esprit Troll l'emporte. Certains gags sont véritablement savoureux et les révélations sur les parents de Waha vont en étonner plus d'un. Mourier semble dessiner ses personnages avec une facilité déconcertante. 

Arleston n'est toujours pas avare de jeux de mots et situations extrêmes. Une BD qui devrait beaucoup plaire en cette période de cadeaux.

« Trolls de Troy » (tome 14), Soleil, 13,50 € 

mercredi 29 décembre 2010

BD - Le cercueil de glace et les Eternels


Félix Meynet s'est fait une spécialité de dessiner ses héroïnes en petite tenue. Comme elles ne ressemblent pas à la Castafiore, l'effet est bœuf sur les lecteurs sensibles à certaines courbes. Dans cette série, le rôle de la jolie pin-up est tenue par Uma, agent des services secrets des diamantaires. 

Elle partage la vedette avec Elisapie, une jolie Canadienne, métisse d'origine Cris. Le problème, c'est que toute l'action se passe dans la forêt du grand Nord et que les occasions de tomber la doudoune sont assez rares. Qu'importe, Meynet sait rendre ses héroïnes de papier sexy même quand elle sont habillées. 

C'est encore plus facile quand elles doivent revêtir une combinaison de plongée particulièrement moulante... Il ne faut cependant pas croire que cette BD ne vaut que pour les dessins. 

Yann, au scénario, a troussé une bonne intrigue (recherche d'une épave contenant des diamants et deux gamins) mise en valeur par la personnalité d'Elisapie, téméraire, dévergondée et au parler québécois savoureux.

« Les éternels » (tome 6), Dargaud, 13,50 € 

mardi 28 décembre 2010

BD - Tueur absolu


A 80 ans, Jodorowsky n'a rien perdu de sa verve imaginative. Le créateur de l'Incal, de Bouncer ou des Métabarons lance un nouveau personnage comme lui seul sait les présenter. Showman Killer est le tueur absolu, le mercenaire sans cœur, une machine à massacrer qui ne ressent rien. La première partie de cet album de pure science-fiction, dessiné par Nicolas Fructus, présente la création de Showman Killer. 

Un savant fou a collecté du sperme d'un tueur sanguinaire et a fécondé avec une jeune fille de 15 ans. A la naissance, il a tué la mère et élevé l'enfant dans le culte de l'argent et de la violence. Il lui a également donné des pouvoirs exceptionnels pour abattre tous ses ennemis. Arrivé à l'âge adulte, le Showman Killer est engagé dans un tournoi impérial et l'emporte haut la main. 

L'occasion également de prendre sa liberté, trucidant sans hésiter son créateur. Par la suite on découvre la vie du mercenaire, amassant des montagnes d'or en acceptant les missions les plus périlleuses de la galaxie. Une histoire qui deviendra plus universelle et ésotérique avec l'arrivée d'un bébé à sauver.

« Showman Killer » (tome 1), Delcourt, 13,95 €

lundi 27 décembre 2010

Roman - L'âge des vérités

Deux vieillards italiens se retrouvent après un intermède de 60 ans. L'heure des aveux, mais toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ?


Une villa cossue isolée, deux hommes âgés, des souvenirs. Ce roman d'Alain Elkann, composé en grande partie de dialogues, est semblable à ces longues rêveries au cours desquelles ont revoit sa vie, tentant de comprendre quand la nostalgie a fait place au bonheur du présent.

Un matin, un vieil homme sonne à l'entrée de la villa Lattes. C'est Vanni. Il vient de s'enfuir de l'hôpital où il était soigné. Il a retrouvé la trace de son ami Mario. Ils ont fait l'armée ensemble. Ils ne se sont plus vus depuis 60 ans. Mario, veuf, vit paisiblement dans cette grande demeure en compagnie de Kemal, son majordome. Vanni, célèbre critique littéraire, semble fatigué. « Ses cheveux blancs et clairsemés étaient ébouriffés, sa barbe rasée à la va-vite. Ses mouvements trahissaient une certaine complaisance pour la vieillesse que Vanni soulignait en effet avec zèle. Cet abandon physique participait peut-être à ses yeux d'une attitude élégante et masculine. »

Le souvenir d'Ada

Mario offre le gite et le couvert à Vanni, en souvenir de cette jeunesse commune alors que le pays était en pleine débâcle. Les Allemands d'alliés étaient devenus des ennemis, ils appliquaient avec rigueur les lois raciales mises en place par Mussolini. Les Juifs, ici comme ailleurs en Europe, étaient déportés vers les camps de la mort. Une période sombre que les deux hommes ont préféré oublier. Mario s'est fondu dans la masse. Il était marié à Ada, « belle, intelligente, nerveuse, mais aussi généreuse, trop généreuse. » Ada est morte, mais elle va rapidement devenir le personnage principal de ce huis clos de plus en plus oppressant. Car Vanni connaissait Ada avant Mario.

Le lecteur ne l'apprend qu'en milieu de roman, quand Vanni, de plus en plus malade, veut faire ses dernières confessions, tant à Mario, qu'aux enfants d'Ada, issus d'un premier mariage. Mario, petit vieillard placide, coulant une paisible retraite, est de plus en plus réticent face à cet envahisseur du passé. Pourtant, les deux hommes, malgré leurs différences, trouvent de plus en plus du plaisir à vivre ensemble. « S'approchant du canapé, Mario regarda Vanni le visage exsangue. Il éprouva un élan de solidarité pour cet homme du même âge que lui si mal en point. »

Le fantôme d'Elena

Ce tête-à-tête va être perturbé par l'arrivée des enfants d'Ada. Ils ont la quarantaine et sont radicalement différents. Tati vit en Suisse, calme et posée, presque froide. Gioacchino s'est installé à Los Angeles. Il est exubérant et collectionne les aventures avec des starlettes de la chanson qu'il lance sur la marché du disque US. Mario, le beau-père, n'a jamais été très apprécié des enfants d'Ada. Par, contre ils vont rapidement tomber sous le charme de Vanni. Ce dernier liera des rapports privilégiés avec Tati, lui confiant un soir de lucidité : « C'est bizarre qu'un homme comme moi, qui toujours méprisé la nostalgie en y voyant un sentiment efféminé, y devienne si sensible au crépuscule de sa vie. »

Ce roman léger, prendra une toute autre tournure quand interviendra le souvenir d'Elena, la sœur d'Ada, disparue durant la guerre, déportée avec son mari juif. Alain Elkann en profite pour raconter ces pages sombres de l'histoire italienne au cours desquelles rares étaient les citoyens irréprochables.

« L'imprévue », Alain Elkann (traduit de l'italien par Alexandre Boldrini), Flammarion, 16 €






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dimanche 26 décembre 2010

BD - La beauté, arme du Mal


La tyrannie de la beauté, de la jeunesse éternelle, de l'apparence est au centre de cet album signé Sandrine Revel. Une dessinatrice surtout connue pour ses productions enfantines (Un drôle d'ange gardien) et qui se révèle passionnante sur un thème semblant lui tenir à cœur. A San Francisco, de nos jours, Eva, femme de quarante ans, est de plus en plus mal dans sa peau. Mariée, en butte à sa fille, ado rebelle adepte du gothique, dépendante financièrement de son mari, elle fait du bénévolat dans une association qui tente de désintoxiquer femmes et hommes dépendants de la sorcellerie. 

Un aspect fantastique du récit totalement banal dans cette réalité imaginaire. Eva va succomber elle aussi aux attraits du Mal. Désirant retrouver sa jeunesse et sa beauté d'antan, elle va tenter de pactiser avec le Diable. Au dernier moment elle s'enfuit, provoquant l'ire d'un démon qui n'aime pas rater un contrat. Cette parabole sur la quête du bonheur et de la beauté, à tout prix, est brillamment menée, dénonçant certains démons à l'aspect très humain officiant dans ces églises vouées à Satan communément appelées cliniques de chirurgie esthétique. 

Sandrine Revel, pour donner encore plus de force à sa démonstration, adopte un trait réaliste très froid et photographique. La filiation avec Chantal Monteiller est évidente, même dans les scènes oniriques.

« Sorcellerie et dépendances », Sandrine Revel, Dupuis, 11,50 € 

samedi 25 décembre 2010

BD - Arzak, le Phœnix


Jean Giraud, alias Gir, alias Moebius est un créateur qui sans cesse a su se remettre en question. Tout en arpentant avec succès les chemins de la BD commerciale (Blueberry, l'Incal) il a conservé l'envie de laisser libre cours à sa main, l'autorisant à tracer des histoires ou personnages issus du plus profond de son inconscient. C'est ainsi qu'est né le Major Fatal ou les personnages d'Arzak. Dans la postface de ce luxueux album il explique qu'en se mettant lui-même en scène dans « Inside Moebius », il s'est retrouvé interpellé par ses personnages. « Et que réclamaient-ils à longueur de pages à mon avatar impuissant ? La vie ! » Arzak est donc devenu l'arpenteur, sorte de justicier de la planète Tassili, chargé de protéger les Wergs et de trouver l'anomalie. Il sera confronté à des chasseurs de primes sans pitié, des rebelles sanguinaires et des fouines des sables agressives. Et sera surtout le personnage central d'un décor magnifique, un désert sans fin, hostile et écrasé de luminosité.

« Arzak, l'arpenteur », Moebius productions et Glénat, 18 € 

vendredi 24 décembre 2010

BD - Amitiés et nombrilisme dans la douleur


Prenez trois femmes, jeunes et mignonnes. Laissez-les cinq minutes ensemble et constatez que, forcément, l'une d'entre elles sera devenue la tête de Turc des deux autres. Cela semble caricatural, c'est pourtant la recette de base des « Nombrils », bande dessinée québécoise écrite par Dubuc et dessinée par Delaf. 

Les deux alliées, ce sont Vicky et Jenny. Sûres de leur charme et de leur atouts physiques (qu'elles mettent en valeur à longueur de journée), elles martyrisent la pauvre Karine, grande, filiforme et un peu empotée. Karine, la victime, véritable héroïne de la BD tant les lecteurs (essentiellement des lectrices...) se reconnaissent dans ses brimades, renoncements et parfois, révoltes contre les deux garces. 

Cette jolie intégrale reprend les quatre premiers tomes parus, notamment celui où Vicky et Jenny se disputent John-John, le motard tout vêtu de cuir noir et qui refuse d'enlever son casque. Mystérieux ou monstrueux ? C'est dans ces personnages hors normes que cette série se démarque de la production sirupeuse de la BD pour filles.

« Les Nombrils, intégrale », Dupuis, 24 €

jeudi 23 décembre 2010

BD - Jeunes et pirates


Tous les genres intéressent Jean Dufaux. Scénariste prolifique, à la formation cinématographique affirmée, il n'est pas étonnant qu'il s'attaque à son tour à un classique : le récit de pirates. Il l'assaisonne à sa sauce, avec évidement quelques jolies filles maltraitées. 

Barracuda n'est pas le nom du pirate mais de son bateau. Un galion mené par le sanguinaire Blackdog et son jeune fils, Raffy, adolescent n'ayant rien à envier à son père côté barbarie. Ils attaquent un navire espagnol, tuent tous les hommes et capturent les femmes et enfants, très recherchés sur le marché prospère de l'esclavage. Dans la cage Maria, jeune descendante d'une grande famille d'Espagne et Emilio, son domestique. Emilia exactement puisqu'il s'est grimé en fille afin d'être épargné. Raffy, Maria, Emilio débarquent sur l'île de Puerto Blanco et vont être séparés. 

Ce sont leurs trois parcours parallèles que Dufaux va raconter dans ce triptyque dessiné par Jérémy, jeune dessinateur réaliste qui s'est formé en coloriant les planches de Delaby.

« Barracuda », Dargaud, 13,50 € 

mercredi 22 décembre 2010

Récit - Genet et Sebhan : passions parallèles

Comprendre sa propre histoire d'amour en retraçant l'œuvre et la vie de Jean Genet. Gilles Sebhan s'interroge dans cette biographie mâtinée d'autofiction.

Abdallah et Majed. Jean Genet et Gilles Sebhan. Deux couples, deux histoires d'amour intenses et tragiques. Gilles Sebhan, qui avait exhumé le fantôme de Tony Duvert l'an dernier dans un récit remarquable, poursuit son exploration de littérature française sulfureuse en traçant un parallèle entre la relation de Jean Genet avec Abdallah et celle que l'auteur a entretenue avec Majed, un sans-papier rencontré à Amsterdam. Tout commence par un épisode rarement relevé de la vie de Jean Genet. Au printemps 1967, il a tenté de se suicider dans une chambre d'hôtel. C'était à Domodossola, une ville du nord de l'Italie.

Ce suicide raté, Gilles Sebhan va tenter d'en trouver la cause en retraçant les amours tumultueuses du grand écrivain avec son jeune amant, Abdallah, un funambule rencontré dans un cirque au milieu des années 50. Abdallah qui s'est suicidé à Paris en 1964.

Pieds péniches

Gilles Sebhan, alterne les scènes racontant Genet et ses propres soucis du quotidien : notamment l'emprisonnement de son jeune amant, Majed. Presque un SDF, regardant les passants, place Dam, fumant goulument des cigarettes, « essayant d'attirer par le regard des créatures qui viendraient l'aimer malgré la malédiction de ses pieds crevés. » . « Majed avec ses pieds condamnés, ses pieds d'ordures de puanteur de cadavre, ses pieds d'absent de contradiction de tristesse, ses pieds qu'il faut mettre à l'écart pour contempler sa beauté, ses pieds péniches pour ce grand garçon mince aux allures de fille et aux manières brusques. » Majed serait donc le miroir actuel d'Abdallah, l'amant de Jean Genet. Gilles Sebhan en décrivant leur rencontre et leur relation n'est pas tendre pour l'écrivain qui a passé sept années derrière les barreaux avant de connaître la gloire littéraire. Jean Genet « a hérité d'un lui-même qui a écrit les romans du début et qui a fini par lui causer une honte étrange, d'autant plus que c'est le meilleur de lui, ce moment où son écriture est déjà infiniment concertée et son désir encore brûlant et sa colère encore juvénile. On peut dire qu'ensuite, assez vite, Genet a viré au vieux con. » Genet insaisissable, « jouant au clochard céleste dans ses errances à travers l'Europe. » Un jour, il a voulu que cela s'arrête. A Domodossola, en Italie. Il s'est raté.

Retenu prisonnier

En se rendant dans la ville, pour en ressentir l'ambiance, Gilles Sebhan se souvient. De son amour fou pour Majed. Comment il a angoissé quand il a perdu sa trace durant des mois quand le SDF a été retenu prisonnier dans un bateau-prison. De la joie des retrouvailles, des longs moments passés l'un contre l'autre. Et du basculement, quand l'auteur est devenu méchant et que Majed a viré au vieux con. « Cette nuit-là, il a beaucoup remué dans son sommeil, je l'ai regardé dormir, j'ai décidé d'inverser le cours du monde. J'ai accompli cette folie. » C'est l'autre facette de ce texte brillant d'un écrivain ayant trouvé son style, un auteur à découvrir.

« Domodossola », Gilles Sebhan, Denoël, 13,50 €

mardi 21 décembre 2010

BD - Buck Danny en intégrale : genèse d'un aviateur sans peur


Les éditions Dupuis n'en finissent plus de redécouvrir les vieilles BD qui ont fait leur succès au cours de ces dernières décennies. C'est un revenant qui réapparait sous forme de belles et luxueuses intégrales. Buck Danny a marqué plusieurs générations d'enfants (essentiellement des garçons) qui s'imaginaient au commandes d'un avion de chasse américain. I

l faut replacer les débuts de cette série dans son contexte historique. Charlier et Hubinon, ont surfé sur cette vague de patriotisme occidental né avec la fin de la guerre. Un important dossier en début d'album permet aux plus jeunes de mieux comprendre la mentalité de l'époque. 

Dans ces 180 pages, vous pourrez lire notamment les deux premières aventures de Buck Danny, parues dans les pages de l'hebdomadaire Spirou de 1946 à 1948.

« Tout Buck Danny » (tome 1). Dupuis. 19 euros 

lundi 20 décembre 2010

BD - Erma en liberté, sans le moindre tabou


La bande dessinée érotique, et même un peu plus osée, semble de nouveau plaire au public. Une bonne occasion pour ressortir l'intégrale des aventures d'Erma Jaguar, une série datant de la fin des années 80 et signée Alex Varenne. Ce maître du noir et blanc et des femmes fatales propose le portrait d'une rêveuse bien décidée à transformer ses désirs en réalités. 

Erma Jaguar sort dans la ville vivre ses rêves, assouvir ses fantasmes. Entre camionneurs vulgaires et jeunes vierges effarouchées, les rencontres seront nombreuses, mystérieuses, enrichissantes ! Ces 150 pages sont bien évidemment réservées à un public averti qui pourra également redécouvrir (aux Humanoïdes Associés), la réédition des « Larmes du sexe », un chef d'œuvre de sensualité.

« Erma Jaguar ». Drugstore. 22 euros



dimanche 19 décembre 2010

BD - Moebius métallique


Au cours du tournant des années 1970, Jean Giraud alias Gir, jusque-là auteur classique d'un western traditionnel, s'invente une nouvelle personnalité, celle de Moebius, et prend une part majeure dans la révolution qui touche la bande dessinée adulte, sous l'influence de l'underground américain et de la vague de la "contre culture". 

Cofondateur du magazine Métal Hurlant et des Humanoïdes Associés, Moebius change profondément l'esthétique de la science-fiction et les modes narratifs du genre bande dessinée. Avec Arzach, Le Major Fatal et des dizaines d'histoires (La Déviation, Cauchemar Blanc), l'œuvre de Moebius aura un retentissement mondial. Dans ce gros album de 420 pages, vous pourrez retrouver ces BD mythiques, affranchies de toute contrainte. 

Des classiques ainsi que des récits courts, moins connus, voire oubliés.

« Moebius Œuvres ». Les Humanoïdes Associés. 99 euros

mercredi 15 décembre 2010

Jeunesse - Méchant lion

Ce petit album, sous des airs de conte pour enfant, est en fait une belle parabole sur le pouvoir et son aveuglement. Son auteur, Caryl Férey en a fait un résumé très évocateur au cours d'une interview : « Le roi, un tyran, veut marier son fils Pupus à une princesse pour garder sa dynastie, mais le jeune prince préfère courir dans la savane avec de jeunes guépards tandis que des hyènes enlèvent la princesse. Krotokus demande au renard Goupille, seul marin qu'il a sous la main, de poursuivre avec lui les hyènes pirates à travers les îles mystérieuses... » 

L'autre intérêt de ce livre accessible dès 10 ans est de découvrir une autre facette du talent d'illustrateur de Christian Heinrich, le créateur des P'tites poules. Il abandonne la couleur directe pour des dessins au trait précis et très évocateurs. Il excelle dans les bêtes à crocs, du lion, bien évidemment, au dinosaure en passant par les hyènes, particulièrement réussies.

« Krotokus 1er, roi des animaux », Caryl Férey, Pocket Jeunesse, 14,90 €

mardi 14 décembre 2010

Beau livre - La porte des dragons


Si vous doutez encore du pouvoir des livres, plongez dans « La roue des vents » écrit et illustré par Vincent Joubert. Ce bel objet va vous entraîner loin, très loin de votre blafarde réalité. Un récit fantastique dans lequel vous aurez l'impression, comme le héros Joachim Fendl'or, qu'il est possible de chevaucher un dragon. 

Des dragons il y en a beaucoup question dans ce roman qui peut être offert au jeunes à partir de 10 ans. Notamment Clovis : il est affectueux, grincheux et chante faux. Il est menacé aussi de disparition après des siècles d'existence. Le récit devient alors aventureux, Joachim, avec Clovis et Maître Gontran, se lançant à la recherche de graines magiques ouvrant la roue des vents, une porte vers le sanctuaire des dragons. 

On s'extasie devant la richesse des illustrations. Vous resterez parfois plusieurs minutes à détailler un dessin pleine page venant renforcer l'action relatée quelques pages plus tôt.

« La roue des vents ». Ankama éditions. 19,90 euros 

lundi 13 décembre 2010

Roman illustré - Alger en 4L


Youcef, réalisateur à la télévision nationale algérienne, vit toujours chez ses parents à bientôt 38 ans. Il ne travaille pas beaucoup. Son indépendance et son imagination l'ont propulsé directement dans un placard généreusement trouvé par la bureaucratie d'Etat. 

Finalement, il en profite : « au moins je suis peinard. J'ai la liberté et le fric. » Son salaire il en garde un tiers pour lui, un autre tiers est versé à ses parents, le dernier sert à entretenir Zoubida. Ce n'est pas sa maîtresse, mais sa 4L chérie. Cette vieille voiture est le personnage pivot de ce roman de Fellag richement illustré par Jacques Ferrandez. 

Une histoire entre insouciance, drague et réalité de l'Algérie des années 80, celle qui n'était pas encore déchirée par une guerre religieuse larvée. Les superbes dessins, aux couleurs pastel, chaudes comme le soleil du Maghreb, donnent encore plus de force à ce récit mélangeant amour des belles mécaniques et désir des belles du mécano.

« Le mécano du vendredi ». Lattès. 24 euros

dimanche 12 décembre 2010

Tradition - Plongez dans les "Légendes d'ici et d'ailleurs"

Dans chaque région de France, contes et légendes se transmettent de génération en génération. Des histoires sans auteur qui perdurent dans la tradition orale. Les plus belles d'entre elles sont réunies dans un luxueux volume de plus de 330 pages enluminées d'aquarelles de Sandrine Bonini. 

De notre région, le Languedoc-Roussillon, on retiendra plus spécialement « La quenouille de fer » se déroulant entre Saissac et Montolieu dans l'Aude. Jeanne, une jeune femme simple et appréciée de ses amis, change quand elle entre en possession d'un anneau magique que lui donne un mystérieux moine. Elle va se transformer du tout au tout, l'anneau lui permettant de devenir comtesse de Saissac, un titre qui va décupler son ambition. L'histoire finit mal et de nos jours encore, le château de Saissac n'est que ruines...

« Les plus belles légendes de France ». Omnibus. 28 euros

samedi 11 décembre 2010

BD - Exhibitionnisme dessiné pour Frédéric Boilet et Aurélia Aurita

Une histoire d'amour est incomplète si les deux composantes du couple ne s'épanouissent pas sexuellement. Et parfois, pour permettre la réalisation de tous ses fantasmes, une petite dose d'exhibitionnisme est nécessaire. C'est un peu la finalité de cette BD-témoignage d'Aurélia Aurita. 

La jeune illustratrice raconte sa belle histoire avec Frédéric Boilet, dessinateur français installé au Japon. Le premier tome avait posé les jalons, le second vient conforter l'impression de découvrir une créatrice au ton nouveau, une sorte de Virginie Despentes du 9e art. A Paris, en tournée de dédicaces ou dans la vie quotidienne à Tokyo, Chenda se dévoile au lecteur. Ses humeurs, ses envies, ses malheurs. Elle se sent trop jeune pour un amoureux de 20 ans son aîné. 

Elle redoute aussi que l'on croit qu'elle ne couche que pour réussir dans un milieu très masculin. Elle découvre aussi la jalousie et la peur. La peur de ne pas pouvoir vieillir avec son amoureux, la peur de le perdre, de lasser... Ce pourrait être déprimant, au contraire c'est joyeux et jouissif. Car quand Chenda doute, elle se précipite sur Frédéric et oublie tout dans ses longues caresses et coups de reins. 

L'amour c'est bien, avec le sexe c'est mieux, semble nous expliquer Aurélia Aurita.

« Fraise et chocolat » (tome 2), Pocket, 6,90 euros

vendredi 10 décembre 2010

BD - La fille timide (Sophie) et le mec du milieu (aux rouflaquettes)

Les amours de jeunesse, nostalgie, nostalgie. Pour Sophie Awaad, jeune dessinatrice, les amours de jeunesse se résument surtout des râteaux... Elle les raconte avec une belle auto-dérision dans « Le mec du milieu », BD en noir et blanc parue aux éditions Delcourt dans la collection Shampooing. Longtemps, Sophie a cru être un garçon. A l'école élémentaire, elle se faisait appeler Edgar et se battait dans la cour de récréation. Elle est revenue à la réalité quand elle a demandé à la plus belle fille de sa classe si elle pouvait devenir son amoureuse. Étonnement de l'intéressée et fin de non recevoir. 

Sophie aurait pu devenir lesbienne. Elle a, plus simplement, admis cette évidence, elle voulait être un garçon car elle était très attirée par eux. Problème : ce n'était pas réciproque. La première partie de l'album raconte son cheminement intellectuel de fille timide à qui on ne demandait jamais de danser, encore moins de coucher alors que c'est ce qu'elle désirait le plus au fond d'elle même. 

La seconde partie est centrée sur sa « fixette » de son année de terminale. Un jour, elle remarque un garçon qui fumait beaucoup, en doudoune et avec des rouflaquettes. Elle tombe raide amoureuse du « mec du milieu ». Comment l'aborder, se faire remarquer, passer du rêve à la réalité : Sophie Awaad va passer une année d'enfer de frustration complète et absolue, tétanisée par la timidité. Et quand elle osera enfin passer à l'action, rien ne se déroulera comme dans ses rêves à l'eau de rose. 

C'est souvent hilarant, parfois triste et doux amer. Et inévitablement, on se reconnaît un peu dans cette galerie de personnages, que l'on soit fille timide ou mec du milieu.

« Le mec du milieu » de Sophie Awaad. Editions Delcourt, collection Shampooing. 13,95 €

jeudi 9 décembre 2010

BD - "Le testament de César", un nouvel Alix plein de promesses

Jacques Martin, le créateur d'Alix, a toujours voulu que son personnage lui survive. Plusieurs équipes se sont succédées pour animer les aventures du jeune Gaulois, ami de César. Parfois ce n'était pas très concluant, notamment au niveau du dessin. 

Ce « Testament de César » fait partie des excellentes cuvées. Pourtant c'est la première fois que Marco Venanzi s'attaque à ce monument de la BD francophone. Il assure même le scénario. Et au final, on a l'impression de replonger dans les meilleurs titres de la série du temps de Martin, avec complots et mensonges sur fond de découverte de la vie quotidienne des Romains. 

Cette histoire de testament gardé par les Vestales et de mariage annulé pour cause d'assassinat de la mariée, donne l'occasion à l'auteur de détailler les pratiques de ces religieuses très surveillées. On se se surprend également à être très intéressé par la méthode de mise à mort d'une femme ayant fauté : flagellée puis enterrée vivante. L'histoire comme on l'aime...

« Alix » (tome 29), Casterman, 10,40 €


mercredi 8 décembre 2010

BD - Le dernier Victor Sackville

Clap de fin pour Victor Sackville. C'est d'ailleurs clairement indiqué sur la couverture du tome 23 avec un gros « The end » ornant l'écran du cinéma où se déroule l'action. On regrettera cet espion anglais distingué, efficace et charmeur. Il est sorti de l'imagination fertile de François Rivière et de Gabrielle Borile. 

Côté dessin, c'est Francis Carin qui a donné corps à ses aventures, aux quatre coins du monde. Pour cette ultime énigme, Sackville est à Hollywood. Durant ces années 20, l'industrie cinématographique est en plein développement. Un agent dormant anglais aurait découvert un trafic avant de disparaître. Sackville va tenter de le retrouver. François Rivière semble avoir pris beaucoup de plaisir à décrire un milieu qu'il connaît particulièrement bien. 

Le portrait de la scénariste excentrique (cougar avant l'heure), est très réussi. Et pour donner un peu de piment à l'ensemble, un vieil ennemi refait son apparition : Tadjeff, mégalomane ayant endossé, sans problème le costume de producteur.

« Victor Sackville » (tome 23), Le Lombard, 10,95 € 

mardi 7 décembre 2010

BD - Yoko Tsuno affronte la servante de Lucifer

En se rendant en Écosse en compagnie de la jeune et espiègle Emilia, Yoko Tsuno va être confrontée à la « servante de Lucifer », prisonnière depuis le 13e siècle. Ce n'est pas une femme à proprement parlé mais un automate à la peau violette. N'écoutant que leur curiosité, les deux amies libèrent la servante de ses chaînes et immédiatement, cette dernière se réveille et les agresse. Mais elle n'a quasiment plus d'énergie et retombe en catalepsie. 

Yoko va appeler les Vinéens à la rescousse pour tenter de percer les mystères de l'automate. La 25e aventure de Yoko Tsuno est donc centrée sur le peuple de Vinéa, mais ne se passe pas dans l'espace. La suite de l'histoire conduit les héros imaginés par Roger Leloup dans les entrailles de la terre, dans cet enfer, résidence du fameux Lucifer, maître de l'automate. Un méchant pur et dur, ce qui est assez rare dans les albums de Leloup. 

Yoko Tsuno fait désormais partie des classiques de la BD franco-belge. Le trait est toujours aussi précis et minutieux, il n'a pas vieilli d'un iota.

« Yoko Tsuno » (tome 25), Dupuis, 9,95 € 

lundi 6 décembre 2010

Thriller - Kurtz, le retour

Personnage principal de la trilogie « Les voies de l'ombre », Kurtz hante de nouveau les pages de ce thriller de Jérôme Camut et Nathalie Hug.


Les serial killer ont-ils des enfants ? Une descendance ? Cette interrogation est au centre de « Rémanence », épilogue très psychologique de la trilogie « Les voies de l'ombre », des romans noirs qui font froid dans le dos. Le personnage principal, Kurtz, était devenu l'ennemi numéro 1 en France, ayant mis en place un vaste plan pour semer mort et chaos dans le pays. C'était presque à regret que le lecteur refermait « Instinct », Kurtz mis hors d'état de nuire. Les auteurs aussi, Jérôme Camut et Nathalie Hug, semblaient regretter d'avoir bouclé cette saga. Heureusement « Les voies de l'ombre se font entendre à nouveau ».

L'action se déroule quinze années après les premières vagues de terreur. Le bonheur est au rendez-vous pour Claire. Elle va épouser Edouard. Quelques heures avant les noces, un homme se présente à l'entrée de la luxueuse propriété des Morhange. Il désire parler à Claire. La jeune femme, intriguée, va à sa rencontre. Et elle a un choc : « Il a le front haut, des cheveux couleur de paille et ces traits si souvent imaginés qu'ils ont fini par se perdre dans sa mémoire. » Des pans du passé de Claire ressurgissent, quand elle était enfant, prisonnière de Kurtz. Elle s'est échappée avec Milan, le beau jeune homme qui réapparait, des années plus tard, le jour de son mariage. Milan qu'elle a tenté d'oublier. Et qui revient comme si de rien n'était.

Kurtz en quelques chiffres

Le lecteur va alors, par bribes, découvrir la dure existence de Claire. Son père faisait partie des « disciples » de Kurtz. Andréas a payé. Il vient de passer 15 années derrière les barreaux. Libre, il rédige un journal et il ne veut pas oublier les « chiffres bruts », « même si enfermer Kurtz dans des données est un exercice vain. Entre ceux qui sont morts dans ses fours, disparus, envolés, ceux qui ont sauté en mission, ceux qui ont disparu le jour de l'attentat au Stade de France, les chiens, les victimes des chiens, les infortunés qui ont croisé sa route, mauvais endroit mauvais moment, Kurtz est crédité d'à peu près 300 victimes ». Andréas est libre, Kurtz est mort. Mais il croit le voir, comme un fantôme revenant le hanter : « Je dois redoubler de prudence. Dans ce monde où Kurtz a vécu, tout est encore possible. »

L'ancien taulard, le jour de sa sortie, n'attend personne. Pourtant Claire a fait le déplacement. Elle veut solder son passé. Elle l'aborde alors qu'il attend sous un abribus. « Je suis venue mettre un terme à nos relations, papa » explique-t-elle en lui tirant dessus. Trois fois. Trois billes de paintball...

Deuil du père, deuil du mentor, deuil de son enfance : ce roman transpire la mort. Claire en est la figure centrale. Elle ne peut réfréner son attirance vers Milan, le mauvais garçon, l'antithèse de son mari, riche et casanier. Avec Andréas, la relation est encore plus complexe. Claire le rejette. Il va tout faire pour la protéger, malgré elle. Les trois personnages principaux présentés, Jérôme Camut et Nathalie Hug vont pouvoir déployer leurs talents de conteurs. Une dérive lente et inéluctable vers l'horreur, un cauchemar éveillé sans fin. Avec cette interrogation de plus en plus présente et obsédante : et si finalement Kurtz n'était pas mort ?

« Rémanence », Jérôme Camut et Nathalie Hug, Editions Télémaque, 19,50 €

dimanche 5 décembre 2010

BD - Les naufragés et les militaires

Arleston n'a pas que le monde de Troy à son actif. Il a également développé une autre série, tout aussi passionnante, sur le naufrage de trois voyageurs spatiaux sur la planète d'Ythaq. Dessinée par Adrien Floch, cette saga en est déjà à son 8e titre, l'avant-dernier, la suite et la fin étant annoncée dans le 9e titre, « L'impossible vérité », à découvrir en 2012. 

Un immense vaisseau spatial de l'armée vient de se poser sur Ythaq. Les militaires (ridiculisés à longueur de page par un Arleston sarcastique à souhait) doivent tenter de retrouver les 13 vaisseaux disparus aux alentours de cette planète même pas censée exister. Granite, la blonde, est toujours aussi vaillante et responsable, Callista, la belle brume ténébreuse, tente de retrouver un minimum de confort dans ce monde arriéré alors que Narvarth, le poète mécanicien, semble être aux prises avec des forces manipulant son esprit. 

C'est un peu bavard au début (il le faut bien pour placer les jeux de mots irrésistibles), et très mouvementé à la fin. Un subtil équilibre parfaitement maitrisé par Arleston.

« Les naufragés d'Ythaq » (tome 8), Soleil, 13,50 € 

samedi 4 décembre 2010

BD - Compagnie ténébreuse

Des nazis en cavale, des sacrifices humains, de jolies nanas, un héros complexe : les ingrédients servant au cocktail de « La compagnie des ténèbres » n'ont rien d'exceptionnel. Pourtant l'ensemble fonctionne et on se surprend à trembler dans le sillage du héros, un agent du Mossad pourchassant d'anciens SS au cœur de la jungle amazonienne dans les années 60. 

Patrick Galliano a corsé le tout en mettant l'intrigue principale en abime dans un futur proche apocalyptique, au dérèglement climatique catastrophique. Joseph Adams, sous couvert d'une mission de recherche archéologique, a pour mission d'éliminer un dignitaire nazi, sorcier ayant conseillé Hitler jusqu'aux derniers jours de la guerre. Il a trouvé refuge dans une tribu qui pratique toujours les sacrifices humains. Joseph Adams qui, en route, tombera dans les bras de Maria, une belle métisse ayant des pouvoirs surnaturels. 

Dessinée par Mario Milano, cette BD 100 % aventure et action a des petits airs de Manara. Notamment quand la belle et lascive Maria est un peu dénudée (en gros, du début à la fin des 52 pages...)

« La compagnie des ténèbres » (tome 1), Glénat, 13,50 € 

vendredi 3 décembre 2010

BD - Choron story

Daniel Fuchs, bouquiniste de son état, a longtemps été un des piliers des éditions du Square. La maison d'édition créée par Georges Bernier, alias Professeur Choron, a connu son heure de gloire avec le succès de Charlie Hebdo. Daniel Fuchs a raconté ses années « bêtes et méchantes » (le slogan de Hara-Kiri) à Joub et Nicoby qui ont transformé ce long témoignage en un roman graphique quasi historique. 

On croise dans ces pages Reiser, Cabu, Siné, Gébé, Chenz et autres Wolinski. Mais le véritable héros reste Choron, génial éditeur, piètre gestionnaire. Daniel Fuchs se souvient de ses débuts. Il a prêté sa bouille ronde et barbue pour quelques fausses pubs et autres romans-photos en plus de chapeauter les ventes. Il ressort de cette épopée un incroyablement bouillonnement, entre génie créatif et destruction de tous les tabous. Hara-Kiri allait très loin dans ses satires, les auteurs encore plus loin en coulisses. Ils prenaient du bon temps, profitant complètement de la libération des mœurs héritée de mai 68. 

Cela donne envie de retrouver cette ambiance insouciante et surtout met en exergue les limites de notre époque redevenue très pudibonde et politiquement correcte.

« Mes années bêtes et méchantes », Drugstore, 17 € 

jeudi 2 décembre 2010

Roman - Champignons polynésiens

Passionné par les champignons, Arnold Trevellyan quitte les brumes londoniennes pour un lagon polynésien. Un roman déroutant et inventif.

Si vous aimez les champignons, plus spécialement le plus recherché des gourmets, l'oronge vraie, vous savourerez ce roman de Giles Milton avec délectation. Car il est beaucoup question de champignons dans cette fantaisie entraînant le lecteur sur une petite île polynésienne en passant par des carrières dans le Morvan et le Londres de la fin des années 80.

Un iconoclaste. Arnold Trevellyan est assurément un iconoclaste. Ce commissaire-priseur s'épanouit dans son métier. Il vit heureux en compagnie de sa ravissante femme, Flora. Et il a une passion : les champignons. Une vie somme toute rangée, et pourtant, dans les premières pages du roman, quand on rencontre pour la première fois Arnold, il se prélasse sur une plage de sable blanc, au bord du lagon de Tuva, une petite île perdue dans le Pacifique. Ce n'est pas un simple touriste. C'est le roi. Souverain d'un petit paradis tropical. Comment en est-il arrivé là ? On le découvre en même temps que Tobias, un journaliste enquêtant sur cet étonnant sujet de sa gracieuse majesté bombardé roi d'un pays minuscule, du jour au lendemain.

Cavernes et ordre secret

Tout a commencé quand Flora a voulu casser le quotidien du couple. Elle pousse Arnold a prendre un an de congé sans solde et à se consacrer entièrement à sa marotte, les champignons. Arnold et Flora louent une maison, perdue dans les bois au centre de la France et se lancent à la recherche des amanites, toxiques ou comestibles. Un isolement qui sera fatal. Flora quitte Arnold alors que ce dernier vient de découvrir l'entrée de vastes carrières. Son existence va alors basculer. Cette véritable ville souterraine est le repère de l'Ordre, une société secrète qui œuvre depuis des siècles à préserver et restaurer les monarchies partout sur le globe. C'est là qu'il rencontre Lola, la reine de Tuva. Coup de foudre, mariage : le roi Arnold va pouvoir régner.

Le roman de Giles Milton est construit comme un puzzle énigmatique. Le journaliste, en interviewant Peter un ami d'Arnold puis Flora, reconstitue cet incroyable parcours. Mais en parallèle, Arnold, dans des cassettes audios, raconte son étonnante aventure, avec grandiloquence et fougue. Car Arnold a un réel talent de conteur, doublé de celui d'un séducteur irrésistible. Pour preuve, quand il faisait des conférences sur les champignons, le public était surtout féminin, « un auditoire presque exclusivement féminin. Des centaines de femmes qui bavaient devant lui. Il les tenait sous son charme. Et quand il a parlé des propriétés aphrodisiaques de la vesse-de-loup, on a presque entendu les phéromones entrer en ébullition. »

Banquet royal

Champignons et sexe, ils font parfois bon ménage. Arnold va d'ailleurs se distinguer en permettant à l'Ordre de disposer de quantité suffisantes d'oronges (appelées également amanites des Césars) pour un banquet organisé tous les 7 ans. En bon Anglais, Giles Milton met la royauté au centre du roman. La royauté et surtout la façon de la préserver dans ce monde où la démocratie semble ne pas avoir encore dit son dernier mot. En lisant les tribulations des différents protagonistes, on se croit parfois dans un sketch des Monty Python. Complètement loufoque parfois, romantique à souhait par moment, ce roman est avant tout un regard décalé sur notre monde. Arnold est-il un doux rêveur génial ou le simple pion d'une histoire encore plus complexe ?

« Le monde selon Arnold », Giles Milton, éditions Buchet-Chastel, 21 €

mercredi 1 décembre 2010

BD - Un enquêteur old school


Fabien Vehlmann, avant d'être le repreneur de Spirou et le scénariste de la série à succès « Seuls », a débuté par des histoires courtes. La première de Green Manor a vu le jour en 1998. Plus de 10 ans plus tard, les 16 « charmantes historiettes criminelles » sont reprises dans une luxueuse intégrale à la finition soignée. Hommage aux ambiances à la Conan Doyle, cette série est dessinée par Bodart. A la base, c'était pour se « distraire » de ses autres productions. Il y a visiblement pris beaucoup de plaisir. 

Ce gros album de 160 pages est complété par un cahier graphique présentant les crayonnés de certaines planches et des croquis de recherche de personnages. Une virtuosité exceptionnelle : par moment, la spontanéité du trait de Bodart fait penser à Alexis.

« Green Manor » (intégrale), Dupuis, 35 € 

mardi 30 novembre 2010

BD - Un migrateur dans des "Terres lointaines"

Pas facile de se retrouver seul sur une planète inconnue. Quand Paul Clauden débarque sur Altaïr-3 en compagnie de sa mère et de sa jeune sœur, il ne se doute pas que son père ne serait pas au rendez-vous. Malgré l'adversité, il va tenter de le retrouver, se lançant dans un long périple sur ce monde étrange du à l'imagination de Léo. 

Ce troisième épisode permet à Paul de croiser de nouveaux personnages, d'un chercheur en biologie à une candidate à la députation en passant par le tenancier d'un tripot qui propose des shows holographiques érotiques. 

Sans oublier quelques monstres extraterrestres dessinés par Icar qui a la lourde charge d'animer graphiquement les inventions de Léo. Dans le genre, les porquereaux sont aussi originaux que hideux. Rien que pour eux, l'album vaut le détour.

« Terres lointaines » (tome 3), Dargaud, 10,95 €

lundi 29 novembre 2010

BD - Râleur et Américain de base


Les USA ne sont pas exactement comme nous Français les imaginons. La société américaine est beaucoup plus complexe et cet album regroupant quelques reportages dessinés de Peter Bagge en est l'illustration parfaite. Bagge a débuté jeune dessinateur révolté publiant dans des fanzines indépendants. Il a vieilli et depuis a fait son coming out de réactionnaire de base. 

Exactement il est « libertarien », une idéologie qui prône la liberté individuelle totale. Cela les place à droite quand ils réclament le port d'arme pour tous, à gauche quand ils revendiquent la libéralisation de toutes les drogues. De drôles de zozos, qui se présentent au élections, piquent des voix aux républicains et se lamentent ensuite quand Obama est élu. Peter Bagge, avec un recul étonnant, juge ses compatriotes, ses propres idées et la société dans laquelle il reconnaît qu'il fait bon vivre. I

l n'est pas tendre et tape là où ça fait mal, un peu comme un Didier Goux (célèbre blogueur) ricain maniant mieux le pinceau que la paraphrase.

« Tous des idiots, sauf moi », Delcourt, 17,50 €

dimanche 28 novembre 2010

L'invasion des chats de la mort qui tue

Vous aimez les chats ? Vous aimerez ces livres qui les transforment en héros, désopilants, ridicules ou tendres.

Bludzee


Un petit chat noir seul dans un appartement. Le début minimaliste de cette histoire imaginée par Lewis Trondheim se transforme en gros album de plus de 350 pages. A la base, Bludzee est un feuilleton quotidien diffusé sur les smartphones. Un gang par jour durant une année. C'était en septembre 2009 et l'expérience achevée, les arriérés n'ayant pas de bijoux technologiques dans leurs poches pourront savourer les aventures de ce minou espiègle au yeux bleus. Bludzee devra apprendre à se nourrir seul, à surmonter ses peurs, oser sortir de l'appartement, affronter les autres... 

Une longue et belle initiation au cours de laquelle il va croiser quelques monstres, d'autres chats, des oiseaux, un chien, des insectes et, heureusement, quelques pots de plantes vertes pour s'y cacher. Bludzee qui deviendra le compagnon de Markus, un chat tueur à gages que l'on pourrait retrouver prochainement sous forme de dessin animé. (Delcourt, 25 €)

Simon's cat

 Le chat de Simon est de retour pour de nouvelles aventures. Mais cette fois, le gros matou imaginé par Simon Tofield quitte la quiétude du foyer familial pour affronter les rigueurs de la vie. Tout sauf courageux, il aura fort à faire face à cette multitude de dangers, parfois réels, souvent imaginaires. Ce phénomène d'édition international remporte un succès incroyable. Simon Tofield a d'abord posté des scénettes animées sur internet. Le succès aidant, il a décliné son personnage sous forme de petites bandes dessinées muettes ou de dessins gags. C'est hilarant et irrésistible. (Fleuve Noir, 14,90 €)

Chi, une vie de chat


Les chats cela sert à faire rire, mais aussi à émouvoir. Chi, le chaton de la BD japonaise signée de Konami Kanata est une adorable boule de poil qui va faire fondre toute une famille. A la base, Chi se perd lors d'une balade en compagnie de sa maman. C'est un petit garçon qui le découvre, apeuré dans un parc. Chi va gagner une amitié et un foyer. Plusieurs histoires courtes racontent cette adoption avec ses bons et mauvais moments. Comment devenir propre, comment oublier sa maman, comprendre que le grand monsieur est son papa, arrêter de tout casser dans l'appartement : les scènes sont tirées du quotidien, chaque propriétaire d'un chaton se reconnait et se souviendra avec nostalgie de ces moments. En couverture, Chi pleure. Vous risquez vous aussi parfois écraser une petite larme... (Glénat Kids, 10,50 €)

Le chat en cent poèmes


Enfin les chats, compagnons du quotidien, sont souvent source d'inspiration. Les poètes ont régulièrement chanté leurs charmes. En cette période de fêtes de fin d'année, ce joli recueil de plus de 200 pages richement illustrées sera parfait pour tout amateur de félin. « Le chat en cent poèmes » ce sont des textes réunis par Albine Novarino-Pothier, de la nuit des temps aux poètes les plus contemporains. Tous ne sont pas connus, certains sont très célèbres comme Eluard, Colette ou Boris Vian. La magie des mots agit de la même façon qu'un chat, combinaison de cruauté et de tendresse. Avec ou sans griffes, craquez pour les chats ! (Omnibus, 26 €)



samedi 27 novembre 2010

BD - Les aventures de Fred chez les « cocos de l'Est »

Fred Neidhardt est un auteur insaisissable. On sent qu'il rêve d'une carrière classique de dessinateur de BD franco-belge, mais son mauvais fond l'en empêche. Car Fred aime choquer. Il a signé quelques impostures mémorables, dépassant parfois les limites de la bienséance des années 2000. Pourtant, sous ces airs de mauvais garçon, on devine un sentimental. La faute à son enfance, où amour fou le disputait à masturbation frénétique. Après « Pattes d'eph & col roulé », il prolonge ses mémoires de petit garçon avec cette « Peur du rouge » se déroulant au début des années 80. 

Élevé dans une famille bourgeoise redoutant comme la peste l'arrivée des communistes (les Rouges) au pouvoir dans le sillage de Mitterrand, il relate dans ce long roman graphique une visite en Allemagne, à Berlin exactement. A l'époque, la capitale allemande est toujours partagée par le fameux mur. Privilège du touriste, Fred et ses camarades peuvent le franchir, comparer l'Est et l'Ouest. 

Le récit oscille entre plaisanteries potaches entre gamins en pleine adolescence rebelle et scènes chocs, notamment quand ils visitent le mémorial à la barbarie nazie. Mais le véritable but du voyage de Fred, c'est la rencontre avec la fille qui hante ses nuits. Il a lu « Moi, Christiane F. 13 ans, droguée, prostituée », est tombé amoureux de ce visage grave en couverture. Il tente de retrouver les lieux décrits par la jeune fille. Les sens aux aguets, il espère sans cesse la voir. Et rêve qu'il la sauve, tel un chevalier blanc... Dans la réalité, cela se passe différemment. Drogués et punks prennent un malin plaisir à faire peur à ce jeune touriste égaré. Fred sera finalement secouru par Günter, un Allemand moderne. Un peu trop au niveau des pratiques sexuelles...

Après ce récit âpre et sans concession, Fred Neidhardt a logiquement voulu passer à quelque chose de plus léger. Il a signé une parodie de Spirou et Fantasio publiée cet été dans l'hebdomadaire du même nom. Son « Spouri et Fantaziz » mode racaille était hilarant. On en retrouve l'essentiel sur le blog de Fred, le Fleurblog.

« La peur du rouge », Fred Neidhardt, Delcourt, 13,95 €

vendredi 26 novembre 2010

BD - La police est partout

Cette nouvelle série écrite par Alcante et dessinée par Dupré, pourrait donner l'impression que ces 56 pages ne sont que le prétexte à vanter les mérites d'Interpol, la collaboration de polices du monde entier pour traquer les gangsters. 

En surface, c'est cela. Mais en grattant un peu la couche de peinture enjolivante recouvrant l'ensemble, on découvre d'autres messages. Le « méchant », Patrice Hellers, n'est pas le tueur que l'on croit. Accusé injustement de viol dans sa jeunesse, il a plaqué son milieu bourgeois pour prendre sa revanche sur la police, les juges et les politiques. 

Au final, il n'aspire qu'à une vie tranquille en compagnie de sa femme et de son fils. A l'opposé, la « victime », un politicien belge Wallon, a mené sa carrière en attisant les haines entre communautés, s'enrichissant personnellement au passage en magouillant sans vergogne. Les policiers, eux, sont loin de ces considérations. 

Certes le commissaire Dambre, dans les premières pages se plaint des budgets en baisse votés par le gouvernement, mais il mènera quand même son enquête au bout. Efficace, bien dessinée, pas trop manichéenne : cette série est prometteuse.

« Interpol » (tome 1), Dupuis, 11,50 € 

jeudi 25 novembre 2010

BD - Mettez le cap vers l'Australie profonde

Un bon polar social et dépaysant. C'est l'impression que laisse au premier abord le tome 1 de ce diptyque signé Marie (scénario) et Vanders (dessins). 

Mais les auteurs vont un peu plus loin dans leur description d'une Australie profonde, marquée par le racisme et la dévalorisation des Aborigènes. C'est aussi une belle histoire d'amour, de celles qui emportent tout sur leur passage. Une ferme de crocodiles dans l'Etat du Nord, près de Darwin. Le propriétaire, raciste et cruel, a une fille, Angie. Angie qui n'a d'yeux que pour Mayaw, le jeune aborigène chargé de nourrir les féroces sauriens. 

Ils mangent des kangourous, abattus par Bruce, un chasseur blanc, amoureux éconduit d'Angie. Un soir d'orage, Angie et Mayaw se retrouvent, s'aiment et se font surprendre. Ils n'ont plus qu'une solution : fuir le plus loin de Perdition, le nom prémonitoire de la ferme. Ils sillonneront l'Australie, avec un Bruce enragé aux trousses. La couverture, sombre et sanglante de l'album donne le ton de l'histoire. 

Avec cependant un acteur qui fournit un peu d'air au récit oppressant : les grands espaces australiens.

« Back to Perdition » (tome 1), Vents d'Ouest, 13,50 € 

mercredi 24 novembre 2010

BD - Last Tibet

Le 78e album de Ric Hochet, sous une couverture classique, n'est pas du tout comme les autres. Cette aventure intitulée « A la poursuite du Griffon d'or » est inachevée. Tibet, le dessinateur, est mort en janvier dernier, alors que moins de la moitié de l'album était finalisé. Les éditions du Lombard ont préféré publier cette œuvre inachevée en l'état. Cela donne un superbe hommage au travail de Tibet, trop souvent considéré comme un dessinateur manquant d'envergure et de talent. Cela permet également au lecteur de découvrir sa technique de travail, car il s'était adjoint l'aide d'un décoriste. 

En regard de chaque planche terminée (de la 1 à la 17), on découvre l'esquisse du découpage. Le trait de Tibet y est plus relâché, moins rigide. Les planches 18 à 26 ne comportent que les personnages encrés par Tibet, les décors n'étant qu'esquissés. Enfin, les deux dernières planches présentée, les 27 et 28, ne sont que crayonnées. André-Paul Duchâteau, le scénariste, dévoile en quelques paragraphes la fin de l'intrigue. 

Mais prévient également dans la préface : « Les enquêtes de Ric Hochet, selon la volonté de Tibet, se poursuivront ! ». Il y aura donc un album n° 79.

« Ric Hochet » (tome 78), Le Lombard, 9,95 € 

lundi 22 novembre 2010

BD - La véritable histoire de Julius

Série mythique des années 2000, « Le troisième testament » s'offre une cure de jouvence en suivant les premiers pas de Julius, le prophète oublié de Samarie. Si Dorison est toujours au scénario, Alex Alice s'est contenté du storyboard, laissant le dessin final à Robin Recht. Trente années après la mort du Christ, la Palestine est toujours sous la coupe des Romains.

A leur tête le général Julius Publius Vindex. Il est cruel, massacrant Juifs et Chrétiens comme on sort soin chien. C'est au sein de cette dernière « secte » qu'il va recruter un homme, calme et non-violent, factotum qui lui permettra de conquérir le pouvoir. Mais son plan échoue par la faute de sa fille et il se retrouve prisonnier, avec le Chrétien, dans des mines de souffre. C'est là que le général sans cœur va se transformer en prophète.

 Passionnant, même si l'histoire des religions ne vous intéresse que très moyennement.

« Le troisième testament » (tome 1), Glénat, 14,99 €

dimanche 21 novembre 2010

BD - Chosp : petit et vilain dans un monde "parfait"


Alessandro Barbucci, en quelques années, est devenu un des dessinateurs les plus lus du monde entier. Pourtant il a débuté au bas de l'échelle. Pour les éditions Disney, durant 10 ans en Italie, il a peaufiné son trait rond et souple en produisant des centaines de planches. Il a décollé en créant, avec Barbara Canepa, WITCH, des histoires de sorcières plus spécialement destinées aux adolescentes. 

Ensuite il a conquis les adultes avec Skydoll tout en creusant la filière fantastique avec Monster Allergy. 

Aujourd'hui Barbucci lance une nouvelle série et ses nombreux fans ne devraient pas être déçus en découvrant les 128 pages constituant les premières aventures de Chosp. Dans Tee-Ville, tout est luxe, glamour et beauté. La femme du gouverneur, la très belle Stella Star, a pourtant un secret, un enfant caché peu présentable, Chosp, car il a des cornes, une queue et des dents acérées. 

Chosp a l'insouciance de sa jeunesse et, en compagnie de son amie Melany, il va tenter de découvrir qui sont ses véritables parents.

"Chosp" (tome 1), Soleil, 12,90 € 

samedi 20 novembre 2010

BD - Thorgal : ce n'est presque plus de la bande dessinée !

Si dans votre jeunesse vous avez adoré Thorgal, vous risquez d'être un peu déçu par les nouvelles aventures du fier viking écrites par Yves Sente (spécialiste des reprises qui rapportent un max...). Côté dessin aussi vous aurez des difficultés. Sachez-le : Rosinski n'est plus un dessinateur de BD. Il est peintre à part entière qui, accessoirement, transforme ses toiles en planches de BD, masquant certaines parties du décor par les dialogues de l'intrique. 

Donc on regrette avant tout le format trop petit de l'album pour mettre correctement en valeur ses œuvres. Un format deux fois plus grand semble le minimum pour apprécier la richesse de ses compositions. 

Ce 32e tome des aventures de Thorgal est une nouvelle fois centré sur Jolan. Il se rend au royaume des Dieux pour y dérober une pomme d'éternité. Il devra affronter une armée de géants, heureusement aidé par une multitude de petits guerriers en chiffons. Thorgal, de son côté, erre de port en port à la recherche de son fils. 

Une BD en baisse mais qui reste quand même incontournable.

"Thorgal" (tome 32), Le Lombard, 11,95 € 

vendredi 19 novembre 2010

BD - Largo Winch court toujours


Il est partout ! Largo Winch lance une vaste offensive promotionnelle pour devenir le nouveau James Bond des temps modernes. Roman, film, DVD et bien évidemment album de BD, à l'origine de tout. Jean Van Hamme, le scénariste, ne semble pas décidé à lâcher ce héros évoluant dans le monde de la finance et des grandes entreprises, un milieu qu'il décortique avec un malin plaisir. 

« Mer noire », 17e titre de la saga, voit le richissime héritier du groupe W pourchassé par le FBI, suspecté de trafic d'armes et de terrorisme international. Une machination comme Van Hamme aime imaginer, où le héros, toujours au bord de la déconfiture, parvient quand même à se maintenir à flot et à déjouer les tours les plus machiavéliques. Cette série est à son sommet, histoire prenante et dessin de plus en plus abouti. 

Philippe Francq est parvenu de se débarrasser d'un style assez impersonnel pour imposer sa pâte toute cinématographique. Ses second rôles y gagnent beaucoup, surtout quand ils commencent à ressembler à des personnages dessinés par Hermann.

"Largo Winch" (tome 17), Dupuis, 11,50 €