La tyrannie de la beauté, de la jeunesse éternelle, de l'apparence est au centre de cet album signé Sandrine Revel. Une dessinatrice surtout connue pour ses productions enfantines (Un drôle d'ange gardien) et qui se révèle passionnante sur un thème semblant lui tenir à cœur. A San Francisco, de nos jours, Eva, femme de quarante ans, est de plus en plus mal dans sa peau. Mariée, en butte à sa fille, ado rebelle adepte du gothique, dépendante financièrement de son mari, elle fait du bénévolat dans une association qui tente de désintoxiquer femmes et hommes dépendants de la sorcellerie.
Un aspect fantastique du récit totalement banal dans cette réalité imaginaire. Eva va succomber elle aussi aux attraits du Mal. Désirant retrouver sa jeunesse et sa beauté d'antan, elle va tenter de pactiser avec le Diable. Au dernier moment elle s'enfuit, provoquant l'ire d'un démon qui n'aime pas rater un contrat. Cette parabole sur la quête du bonheur et de la beauté, à tout prix, est brillamment menée, dénonçant certains démons à l'aspect très humain officiant dans ces églises vouées à Satan communément appelées cliniques de chirurgie esthétique.
Sandrine Revel, pour donner encore plus de force à sa démonstration, adopte un trait réaliste très froid et photographique. La filiation avec Chantal Monteiller est évidente, même dans les scènes oniriques.
« Sorcellerie et dépendances », Sandrine Revel, Dupuis, 11,50 €
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