mercredi 31 décembre 2008

BD - Affamées de vie


On en mangerait bien de ces « Croqueuses » imaginées par Karine Bernadou, jeune dessinatrice révélée en 2006 à Angoulême dans le cadre du concours "Jeunes talents". Les Croqueuses ce sont des femmes comme vous en croisez régulièrement dans la vie. Elles sont souvent séduisantes, libérées, amoureuses de la vie et décomplexées. 

Dans des gags en une planche, aux multiples héroïnes, Karine Bernadou nous en présente plusieurs spécimens, de la rondouillette fatiguée des compliments fusant sur son passage, à la revendicative, hurlant son envie de jouissance à son petit ami avachi dans le lit. Il y a aussi les pures intellectuelles, se demandant sans cesse le pourquoi du comment... Cela peut être gentillet, puis trivial et outrancier. 

Pourtant cela reste des scènes de la vie de ces femmes, loin des stéréotypes des années 60 ou 70. Des « Croqueuses » prêtes à se faire une indigestion d'hommes si l'occasion se présente. Une BD tout à fait dans l'air du temps.

« Les Croqueuses », Delcourt, 9,95 euros 

mardi 30 décembre 2008

BD - La stratégie du Mikado

Malheur à celui qui s'attaque à une Tigresse blanche. Encore plus s'il s'agit d'Alix Yin Fu, la pulpeuse héroïne dessinée par Conrad sur ses propres scénarios avec cependant une pincée de Wilbur, de son vrai nom Sophie Commenge, compagne du dessinateur. Personnage issu de l'univers des Innommables, Alix a vécu ses premières aventures sous la plume de Yann. Il s'agit, dans ce nouvel album, du premier titre du second cycle. 

De retour en Chine, Alix va de nouveau tomber entre les mains des nationalistes de Tchang Kai-shek. Une horreur pour cette jeune femme ayant juré fidélité et loyauté à la Chine nouvelle de Mao. Mais parfois, les combats politiques sont tortueux. Elle se retrouvera ainsi associée aux Anglais et à la CIA pour tenter de mettre la main sur le trésor caché des Japonais. 

Une histoire mouvementée, parsemée de vérité historique et de personnages réels. Le dessinateur, au sommet de son art, propose plusieurs planches panoramiques composées d'une seule image.

« Tigresse blanche » (tome 6), Dargaud, 11,50 € 

dimanche 28 décembre 2008

Roman - "L'idiot du village" de Patrick Rambaud


Téléporté dans le temps, le héros de Patrick Rambaud retrouve le Paris du début des années 50. Mais comment vivre au quotidien, sans nostalgie, sa propre enfance ? Tout a commencé par une anomalie dans le journal du jour. Au lieu de découvrir les nouvelles de 1995, le narrateur feuillette un exemplaire de 1953 revenant sur la dernière grève à l'usine de la Régie Renault et du repli des forces vietminh au Laos. Un soir, alors qu'il reçoit des amis, il découvre un chien dans la cuisine. Plus tard c'est une jeune fille habillée comme dans les années 50 qu'il surprend dans sa chambre.

Visions fugitives, inexplicables. Et puis finalement, un jour, il se retrouve dans sa rue mais les bâtiments ont changé d'aspect, les voitures aussi. Plus de doute, il a fait un bond dans le passé.

A ce stade du récit, entre nostalgie et fantastique, Patrick Rambaud ne donne pas de clés au lecteur. Vers où veut-il nous conduire ? Mystère... Mais on ne peut pas s'empêcher d'imaginer nos propres réactions si l'on se trouvait à la place du héros. Comment vivrions-nous une plongée hyper-réaliste dans le monde de notre enfance, surtout en connaissant le futur ? Déambulant dans ce Paris encore populaire, pas encore défiguré par l'urbanisme débridé des années 70, notre héros se trouve quand même très démuni malgré sa belle carte de crédit. Constatant que le phénomène dure, il doit trouver un toit pour s'abriter et un travail pour subsister.

Devenu serveur dans un restaurant des Halles, il reprendra le contrôle de sa vie en discutant en salle avec un habitué du restaurant. Ce journaliste au Figaro suit les rebondissements de la vie politique française. Et le serveur se transforme en voyant extralucide : procès des époux Rosenberg, mur de Berlin, tremblement de terre en Grèce, Dien-Bien-Phuh, il est incollable. Toutes ses prévisions se réalisent et le journaliste l'embauche comme secrétaire particulier. Mais jouer les devins n'a pas que des bons côtés. Il ne peut s'empêcher d'aller traîner du côté de l'appartement de ses parents et revoit sa mère, sachant quelle n'a plus que quelques années à vivre. Il croise également dans la rue sa future femme : une fillette jouant dans un bac à sable. Cette " fantaisie romanesque", selon les termes mêmes de son auteur, est beaucoup plus profonde qu'il n'y paraît.

"L'idiot du village" de Patrick Rambaud Editions Grasset. 16 euros (Le Livre de poche, 5 euros)   

BD - Nom de code : Mata-Hari

Les délinquants, en Suisse, n'ont pas la même envergure que dans nos banlieues. Quand ils décident de se lancer dans une magouille financière, l'unité est le million d'euros. Pour contrer ces voyous en col blanc, la brigade des enquêtes réservées a de très larges possibilités. 

Dans cette troisième enquête imaginée par Daniel Ceppi, c'est Zoé Zemp qui est la première sur le coup. Elle est contactée par un banquier qui s'inquiète d'une récente demande d'un ministre d'Azerbaïdjan : faire transiter par son compte bancaire la coquette somme de 49 millions d'euros. 

Un pactole accumulé par le ministre depuis quelques années en détournant une partie de la vente du pétrole du jeune pays issu de l'ancienne union soviétique. Va débuter un jeu du chat et de la souris, chacun se méfiant de l'autre, la victime pouvant se révéler aussi vicieuse que son bourreau. La démonstration technique des malversations est d'autant plus simple que c'est la très belle Zoé qui s'en charge.

« CH Confidentiel » (tome 3), Le Lombard, 10,40 euros 

samedi 27 décembre 2008

La cité des Jarres, polar islandais

La pluie incessante tombant sur l'Islande est le décor de cette enquête policière, véritable plongée dans un passé trouble signée Arnaldur Indridason.


L'Islande, petit pays perdu dans l'Atlantique Nord, à l'écart des modes et de la frénésie mondiale. Mais cela n'empêche pas ses habitants de se comporter comme le reste des humains sur la Terre. Erlendur, dans les premières pages de ce polar écrit par Arnaldur Indridason, ancien journaliste de 43 ans, se rend sur les lieux d'un crime. Un vieil homme vient d'être découvert dans son appartement en sous-sol, le crâne défoncé par un lourd cendrier. Le meurtrier est parti en catastrophe, en laissant la porte ouverte et un énigmatique message griffonné sur un bout de papier "Je suis LUI".

Avec ses deux adjoints, Erlendur va débuter son traditionnel travail d'investigation. Découvrir l'identité de la victime, ses habitudes, sa famille, ses possibles ennemis et en savoir un peu plus sur son passé. C'est dans cette dernière recherche qu'il va aller de surprise en surprise.

Le dénommé Holberg, chauffeur poids lourd, a déjà eu maille à partir avec la police. Mais c'était il y a très longtemps. Au début des années 60. Une jeune femme avait porté plainte contre lui pour viol. L'affaire avait été classée sans suite. Depuis il vivait tranquillement, sans faire de vagues. Erlendur, écoutant son instinct va pourtant creuser dans cette direction. Cette histoire tragique a pour cadre une Islande noyée sous la pluie. Arnaldur Indridason n'a pas cherché à embellir son pays, au contraire.

Ce polar atypique, par ses personnages et son cadre, finit cependant sur une note d'espoir, preuve que même les pires cauchemars ont une fin.

"La cité des jarres", Arnaldur Indridason, Points, 7 euros

vendredi 26 décembre 2008

Roman - Christopher Priest explore un amour invisible

Le corps meurtri après un attentat, un journaliste tente de se remémorer son dernier amour. Pas évident de se souvenir d'une femme invisible.


Christopher Priest fait partie de ces écrivains de science-fiction qui n'ont pas besoin d'engins spatiaux pour vous faire voyager dans des mondes inconnus. Dans « Le glamour », il développe son intrigue autour de l'invisibilité et de l'oubli. Richard Grey est un journaliste anglais. Cameraman réputé, il a filmé des guerres sans jamais être blessé. La mort, il l'a frôlée dans une rue de Londres. Une voiture piégée. Un simple attentat. Il était au mauvais endroit au mauvais moment. « Quelque chose m'a frappé aux reins, me projetant en avant. Il n'y a eu aucun bruit, mais j'ai violemment heurté l'encadrement en briques d'une vitrine ; le verre épais s'est brisé, les éclats m'ont arrosé. »

Le début du roman se déroule dans une maison de repos. Grey, grièvement blessé, se remet lentement. Bassin fracturé, brûlures, coupures : son corps est meurtri. Son esprit encore plus. Il a totalement oublié ce qu'il a fait les derniers mois. Une amnésie partielle très perturbante.

Vacances enchantées

Quand il reçoit la visite d'une certaine Sue Kewley, il est incrédule. Cette belle jeune femme, graphiste, affirme qu'elle était sa petite amie. Grey a beau se torturer les méninges, il ne se souvient de rien. Sue va alors lui raconter leur rencontre et les quelques semaines vécues ensemble. C'est la troisième partie de ce livre qui parfois prend des airs de romance de vacances.

Sue et Grey se rencontrent dans un train, en France. Il part en vacances, elle rejoint son petit ami, Niall, sur la côte d'Azur. Coup de foudre mutuel, ils font de multiples escales (Nancy, Dijon), s'aimant dans des hôtels impersonnels, profitant de cet anonymat. Mais plus ils se rapprochent de la Méditerranée, plus Sue est anxieuse. Elle ne veut pas que Grey rencontre Niall. Elle veut rompre seule. Grey accepte tout en se demandant à quoi peut ressembler cet homme présenté comme un écrivain fantasque et possessif.

Invisible et libre

Une belle histoire d'amour qui tourne au cauchemar quand Grey pense que Sue est folle. Elle parle seule dans la rue. Elle explique alors au cameraman incrédule que Niall est un « glam ». Le glamour qui permet à un être de se rendre invisible du commun des mortels, les « viandeux ». Elle même a été invisible dans sa jeunesse. Niall l'a séduite, notamment par sa philosophie de la vie : « Il considérait l'invisibilité comme la liberté, un avantage sur les normaux, un moyen de les espionner, de les spolier, de les dominer. » Sue va donc plonger dans le glamour avec lui, « le glamour était devenu un sanctuaire qui me protégeait du monde dur et où je me suis réfugiée. »

Sa rencontre avec Grey va tout changer. Mais elle devra faire deux fois le chemin, le persuader et se persuader qu'une vie normale est possible.

Roman fantastique allant crescendo, « Le glamour » tout en nous faisant rêver, nous ouvre des horizons nouveaux. Il est si tentant d'y croire pour expliquer ces mille petites incohérences de la vie. Trouvez les « glams » et vous expliquerez l'inexpliquable...

« Le glamour », Christopher Priest, Denoël, 21 €

jeudi 25 décembre 2008

BD - Deux doubles vies

Le second tome de cet « Atlantide Experiment » fonctionne comme le premier. Deux personnages, à des milliers de kilomètres de distance, vont vivre une expérience fantastique identique et se retrouvent dans la dernière planche, en Grèce. Aux Antilles, Betty Boren, riche, jeune et belle, va tenter d'aider un ami ayant la mafia russe aux trousses. Au même moment, en Australie, Jayden Paroz, malgré sa timidité maladive, tente de séduire la serveuse du Blue Note Café. S'il avait gagné au Loto ce serait plus simple. Or, un billet gagnant, il sait où il y en a un. Ces deux récits, rythmés et bourrés de péripéties, s'entremêlent au gré des pages, les deux personnages principaux glissant dans le temps pour se retrouver en Grèce. Mosdi, le scénariste, mélange les genres, donnant à Colak, le dessinateur, nombre de possibilité de s'exprimer graphiquement.

« Atlantide Experiment » (tome 2), Soleil, 12,90 € 

dimanche 10 août 2008

SF - Arlequin protecteur


Entre fantastique et thriller, cette série des Mondes parallèles de John Twelve Hawks est aussi la dénonciation de notre société informatisée.

Même dans les coins les plus reculés de la France profonde, il existe des caméras de surveillance ou des webcams qui pourraient, en direct, filmer, espionner, ce qui se passe. Dans les grandes villes, de nos jours, il est quasiment impossible de ne pas être filmé à plusieurs reprises durant une journée. John Twelve Hawks, dans ce monde qu'il décrit dans ses romans et qui ressemble tellement au nôtre, part du principe que ces caméras espions sont toutes reliées entre elles au service d'une société secrète, la Tabula, qui a la prétention de régenter le monde dans l'ombre. La Tabula est composée de Frères. Elle n'a qu'un ennemi : la confrérie des Voyageurs. Des humains aux pouvoirs surnaturels, pouvant passer d'un monde à un autre. Voyageurs protégés par les Arlequins, guerriers entièrement dévoués à la cause des premiers.
Dans le premier tome (qui est offert avec le second volume, une édition limitée au premier tirage), il ne restait plus que deux Voyageurs, des frères, Gabriel et Michael Corrigan. Ils sont sous la protection de Maya, une jeune Arlequin. Si Gabriel restera fidèle à sa cause, Michael choisira le camp adverse et rejoindra la puissante Tabula.
« L'Arlequin » débute par une expédition des Frères dans une communauté isolée au coeur de l'Arizona. Tous, ayant choisi de vivre avec un minimum de technologie, seront exterminés. Un massacre transformé en suicide collectif. Gabriel n'est pas dupe. D'autant qu'il y a eu une rescapée, une petite fille. Réfugié à New York, le dernier Voyageur ne restera pas longtemps dans sa cachette. Les armes de la Tabula sont multiples et très efficaces. Il devra fuir et encore fuir, avec Maya qui le protège et lutte pour ne pas tomber amoureuse de ce bau jeune homme sensible. Une course haletante qui emmène le lecteur de Londres à Berlin en passant par Rome et l'Afrique.
Les thématiques abordées par John Twelve Hawks font parfois penser aux romans de Stephen King. Et qui sait ? En effet, personne ne sait qui se cache derrière ce pseudonyme. Pas de photos ni de biographie, l'éditeur ne sait même pas s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. Un culte du secret qui confine à la paranoïa. Mais en découvrant la société décrite par l'auteur, on se doute que la discrétion est une des dernières armes de l'homme pour rester libre.
« L'arlequin » (Les mondes parallèles, tome 2), John Twelve Hawks, Lattès, 22 €

jeudi 7 août 2008

SF - Glissement dans le temps


Deux humains deviennent les acteurs involontaires d'une guerre du futur, se gagnant grâce à des bonds dans le passé.


Foisonnant, très imagé, plein de bruit et de fureur, ce roman de Neal Asher entraîne le lecteur dans une folle poursuite à travers le passé. Un glissement dans les premiers temps de la Terre, pour mieux repartir et empêcher l'avènement d'un groupe d'humains supérieurement développé mais totalement dépourvu de pitié et de compassion.

Cela débute comme un récit de SF à la Blade Runner. Dans un futur assez proche, Polly, droguée et prostituée pour se payer ses doses, rentre dans son appartement après une dure journée de labeur. Elle tombe nez-à-nez avec Nandru, un ancien militaire du gouvernement centralisé. Il lui reproche d'avoir tué sa sœur, colocataire de Polly, morte d'une overdose. Il explique que sa vengeance sera terrible. Et effectivement, la vie de Polly va basculer. Il implante dans sa nuque une puce d'intelligence artificielle qu'il a dérobé à l'armée. Il la rendra, intacte au gouvernement, si on lui verse une rançon. Mais rien ne se passe comme prévu. Le jour de l'échange, un monstre sortant de nulle part apparaît, une écaille tombe sur le bras de Polly et s'y greffe immédiatement. De plus un soldat du gouvernement, Tack, tue Nandru et prend en chasse Polly.

C'est le moment que choisit Neal Asher pour faire basculer son roman de la SF classique au paradoxe temporel. L'écaille est en fait un parasite qui n'a qu'un but, reculer dans le temps. Avec son porteur. Et tout ce qui se trouve à proximité. Ainsi, alors que Tack est sur le point de tuer Polly, la jeune femme « glisse » dans le passé, entraînant l'exécuteur. Des petits bonds de quelques dizaines d'années. Elle parvient ainsi à échapper à Tack. Mais en accélérant les bonds en arrière, elle comprend rapidement que le phénomène est inéluctable et irréversible. Les deux humains se séparent. Polly se retrouve au large de l'Angleterre en pleine seconde guerre mondiale, laissant Tack désemparé quelques années plus tard. Le soldat, humanoïde cloné, programmé pour tuer et ne pas se poser de questions, est totalement désemparé. Il décide de faire la seule chose qu'il maîtrise : tuer pour survivre.


Voyageur et sauveur

Mais au moment où il va exécuter une famille tranquille, un Voyageur apparaît : « Une silhouette grande et maigre, vêtue d'un long manteau , d'un pantalon ample et de chaussures pointues, sortit de l'ombre sur sa droite. Sa peau était blanche comme l'os, et ses cheveux pâles rassemblés en queue-de-cheval. Son visage n'exprimait que colère et mépris. » Le Voyageur, qui donne son nom au roman, entre enfin en scène. Il mène une guerre contre une congrégation d'êtres supérieurs tentant d'avilir l'humanité. Il va repartir dans le passé, avec Tack (qu'il va au passage « déprogrammer », permettant à l'humain de retrouver une conscience et un libre arbitre).

Ils vont devoir affronter dinosaures et autres grosses bêtes affamées avant de rejoindre une base permettant de remonter le temps. En parallèle, Polly tente de survivre. Accusée d'être une espionne allemande, elle parvient à sauver sa peau en glissant dans le passé. Elle se retrouve jongleuse devant le roi Henri VIII. Une expérience positive. Moins que sa rencontre avec Claudius, empereur roman en pleine conquête de l'île de la Bretagne...

Cette grande variété des scènes et des décors donne un attrait supplémentaire à ce roman qui est avant tout une réflexion sur l'éveil de la conscience d'êtres humains normaux placés dans une situation extraordinaire. Polly, perdant ses réflexes de droguée en manque, explique à Muse, son intelligence artificielle greffée : « Je ne veux pas simplement survivre. Je veux vivre. Je veux comprendre, ressentir. Je devrais considérer... ce voyage comme une chance. J'ai tant de chose à apprendre. » Même son de cloche du côté de Tack. Tueur antipathique au début, il se métamorphose en homme curieux et sensible, comme s'il rattrapait tout cet apprentissage de la vie, la vraie, dont il avait été privé. Une démarche humaine comme une immense bouffée d'espoir et d'air pur.

« Voyageurs », Neal Asher, Fleuve Noir, 22 €

BD - Musclons nos zygomatiques


Attention, jeux olympiques à l'horizon. Une veine qui devrait faire vendre quelques albums ayant judicieusement pris ce thème pour thématique centrale. "Les Zathlètes" n'est pas à proprement parlé un album olympique, mais l'athlétisme est un des sports roi des JO et la série écrite par Giga et dessinée par Bloz s'est offerte un consultant de choix en la personne de Stéphane Diagana. 

Il intervient directement dans des planches didactiques sur des thèmes bien précis comme l'alimentation, l'équipement ou les starting-blocks. Un peu comme un petit prof revenu des années 80 (un personnage dessiné par Bédu dans l'hebdo Tintin), il amène des informations sérieuses contrebalancées par des images comiques. Mais les Zathlètes c'est aussi une BD classique avec ses personnages récurrents aux talents comiques prononcés comme Bi Louis, le lanceur, Jumper, le franchisseur de haies, Alex, spécialiste du sprint et de la drague, Fanny, la ravissante sauteuse en longueur et Touchatout, le polyvalent, une véritable catastrophe malgré une bonne volonté évidente. 

Bref, de quoi fournir une belle quantité de gags à un Bloz (Les Fonctionnaires) de plus en plus à l'aise dans cet exercice.

"Les Zathlètes" (tome 1), Bamboo, 9,45 € 

mercredi 6 août 2008

BD - Dieu aztèque


Entre histoire et fantastique, avec un soupçon de western, cette nouvelle série écrite par Moënard et dessinée par Otéro entraîne le lecteur au Mexique en 1917. Alors que la guerre fait rage dans les tranchées européennes, les Allemands tentent de propager la guerre au-delà de l'Atlantique. Ils envoient une délégation secrète à la rencontre du président mexicain afin qu'il entre en guerre contre les Etats-Unis. Un émissaire qui n'arrivera jamais à Mexico. Débarqué d'un sous-marin, il est capturé par des révolutionnaires. Ce derniers tentent de le vendre aux Américains contre des armes et des dollars. Mais intervient la prêtresse Marina. Cette fière descendante du peuple aztèque reconnaît dans Hugo, un des officiers allemands, "Quetzalcoätl, notre Dieu, le sixième soleil !". 

Après une bataille rangée faisant de nombreuses victimes, le capitaine Hugo von Kreuz parvient à s'échapper et après avoir failli mourir dans le désert, est recueilli et sauvé par l'armée mexicaine. 

Un album assez violent, plein de bruit et de fureur, avec des personnages féminins imposants. Le dessin d'Otéro fait parfois penser au style dépouillé du regretté René Sterne.

"Le sixième soleil" (tome 1), Glénat, 9,40 € 

mardi 5 août 2008

BD - Les fantômes de l'immeuble


Will Eisner est considéré, à juste titre, comme le plus grand auteur de BD américain de tous les temps. Son Spirit a marqué des générations (le héros masqué devrait de plus être adapté au cinéma par Frank Miller en personne), mais ce sont ses histoires du réels qui restent, des décennies après leur première publication, de véritables bijoux. Les éditions Delcourt ont entrepris la réédition de ces récits complets dans une collection cohérente. 

Le second tome de "New York trilogie raconte la ville, cette ville que Will Eisner connaissait si bien. "L'immeuble", la première histoire, retrace quatre existences qui à un moment de leur vie, sont passées par l'entrée de cet immeuble, le dernier à avoir cédé aux promoteurs dans ce quartier. Il y a un vieux célibataire qui va tenter de consacrer sa vie au bonheur des enfants, en vain ; une beauté qui ne saura pas choisir entre un poète et son patron, dentiste ; un violoniste amateur et un promoteur immobilier, obnubilé par cet immeuble, jusqu'à la ruine et la mort. 

On trouve également dans ces 150 pages en noir et blanc des histoires courtes, joyeuses ou tristes, comme cette vie quotidienne que Will Eisner savait si bien croquer.

"New York trilogie" (tome 2), Delcourt, 14,95 € 

lundi 4 août 2008

BD - Prédateurs financiers


Cette série, entre polar et analyse politique, est ancrée dans la réalité. Même si en préambule, l'auteur, Philippe Richelle, précise que "cette histoire est une oeuvre de fiction", on ne peut s'empêcher de retrouver dans ces planches des réminiscences d'une actualité récente. "Les coulisses du pouvoir" se passent en Angleterre, mais souvent la commission européenne joue un rôle important. Caine et Burkinshaw, duo d'enquêteurs, tentent de comprendre comment un administrateur de sociétés immobilières, John Atkins a pu se suicider de deux balles dans la tête. 

Un de ses associés, McCaine, vient de disparaître. L'enquête progresse et les policiers anglais trouvent dans les casseroles des deux hommes une histoire d'escroquerie aux subventions européennes. Le commissaire européen de l'agriculture de l'époque semble avoir touché sa part. Un commissaire qui est aujourd'hui ministre de l'Economie... Ce sont donc les très gros bonnets qui se retrouvent impliqués dans ce meurtre maquillé en suicide. Et l'enquête progressant, d'autres crimes seront commis. 

Richelle, qui a repris toute la série à son compte, décortique des rouages inéluctablement truqués du pouvoir.

"Les coulisses du pouvoir" (tome 8), Casterman, 9,80 € 

dimanche 3 août 2008

BD - Un démon bleu


Cette série de Baker et Jurion est presque trop riche de personnages secondaires tous plus loufoques les uns que les autres. Baker, le scénariste, semble bouillonner d'idées. Il accumule les gags, jeux de mots, clins d’œil dans chaque case, parfois au détriment de l'intrigue, abandonnée au bord du chemin. 

L'héroïne de la série, c'est Rose, une fillette qui a eu le malheur d'être habitée par une force démoniaque. Elle se transforme alors en démon aux pouvoirs dévastateurs. Seul Arno Von Malt, prêtre exorciste, parvient à la calmer. Avec son petit protégé, Woody, enfant cachant son visage derrière un masque de bois, il va tenter de ramener Rose au roi, une fois le démon la possédant mis hors de nuire. Avec pour seule arme un élixir aux effets secondaires ravageurs, il va devoir affronter un autre démon, Bleuet, et un couple de tueurs, Tristan et Yseult. Sans oublier la troupe d'un bandit de grand chemin, Romain Dix-doigts... 

Une série à déguster lentement, nécessitant plusieurs lectures pour en saisir toutes les subtilités et la virtuosité du dessin, très rond et efficace, de Jurion, illustrateur d'Anachron sur un scénario de Cailleteau.

"Les démons de Dunwich" (tome 2), 9,40 € 

vendredi 1 août 2008

Polar - Coup de froid pour San-Antonio

Mission au Québec pour le héros « dardien » chargé de mettre hors d'état de nuire un serial killer, le « Postier », s'attaquant aux blondes.


Le petit monde de San-Antonio, malgré la disparition en 2000 de Frédéric Dard, continue d'évoluer, le fils, Patrice, ayant repris cette petite entreprise littéraire, certainement la plus originale de la création française. Les puristes regretteront l'absence d'une certaine folie, typique de l'écrivain aux centaines de romans. Le fils, s'il a parfaitement saisi les psychologies des principaux protagonistes, ne semble pas encore oser se lancer dans des romans complètement délirants, comme seul Frédéric Dard osait, fort de son succès commercial qui ne s'est jamais démenti. Patrice fait donc encore du San-Antonio classique, presque trop. Mais cela reste quand même une bouffée d'air pur dans une production livresque française parfois triste pour ne pas dire sinistre.

Postier killer

De l'air pur et en l'occurrence très frais puisque cette nouvelle aventure du commissaire, chéri de ses dames, se passe en grande partie au Québec. Les premières pages montrent une équipe en pleine déroute. Pinaud envisage de prendre sa retraite, Jérémie Blanc est retourné en Afrique, de même que Mathias, Toinet, le fils de San-Antonio, s'est mis aux abonnés absents, trop occupé à suivre la grossesse de sa compagne, Amélie. Ne reste que Bérurier, complètement déprimé puisque sa Berthe a décidé de le quitter pour un jeune et vigoureux gigolo. Bref, rien ne va plus dans la maison poulaga.

C'est le moment qu'a choisi le président de la République en personne pour confier à San-Antonio une mission très spéciale. Dans un dialogue d'anthologie où le premier personnage de l'Etat fait les questions et les réponses, il demande à notre valeureux héros, de démasquer et de mettre hors d'état de nuire, le « Postier », serial killer s'attaquant aux jeunes et jolies blondes québécoises. Après leur avoir rasé le pubis et envoyé, par courrier, cette fine toison à des anonymes, il continue son découpage avec d'autres parties du corps qui elles, malheureusement, ne repoussent pas...

Piégés par Matignon

Antoine, avec pour seul renfort Béru, le dernier de la bande, se rend au Québec. Mais rapidement la mission part en eau de boudin. Papiers et bagages volés, ils tombent dans un guet-apens à leur hôtel : accusés de meurtre ils sont obligés de prendre la fuite et d'entrer en clandestinité. Mais ce ne sont pas ces quelques contrariétés qui vont décourager notre duo de choc.

Ils vont se lancer sur les pistes enneigées de la Belle Province, pistant le Postier et tentant de déjouer les pièges d'un service qui serait téléguidé, depuis Paris, par le Premier ministre en personne qui n'aurait trouvé que ce moyen pour tenter de se démarquer de son patron. Quelques scène osées et autres trouvailles du langage fleuri d'Alexandre-Benoît Bérurier donnent au lecteur son minimum syndical de rire. Avec parfois quelques perles de Béru comme cet abyssal « Si j'me sens m'nacé par la mort, j'mettrai fin à mes jours pour me simplifier la vie ! »

« Arrête ton char, Béru ! », Patrice Dard, Fayard, 15 €

jeudi 31 juillet 2008

BD - La chambre de Khéops


Plongez au cœur de l'aventure et de la pyramide de Khéops en compagnie de Jean-Baptiste Poulain, héros de la série du « Marquis d'Anaon » de Fabien Vehlmann (scénario) et Matthieu Bonhomme (dessin). Après avoir affronté la mer ou les forêts enneigées du Gévaudan, il met cette fois le cap sur l'Egypte. Ce jeune savant, curieux de tout, apprend avec surprise qu'il est l'un des bénéficiaires de l'héritage d'un certain Umberto Leone, riche commerçant dévoré par trois crocodiles en Égypte. 

Beaucoup d'argent et autant de questions. Il n'écoute que son instinct et utilise une partie de cette fortune pour se rendre en Égypte afin de tenter d'en apprendre un peu plus sur cet homme. Arrivé dans la ville du Caire, il va rapidement comprendre que cette enquête est relativement mal perçue par le communauté française. Umberto Leone était un original, persuadé que la pyramide de Khéops n'était pas le tombeau d'un pharaon mais le formidable écrin d'un trésor. C'est en cherchant ce trésor qu'il a trouvé la mort. Jean-Baptiste va donc marcher sur ses traces. Mais il y a trésor et trésor. Les biens matériels ne semblaient pas la priorité de Leone. 

Un superbe album offrant à Matthieu Bonhomme l'occasion de dessiner se somptueuses planches remplies de monuments égyptiens ou de foule grouillant dans les souks.

« Le marquis d'Anaon » (tome 5), Dargaud, 13 € 

mercredi 30 juillet 2008

BD - Troll de compétition


Les jeux olympiques débutent dans moins de 15 jours et ce grand barnum médiatico-sportif est bien évidemment prétexte à la publication de quelques BD se raccrochant à l'événement. Dans cette catégorie, il ne faut surtout pas manquer ces « Trollympiades », 11e histoire des Trolls de Troy imaginés par Arleston et dessinés par Mourier. 

Les esprits chagrins diront que ce n'est qu'une pâle copie du « Astérix aux jeux olympiques ». Que nenni ! Arleston ne renie pas l'influence mais ses situations comiques ont une exagération que jamais Goscinny n'aurait osé imaginer. Cette compétition, organisée par le méchant Rysta Fuquatou pour tenter de repérer les trolls les plus forts et les ensorceler, va très vite dégénérer. Face aux classiques épreuves de force et de lancer, les trolls, jamais pris en défaut dans l'outrance, vont se mesurer dans des compétitions peu banales comme le concours de celui qui fait pipi le plus loin, le lancer de pétaure, le dressage de mouches ou le slam-homme géant (descendre une pente neigeuse à califourchon sur un homme...). 

C'est truffé de gags et de jeux de mots, le tout illustré par un Mourier au dessin de plus en plus vif et enlevé, tout en force et caricature. Une série incontournable de ces dix dernières années.

« Trolls de Troy » (tome 11), Soleil, 12,90 €

mardi 29 juillet 2008

BD - La fleur du bouffange


Karma, sorte de petit diablotin, est le dernier de son espèce. Il vivait à Outrelieu, un monde magique qui subit depuis quelques temps les assauts des anges. Loin de faire le bien, ils sont là pour exterminer tout ce qui est différent. Karma est donc contraint de trouver refuge dans notre monde. Il est un des phénomènes présenté dans le cirque de M. Zombini. Mais ce dernier est blessé par la flèche d'un ange et est sur le point de mourir. Karma retourne donc Outrelieu pour le soigner. 

Un seul remède : la fleur de bouffange. Mais il n'y en a plus en stock. Il va donc courageusement essayer d'en cueillir une malgré le danger. Il doit d'abord affronter des sables mouvants, refuge d'un sableux, redoutable créature très affamée. Et quand il arrive enfin au pied du bouffange, il n'a pas le temps de cueillir une fleur que l'arbre le dévore tout cru. Mais Karma a quelques dons qui lui permettront de s'en sortir. Par contre, trouver une fleur de bouffange s'avèrera beaucoup plus compliqué... 

Cette série est magique. Écrite par Janssens, elle est dessinée par Borrini qui donne vie à ces mondes imaginaires foisonnants. On y retrouve un peu de l'ambiance de la défunte série « Isabelle » de Will, Delporte, Franquin et Macherot...

« Karma » (tome 3), Dupuis, 9,20 € 

lundi 28 juillet 2008

BD - Un peu avant le Tour


Le tour de France, qui est passé par l'ouest de l'Aveyron et qui devrait revenir dans les environs de Rodez dans les prochaines années, en plus d'une épreuve sportive sans commune mesure, est une vaste opération commerciale. Quelques heures avant le peloton, sur la route, passe la caravane. Presque une institution, 250 véhicules sur un cortège de 20 kilomètres. Germain Boudier dans cette BD de 80 pages nous plonge dans une fantastique aventure humaine. 

Mais il n'a pas choisi de raconter les pro du marketing. Il raconte la caravane à travers les regards de trois bras cassés très attachants, chargés de faire déguster le vin de Surseines aux spectateurs. Il y a Henri, chargé de famille mais toujours prêt à draguer les spectatrices ou les autres animatrices de la caravane. 

Pierrot lui vit toujours chez ses parents. Il est encore vierge mais il lui sera difficile de le rester longtemps tant les sollicitations sont nombreuses le soir aux étapes. Jeannot enfin n'est jamais content, un râleur de première très à cheval sur les principes. Ils sont au volant d'un vieux fourgon Citroën et ont beaucoup de difficulté au début pour suivre le rythme. 

Dessiné presque sur le vif, cette aventure est essentiellement humaine et fait chaud au coeur.

« Le tour en caravane » (tome 1), Futuropolis, 16 € 

vendredi 25 juillet 2008

Thriller - Tragique conjonction de planètes

Ce thriller de Michael White raconte comment un groupe d'amateurs d'occultisme se lance dans une série de crimes à Oxford.


Michael White, ancien journaliste scientifique, a profité de toutes ses connaissances pour imaginer ce thriller se déroulant à deux époques différentes. De nos jours, il suit l'enquête de Laura Niven, écrivain; et en 1690 il s'attache aux pas d'Isaac Newton en pleine expérience occulte d'alchimie. Laura, habitant désormais à New York, était à Oxford, là où elle a fait ses études pour des recherches sur son futur roman se passant en Angleterre au 17e siècle. Elle est sur le point de repartir outre atlantique quand sa fille, étudiante, est victime d'un accident de la circulation. Elle reste quelques jours de plus chez son ancien mari, Philip, photographe pour la police locale. 

Philip qui est appelé en urgence sur les lieux d'un crime. Il fait des clichés du corps d'une jeune fille retrouvée morte dans un fossé, à quelques mètres de sa voiture. Elle a été égorgée et surtout le meurtrier lui a enlevé le cœur. Une mutilation quasi chirurgicale. Le médecin légiste retrouvera dans la cage thoracique une ancienne pièce égyptienne.

Organes enlevés

Lauren, grâce à Philip, apprendra ce détail surprenant. Deux jours plus tard une autre jeune fille est retrouvée morte. Cette fois le meurtrier a enlevé le cerveau de la victime. Les policiers retrouvent à la place une pièce de monnaie en argent. Lauren, qui a longtemps été journaliste de faits divers à New York, se passionne pour ces crimes. Elle se lance dans des recherches savantes sur l'origine des pièces. Rapidement, elle est persuadée que ces meurtres ne sont pas l'oeuvre d'un dément mais les morceaux d'un puzzle ayant l'astrologie pour thème.

 Chaque pièce est associée à une planète. Planète qui, au moment des meurtres, entre en conjonction dans le ciel. Une suite très rare dans l'histoire des cieux. Et comme d'autres planètes vont rejoindre les deux premières, elle est persuadée que d'autres meurtres vont être commis. Elle prévient la police, mais le chef de l'enquête est très sceptique. Elle lui annonce le jour et l'heure du prochain crime. Il ne la prend pas au sérieux. Michael White donne alors un coup de fouet à son roman en décrivant la troisième exécution. Le tueur, qu'il appelle l'Acolyte, pénètre dans la chambre d'une étudiante, Samantha. « D'un geste adroit, il tira en arrière la tête de Samantha et lui trancha la gorge d'un seul coup de scalpel. Il coupa la jugulaire, ce qui projeta un flot de sang à travers la chambre, et enfonça la lame vers le bas pour sectionner les muscles du larynx. Cela étouffa le hurlement naissant de la jeune fille, qui tomba sur le sol en se tenant la gorge. » Un mystérieux Acolyte qui n'est que l'exécutant d'un ordre secret poursuivant, dans l'ombre, ses recherches de la pierre philosophale.

La vraie vie d'Isaac Newton

Ce thriller se déroule de nos jours, mais également en 1690. Isaac Newton, le célèbre savant, était aussi un maître de l'occultisme. Lui aussi, à cette époque, a profité de cette conjonction des planètes pour se lancer dans cette expérience majeure (et sanglante) pour fabriquer la pierre philosophale. On apprend beaucoup sur la vie du savant et des intellectuels de l'époque. Et en fin de volume, Michael White rajoute une trentaine de pages sur « les faits derrière la fiction ». Présentation des personnages gravitant autour de Newton, explications sur l'astrologie et l'alchimie où des lieux mythiques comme la bibliothèque Bodléienne d'Oxford. Divertissant, terrifiant, plein d'enseignements scientifiques, ce roman de Michael White joue sur plusieurs tableaux à la fois. On risque au début de se perdre dans cette somme d'informations, parfois pointues, mais rapidement l'intrigue prend le dessus et on se surprend à palpiter avec Lauren, affrontant une puissante société secrète dans cette lutte contre la montre pour éviter la mort programmée d'innocentes victimes.

« Equinoxe », Michael White, Presses de la Cité, 21 € 

jeudi 24 juillet 2008

BD - Folie et cinéma au cœur du "Testament du docteur M"


Une bonne série, pour avoir un minimum de chance de s'imposer dans la jungle des sorties, doit avoir quelques atouts dans son jeu. Trop souvent, les personnages sont négligés au détriment de l'intrigue. Ce n'est pas le cas pour "Le testament du Docteur M" de Pécau et Damour. Le premier, scénariste, en plus d'un héros amnésique intrigant, a décidé que les personnages secondaires auraient de fortes personnalités. C'est le cas de Lotte S. Habou, l'inspectrice de police chargée de l'enquête (l'amnésique s'est enfui d'un hôpital psychiatrique en tuant un infirmier). 

Lotte, ancienne alcoolique, insomniaque, parlant comme un charretier, intransigeante avec le petit personnel, semble totalement désabusée. Il ne lui reste que son boulot. Courir après des meurtriers, c'est tout ce qu'elle a trouvé pour oublier sa déprime... Elle croise dans ce premier tome Fred, archiviste à la PJ. Cette femme corpulente, fumant le cigare, "n'aime que deux choses : les jeunes punkettes et les meurtres avec préméditation, et pas forcément dans cet ordre." Si vous ajoutez à cette distribution des libraires nébuleux et une bourgeoise nymphomane, ne vous étonnez pas si vous devenez accro à cette série qui est également un bel hommage aux débuts du cinéma.

"Le testament du docteur M" (tome 1), Delcourt, 12,90 € 

mercredi 23 juillet 2008

BD - Kid Ordinn et le secret du géant Flure

Qui aurait imaginé que Kid Ordinn, l'adjoint un peu simplet du shérif Dog Bull, avait du sang royal ? Tibet n'a pas hésité une minute à élaborer une intrigue pleine de rebondissements et de secrets, comme il le fait depuis plus d'un demi-siècle et qu'il anime les personnages de cette série indémodable. 

Wood City, étrangement calme, (mais Dog Bull est absent, c'est donc normal) voit arriver un géant répondant au nom de Flure. Il cherche un enfant qui aurait été abandonné dans des ballots sur un quai de gare à Phoenix. Il a un secret à révéler à cet enfant, un secret sur ses origines. Le shérif quand il a vent de l'affaire, se précipite. Cet enfant ce ne peut être que Kid Ordinn. Le géant Flure va alors lui révéler ce secret qui se révélera être mortel car qui le connaît est immédiatement pris en chasse par des tueurs. Mais le plus important reste que ce secret est synonyme de trésor, caché au fond d'un canyon. 

Le géant, Kid et Dog Bull vont aller à sa recherche, avec un Chick Bill aux aguets surveillant leurs arrières. Cette histoire, à l'intrigue assez mince, est surtout l'occasion pour Tibet de ridiculiser une fois de plus Dog Bull, véritable héros comique inépuisable de cette série.

"Chick Bill" (tome 69), Le Lombard, 9,25 € 

mardi 22 juillet 2008

BD - Les mille histoires d'un simple billet de banque


Un billet de banque, une fois sorti de l'imprimerie, va passer de mains en mains. Toutes sortes de mains, propres, sales, honnêtes, de voleurs ou d'avares. Emilio Ruiz a donc imaginé le parcours d'un billet de 20 euros à Barcelone et c'est Ana Mirallès qui s'est chargée d'illustrer ce périple heurté. 

Le premier utilisateur c'est un gardien de banque. Paradoxalement, il surveille toute la journée des montagnes de billets, mais quand il veut acheter un médicament pour soigner un début de rhume, il doit, comme tout le monde, utiliser sa carte bancaire. Le billet, ensuite, atterrira dans le sac d'une vieille dame qui se le fera subtiliser par un pickpocket. Suite de l'aventure dans un bar. 

C'est là qu'il subira ses premières dégradations. Un amoureux éconduit y inscrira le nom de son ex et son numéro de téléphone en précisant bien tout le mal qu'il pense d'elle. Le billet sera ensuite imbibé de la transpiration d'un cycliste et même déchiré par deux enfants se le disputant. Il sera donné à un curé qui l'utilisera pour payer son sacristain qui s'empressera de le dépenser chez une prostituée... 

Un récit complet édifiant, sur l'importance toute relative de l'argent, dessiné et mis en couleurs par une illustratrice au sommet de son art.

"Mano en mano", Dargaud, 13 € 

lundi 21 juillet 2008

BD - Préparez vos dérailleurs


Alors que le Tour de France vient de passer les Pyrénées et s'attaque à l'Alpe d'Huez, le quatrième recueil des gags des "Vélomaniacs" de Julié (dessin) et Garréra (scénario) nous rappelle que tous les cyclistes ne sont pas des professionnels surentraînés. Ce sont aussi des passionnés, se donnant à fond dans des courses locales tout en rechignant à s'entraîner. Surtout quand la télévision retransmet une de ces fameuses étapes de montagne. Des gags qui font souvent mouche et qui accueillent, en fin de volume, un invité prestigieux qui joue le jeu de l'autodérision : Richard Virenque. 

L'ancien détenteur du maillot à pois, actuellement consultant à Eurosport, décide de s'installer dans la petite ville de Pignon-sur-Rut. Pour la discrétion, c'est raté, les nombreux cyclistes amateurs vont rapidement lui rendre la vie assez compliquée. Sans oublier les sollicitations du club local, le Guidon's Club, qui fait des pieds et des mains pour obtenir la signature de cette ancienne gloire du cyclisme tricolore. Cette série de la collection des sports de chez Bamboo est très réussie. Julié, dessinateur de la région (il habite dans l'Aude) a fait évoluer son trait vers plus de spontanéité et de nervosité.

"Les Vélomaniacs" (tome 4), Bamboo, 9,45 € 

dimanche 20 juillet 2008

BD - Pauvres petits puceaux...


L'édition des Puceaux en album fait partie de ces belles histoires de la Toile. A la base, ce sont deux personnages créés par Chammas et Nicolin pour un blog. Ils racontaient les pitoyables tentatives de deux ados, Jo et Kinchouka, pour « pécho» une « bombasse ». Des gags qui se terminaient presque toujours par un retentissant « Puceaux ! » lancé par la jeune femme. 

Le blog remportant un beau succès, ils ont décidé de proposer ces personnages à un éditeur. Les éditions Bamboo (qui avaient déjà publié « Le blog du petit Nicolin ») se lancent dans l'aventure et les Puceaux sont lâchés dans la nature pour une quarantaine de gags désopilants. Si les deux nabots sont repoussants (Jo a un appareil dentaire et le visage recouvert d'acné, Kinchouka des lunettes carrés triple foyer, un bonnet vert sur la tête), Chammas, le dessinateur, s'applique pour rendre très désirables les nombreuses filles, toujours court vêtue et souvent dotées d'une forte poitrine et d'un « string de guerre». 

Des gravures sexy qui font un peu penser aux créatures peuplant les histoires déjantées d'Edika. On remarquera, en explorant le blog, que la version papier de certains gags est plus prude que les originaux mis en ligne (l'épisode de la douche de la sœur de Kinchouka, par exemple). 

L'aventure des puceaux ne semble être qu'à son début. Un deuxième album est déjà programmé et les deux auteurs ont mis en ligne l'épisode pilote d'un dessin animé qui aurait parfaitement sa place sur une chaîne « djeuns » du câble ou de la TNT. A n'en pas douter, tant que Jo et Kinchouka resteront puceaux, ils nous feront nous écrouler de rire...

« Les Puceaux » (tome 1), Bamboo, 9,45 € 

samedi 19 juillet 2008

BD - Découvrez Léo et Lola en vacances


La BD pour les tout petits, ceux qui sont en plein apprentissage de la lecture, est de plus en plus présente dans les bacs des libraires. Au Lombard, Léo et Lola seront les héros de ces vacances. Les deux premiers recueils de leurs gags sont réédités avec des couvertures cartonnées et surtout deux nouveautés sortent en même temps. Le premier se déroule durant les vacances, le suivant à la rentrée des classes. Marc Cantin, auteur de littérature jeunesse, a imaginé frère et sœur aimant se chamailler tout en ayant une grande complicité dans les coups durs. 

Thierry Nouveau, au dessin, a simplifié son trait au maximum pour avoir une lisibilité sans faille. Léo et Lola vivent en alternance chez leur maman et leur papa, séparés. En vacances, au camping avec leur mère, ils feront la rencontre d'un papa seul avec sa petite fille, Juliette. Une chipie mais son père plait beaucoup à la maman de Léo et Lola.

Dans l'album de la rentrée scolaire, c'est un peu l'inverse. Le père des garnements, en allant les chercher à la fin des cours, tombe sous le charme de leur jeune maîtresse. Une série très fraîche, où les enfants sont rêveurs et turbulents. Une série à découvrir et faire découvrir aux plus jeunes.

« Léo et Lola », Le Lombard, 6,90 euros chaque volume 

vendredi 18 juillet 2008

Thriller - Lourds secrets américains révélés par Alexis Aubenque

La ville de River Falls dans les Rocheuses va vivre une semaine pénible. Meurtres, tueur en série et secrets honteux vont rythmer ces sept jours.

Ce thriller américain est signé d'un écrivain français. Alexis Aubenque, libraire de formation, est un passionné de littérature de genre. Au Fleuve Noir il a lancé la saga « L'empire des étoiles », feuilleton de science-fiction rendant hommage aux grands récits populaires, du Seigneur des anneaux à, Star Wars. Avec « Sept jours à River Falls », il tâte du thriller US, avec un certain brio, on se laisserait presque prendre. En fait le bat blesse un peu dans les premières pages. Les personnages mettent du temps à s'imposer et certaines allusions, trop typiquement européennes, laissent un arrière-goût de boisson non alcoolisée voulant rivaliser avec un bon whisky. Heureusement cela s'arrange rapidement et l'auteur, comme s'il maîtrisait de plus en plus son sujet, abandonnant ses références françaises, se coulant dans la peau d'un écrivain américain, nous embarque dans une semaine pleine de sang, de violence et de rebondissements.

Violées et torturées

Durant le prologue, deux jeunes frères intrépides, voient un homme jeter dans un lac proche de River Falls, les corps de deux jeunes femmes, violées et torturées. Les gamins paniquent. Prennent la fuite. Le plus âgé des deux frères est assassiné par le tueur, l'autre laissé pour mort dans un trou dans la forêt. C'est en cherchant les enfants que le shérif Mike Logan tombe sur les corps des deux jeunes femmes. Cette découverte, le lundi, jette l'effroi dans cette petite ville des Rocheuses située à plusieurs dizaines de kilomètres de Seattle. Mike Logan va lancer tous ses hommes à la recherche de ce tueur en série qui n'a pas hésité à assassiner froidement un garçonnet pour protéger son secret. Il recevra le renfort de Jessica Hurley, profileuse de son état et ancienne petite amie de Logan.

En parallèle de l'enquête classique, l'auteur nous plonge dans l'intimité de Sarah Kent, étudiante d'une vingtaine d'années de River Falls. Elle connaissait bien les deux victimes. Elles viennent de la même ville. Elles s'étaient perdues de vue depuis leur arrivée à River Falls, il y a deux ans. Mais Sarah venait de recevoir une lettre de ses anciennes copines. Elles voulaient la revoir. Un rendez-vous était même proposé. Dans un bar. Le dernier endroit où les deux jeunes filles ont été vues vivantes.

Mystérieux Donald

Alexis Aubenque dans ce thriller multipliant les fausses pistes, pimente son intrigue de plusieurs secrets qu'on devine mais dont il réserve la découverte pour le final. Quelles étaient les relations entre Sarah et ses deux anciennes copines ? Pourquoi Logan a plaqué Seattle et sa petite amie du jour au lendemain sans explication ? Qui est le flic qui renseigne la presse locale ? Certains notables ont-ils des choses à se reprocher dans cette ville qui semble si proprette sur elle ?

Et puis il y a Donald. Quelques courtes scènes en flashback, généralement distillées en fin de journée, nous en apprend un peu sur cet être déviant. Comme sa première journée de chasse avec son père, alors qu'il n'était qu'un jeune adolescent. Il vient de blesser un cerf : « Donald fut fasciné par cet animal en train de mourir. Il lui semblait lire la peur dans les yeux du cerf. Donald était certain que cet animal avait conscience de sa mort prochaine. Donald serra ses mains sur la crosse, il n'avait pas envie que ce moment s'arrête. Une émotion toute nouvelle l'avait envahi. » Le tueur, très discret, mystérieux, ne révélera son identité que dans les ultimes scènes, les deux derniers jours, au cours d'un week-end en forêt de Sarah et ses amis étudiants, entre « Délivrance » et « Shining ». Les secrets finissent toujours par être percés...

« Sept jours à River Falls », Alexis Aubenque, Calmann-Lévy, 16,90 € 

jeudi 17 juillet 2008

BD - Les enfants de Salamanca


On n'arrête plus Christophe Bec. Le dessinateur originaire de l'Aveyron, multiplie les projets éditoriaux. Et de plus en plus en tant que scénariste. La preuve avec cette nouvelle série, « Sarah », dessinée par Stefano Raffaele. 

Dans une petite ville du fin fond des USA, Salamanca, un couple s'installe dans une maison isolée, en bordure de la forêt. David et Sarah quittent New York. La jeune femme suit son mari qui a accepté une mission dans cette région déserte. L'occasion pour Sarah d'oublier les traumatismes de sa jeunesse. Elle a été capturée étant enfant par un psychopathe et tenue prisonnière dans une cave durant plusieurs mois. Aujourd'hui elle essaie d'oublier. Mais ce n'est pas facile. Souvent elle fait appel aux médicaments, à l'excès, pour tenter d'avoir une vie normale. 

C'est dans ce contexte qu'elle découvre dans le sous-sol de sa nouvelle maison un tunnel. Il aboutit dans la cave du voisin. Sarah est persuadée que c'est un enfant, prisonnier depuis des années, qui a creusé cette galerie. Un enfant devenu un véritable monstre sauvage. En 60 pages, Christophe Bec plante le décor, avec tourments intérieurs des personnages, lieux inquiétants et autochtones cachant un lourd passé. La peur s'installe progressivement et durablement. Les amateurs du genre plébisciteront la série.

« Sarah » (tome 1), Dupuis, 13 € 

mercredi 16 juillet 2008

BD - L'école, c'est mortel !

On ne choisit pas sa famille. M. J., Mortis Junior, le héros de cette série américaine écrite par Gary Whitta et dessinée par Ted Naifeh est bien placé pour le savoir. Il n'est autre que le fils de la Mort. Son père, il ne le voit pas trop. Il est vrai qu'il a beaucoup de travail. Sa faux a rarement le temps de refroidir. M. J. , dans les premières pages, découvre sa nouvelle école. Il intègre une section spéciale où il sera en compagnie de quelques originaux de son genre (M. J., comme son père, n'a que les os sous son costume...). 

Il se fait de nouveaux copains : Spot, avorton vivant dans un bocal à roues, Stigmartha dont les mains saignent dès qu'elle est émue, Smith et Wesson, frères siamois reliés par le haut du crâne et enfin Pandore, petite fille curieuse qui ne peut s'empêcher d'ouvrir toutes les boites et autres portes fermées sur l'inconnu. C'est Pandore qui provoquera la catastrophe. En visitant un musée, elle libérera Moloch, démon enfermé par le père de M. J., bien décidé une fois la liberté retrouvée, de livrer le monde aux forces du mal. M. J. devra lutter contre ce « méchant » horrible et sans pitié. 

Ce premier album, de plus de 150 pages, permet de découvrir l'univers de Mortis Junior et apprécier le trait élégant et précis de Ted Naifeh.

« Mortis Junior » (tome 1), Les Humanoïdes Associés, 16,90 € 

mardi 15 juillet 2008

BD - Trop de bobos ? Réponse de Dupuy et Berberian


Difficile travail d'autocritique que se sont livrés Dupuy et Berberian dans cet album « sérieux » de Fluide Glacial. « Bienvenue à Boboland » dissèque les pratiques parfois odieuses de cette nouvelle secte, les Bobos, Bourgeois bohèmes, constituant pourtant l'essentiel du lectorat du duo. Sous forme d'histoires courtes, pas forcément comiques, Dupuy et Berberian racontent ce qu'ils voient dans les cafés et autres restaurants bio et « hype » de leur quartier. 

On les trouve également dans les vernissages de ces expos comme celle d'un des héros récurrents, un « artistique », inventeur du style « vertical eye » (mettre les écrans 16/9 dans le sens de la hauteur...) et qui explique, cyniquement à un de ses amis « J'ai fait ces photos avec un vieux machin trouvé aux puces de Barcelone. Une merde, mais cela donne des choses insensées. » 

Une des meilleures scènes est celle du brunch. La petite troupe se retrouve au resto pour prendre un brunch le dimanche matin. Un père se plaint de son fils, réveillé à 8 heures. A une autre table, une vieille psychanalyste n'arrive pas à faire le deuil de son mari. La serveuse, jean taille basse, string apparent, les sert dans une indifférence qui frise l'insolence.

« Bienvenue à Boboland », Fluide Glacial, 11,95 €


lundi 14 juillet 2008

BD - Basile et Melba ou l'amitié des extrêmes

Mathilde Domecq, jeune illustratrice originaire de Marseille, après les pages de Pif Gadget a investi celles de Tchô !. Elle y anime les aventures de Basile et Melba reprisent pour la première fois en album. Ces deux gamins sont comme chien et chat. Ils n'ont rien de commun et pourtant tout les attire. Basile, garçon riche, premier de la classe, est travailleur et raisonnable. Melba, fille d'un milieu modeste, est un véritable cancre et n'est jamais en manque d'idées de bêtises. Ils se sont connus à l'école. Ils sont dans la même classe. Basile, trop gentil, accepte de faire les devoirs de la chipie qui en échange lui accorde la protection de ses deux grands frères. 

Basile qui est en fait un petit garçon très malheureux. Elevé par une nounou chinoise inflexible, il ne voit jamais ses parents, occupés aux quatre coins de la planète à mener leurs affaires financières très lucratives. Il trouve donc chez Melba une famille de substitution. Mais quelle famille. 

Père chômeur, mère rêveuse, frères turbulents : il est loin du calme de sa grande villa. Mais ne s'en plaint pas car, finalement, trouvant dans ce tourbillon de folie un peu d'humanité. Basile et Melba nous font rire grâce à cette perpétuelle opposition.

« Basile et Melba » (tome 1), Glénat, 9,40 € 

dimanche 13 juillet 2008

BD - Souvenirs d'un déconneur sensible


Fred Neidhardt, avant d'être auteur de BD reconnu, a beaucoup usé ses neurones dans l'imposture. Avec son copain Fabrice Tarrin, ils ont signé quelques faits d'armes pour l'Echo des Savanes. Ils ont même un temps été recruté par Thierry Ardisson pour son émission sur Canal Plus. 

Dernier exploit en date, il s'est fait passer, en direct dans une émission de Jean-Luc Delarue pour un masturbateur compulsif. L'affaire a fait beaucoup de bruit. Neidhardt a retrouvé le goût de faire de la BD en reprenant le Fleurblog de Tarrin et Laurel. Il a racheté les droits et y a déversé ses souvenirs d'enfance. Une année de prépublication pour finalement regrouper le tout dans un album de la collection Shampoing (qui se spécialise de plus en plus dans la publication de blogs, le prochain étant celui de Boulet en septembre). 

Les analystes trouveront certainement des réponses dans ces histoires courtes en culottes courtes à la méchanceté actuelle de Neidhardt. Premiers émois devant des photos de filles nues, premier baiser, jeux dangereux (voire dramatiques), découverte de la masturbation, rapport avec son frère ou ses parents, l'auteur semble jouer le jeu de la vérité, ne laissant rien dans l'ombre. Reste à savoir si tout ceci n'est pas une autre de ses impostures. L'animal est insaisissable et capable de tout pour faire parler de lui ou gagner quelques centimes. A moins que l'image d'avare qu'il s'est forgé au fil des notes n'est pas là aussi une simple posture. 

Le mieux pour pleinement profiter de cet album sentant bon la nostalgie des années 70 reste d'oublier totalement le personnage et de le lire au premier degré. On s'y retrouvera forcément et certaines scènes sont chargées d'une forte émotion. 

"Pattes d'Eph' et col roulé", Delcourt, 12,90 €

vendredi 11 juillet 2008

BD - Les petits canards sont-ils plus utiles que les hommes ?


Rose-Mary, petite secrétaire boulotte londonienne, élevant seule sa fille Sandy, se sent de plus en plus seule. Elle a bien quelques aventures, mais sans lendemain. Sa meilleure amie, pour son anniversaire, lui offre un petit canard jaune. Il va dans l'eau et a des fonctions cachées : « il vibre et a six vitesses... » C'est bien beau mais Rose-Mary estime qu'un canard ne remplace pas un homme. Et son amie de répliquer « Mais un homme ne remplacera jamais un canard ! ». 

La blonde héroïne, en plus des soucis causés par sa fille, fugueuse et allergique à l'école, va tomber amoureuse de deux beaux mecs en même temps. Un collègue de bureau et un neurochirurgien rencontré dans une soirée costumée. Elle va aller de l'un à l'autre, souvent déçue, se consolant parfois avec le petit canard. 

Ce troisième tome de la série de Krassinsky, «Les cœurs boudinés », n'est constitué que d'une seule longue histoire. Une rupture dans la série qui était jusqu'à présent formée de petits récits complets multipliant les personnages. Rose-Mary tire toute la couverture à elle. Le lecteur ne le regrettera pas, d'autant que pour une fois, cette histoire d'amour finit bien...

« Les cœurs boudinés » (tome 3), Dargaud, 13 € 

jeudi 10 juillet 2008

BD - Chasse à la tueuse temporelle

Passionné par le cinéma de série B et les bons mots, Philippe Chanoinat exploite à fond ses deux passions dans une nouvelle série en collaboration avec Phil Castaza, dessinateur mais également coscénariste. 

« Les aventuriers du temps » ce sont des hommes et des femmes qui vont pourchasser une tueuse en série sévissant dans les arcanes du passé. Le premier tome montre, classiquement, la formation de la petite équipe. Le commanditaire est Charles Perkins, un adolescent, cloué sur une chaise roulante, inventeur de génie. Il recrute, contre leur gré, Laurent Verneuil, Parisien de 33 ans, expert en cambriolage et grand amateur de belles femmes ; Dante Don Sentenza, Sicilien de 50 ans, ancien parrain de la mafia, rangé, placide et très calculateur ; et enfin Meylin Starck, beauté glacée de 28 ans originaire de Hong-Kong, la meilleure « effaceuse » sur le marché asiatique. 

Charles leur explique leur mission : capturer Jade Monroe, son ancienne gouvernante, partie dans le passé pour éliminer les plus redoutables tueurs de l'Histoire. Dans les premières pages elle tue Jack l'Eventreur avant de faire un sort à Caligula puis Attila. Un dessin nerveux amplifie l'efficacité de cette BD sans temps mort et bourrée de rebondissements.

« Les aventuriers du temps » (tome 1), Le Lombard, 10,40 € 

mercredi 9 juillet 2008

BD - Souvenirs normands


Les éditions Vents d'Ouest lancent une nouvelle collection intitulée « Terres d'origines ». L'éditeur d'expliquer, « Après la littérature, c'est au tour des dessinateurs de rendre hommage aux terroirs qu'ils aiment en les mettant en scène, à travers des récits intimistes, nostalgiques ou contemporains, sensibles ou parfois graves... » 

Les deux premiers titres viennent de sortir. Le premier sur la région lyonnaise, le second, « Les yeux d'Edith », se déroulant à Cambremer, dans le Calvados en Normandie. Jean-Blaise Djian signe une histoire d'adolescents durant les années 50. Nicolas Ryser la met en images, les couleurs (très belles) étant signées Catherine Moreau. 

Gérard et Fernand sont jumeaux. Leurs parents exploitent une ferme. Gérard est timide et bègue. Fernand roublard et déluré. Quand une nouvelle famille vient s'installer au village, les deux frères ne peuvent que remarquer Edith. Elle a leur âge et est dans leur classe. Edith mystérieuse et secrète. Edith aux yeux limpides. 

Un récit en deux tomes explorant les mœurs provinciales de l'époque, de la politique à l'éducation des enfants.

« Les yeux d'Edith » (tome 1), Vents d'Ouest, 13 €