Affichage des articles dont le libellé est marie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est marie. Afficher tous les articles

mercredi 30 août 2023

BD - Laurent Bonneau signe un roman graphique, de l'abattoir à l'art contemporain

Les romans graphiques aussi sont au rendez-vous de la rentrée littéraire française de 2023. Laurent Bonneau, dessinateur ayant longtemps résidé à Narbonne et qui est installé depuis quelques années dans les Albères dans les Pyrénées-Orientales, dessine "Ceux qui me touchent", un scénario de Damien Marie dans la collection Grand Angle. Les interrogations d'un jeune père sur son travail (tueur de cochons dans un abattoir) et ses rêves brisés d'artiste. 

Depuis son premier album paru chez Dargaud en 2010, Laurent Bonneau n'a cessé de publier des titres chez divers éditeurs, de Futuropolis à Bamboo Grand Angle en passant par Des Ronds dans l'O. Les longs récits ne l'effraient pas. Il propose donc ce mercredi 23 août dans toutes les bonnes librairies françaises, un roman graphique de plus de 220 pages. Ceux qui me touchent est la suite indirecte de Ceux qui me touchent, paru en 2014.

Toujours sur un scénario de Damien Marie, Laurent Bonneau illustre ce passage de la vie d'une jeune famille française comme il en existe tant. Fabien, sa compagne Aude et leur petite fille, Elisa. Lui, diplômé des Beaux-arts, a remisé ses envies d'œuvre novatrice pour accepter un travail alimentaire. Triste travail, dans un abattoir. Il tue des cochons matin, midi et soir. Une semaine en journée, l'autre la nuit. Tuer mais aussi vider et découper. Du sang partout, tout le temps. Plus que n'en aura vu le moindre soldat des tranchées.

Le cochon tatoué

Aude est infirmière dans un hôpital public. Manque de personnel, moyens limités, elle tire sur la corde pour ne pas craquer. Par chance ils ont eu Elisa, adorable fillette, un peu trop remuante par moments, qui aime tant que son papa lui raconte, le soir avant de s'endormir, une histoire avec un chevalier armé d'un bâton magique, une princesse, un loup... et des cochons zombies, dont l'un d'entre eux a un cœur tatoué sur la fesse. Il y a aussi un grand cerf majestueux dans ces histoires imaginées à deux.

Alors que Fabien sombre de plus en plus dans la morosité et l'épuisement à cause de son boulot, il percute, un soir avec sa voiture, une biche. Quand il s'arrête, il voit au loin un grand cerf. Majestueux. Une première alerte sur son équilibre mental. Quand le lendemain, il découvre parmi les porcs à peine arrivés à l'abattoir, un mâle avec un beau tatouage, il décide de sortir des clous, de la norme, au risque de perdre son emploi. Et de sauver cet animal. Même si, selon l'adage, "rien ne ressort vivant de l'abattoir". Il achète donc le cochon et le met en pension complète chez l'éleveur. Il apprendra ainsi que le tatouage est l'œuvre de la fille du paysan, une jeune femme autiste, mutique mais très douée et aimant autant l'art que les cochons.

De l'art ou du cochon ? 

Fabien va avoir l'idée d'utiliser cette artiste cachée pour changer le destin de sa famille. 

Le scénario de Damien Marie explore plusieurs thématiques. Celle des abattoirs, usine de la mort où des animaux vivants entrent sur leurs quatre pattes et en ressortent sous forme de barquettes prêtes à être cuisinées destinées aux rayons alimentaires des grandes surfaces.

L'autre problématique concerne l'art et sa perception. Un sujet qui tient à cœur à Laurent Bonneau qui peint également et réalise dans la structure éditoriale qu'il a créé (LauMa éditions) des livres à petit tirage reprenant des reproductions de ses œuvres comme le très beau "Lumières des Albères" ou "Corps". Pour Laurent Bonneau, "l'art est partout, lorsque nous sommes prêts à le voir. La beauté, la réflexion, l'art, existent dans le regard de celle ou celui qui y est sensible."  En découvrant les planches de Ceux qui me restent, signées Laurent Bonneau, on ne peut qu'être ébloui par son trait vif et acéré, croquant des moments de la vie intime et familiale. 

De grandes cases, au trait noir charbonneux, rehaussées d'une seule couleur en fonction de l'ambiance ou des lieux. Le vert symbolise l'abattoir, le rouge orangé la ferme, le jaune les moments complices avec sa fille. Un roman graphique d'une grande densité, exigeant, édifiant. Preuve que l'art peut se mettre au service d'une bonne histoire et que le récit permet aux meilleurs graphistes de s'exprimer. 

"Ceux qui me touchent" de Damien Marie (scénario) et Laurent Bonneau (dessin et couleur), Bamboo - Grand Angle, 224 pages, 24,90 € 

vendredi 25 septembre 2015

Livre : Les tourments d'une mère


Colm Tóibín imagine les tourments d'une mère face au sacrifice de son fils. Une réécriture de la mort de Jésus dans « Le Testament de Marie. »

Colm Tóibín, jésus, marie, dieu, robert laffontJamais elle n'a cru à cette légende. Jamais elle n'a cautionné son sacrifice. Jamais elle n'a accepté son départ, son abandon. Mais jamais, non plus, elle n'a cessé de l'aimer, son fils, le sien, pas celui de Dieu. Marie raconte à la première personne les derniers moments de son fils, Jésus. Elle se sent obligée de dire sa vérité car depuis quelques temps deux hommes viennent la voir tous les jours pour qu'elle raconte une version très déformée de la crucifixion et des dernières heures de celui qu'ils considèrent comme le fils de Dieu. Or Marie sait que la réalité est tout autre.
Colm Tóibín, écrivain irlandais au verbe lyrique et puissant, a écrit un tout nouveau testament avec les yeux d'une mère bouleversée par l'aveuglement de son fils, comme pris au jeu de ses disciples qu'elle décrit comme une « horde écumant le pays telle une avide nuée de sauterelles en quête de détresse et de peine. » Pour elle il n'y a pas eu de miracles, pas de signes divins, juste un aveuglement. Quand ces deux visiteurs viennent chez elle, Marie leur interdit de s'assoir sur une chaise. « J'ai décidé qu'elle resterait vide. Elle appartient à la mémoire, elle appartient à un homme qui ne reviendra pas, dont le corps est poussière mais qui avait autrefois une puissance dans le monde. Il ne reviendra pas. La chaise est pour lui car il ne reviendra pas. » Les deux hommes, sans doute des apôtres chargés de la protéger ou de la surveiller la contredisent. « Ton fils reviendra ».Et Marie de répondre : « Cette chaise est pour mon mari ».

Chair, os et sang
Le roman, court et intense, revient sur quelques passages de la vie de Jésus. Les noces de Cana ou la résurrection de Lazare. Mais l'essentiel du texte raconte le dernier jour, le jugement par Pilate puis la montée vers la colline et la mise en croix. Un symbole encore très présent dans les cauchemars de la narratrice. « J'ai eu le souffle coupé en voyant la croix. Elle était déjà toute prête. Elle l'attendait. Bien trop lourde pour être portée. » Cachée dans la foule qui réclame la mort de celui qui prétend être le fils de Dieu, Marie vit intensément ce fameux chemin de croix.
Mais elle y voit tout autre chose. Quand elle croise son regard, elle pousse un cri, veut se précipiter vers lui. « C'était l'enfant à qui j'avais donné naissance et voilà qu'il était plus vulnérable qu'il ne l'avait été même alors. Quand il était bébé, je m'en souviens, je le berçais en pensant que j'avais désormais quelqu'un pour veiller sur moi quand je serais vieille. Si j'avais pu imaginer, même en rêve, qu'un jour viendrait où je le verrais ainsi, tout sanglant au milieu d'une foule zélée avide de le faire saigner davantage, j'aurais crié de même, et ce cri aurait jailli d'une partie de moi qui est le centre de mon être. Le reste n'est que chair, os et sang. » Une mère, souffrant pour son enfant malgré ses errements et trahisons, voilà la vérité que raconte Colm Tóibín dans ce remarquable texte.
Michel Litout

« Le Testament de Marie », Colm Tóibín, Robert Laffont, 14 €

mercredi 7 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Prénoms démodés

Plusieurs générations séparent les Jean des Nathan.
L'Insee, en plus de chiffres de conjonctures économiques, collecte aussi toutes sortes d'informations pour ensuite transformer l'ensemble en tableaux et graphiques. Dans sa base de données, penchons-nous sur les anecdotiques mais très intéressantes listes des prénoms les plus choisis par année et par région.
En Languedoc-Roussillon, comme partout ailleurs en France, la fin des années 40 et toutes les années 50 sont dominées par les Jean. A partir des années 60, c'est plus diversifié. Philippe mène la course, mais il est talonné par Christophe et Thierry qui triomphe sur les écrans dans le feuilleton historique. Au début des années 70, Laurent fait une entrée remarquée dans la liste. Frédéric tente vainement de prendre le leadership mais en 1977, année de l'émergence du mouvement punk partout dans le monde, Sébastien bénéficie d'une popularité exceptionnelle. En 1981, pour la première fois depuis des lustres, la gauche accède au pouvoir. François Mitterrand l'emporte dans les urnes mais dans les maternités c'est... Nicolas qui est en tête.
La bascule a lieu en 1989. Après une période de Julien, l'abominable Kévin commence à étendre ses tentacules sur la France. Il règne en maître absolu de 1990 à 1994. Ensuite, c'est le grand n'importe quoi de Mathis à Enzo en passant par Lucas ou Dylan.
Comment, vous trouvez que je dénigre des prénoms à la mode ? Juste retour des choses. Les jeunes n'ont qu'à pas se moquer de mon prénom de vieux...

Chronique "De choses et d'autres" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

jeudi 25 novembre 2010

BD - Mettez le cap vers l'Australie profonde

Un bon polar social et dépaysant. C'est l'impression que laisse au premier abord le tome 1 de ce diptyque signé Marie (scénario) et Vanders (dessins). 

Mais les auteurs vont un peu plus loin dans leur description d'une Australie profonde, marquée par le racisme et la dévalorisation des Aborigènes. C'est aussi une belle histoire d'amour, de celles qui emportent tout sur leur passage. Une ferme de crocodiles dans l'Etat du Nord, près de Darwin. Le propriétaire, raciste et cruel, a une fille, Angie. Angie qui n'a d'yeux que pour Mayaw, le jeune aborigène chargé de nourrir les féroces sauriens. 

Ils mangent des kangourous, abattus par Bruce, un chasseur blanc, amoureux éconduit d'Angie. Un soir d'orage, Angie et Mayaw se retrouvent, s'aiment et se font surprendre. Ils n'ont plus qu'une solution : fuir le plus loin de Perdition, le nom prémonitoire de la ferme. Ils sillonneront l'Australie, avec un Bruce enragé aux trousses. La couverture, sombre et sanglante de l'album donne le ton de l'histoire. 

Avec cependant un acteur qui fournit un peu d'air au récit oppressant : les grands espaces australiens.

« Back to Perdition » (tome 1), Vents d'Ouest, 13,50 € 

mercredi 13 août 2008

BD - Le hold-up du désespoir

Initiative originale des éditions Bamboo pour le troisième et dernier volet de la série « Welcome to Hope ». En plus de l'album, vous aurez le roman écrit en parallèle par le scénariste Damien Marie. Roman noir, avec quelques scène non reprises dans la version graphique. Le lecteur revient donc une nouvelle fois dans cette petite ville américaine aux mœurs particulières et peu recommandables. Quelques loosers vont tenter de remporter la mise malgré les atouts des notables bien installés. 

Une histoire allant crescendo et qui atteindra son summum lors d'un hold-up de la petite banque de la localité. Cody, bon petit gars, a en marre d'être le dindon de la farce. Et il besoin de beaucoup de dollars pour prendre la fuite avec sa petite amie, Norma. Il braque donc le banquier et tue le gardien. Il prend en otage les clients alors que le shérif assiège le bâtiment. 

Cela semble mort pour Cody quand il reçoit l'aide inespérée de Scott, un joueur de poker qui pour une fois voit la chance tourner. Une intrigue ciselée avec précision permet à ce troisième tome de clore avec brio une série dessinée par Vanders.

« Welcome to Hope » (tome 3), Bamboo, 12,90 € 

dimanche 13 août 2006

BD - Marie aux grandes dents


Le rouge domine le troisième tome de cette série de Frédéric Lhomme (scénario) et Régis Penet (dessin). Rouge du sang versé par les soldats, rouge des armures des combattants, rouge des sous-vêtements des deux jeunes héroïnes. Dans cet empire imaginaire, sorte de copie de la Russie de la fin du XIXe siècle, deux familles s'affrontent depuis des générations pour accéder au pouvoir absolu. La haine est totale entre les Saint-Mathieu et les Saint-Pierre. Une haine que l'on retrouve entre Marie et Mardi. Les deux jeunes femmes se ressemblent, dans leur détermination, leur volonté de s'imposer, de triompher. Mais il ne peut n'y avoir qu'une seule gagnante. Cet ultime épisode est un long combat agrémenté de poésie... et de bordée d'injures? Car quand les sabres sortent de leurs fourreaux, les "crève salope !" et autres "Putain de pantin !" sont de sortie. Des dialogues crus en total décalage avec la grandiloquence des décors et de l'action. Au final le lecteur est un peu décontenancé, délaissant le fond de l'intrigue pour mieux admirer les plastiques des guerrières. Penet, au dessin, semble prendre beaucoup de plaisir à dessiner ses héroïnes dénudées ou le corps moulé dans des combinaisons de latex. Rouge, bien évidemment... (Soleil, 12,50 €)

mardi 1 août 2006

BD - "Welcome to Hope", l'Amérique abjecte

Hope, petite ville américaine entourée de milliers d’hectares de maïs. Quelques fermes par ci par là et un bar. Derrière le comptoir, Norma, jeune blonde qui, comme la moitié des Américaines, rêve de gloire sur une scène de Las Vegas. Autour de la belle inaccessible tourne Cody, mécano en liberté conditionnelle pour un vol qu’il n’a même pas commis. Un soir, avec un peu de baratin et quelques bières, il séduit la bimbo. Pour lui les ennuis vont commencer car le papa et le fiancé n’apprécient pas. En parallèle, Scott, joueur professionnel de poker débarque à Hope. Un bled de bouseux où il pense facilement gagner quelques billets. Mais pour lui aussi les choses vont se compliquer. Marie (scénario) et Vanders (dessin), décrivent un monde où tout le monde semble abject, sans aucune morale ni gentillesse. Seule la loi du plus fort et du plus vicieux semble avoir droit de cité. Un premier tome très noir s’achevant sur un coup de théâtre annonçant des développement encore plus extrêmes. 
(Bamboo, Grand Angle, 12,90 €)