Dans un futur proche, le monde est au bord du chaos. Les riches, toujours plus riches, écrasent au quotidien, les pauvres, de plus en plus soumis. Pour décrire cette société cauchemardesque dans L’obscur, Philippe Testa suit les pas du narrateur, un solitaire qui n’a pas trouvé sa place dans ce monde très formaté. Mathématicien, il travaille dans une multinationale. Exactement il passe ses journées dans un box à scruter un écran. Souvent il s’évade en consultant les réseaux sociaux ou en s’informant sur le GS, le Global Screen, seule source d’information. Il vit dans un petit appartement, entretient une relation avec Pia, jeune femme au chômage qui passe l’essentiel de ses journées au lit. Ce qu’il aime le plus, aller se promener le long du lac Léman.
Dans un premier temps, L’obscur, roman entre essai social et récit apocalyptique, plonge le lecteur dans cette réalité qui n’est pas si éloignée de notre quotidien. Travail précaire avec toujours le risque de perdre son emploi et de se retrouver à la rue. En Suisse, pourtant, tout le monde semble privilégié en comparaison avec les révoltes sociales violentes des pays pauvres. Sauf quand il y a des coupures de courant : « L’électricité n’est pas revenue ; elle semble avoir disparu. Elle nous a échappé. Comment allons-nous nous protéger de l’obscurité quand la nuit sera tombée ? » Cette seconde partie du roman, on peut facilement l’imaginer dans notre quotidien. Que deviendrions nous sans électricité ? La société s’écroulerait en moins d’une semaine.
Tout ce qui nous permet de survivre sans se poser de question deviendrait un souvenir virtuel. Et la fin du roman nous montre un homme errant dans un paysage de mort, cherchant de la nourriture, perdant toute humanité et vivant dans la peur permanente. Notre avenir en quelque sorte. Sombre et obscur.
« L’obscur » de Philippe Testa, Folio SF, 7,60 €

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