Personnage principal de la trilogie « Les voies de l'ombre », Kurtz hante de nouveau les pages de ce thriller de Jérôme Camut et Nathalie Hug.
Les serial killer ont-ils des enfants ? Une descendance ? Cette interrogation est au centre de « Rémanence », épilogue très psychologique de la trilogie « Les voies de l'ombre », des romans noirs qui font froid dans le dos. Le personnage principal, Kurtz, était devenu l'ennemi numéro 1 en France, ayant mis en place un vaste plan pour semer mort et chaos dans le pays. C'était presque à regret que le lecteur refermait « Instinct », Kurtz mis hors d'état de nuire. Les auteurs aussi, Jérôme Camut et Nathalie Hug, semblaient regretter d'avoir bouclé cette saga. Heureusement « Les voies de l'ombre se font entendre à nouveau ».
L'action se déroule quinze années après les premières vagues de terreur. Le bonheur est au rendez-vous pour Claire. Elle va épouser Edouard. Quelques heures avant les noces, un homme se présente à l'entrée de la luxueuse propriété des Morhange. Il désire parler à Claire. La jeune femme, intriguée, va à sa rencontre. Et elle a un choc : « Il a le front haut, des cheveux couleur de paille et ces traits si souvent imaginés qu'ils ont fini par se perdre dans sa mémoire. » Des pans du passé de Claire ressurgissent, quand elle était enfant, prisonnière de Kurtz. Elle s'est échappée avec Milan, le beau jeune homme qui réapparait, des années plus tard, le jour de son mariage. Milan qu'elle a tenté d'oublier. Et qui revient comme si de rien n'était.
Kurtz en quelques chiffres
Le lecteur va alors, par bribes, découvrir la dure existence de Claire. Son père faisait partie des « disciples » de Kurtz. Andréas a payé. Il vient de passer 15 années derrière les barreaux. Libre, il rédige un journal et il ne veut pas oublier les « chiffres bruts », « même si enfermer Kurtz dans des données est un exercice vain. Entre ceux qui sont morts dans ses fours, disparus, envolés, ceux qui ont sauté en mission, ceux qui ont disparu le jour de l'attentat au Stade de France, les chiens, les victimes des chiens, les infortunés qui ont croisé sa route, mauvais endroit mauvais moment, Kurtz est crédité d'à peu près 300 victimes ». Andréas est libre, Kurtz est mort. Mais il croit le voir, comme un fantôme revenant le hanter : « Je dois redoubler de prudence. Dans ce monde où Kurtz a vécu, tout est encore possible. »
L'ancien taulard, le jour de sa sortie, n'attend personne. Pourtant Claire a fait le déplacement. Elle veut solder son passé. Elle l'aborde alors qu'il attend sous un abribus. « Je suis venue mettre un terme à nos relations, papa » explique-t-elle en lui tirant dessus. Trois fois. Trois billes de paintball...
Deuil du père, deuil du mentor, deuil de son enfance : ce roman transpire la mort. Claire en est la figure centrale. Elle ne peut réfréner son attirance vers Milan, le mauvais garçon, l'antithèse de son mari, riche et casanier. Avec Andréas, la relation est encore plus complexe. Claire le rejette. Il va tout faire pour la protéger, malgré elle. Les trois personnages principaux présentés, Jérôme Camut et Nathalie Hug vont pouvoir déployer leurs talents de conteurs. Une dérive lente et inéluctable vers l'horreur, un cauchemar éveillé sans fin. Avec cette interrogation de plus en plus présente et obsédante : et si finalement Kurtz n'était pas mort ?
« Rémanence », Jérôme Camut et Nathalie Hug, Editions Télémaque, 19,50 €
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