samedi 30 avril 2022

Essai - Une reine adorée

Alors que jeudi à l’occasion de l’anniversaire de la reine Elizabeth II (96 ans !) des tirs de canons ont retenti depuis la Tour de Londres et Hyde Park, nombre de Français se demandent encore ce que les Britanniques trouvent à cette vieille dame discrète. 

C’est Louise Ekland, journaliste et animatrice télé et radio, originaire de Liverpool, qui a pris sa plus belle plume pour tenter d’élucider ce phénomène quasi métaphysique.  « J’ai décidé de vous expliquer, avec un humour tout britannique, pourquoi nous, les Anglais, aimons tant notre Queen, » explique-t-elle dans ce livre léger, pas trop sérieux mais bourré d’anecdotes de révélations et de témoignages. 

« God save my Queen » de Louise Ekland, Editions du Rocher, 17,90 €

Fantasy - Au Vieux Royaume


Les amateurs français de fantasy apprécient le Vieux Royaume, le monde imaginé par Jean-Philippe Jaworski. Dans « Le sentiment de fer », on retrouve cinq nouvelles se déroulant dans cet univers alors que la guerre des Grands Vassaux fait rage. Dans le premier texte, on suit le mercenaire et tueur Cuervo Moera, chargé de voler un précieux livre. De la pure action, entre espionnage et joutes de cape et d’épée. On croise aussi des elfes, un meunier devenu détrousseur de cadavres doté d’un incroyable aplomb lors de son procès ou d’une colonne de guerriers nains ou de gnomes perdus dans une cité perdue maudite. 

« Le sentiment de fer » de Jean-Philippe Jaworski, Folio SF, 7,60 €


vendredi 29 avril 2022

Roman - Lluis Llach en son royaume

Chanteur, militant politique pour l’indépendance de la Catalogne, élu… Lluis Llach multiplie les casquettes et en a rajouté une récemment sur son long CV : écrivain. Il quitte la Catalogne théâtre de ses précédents romans pour raconter les luttes de pouvoir au sein du royaume imaginaire de Magens. Échec au destin est un thriller médiéval dont l’intrigue pourrait tout à fait être transposée à notre époque.

Dans ce Moyen Âge qui sort très lentement d’une longue période de profond obscurantisme, certains monarques sont partagés entre leur volonté de progrès social et leur soumission à Rome et au Pape, arc-bouté pour maintenir ses prérogatives et avantages. Le roi de Magens, Ebrard, fidèle au pape, pense déjà à sa succession. Son fils aîné, Jan, fier guerrier, sera parfait. Son second fils, Inian, moins porté sur les choses de la guerre, est le préféré de la reine Bal. Un troisième larron va alors entrer en scène : Orenç. C’est le premier fils du roi, un bâtard car il a répudié la mère qui fut brièvement reine. Orenç revient à Magens après avoir suivi des études à Rome. Il a été nommé chanoine de la chapelle royale. Quelques jours après son arrivée, un drame rebat toutes les cartes : la reine Bal est retrouvée morte. Elle a chuté de la fenêtre de sa chambre, en pleine nuit. Meurtre ou suicide ? Le roi charge Orenç de répondre à la question. Exactement, il lui ordonne de prouver qu’elle a été assassinée car si le suicide est accrédité, elle sera excommuniée et de ce fait ses fils Jan et Inian perdront leur titre de Prince et tout espoir, un jour, de régner sur Magens. 

Une fois ce préambule mis en place, Lluis Llach laisse son imagination voguer au gré des événements et conspirations. Car à Magens, rares sont ceux qui n’ont pas quelque chose à cacher. Pour en apprendre un peu plus, rien de tel que la confession. Orenç va utiliser cette arme pour progresser dans son enquête. L’Église a « transformé la confession publique en confession privée sans en mesurer les avantages. Tout simplement parce que si la confession publique lui permettait juste de prononcer des pénitences, la confession privée, elle, lui donne un pouvoir de contrôle… qualité on ne peut plus fondamentale et intéressante. » Orenç va beaucoup en apprendre sur les complots du passé et ceux du futur. Et comme il est lui aussi un prince, il pourrait monter sur le trône un jour. 

Le roman de Lluis Llach, brillant, passionnant, plonge le lecteur dans ce Moyen Âge où les grands doivent aussi faire avec les petits. Car finalement, à Magens, Orenç comprendra rapidement que la meilleure arme pour résoudre l’énigme  reste la belle et aguichante Brilhéta, la servante de la reine, celle qui l’a découverte morte et qui sait tout des secrets de la cour. Et comme elle a une forte attirance pour le jeune curé, leur action conjointe a un côté fusionnel qui apporte un peu plus de piquant au roman.

« Échec au destin » de Lluis Llach (traduit du catalan par Serge Mestre), Actes Sud, 22,50 €

BD - Dessins au fil du fleuve


Certains dessinateurs de BD aiment les festivals. Pas Angoulême, mais les endroits insolites, chargés de sens. Comme le Mapa Buku Festi qui se déroule sur une semaine le long du fleuve Maroni en Guyane française. Une dizaine d’auteurs sont partis à l’aventure et ont raconté ce qu’ils ont vu ou appris de cette région reculée de la France, aux confins du département français, entre Brésil et Suriname. 


Près de 200 pages où alternent petite histoires (Aude Mermilliod, Joub, Thierry Martin), simples carnets (Tripp, Lepage) ou planches plus explicatives (Joub, Nicoby). Une plongée dans l’enfer vert qui en réalité est de toutes les couleurs comme les superbes planches d’Éric Sagot.

« Maroni, les gens du fleuve », Futuropolis, 23 €


jeudi 28 avril 2022

BD - Fureur imagée


La fantasy c’est de la poésie. Avec des tripes et des monstres… Furioso, écrit par Pelaez et dessiné par Laval Ng, est en réalité l’adaptation d’un poème italien écrit par L’Arioste en 1516. Dans la BD, on suit le retour d’entre les morts de Garalt. 

Chevauchant son cheval-aigle, il sauve Angélique et va tenter de retrouver la femme qu’il aime : la guerrière Bradamante. Entre-temps, il participe à un tournoi (tripes…) et doit éviter la vengeance de Roland, celui qui l’a déjà tué une première fois. Un album ambitieux qui dénote par ses dessins bourrés de détails.

« Furioso » (tome 1), Bamboo Drakoo, 14,50 €

BD - Fantômes errants


Sam aime les cimetières. Cette petite fille, qui a récemment perdu son papa, apprécie la tranquillité de ces endroits. Mais Sam a un pouvoir : elle voit les âmes errantes qui n’ont pas eu la chance de trouver le repos éternel une fois passées de vie à trépas. Voilà comment elle rencontre Louise, vieille dame enterrée anonymement dans le carré des indigents. 

Sam va tenter de retrouver l’identité de Louise et surtout lui permettre de reposer à côté de son mari. Écrite par Carbone et dessinée par Julien Monier, cette nouvelle série fantastique pour les plus jeunes permet d’avoir une vision décomplexée de la mort, simple étape dans un monde où le fantastique a droit de cité.

« Les sauveurs d’esprits » (tome 1), Dupuis, 12,50 €


mercredi 27 avril 2022

BD - Petite guerre


Peut-on rire de la guerre ? Oui affirment en chœur l’Odieux Connard (Julien Hervieux) et Monsieur Le Chien. Dans ce second tome du Petit théâtre des opérations, ils racontent ces anecdotes étonnantes mais rigoureusement véridiques autour de faits de guerre. 


Vous saurez tout par exemple sur Douglas Bader, pilote de chasse anglais qui s’est illustré contre les Allemands alors qu’il n’avait plus… de jambes. L’histoire la plus exemplaire reste celle de Bullard, un Noir américain, porté aux nues par la Légion étrangère et victime de racisme aux USA malgré ses exploits.  

« Le petit théâtre des opérations » (tome 2), Fluide Glacial, 14,90 €

BD - La vie après un AVC


Il suffit parfois de moins d’une minute pour que la vie bascule. Bruno Cadène, journaliste à France Culture le sait parfaitement. Ce 6 février 2017, après une journée de boulot, il rentre chez lui et à peine arrivé, est foudroyé par un AVC. Il sera sauvé par l’intervention de son épouse mais garde de graves séquelles. Tout le côté droit paralysé, incapable de parler. 


Il mettra 3 années pour reprendre son boulot (à mi-temps thérapeutique), 36 mois de souffrances racontés sans pincettes par Xavier Bétaucourt (un ami scénariste), et Olivier Perret, dessinateur. Les moments de désespoir, n l’envie d’abandonner, les tensions avec la famille, l’épuisement des séances de travail, les progrès toujours trop lents : remonter la pente est un marathon qui semble ne jamais prendre fin. 

« Silence radio », Delcourt, 15,95 €


mardi 26 avril 2022

BD - Célèbres mutinés


La petite île de Pitcairn dans le Pacifique sud, longtemps déserte, a été colonisée par les mutinés du Bounty. Cette incroyable histoire de dérive sur l’Océan Pacifique est racontée par Eacersall, Laurier et Nemeth dans une série historique rigoureuse. 


Le récit débute juste après la mutinerie. Fletcher décide de revenir vers Tahiti puis de tenter de s’installer à Tubuai, une île au sud. Mais des affrontements avec les indigènes le poussent à repartir à la recherche d’un autre point de chute pour y vivre une vie paisible. Ce premier album raconte l’errance jusqu’à l’apparition du presque paradis de Pitcairn.

« Pitcairn » (tome 1), Glénat, 14,95 €

Roman - Un film russe qui agit comme une drogue dure

Qui est exactement Alexeï Sobakine ? Selon Aurélien Bedos, l’auteur de ce premier roman pour le moins étrange, Sobakine serait un cinéaste russe maudit, auteur de quelques films considérés par un petit groupe de passionnés comme les plus grandes réalisations du 7e art de tous les temps. Le narrateur, un certain Thomas, est un fan absolu. Un peu plus même. Car on s’aperçoit que cet étudiant est véritablement dépendant du film ultime de Sobakine. Il doit visionner au moins une fois chaque jour Polya (Les Marges en français) pour trouver un petit intérêt à son existence. 

Le lecteur découvre avec effarement l’état dans lequel est tombé ce jeune homme qui a pourtant l’air assez intelligent. Malgré de coûteuses séances de psychanalyse, la pression de sa copine et des efforts notoires de désintoxication, il rechute en permanence. Un rituel immuable, incontrôlable : chercher le boîtier du DVD, mettre le disque dans le rétroprojecteur et rester prostré durant plus de trois heures. 

Lors de la découverte de ce film sombre et moyenâgeux, « j’ai senti une main sortir de l’écran, m’arracher le cœur, littéralement, m’emportant avec elle de l’autre côté de l’écran. » De mystique, l’histoire de Dans l’œil de Sobakine deviendra fantastique puis totalement délirante (avec des côtés complotistes). Un peu fourre-tout, problème des premiers romans, mais qui ne manque pas d’invention et de brio. Avec toujours cette histoire de cœur disparu. 

Pour preuve, Thomas semble persuadé que Polya est un code imaginé par le cinéaste : « Sobakine avait découvert ici même, à Paris, des voies conduisant à un lieu obscur, secret, à l’envers de cette réalité, et dans lequel il ne faisait aucun doute qu’il avait laissé son cœur. » Prêts à vous lancer à sa recherche ? 

« Dans l’œil de Sobakine », Seuil, 20 €

lundi 25 avril 2022

BD - Cauchemars insulaires


Conçu comme une histoire complète, l’album L’île oubliée devient finalement une série face au succès de cette histoire fantastique. Un couple avec deux adolescentes, dérive en Méditerranée sur son voilier. 

La famille se retrouve prisonnière d’une île où les rêves sont impossibles. Bétaucourt au scénario et Antista au dessin tentent de retrouver la magie du début. C’est un peu moins convaincant, plus délayé. Reste que les déboires de Mia et Eve plairont aux plus jeunes et les dessins colorés et très beaux les feront longtemps rêver.

« L’île oubliée » (tome 2), Jungle, 12,95 €

BD - Paris nostalgie


Pierre Christin, scénariste de Valérian, cultive depuis quelques années sa nostalgie du XXe siècle. Il a confié à Jean-Michel Arroyo (dessinateur biterrois), l’illustration de cette tranche de vie d’un provincial monté à Paris en 1950. 


Antoine débarque de l’Aubrac et se retrouve embauché comme homme à tout faire dans un cabaret. Jolies nanas, trafics en tout genre et surtout mainmise de la mafia corse dans un milieu où il faut souvent oublier la légalité. Dans un noir et blanc au lavis, le Pigalle d’antan revit avec fusillades, jambes levées et amours impossibles. .

« Pigalle, 1950 », Dupuis, 25,95 €

dimanche 24 avril 2022

Science-fiction - L'avenir très obscur sous la plume de Philippe Testa

Dans un futur proche, le monde est au bord du chaos. Les riches, toujours plus riches, écrasent au quotidien, les pauvres, de plus en plus soumis. Pour décrire cette société cauchemardesque dans L’obscur, Philippe Testa suit les pas du narrateur, un solitaire qui n’a pas trouvé sa place dans ce monde très formaté. Mathématicien, il travaille dans une multinationale. Exactement il passe ses journées dans un box à scruter un écran. Souvent il s’évade en consultant les réseaux sociaux ou en s’informant sur le GS, le Global Screen, seule source d’information. Il vit dans un petit appartement, entretient une relation avec Pia, jeune femme au chômage qui passe l’essentiel de ses journées au lit. Ce qu’il aime le plus, aller se promener le long du lac Léman. 

Dans un premier temps, L’obscur, roman entre essai social et récit apocalyptique, plonge le lecteur dans cette réalité qui n’est pas si éloignée de notre quotidien. Travail précaire avec toujours le risque de perdre son emploi et de se retrouver à la rue. En Suisse, pourtant, tout le monde semble privilégié en comparaison avec les révoltes sociales violentes des pays pauvres. Sauf quand il y a des coupures de courant : « L’électricité n’est pas revenue ; elle semble avoir disparu. Elle nous a échappé. Comment allons-nous nous protéger de l’obscurité quand la nuit sera tombée ? » Cette seconde partie du roman, on peut facilement l’imaginer dans notre quotidien. Que deviendrions nous sans électricité ? La société s’écroulerait en moins d’une semaine. 

Tout ce qui nous permet de survivre sans se poser de question deviendrait un souvenir virtuel. Et la fin du roman nous montre un homme errant dans un paysage de mort, cherchant de la nourriture, perdant toute humanité et vivant dans la peur permanente. Notre avenir en quelque sorte. Sombre et obscur. 

« L’obscur » de Philippe Testa, Folio SF, 7,60 € 


BD - Rêve et réalité


Délaissant l’humour de récréation de Titeuf, Zep signe régulièrement des romans graphiques ambitieux sur l’avenir de notre société. Ce que nous sommes se penche sur l’arrivée du virtuel dans notre réalité quotidienne. 


Dans un futur lointain, les riches vivent des milliers de sensations et de vies grâce à des consciences numériques stockées dans d’immenses data-bases. Quand Constant se fait pirater, il redevient un humain de chair et de sang, incapable de se débrouiller seul. Mais est-ce un mal ou un bien ? De la philosophie binaire. 

« Ce que nous sommes », Rue de Sèvres, 20 €

samedi 23 avril 2022

BD - Drôles de plumes


Ils sont tous très beaux les oiseaux sélectionnés par Jean-Luc Garréra et Alain Sirvent dans le 3e tome de cette série humoristique. Beaux mais aussi un peu idiots (pour ne pas dire pire). Comme la coracine casquée et sa caroncule ridicule ou le Nestor Kéa, seul perroquet carnivore mais qui est surtout un voleur de nourriture au point de devenir le cauchemar des touristes en Nouvelle-Zélande. 

Mélangeant habilement humour et pédagogie, Jean-Luc Garréra, le scénariste audois, trouve un juste milieu entre distraction et enseignement. On apprend beaucoup de choses, parfois futiles mais toujours intéressantes, sur ces oiseaux malheureusement de plus en plus menacés de disparition.   

« Les oiseaux en BD » (tome 3), Bamboo, 10,95 €


BD - Atlantide en perdition


Dessinateur réaliste italien, Stefano Martino se lance en solo dans une série de fantasy grandiose. Le continent oublié de l’Atlantide a perdu de son prestige. Une guerre fait rage pour le pouvoir. 


Le roi Leoden est sous la coupe d’un prêtre. Il redoute le retour de son frère, Eolen. Il y a dix ans, la belle Leyon a fait son choix entre les deux frères. Une intrigue classique sur le pouvoir avec un triangle amoureux. Tout l’intérêt de la série réside dans le dessin, grandiose, exceptionnel, notamment dans le cahier graphique en fin de volume.  

« Les chroniques d’Atlantide » (tome 1), Glénat, 15,95 €


vendredi 22 avril 2022

BD - Viollet-le-Duc, un bâtisseur


Il est passé par Narbonne et a rénové de fond en comble la Cité de Carcassonne. Viollet-le-Duc est le premier personnage à avoir les honneurs de la collection des « Bâtisseurs ». C’est essentiellement sur sa restauration et remise en état d’origine de Notre-Dame de Paris que les auteurs espagnols (Salva Rubio, scénario, Eduardo Ocana, dessin) dressent le portrait de celui qui a marqué l’histoire de France. 


À cette époque, le gothique est considéré comme un art barbare ? Les églises sont en ruines. Notre-Dame sert d’entrepôt. Il est le premier à redonner ses lettres de noblesse à cette architecture. Un combat qu’il a mené avec Prosper Mérimée et un autre architecte oublié : Lassus. 

« Viollet-le-Duc », Delcourt, 15,95 €

BD - Jouez maintenant !


Si vous avez des difficultés à faire décrocher vos enfants des jeux vidéo, précipitez-vous sur cet album de Damian et Hernandez. Dans un futur proche, tout est devenu virtuel. Quand Daniel doit aller passer deux semaines en vacances chez ses grands-parents, il redoute le pire. Ils vivent loin de la civilisation, sans connexion internet. 


Mais Papi et Mamie ont plus d’un tour pour transformer le séjour en vaste chasse au trésor dans les bois, ,découverte de la rivière,  fabrique de cerf-volant et surtout rencontre avec la légendaire reine Louve.

« Game au vert », Bamboo, 15,90 €


jeudi 21 avril 2022

BD - Tueur d’État dans les années 50


Les années 50 redeviennent à la mode. Après le récit de Christin et Arroyo, ce sont Noël Simsolo et Dominique Hé qui restituent le Paris de cette époque. Dan est le patron d’une boîte de nuit. Une couverture pour cet ancien Résistant qui a accepté de faire partie des services spéciaux de l’État français. 

Son rôle : éliminer en toute illégalité des hommes qui complotent contre la France. Il a commencé en tuant des collabos, il continue en assassinant ceux qui aident les mouvements indépendantistes, notamment d’Afrique du Nord. Un récit assez sombre, où le héros, perdant toute notion de bien ou de mal, tue sur commande. Mais cela risque de se retourner contre lui et le second tome devrait apporter un peu de rédemption à un homme aux mains sanglantes.

« Du côté de l’enfer » (tome 1), Glénat, 14,50 €


Roman - La fille-troll cherche sa sœur

En Islande, la moindre parcelle de terre est habitée par des êtres minuscules et magiques. Une omniprésence du surnaturel sans doute pour compenser le climat si rude. Le nouveau roman noir de Lilja Sigurdardottir se déroule en été. Les températures ne sont donc pas glaciales.  10° en pleine journée. Mais le soleil ne se couche plus. Difficile dès lors de bien dormir. 

C’est dans cette ambiance déstabilisante que débarque à Reykjavik Aurora. Elle est missionnée par sa mère pour obtenir des nouvelles de sa grande sœur, Isafold

Femme battue

Aurora et Isafold sont aussi différentes que leurs deux parents. Le père (mort depuis quelques années) était un pur Islandais, immense, blond et fier de ses traditions, la mère une écossaise qui n’a jamais su s’adapter à cette terre volcanique légendaire. Si Aurora, grande, musclée et sportive a le gabarit de l’Islandaise de base, elle vit pourtant en Écosse. Isafold, petite et fine, réside depuis quelques années avec Björn, un Islandais qui n’a jamais quitté son île. Le père des deux sœurs si dissemblables a théorisé ce grand écart. Aurora se souvient : « Les filles-elfes et les filles-trolls n’ont pas les mêmes besoins. Pour le petit-déjeuner il place deux toasts dans l’assiette d’Isafold et plusieurs tranches de bacon dans la mienne. Après le repas, elle ira courir et moi j’irai à la salle de musculation avec lui. » La même Aurora confesse à Daniel, un policier séduisant, « qu’elle se sentait parfois comme une sorte de pendule oscillant sans cesse entre la sage Grande-Bretagne et la folle Islande. »

Devenues adultes, l’entente entre les deux sœurs s’est détériorée. Isafold a souvent appelé à l’aide sa sœur car son compagnon la bat. Elle est toujours venue. Mais Björn arrivait toujours à la récupérer. Jusqu’à l’incartade suivante.  Cela fait trois semaines qu’Isafold ne donne plus de nouvelles à sa mère. Aurora débarque et Björn prétend qu’elle est repartie en Grande-Bretagne. Où est Isafold ? Que lui est-il arrivé ? 

Ces questions sont au centre de ce polar même si l’essentiel du récit n’est pas policier. On est surtout happé par les personnages secondaires du récit : Grimur, un homme étrange, visiblement dérangé, qui se rase l’ensemble du corps au moins trois fois par jour, voisin et amoureux transi d’Isafold, Olga, autre voisine d’Isafold, mère dévastée par la mort de son fils, qui revit depuis qu’elle héberge clandestinement un réfugié syrien, Hakon, un propriétaire d’hôtels, grand magouilleur devant l’éternel, expert en détournement de fonds et qui intéresse doublement Aurora, professionnellement et sexuellement. Et puis il y a bien évidemment l’Islande, ses ambiances si particulières, l’ensemble de ses habitants, uniques et aux mœurs incompréhensibles pour nous, Européens du sud. Des filles-trolls comme des filles-elfes.  

« Froid comme l’enfer » de Lilja Sigurdardottir, Métailié Noir, 21 €

mercredi 20 avril 2022

Vidéo - Le choc de "L'événement"

DVD et Blu-ray. Dans cette province française de la fin des années 50, Anne (Anamaria Vartolomei), fille d’un couple qui tient un petit restaurant, a d’excellents résultats à l’université. Mais ses notes chutent du jour au lendemain. Elle a découvert qu’elle est enceinte. Les conséquences d’une aventure, de quelques jours, avec un étudiant bordelais. 

Sur une musique obsédante et virtuose de Sacha et Evgeni Galperine, le spectateur est cloué au siège, tétanisé, durant ces ultimes jours, quand Anne essaie d’avorter par ses propres moyens, puis passe entre les mains d’une “faiseuse d’anges”. 

 Adapté d’un récit d’Annie Ernaux, ce film d’Audrey Diwan a remporté de nombreux prix. Sa sortie en DVD (Wild Side Vidéo), permet de revoir ce plaidoyer en faveur de d’IVG (interruption volontaire de grossesse). 

SF - Redécouvrir les mondes d'Outreterres

Publié une première fois à la fin des années 50, ce roman de science-fiction de Robert Heinlein est le prototype du récit d’aventure. Le jeune Rod, pour obtenir le droit de coloniser les planètes d’Outreterre, doit passer un examen de survie. 

Plongé dans un monde hostile, il va se révéler, face à la faune locale mais surtout aux autres humains. 

Tant et si bien que rapidement « L’examen de survie ne l’intéressait plus, seule la survie importait. » Un texte à redécouvrir dans une version plus adulte, remaniée dan s les années 80 par cet auteur américain à qui l’on doit les fameux Starship troopers.

« Destination Outreterres », Robert Heinlein, Le rayon imaginaire, 22 €

 


mardi 19 avril 2022

Cinéma en streaming - La bulle, humour confiné


Enfin un film sur le confinement véritablement hilarant. « La bulle », écrit et réalisé par Judd Appatow pour Netflix, raconte comment une maison de production, malgré le virus, veut absolument tourner un film. Dans un hôtel luxueux anglais transformé en bulle sanitaire, les comédiens d’une saga d’aventure qui en est à son 6e volet, vont découvrir les joies de la vie en vase clos. Mais comme ce sont d’immenses cabotins, cela va rapidement dégénérer.  

Comme toujours dans les comédies d’Appatow, l’outrance est omniprésente. La caricature des « stars » est savoureuse. On apprécie aussi la critique des nouveaux moyens de communication, avec le rajout au casting d’une jeune influenceuse sur TikTok, mauvaise actrice, mais très prometteuse avec ses 150 millions d’abonnés… 

BD - Loin du soleil avec Liu Cixin


Ambitieuse collection chez Delcourt avec l’adaptation en BD des nouvelles de l’écrivain chinois Liu Cixin. 15 titres sont déjà programmés, dont 7, dès cette année. C’est Bec et Raffaele qui ouvrent le bal avec La Terre vagabonde. Quand des scientifiques découvrent que le Soleil va exploser, ils persuadent les gouvernements de transformer toute la Terre en vaisseau spatial. 

D’énormes réacteurs sont construits et la planète bleue entame une longue dérive vers une autre étoile nourricière, à des milliers d’années-lumière. Un récit à grand spectacle, avec suspense et explications scientifiques. Un monde imaginaire qui inquiète, car tout semble plausible.    

« La Terre vagabonde », Delcourt, 21,90 €


Roman - Le menu de la guerre

Succulent (dans tous les sens du terme) que ce roman de Jennifer Ryan. En 1942, l’Angleterre résiste aux attaques allemandes. La BBC, pour remonter le moral de la population, décide d’organiser un concours de recettes de cuisine. La gagnante pourra présenter une émission régulière. Quatre amies se lancent dans une compétition effrénée. 

Un roman qui dévoile la formidable résistance britannique, capable du meilleur malgré le rationnement alimentaire. Un roman sur l’amitié, qui propose en plus plusieurs recettes de l’époque comme ces très simples friands à la sardine ne nécessitant qu’une boîte de sardines à l’huile, quatre cuillères de farine et deux de légumes.

« Les recettes des dames de Fenley », Jennifer Ryan, Albin Michel, 22,90 €

lundi 18 avril 2022

Série télé - « Drôle » mérite bien son nom


Parfaitement écrite, jouée à l’unisson par quatre comédiens inspirés, alternant humour et émotion : Drôle, la nouvelle série de Fanny Herrero (créatrice de Dix pour cent) est une parfaite réussite. Il faut parfois dire clairement et noir sur blanc des évidences. Car, trop souvent on aime détester pour de mauvaises raisons des œuvres qui pèchent essentiellement par leur diffusion. Les productions françaises de Netflix n’ont souvent pas très bonne presse. À juste titre, quand on repense à la catastrophe Marseille. Avec Drôle, la plateforme a trouvé son programme culte. Pas comme Lupin, qui en plus s’exporte. Mais qui va plaire à toute une génération (jeune) de Français qui vont se reconnaître dans ces quatre portraits si attachants. C’est bien le paradoxe de la série qui, normalement, a pour but de montrer les coulisses du monde du stand-up. De l’humour, mais aussi des vacheries. Et, au final, des tonnes d’émotion. 

Dans ce bar qui fait aussi plateau de stand-up, le soir, le patron est un ancien du milieu. Bling (Jean Siuen) a connu son heure de gloire. Mais est en plein doute. Il n’a plus d’idées et, de toute manière, consomme un peu trop de drogue pour faire bonne figure. Il a investi dans ce lieu qui donne sa chance aux jeunes humoristes de la capitale. Aïssatou (Mariama Gueye) y teste des idées, avant de les finaliser pour son spectacle dans un petit théâtre. Elle est la meilleure amie de Nezir (Younès Boucif), roi de la repartie, qui travaille ses chutes tout en pédalant, car il doit livrer kebabs et sushis pour vivre. La quatrième héroïne de Drôle c’est Apolline (Elsa Guedj). Au début elle n’est que dans le public. Cette fille de grand bourgeois fait des études d’art. Mais rêve de monter sur scène et de faire rire. 

Les six épisodes racontent, en parallèle, ces quatre destins. Aïssatou perce et devient une vedette nationale, au risque de détruire son couple. Bling va tenter un come-back, en utilisant le talent d’écrivain de Nezir. Ce dernier, pour payer le loyer, va accepter d’écrire pour une star de la télévision. Sans jamais être crédité, évidemment. 

Toute la richesse de Drôle réside dans l’arrivée, au cœur de ce milieu, de la très délirante Apolline. Elle va craquer pour Nezir, mais mettra longtemps avant de l’admettre et lui donner sa chance. Une superbe histoire d’amour qui vient apporter son lot d’émotions à une série qui est, avant tout, une succession de vannes et de bons mots. Car, si Fanny Herrero assure l’écriture de l’intrigue, elle a confié à des pros du stand-up (dont Fanny Ruwet et Jason Brokerrs) la partie scène qui est drôle, très drôle !

 


BD - Nostalgie métallique, deux fois !


En redécouvrant Métal Hurlant, l’an dernier, dans les librairies, les nostalgiques de la grande époque du magazine de BD et de science-fiction n’ont pas caché leur déception. On était loin des provocations des années 80, sous la houlette de Dionnet. 

Des critiques qui ont sans doute porté, puisque le second numéro est un spécial nostalgie. Dionnet y est interrogé sur son « management » et les meilleurs récits courts sont repris dans ces 300 pages très denses. On retrouve, avec plaisir, Moebius ou Druillet, mais aussi des auteurs emblématiques, aujourd’hui un peu oubliés comme Macedo, Nicollet, Voss, Nicole Claveloux, Chantal Montellier ou le regretté Michel Crespin.   

« Métal Hurlant » (numéro 2), 19,95 €

dimanche 17 avril 2022

Série télé - « Upload », seconde génération


Les plaisirs de la réalité virtuelle… après la mort. Dans Upload, série créée par Greg Daniels (The Office) pour Amazon, les riches peuvent continuer à vivre après leur mort dans un monde parfait. Il suffit de se faire « uploader » la mémoire… et de payer très cher. La saison 1 présentait aux téléspectateurs Nathan (Robbie Amell), jeune informaticien assassiné mais qui a été uploadé par sa fiancée richissime et Nora (Andy Allo, photo ci-dessus), la technicienne chargée dans la vraie vie de l’assister, son Ange dans l’Upload. Dans la saison 2, Nora a quitté la société pour rejoindre les technophobes qui luttent contre l’Upload. Nathan n’est plus seul puisque sa fiancée le rejoint dans l’Upload. 

L’intrigue criminelle (qui a tué Nathan, pourquoi ?), sans être abandonnée, est moins présente. Les créateurs ont préféré se concentrer sur les formidables possibilités de l’Upload où en réalité tout est possible. On rit beaucoup aux délires d’Ingrid (Allegra Edwards), la fiancée de Nathan. Son meilleur ami dans l’Upload, idiot et excessif dans tout, est aussi une source de gags sans limite. On apprécie aussi cette idée, folle mais digne de ce futur cauchemardesque, de proposer aux locataires de ce monde virtuel d’adopter un bébé numérique pour redécouvrir les joies de la famille. 

Et comme souvent dans les séries de Greg Daniels, les nombreux personnages secondaires, toujours très travaillés, apportent une grande richesse à un ensemble parfait pour se distraire tout en réfléchissant aux limites du virtuel.

 


BD - Panne de réseau


Histoire d’adolescents dans ce Moon signé Cyrille Pomès. Un roman graphique se déroulant, en septembre, dans une cité balnéaire inspirée du Barcarès, dans les Pyrénées-Orientales. Les touristes sont partis. Ne restent que les autochtones. L’auteur raconte le quotidien de plusieurs adolescents qui s’éveillent à l’amour. 

Il y a Gabriel, peu bavard et Luna, insolente et provocatrice. Ils vont se trouver, se découvrir à la faveur d’une panne complète de l’antenne relais du réseau de téléphone portable. Privés de leur drogue quotidienne, ils vont tous devoir réapprendre à vivre, sans partager photos et messages toutes les 10 secondes. Un album entre réalisme et poésie, aux décors lumineux, malgré la désolation de la période.   

« Moon », Rue de Sèvres, 18 €

samedi 16 avril 2022

Cinéma - Plus de famille, moins d’animaux fantastiques

Le 3e volet de cette saga imaginée par J. K. Rowling, maman de Harry Potter, s’intéresse aux secrets des frères Dumbledore.


Pour le troisième volet de la saga des Animaux fantastiques de J. K. Rowling, le réalisateur David Yates a mis un peu moins de bestioles étranges et un peu plus de tension familiale. Que les fans de la francise se rassurent, il reste nombre d’espèces magiques (notamment le qilin, au centre de l’intrigue), mais le film est essentiellement porté par les déboires et lourds secrets du passé de la famille Dumbledore. Une trame plus humaine (même si c’est dans une lignée de sorciers), qui permet au public de mieux s’identifier aux personnages principaux. 

Albus Dumbledore (Jude Law) vit avec son frère Aberforth, aubergiste à Poudlard. Ils sont tourmentés après la mort tragique de leur jeune sœur. De ce drame, on va découvrir les tenants et les aboutissants durant cette quête mouvementée, menée par Norbert Dragonneau (Eddie Redmayne) et son équipe. De Berlin et sa prison gardée par des monstres, New York ou le Royaume du Bouthan, en passant par une jungle non identifiée, lieu de naissance du qilin, Les animaux fantastiques : Le secret des Dumbledore en met plein la vue à un public conquis et qui ne sera pas déçu. Sauf les fans de Johnny Deep, obligé d’abandonner le rôle du grand méchant Gellert Grindelwald, confié à un Mads Mikkelsen encore plus crédible.

Film américain de David Yates avec Eddie Redmayne, Jude Law, Mads Mikkelsen, Jessica Williams, Dan Fogler

Roman - Un fantôme nommé Marcello

Mais qui est ce vieil homme qui tombe littéralement sur la tête du narrateur ? Ce roman de Thomas Vignau, se déroulant dans une ville fantasmée qui ressemble étrangement au Montpellier de sa jeunesse, fait se croiser deux originaux. 

Le narrateur, donc, un étudiant qui ne sait plus trop quoi faire de sa vie entre études dilettantes, boulot alimentaire (à cuire des frites), soirées destroy avec les potes, fumette et visionnage intensif de films du patrimoine. Il se cherche. Tous les jours : « Aujourd’hui était une montagne devant moi. Chaque matin je me retrouvais à ses pieds et je recommençais l’escalade à zéro. L’unique caillasse que je trimballais sous les nuages […], c’était ma solitude. » L’autre protagoniste de Marcello & Co c’est justement le fameux Marcello. On ne sait pas s’il s’appelle véritablement comme ça. Mais pour le narrateur, sa ressemblance avec l’acteur italien de 8 et demi est une évidence. Marcello, tombé du ciel en pleine rue, qui va tous les matins boire des rosés en lisant le journal avant de distribuer des petits bouts de papiers à des connaissances. Le narrateur l’observe, se passionne pour cet homme énigmatique et ses rituels, s’interroge aussi : « Pourquoi est-ce que cela me faisait tant d’effet ? Est-ce que je commençais simplement à partir en sucette ? »

Le style direct et sans fioritures de Thomas Vinau permet au lecteur de ressentir la curiosité de l’étudiant, découvrant avec lui ce jardin merveilleux, préservé en pleine ville, sorte d’antre de savant fou. Une échappée vers le fantastique, qui donne une ampleur à ce texte très étonnant. Finalement, après une partie d’une poésie absolue, on comprend la finalité de ce qui ressemble à la naissance d’une vocation quand il prend conscience que « chaque expérience, même quotidienne, même triviale, heureuse ou pas, pourrait m’aider à écrire. Et inversement, que le moindre moment consacré à la littérature m’aiderait à vivre. »

« Marcello & Co » de Thomas Vinau, Gallimard, 19 €

vendredi 15 avril 2022

Cinéma - Les cœurs du chœur carcéral

Mais quel joli film choral et musical que cet A l’ombre des filles d’Étienne Comar. Pourtant l’exercice s’annonçait périlleux.


Luc (Alex Lutz) est un célèbre chanteur lyrique. Il semble obligé de faire une pause dans sa carrière, après un événement dramatique. Loin des scènes européennes ou des festivals estivaux, il va passer une partie de l’été à animer un atelier de chant dans une prison pour femmes. La première partie du film va permettre au spectateur de faire connaissance avec ces femmes, ce professeur si particulier et cet univers oppressant. 

Si Luc n’en dit pas beaucoup sur sa carrière, il n’en demande pas plus à ses stagiaires. Comme il l’explique, un peu plus tard, il ne veut pas savoir pourquoi elles sont en prison, ce qui l’intéresse c’est leur personnalité. Le tour de force du film aura été de réunir un casting assez incroyable pour un film choral au ton très social. 

Parmi les chanteuses, qui au final se produiront devant les autres détenues, il y a Carole (Veerle Baetens), grande gueule qui espère devenir chanteuse pro, star exactement,  Jeanine (Marie Berto), la plus âgée, la moins douée et qui sait parfaitement qu’elle mourra en détention, Jess (Hafsia Herzi), la plus jeune, la plus fragile, bourrée de médocs, au ralenti, brindille portée par le courant, Noor (Fatima Berriah), la politique qui n’hésite pas à dire ses 4 vérités au prof qui vient s’acheter une bonne conscience, Marzena (Anna Najder), polonaise qui espère surtout améliorer son français. 

Dernière composante de la chorale : Catherine (Agnès Jaoui). Une voix pure, d’exception. Luc est en admiration. Mais chanter ne l’intéresse pas du tout. Elle ne fait cet atelier que pour obtenir une réduction de peine… 

Le reste du film montre ces répétitions, compliquées, enthousiasmantes, interrompues parfois par une bagarre. On n’oublie jamais que l’on est dans une prison. Notamment lors du spectacle final, apothéose d’un film musical pas comme les autres.

"A l’ombre des filles", film d’Etienne Comar avec Alex Lutz, Agnès Jaoui, Hafsia Herzi, Veerle Baetens, Marie Berto


De choses et d’autres - Brosse à mascara originale

Je vous ai raconté ici même, il y a quelques semaines (le 14 février dernier exactement, jour de la Saint-Valentin...), comment des chercheurs britanniques ont découvert que l’intérieur de certaines voitures étaient encore plus sales que des cuvettes de WC.

Ces chercheurs anglais sont visiblement passionnés par la saleté sous toute ses formes puisqu’une nouvelle étude vient de mettre en évidence un objet là aussi encore plus sale que ces fameuses cuvettes. En découvrant l’étude, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si c’étaient de nouveaux WC qui étaient analysés ? 

Si c’est bien le cas, je plains ce chercheur, persuadé au début de son cursus scientifique qu’il va décrocher un Nobel dans quelques décennies et qui se retrouve toutes les trois semaines à ponctionner à l’aide de cotons tiges les pires recoins des toilettes publiques de son laboratoire... On n’a pas toujours la carrière à laquelle on rêve en étant jeune. Quelle que soit sa spécialité.
Cette fois ce sont les pinceaux de maquillage contenus dans les trousses qui seraient beaucoup plus infectés par des microbes, bactéries et autres crasses rédhibitoires. Sur les 12 pinceaux testés, les scientifiques ont découvert plus de 4000 colonies de levures et de bactéries.

Cette étude scientifique on ne peut plus sérieuse se termine par une image qui risque de me hanter longtemps : En clair, mesdames, c’est comme si vous vous mettiez du mascara mais avec la brosse des WC. Pas pratique et vraiment dégoûtant.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 22 avril 2022

jeudi 14 avril 2022

DVD - "Le vétéran" vous tiendra éveillé...

DVD et Blu-ray. Un film avec Liam Neeson en vedette, c’est l’assurance qu’on ne s’endormira pas en cours de route. L’acteur aime l’action et les rôles qui dépotent. Il n’est pas déçu dans « Le vétéran », un film inédit en salles de Robert Lorenz qui vient de sortir en DVD et blu-ray chez M6 Vidéo. On retrouve dans la distribution de ce road movie à travers les étendues sauvages des USA, Katheryn Winnick (Vikings) et Juan Pablo Raba.  

Le scénario est classique dans le registre de la veuve et l’orphelin secourus par le « bon ». Poursuivis par les membres d’un cartel mexicain, une mère et son fils traversent la frontière qui sépare le Mexique de l’Arizona et se retrouvent sur les terres de Jim Hanson. Aigri, vieillissant, le vétéran de guerre veuf et désabusé va aider le garçon orphelin à traverser les États-Unis, poursuivis par des criminels et des policiers corrompus.

BD – Le retour des Mémés trash

Les personnes âgées sont de plus en plus à la mode dans la bande dessinée humoristique. Le succès des Vieux fourneaux (bientôt une seconde adaptation au cinéma avec Pierre Richard) en est la preuve. Pourtant les vieux ont toujours eu une place à part dans les pages de Fluide Glacial.

Mais pas les gentils, les marrants, plutôt les hargneux, sales, méchants et dégoûtants. Pervers Pépère en tête, sans oublier Carmen Cru. Deux dignes représentants de la vieillesse indigne rejoints par Les Mémés de Sylvain Frécon. Un second tome de gags de ces trois mégères décaties devrait faire rire aux éclats toutes les générations.

Toujours très attirées par le sexe (même si elles ne pratiquent plus), elles se posent aussi beaucoup de questions sur la mort. Du moins en dehors des horaires d’ouverture du Coccimarket. Elles sont souvent malades, souffrent d’Alzheimer du dos ou d’œdipe du pied.

Il y a même une allusion aux prochaines élections. A la sortie du bureau de vote, Huguette demande à Lucette « Vous avez voté pour qui ? ». Réponse embarrassée de la copine « Je sais pas trop… j’ai oublié mes lunettes ! »

Rassurant quand on sait que le prochain président de la République sera essentiellement élu par le 3e âge.

«#Lesmémés » (tome 2), Fluide Glacial, 12,90 €

 

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 26 mars 2022

mercredi 13 avril 2022

DVD - Les petits tracas d'une "Femme du monde"

DVD. Un métier comme un autre ? Certainement pas ! Des préoccupations quotidiennes comme les autres ? Évidemment. ! Le métier de prostituée est au centre du film « Une femme du monde » de Cécile Ducrocq qui sort en DVD chez M6 Vidéo. 

Marie (Laure Calamy), exerce à Strasbourg, en totale indépendance. Elle cherche le client au volant de sa voiture, a quelques habitués. 

Elle n’a pas beaucoup d’argent, mais suffisamment pour élever son fils. Mais face à son échec scolaire, elle décide de l’inscrire dans une école privée élitiste. Elle va devoir trouver une grosse somme d’argent en peu de temps. Marie quitte son relatif confort pour aller enchaîner les passes dans un bordel allemand. 

Un film réaliste et social avec une Laure Calamy magistrale dans ce personnage partagé entre un métier si dur et ce rôle de mère aimante si compliqué à assumer.