samedi 31 mai 2014

Cinéma - Chacun cherche sa famille dans "Les drôles de poissons-chats"

Emouvante histoire que celles des « Drôles de poissons-chats » de Claudia Sainte-Luce.


Seule. Désespérément seule. Claudia (Ximena Ayala), la petite vingtaine, vit dans un garage transformé en chambre. Elle a un travail, démonstratrice dans un supermarché, mais pas de vie sociale. Cette orpheline a appris à se débrouiller très jeune. Pas de famille. Ni d'amis. Un soir, en rentrant pliée en deux par la douleur, elle tente de faire passer le mal avec quelques comprimés. Mais finalement elle se résout à consulter les urgences. C'est dans la promiscuité de ce service débordé (l'action se déroule dans une grande ville du Mexique) que sa vie bascule. Derrière le mince rideau de séparation, elle entend les discussions autour de Martha (Lisa Owen). La mère de trois filles et un garçon, visiblement habitués à l'hôpital. Martha, si faible qu'elle ne peut plus se lever, a cependant la force pour tourner la tête vers sa voisine et tirer un peu le rideau. Martha, mère courage, foncièrement optimiste malgré la maladie qui la ronge, ouverte et chaleureuse. Elle engage la conversation avec Claudia qui elle, doit simplement se faire opérer de l'appendicite. Claudia, peut-être à cause de la douleur ou plus simplement car on ne peut pas vivre éternellement barricadée dans sa solitude, se confie un peu à Martha.

Et comme si Martha n'en avait pas assez avec sa tribu turbulente, elle décide de prendre sous son aile protectrice cette jolie fille aux airs d'oiseau tombé du nid.

Le film de Claudia Sainte-Luce, de grave au début, se transforme en un tourbillon de vie dès qu'il entre dans la maison de Martha. Claudia, au sortir de son opération, est invitée à déjeuner. Elle se cale dans un coin et observe ces enfants bouillonnants. Alejandra, l'aîné, tente de concilier travail, éducation de ses frères et sœurs et quête du grand amour. Wendy, exubérante, mange comme quatre et déprime dans son corps trop gras. Mariana, belle et élancée, rêve devant les vedettes de la téléréalité. Armando, le petit dernier, est préposé à la lessive. Normal, malgré ses dix ans il mouille ses draps toutes les nuits. Claudia va se faire apprivoiser par Martha. Puis la jeune femme, telle une pièce manquante à un puzzle pourtant évident, va devenir essentielle dans l'équilibre de cette famille.
La réalisatrice a puisé dans ses souvenirs personnels pour raconter cette rencontre miraculeuse à plus d'un titre. Par petites touches elle va montrer l'évolution de Claudia de chat sauvage en animal domestique dévoué. Un récit universel de la vie familiale, naturelle ou rapportée. Un formidable message d'espoir au final particulièrement émouvant.



lundi 26 mai 2014

Fantastique - Virus numérique inventé par Koji Suzuki

Après avoir fait trembler la planète entière avec sa trilogie « Ring », Koji Suzuki imagine une suite, tout aussi effrayante, à cette histoire de virus numérique.

Les bonnes histoires fantastiques n'ont jamais de fin. C'est le principe même des cauchemars. S'ils restent si longtemps présents à notre esprit c'est en raison de leur issue toujours incertaine. Certes, à un moment on se réveille, mais rien n'est terminé. On sait pertinemment qu'en cas de nouveau sommeil, on a toutes les chances de replonger dans l'horreur. Koji Suzuki a parfaitement intégré ce principe puisqu'il signe avec « S, Sadako » le prolongement de sa trilogie « Ring ». Comme si cette histoire de cassette vidéo maudite traversait les années et s'adaptait aux nouvelles technologies. Le récit, plus ramassé et un tantinet plus optimiste, peut se lire sans avoir auparavant tremblé devant les 1000 pages de la première histoire, récemment rééditée dans une intégrale chez Pocket.
20 ans après « Ring », les héros de « S, Sadako » sont les descendants de certains des protagonistes du premier opus. Takanori est le fils du médecin légiste qui a autopsié les premières victimes de la vidéo. Anaké, sa petite amie, est professeur dans un collège. Le jeune homme, contre l'avis de ses riches parents qui le destinaient à une carrière dans la médecine, a fait des études artistiques. Aujourd'hui, il vivote en s'occupant d'effets spéciaux dans une petite société de production télé. Dans le cadre de son travail, son chef lui confie une clé USB contenant l'enregistrement d'un suicide diffusé sur le net.

Takanori visionne la séquence pour tenter d'en tirer des images, pas trop violentes, à intégrer dans un programme de télévision un peu trash. Il copie le film sur son ordinateur et le regarde plusieurs fois. On voit un homme se préparer, la tête hors champ, monter sur un tabouret, puis le faire basculer et tournoyer au bout d'une corde. Le lendemain, il regarde de nouveau la séquence et constate que le cadre a bougé. Désormais, le visage est visible. Anaké le voit aussi et reconnaît l'homme qui, il y a de cela bien des années, a tenté de l'assassiner. Kashiwada, un tueur en série de petites filles, exécuté le mois dernier.
Quel rapport entre Anaké et ce suicidé qui n'en est pas un ? Pourquoi au bout de quelques secondes le corps disparaît ? Takanori va enquêter pour tenter de dissiper le malaise grandissant. Anaké, orpheline, a un passé rempli de trous. Son futur mari et père de l'enfant qu'elle porte aura la surprise de découvrir que son enfance à lui aussi contient des zones d'ombres. Il serait même mort (de noyade) durant deux années avant de « ressusciter ».
Koji Suzuki multiplie les interrogations pour mieux intriguer le lecteur. Au début, le lien avec Ring est ténu, mais les révélations du père de Takanori vont permettre de faire le lien avec le chef-d'œuvre de celui que l'on a surnommé le « Stephen King japonais ». C'est peut-être un peu excessif, même s'il faut reconnaître que certains passages, notamment quand le couple se retrouve sur les lieux des précédentes tueries, peut provoquer un sérieux hérissement des poils.
« S, Sadako », Koji Suzuki, Fleuve Noir, 15,90 €


dimanche 25 mai 2014

BD : Le retour des superhéros français


Comment, il existe des superhéros français ? Pas notre SuperDupont national, non, de véritables personnages aux pouvoirs exceptionnels, capables de sauver la planète... ou de rayer un continent de la carte en fonction de leurs humeurs. « SuperWorld », écrit par Jean-Marc Rivière et dessiné par Francesca Follini, se déroule à Paris dans un futur proche. Dans le premier tome, le lecteur a fait connaissance avec les enfants des superhéros, disparus depuis 15 ans après avoir mis en place un bouclier protecteur contrer une invasion extraterrestre. Tamara, fille de Zoltar, le plus puissant des gardiens de l'univers, assiste à la destruction du bouclier et à la réapparition des héros. Le second tome montre la difficile cohabitation entre les enfants et les parents. D'autant que les superhéros ne sont plus les bienvenus. Parqués dans un ghetto, ils sont sous le contrôle de la police. Un mélange entre complot planétaire, action et psychologie qui donne une touche très frenchie à une BD qui aurait tout à fait sa place aux USA.

« SuperWorld » (tome 2), Delcourt, 14,95 €

samedi 24 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Horreur restaurée

Le festival de Cannes joue la nostalgie pour ses dernières séances. Le film de clôture ce samedi soir, hors compétition, est la version restaurée (et présentée par Quentin Tarantino, le "faquin" selon Jean-Luc Godard) de "Pour une poignée de dollars" de Sergio Leone.
Jeudi soir, pour clore la quinzaine des réalisateurs, "Massacre à la tronçonneuse" de Tobe Hopper a horrifié les festivaliers. Ce film -déjà 40 ans à son actif- n'a rien perdu de son côté malsain. Tourné dans une maison isolée du Texas, enfiévré par l'été torride, 40° à l'ombre, une véritable légende le précède avant même sa diffusion.

A sa sortie en salles, le choc est absolu. Un nouveau cinéma d'horreur vient de naître. Non seulement il vous "met le nez dedans" grâce à des effets spéciaux sanguinolents, mais surtout il plonge le spectateur dans une angoisse permanente et exponentielle. Chaque apparition de Leatherface, le manieur de tronçonneuse (mais aussi de crocs de bouchers et de toute une panoplie de couteaux acérés), garantit des mois de cauchemars.
Si ce film, devenu culte, a ouvert la voie à d'autres productions comme "Les griffes de la Nuit" ou "Saw", jamais il n'a été égalé. Interdit aux moins de 18 ans, il n'est sorti en France qu'en 1982. Pire en Grande-Bretagne, les Anglais n'ont pu trembler devant cet Everest du gore qu'en 1999.
L'hommage de Cannes est justifié. Le cinéma, reflet de la vie, est un art complexe capable de faire ressortir toutes les émotions humaines. Dans une salle obscure on rit souvent, on pleure parfois. Et avec "Massacre à la tronçonneuse" on a peur. Très peur.

Chronique "De choses et d'autres" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.
Pour le palmarès c'est par là ! 

BD - Mais qui va hériter de la CX diesel ?


Sous une couverture « boule à facettes » manquant de lisibilité (ne vous laissez pas arrêter par ce détail), Fabcaro (textes), James (dessin) et BenGrrr (couleurs) poursuivent la saga de la famille totalement déjantée de « Amour, passion et CX diesel ». Un troisième recueil de gags dans la veine des deux précédents : hilarant ! Quatre frères et sœurs, dans la force de l'âge, se disputent l'héritage à venir de parents de plus en plus séniles. Notamment la CX diesel du patriarche qui fait fantasmer tout le monde. Cette voiture semble personnaliser le pouvoir absolu dans une famille où les ratés sont légion. 
On rit donc aux tentatives de drague pathétiques du directeur de discothèque auprès de l'étudiante en philosophe, babysitter pour financer ses études. Le fils homo se désespère comme une midinette quand il se fait larguer par son mec en cuir. Heureusement il retrouve le bonheur auprès d'Abdelatif. Cela donne aux auteurs une source inépuisable de gags autour des clichés racistes de la famille française de base. Mordante et sans pitié, cette série est une des meilleures d'un nouveau Fluide Glacial en mal « d'Umour et Bandessinées ».

« Amour, passion et CX diesel » (tome 3), Fluide Glacial, 12 €

vendredi 23 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Les marches de la jalousie

Que ne ferait-on pas pour trois minutes d'exposition médiatique ? Chaque soir, au moment de la montée des marches du Palais des festivals à Cannes, c'est un défilé de personnalités, plus ou moins célèbres, qui marquent de longues pauses devant les dizaines de photographes. Ces derniers se focalisent essentiellement sur les femmes aux tenues hors de prix. Certaines ne viennent que pour paraître, avoir un minimum d'existence publique, comme pour monnayer et faire fructifier ensuite cette invitation obtenue après des semaines de travail acharné de leur agent. Elles se montrent sous toutes les coutures, abreuvent les objectifs de sourires crispés jusqu'à l'intervention d'un des membres du service d'ordre qui les pousse vers la salle de projection. Pas sûr qu'elles y restent. Comment briller dans le noir ?

Le Graal consiste à arriver avec l'équipe du film en compétition. Aurélie Filipetti, ministre de la Culture, a jeté son dévolu sur "Saint Laurent" de Bertrand Bonello. Elle enfile son plus beau smoking (signé Yves Saint-Laurent, cela va de soi...) et pique une belle colère quand elle apprend qu'elle ne sera pas l'unique représentante du gouvernement sur les marches. Fleur Pellerin, ravissante secrétaire d'État au commerce extérieur, a reçu elle aussi un carton d'invitation. Le Canard Enchaîné révèle que le cabinet de Manuel Valls himself a finalement arbitré cette "affaire d'État". A Aurélie Filipetti les flashes des photographes au côté de Léa Seydoux et Gaspard Ulliel. Quant à Fleur Pellerin, elle a dû se contenter de l'entrée de service... La jalousie, ce mal français !

Chronique "De choses et d'autres" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - Trois tueries dans le nouveau "Doggybags" d'Ankama


Traque dans les égouts, char d'assaut en folie et parc d'attraction de zombies sont les trois thèmes des histoires complètes qui composent le menu de la 5e livraison de Doggybags, la revue pour lecteurs avertis du Label 619 de chez Ankama. Toujours avec le scénariste Run aux manettes, on retrouve des habitués (Ducoudray et Neyef) et des petits jeunes qui montent comme El Puerto, Tomeus et Kartinka. Ce dernier, dessinateur de la dernière partie, avait imaginé une histoire d'amour contrariée dans un parc d'attraction de zombies. Run et Ducoudray ont étoffé le scénario et cela donne un récit particulièrement angoissant. Le plus original du lot, le plus classique côté dessin. 
Neyef et Ducoudray nous entraînent dans le sillage d'un certain Shawn Nelson. Un peu perturbé ce jeune américain : complètement dépendant des drogues de synthèse, il creuse son jardin à la recherche d'une mine d'or. Jusqu'à ce qu'il croise le chemin d'un dragon. Il subtilise un char pour avoir une armure comme Saint-Georges... La dernière histoire revient sur une légende urbaine des égouts new-yorkais. Du premier degré bien sanglant, marque de fabrique de Doggybags.

« Doggybags » (tome 5), Ankama, 13,90 €

jeudi 22 mai 2014

Cinéma - La conquête de l'Ouest à la folie dans "The Homesman" de Tommy Lee Jones


Si les USA sont aujourd'hui les maîtres du monde, les premiers colons de ce jeune pays ont surmonté bien des vicissitudes pour en arriver là. La conquête de l'Ouest, époque héroïque par excellence, n'a pas fait que des heureux. Beaucoup de vies ont été perdues pour faire fructifier ces immenses terres vierges. « The Homesman », film de Tommy Lee Jones en compétition officielle au Festival de Cannes, sur les écrans depuis dimanche, s'intéresse au destin tragique de quelques femmes perdues dans ce désert de labeur et d'abnégation. Un film rude, comme la personnalité du réalisateur et principal acteur.
Mary Bee Cuddy (Hillary Swank) est une femme de l'Est, de New York exactement. Comme d'autres, elle fait partie de ces pionniers pour qui ont abandonné la civilisation et le confort pour une ferme perdue dans les plaines du Nebraska. Mais elle est seule à la tête de son exploitation. Alors qu'elle vient de passer la trentaine, elle cherche désespérément à se marier, trouver un mari pour l'aider aux travaux des champs. Pour l'aimer aussi. Surtout.

La première partie du film dresse le portrait de cette femme, réputée rude et autoritaire. Un caractère qui fait fuir les hommes de la petite communauté. Les fermiers du coin préfèrent aller chercher leurs épouses à l'Est, comme pour ramener dans leurs masures misérables un peu de distinction et de grâce. Mais cela ne se passe pas toujours bien. Folie omniprésente Face à la solitude, aux mœurs frustes des maris, la folie fait des ravages. Trois femmes ont basculé. La paroisse décide de les renvoyer dans une institution dans l'Iowa. Et désigne Mary Bee pour les convoyer. Un périple de trois semaines, avec deux mules, une carriole à bestiaux transformée en prison, un cheval et une aide inattendue : le vagabond George Briggs (Tommy Lee Jones). Mary lui sauve la vie. Suspecté d'avoir spolié les terres d'un fermier (justement parti dans l'Est chercher une épouse), il est condamné à la pendaison. Mary le libère en échange de son aide tout le long du voyage. Cet étrange attelage composé d'une fermière psychorigide, d'un déserteur sans foi ni loi et de trois folles affronte éléments, Indiens et brigands dans cette évacuation sanitaire d'antan.
Toute la force du film réside dans l'opposition des caractères : la piété de Mary, les crises des démentes et l'optimisme à tout crin de George, bien conscient que tout ce qu'il vit est un bonus par rapport à sa quasi-mort. Et le voyage permet à chacun de faire de nouveaux projets, d'avoir enfin un peu d'espoir. Mais la conquête de l'Ouest n'a que rarement terminé dans la joie et la bonne humeur, même si le film de Tommy Lee Jones s'achève par une gigue endiablée sur une barge reliant les deux rives du fleuve Mississippi.

mercredi 21 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Vivement Quinquin !


Ce mercredi, dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes, Bruno Dumont dévoile sa dernière production, "P'tit Quinquin". Le réalisateur nordiste, déjà primé sur la Croisette en 1999 pour son film "L'Humanité", délaisse le grand écran pour la télévision ; "P'tit Quinquin" est une série policière produite par Arte. La diffusion est annoncée à la rentrée prochaine.

Quatre épisodes de 52 minutes. Soit au total plus de 3 heures de Dumont sur grand écran à Cannes. J'avoue mon admiration pour ce réalisateur hors normes et j'aurais donné cher pour me trouver   dans la salle qui diffuse en avant-première cette pépite. En attendant, on se rabat sur la bande-annonce. Elle plante le décor et met en vedette les principaux personnages d'une enquête policière totalement déjantée dans un petit village côtier du Pas-de-Calais.
P'tit Quinquin, le héros, gamin des rues intrépide est amoureux d'Eve, sa meilleure amie. Sa complice aussi quand il s'agit de faire les 400 coups. Ils atteignent à peine 20 ans à eux deux. L'âge des femmes retrouvées assassinées sur la plage. Dont une sans tête. Un duo de gendarmes est chargé de l'enquête.
Même si la série sera diffusée en prime-time, on est loin d'"Une femme d'honneur" avec Corinne Touzet. Ce sont plutôt "Les hommes d'horreur" qui déboulent. Le genre de personnages qui marquent les esprits, comme dans "Twin Peaks" de David Lynch. Rien que pour l'arrivée de la voiture des gendarmes sur deux roues, à la Belmondo, allez voir cette bande-annonce et ensuite, comme moi, trépignez d'impatience en attendant septembre.

Chronique "de choses et d'autres" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant

BD - Spirou à Saint-Germain des Prés


Spirou et Fantasio, personnages universels, passent allègement de main en main. En plus de la série titre reprise par Vehlmann et Yoann et du Petit Spirou animé par Tome et Janry, le groom vit également des aventures hors collection dans la série « Le Spirou de... » Yann et Schwartz, après le très réussi « Groom vert-de-gris », repartent sur de nouvelles aventures très vintage. A Bruxelles, en 1946, la Belgique enfin libérée de l'emprise nazi est en pleine reconstruction. Les capitaux américains inondent le marché. 
L'hôtel Moustic est racheté et un manager à la pointe de la modernité dépoussière le palace. Première mesure : suppression de tous les postes de groom... Spirou, déjà presque alcoolique après la disparition de son amour de jeunesse, Audrey, morte en camp de concentration, se retrouve au chômage. 
Le lecteur a toutes les chances d'être déstabilisé par le début du récit. Heureusement l'aventure et le mystère vont sauver le jeune personnage BD, période Jijé. Avec Fantasio, il va sauver une mystérieuse femme léopard en fuite sur les toits de la capitale belge. Ensuite, toujours pour la belle Africaine, il part à Paris, en plein Saint-Germain des Prés pour récupérer un fétiche. Il y croisera Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et Boris Vian. Et la suite du récit (à paraître prochainement) conduira le duo en Afrique. Grâce à un Yann en très grande forme, c'est un album à déguster lentement et à plusieurs reprises tant les gags, clins d'œils, allusions et private joke sont nombreux.

« La femme léopard », Dupuis, 14,50 €

mardi 20 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Tous un peu fans

Beaucoup de fans et un peu de fun à Cannes dimanche matin. Les acteurs bodybuildés de « Expendables 3 » arrivent sur deux véhicules blindés. Stallone, Schwarzie, Harrison Ford, Antonio Banderas saluent leurs fans. Pendant la compétition, forcément plus sérieuse, certains profitent de la concentration exceptionnelle de médias pour réaliser des happenings promotionnels. 
A ce jeu, les Américains sont les meilleurs. La venue des gros bras d'Hollywood donne lieu à des scènes surréalistes. J'ai entendu à la radio cette dame expliquer aux cerbères de la sécurité avec un incroyable aplomb qu'elle a oublié son mouchoir dans la zone VIP. Elle voudrait passer pour aller le récupérer... Et d'avouer à la journaliste qui enregistre que c'est un mensonge éhonté. Mais que ne ferait-elle pas pour s'approcher d'Arnold Schwarzenegger, son idole.
Un fan, à Cannes, n'a que peu de chance de rencontrer ses acteurs préférés. Tout autour du Palais la zone est quasiment interdite au public. Par contre, en étant journaliste, vous avez la possibilité de croiser en dix jours plus de stars que vous en verrez durant toute votre vie. Eva Bettan, journaliste ciné à France Inter, a eu la bonne idée d'arriver sur la Croisette un bras dans le plâtre.

Après chaque interview, elle demande à ses invités de signer comme c'est de tradition. Résultat, elle se balade dans les rues de Cannes avec les autographes de Nicole Kidman, Jane Campion, David Cronemberg ou Julianne Moore en évidence sur son bras en écharpe. Attention, certains fans seraient capables de lui couper le bras pour voler ce trophée...

BD - Visions divines avec la série "Oracle" chez Soleil


Les séries concepts menées rapidement avec plusieurs équipes se multiplient. « Oracle » est prévue en cinq tomes. Le premier, « La pythie » est paru en mars, le second « L'esclave » est sorti en librairie la semaine dernière et le dernier en janvier 2015. L'Oracle c'est un vieil homme qui raconte aux enfants, de village en village, les histoires cachées et merveilleuses de la mythologie grecque
Le premier tome tourne autour de l'affrontement entre la Pythie et Apollon. La jeune femme, dotée du pouvoir de lire l'avenir, doit rester vierge pour conserver son don. Mais Apollon, fasciné par sa beauté, la prend de force. Dès lors elle va tenter de se venger en manipulant les guerriers spartiates et même certaines divinités. Un scénario d'Olivier Peru mis en image par un excellent dessinateur italien, Stefano Martino.

« Oracle » (tome 1), Soleil, 14,50 €




lundi 19 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Bye-bye New York


Les mains claquent sur les fesses, les bouches avides parcourent les corps de haut en bas, du sexe, toujours plus de sexe. La première partie de « Welcome to New York », d'Abel Ferrara sur l'affaire DSK commence de façon très crue. Comme pour bien cerner la personnalité de cet homme « malade », totalement obsédé par la possession et la domination des femmes. Une addiction qui provoquera presque sa perte. Heureusement sa femme est là. Elle le sauve de la prison. Essentiellement pour protéger sa réputation à elle, selon le réalisateur.

Comme tout bénéficiaire d'un accès internet haut débit, j'ai pu regarder hier, en vidéo à la demande, ce film à la réputation sulfureuse. Il m'en a coûté 7 euros. Un peu cher pour une œuvre très inégale, parfois outrancière. L'avantage, c'est que pour le même prix, on peut le voir à plusieurs. Ou le regarder une seconde fois. « Non, merci ! » réplique immédiatement ma femme qui n'a que peu goûté aux turpitudes de Devereaux joué par Gérard Depardieu.
Durant la première demi-heure, il se contente de grognements pour tout dialogue. Il passe la nuit à tripoter et jouir de cette « viande » de callgirls dociles. Jusqu'au dernier râle, sur la femme de ménage qui elle, n'est pas consentante. L'histoire commence vraiment. Arrestation, prison, procès et surtout explications avec sa femme. Loin de décrire Devereaux comme un monstre, ce film le présente comme un malade, un accro au sexe. L'inhumanité, Ferrara la voit dans le personnage de Simone, interprétée par Jacqueline Bisset. Le résultat : un film de mec qui pense sous la ceinture.

Livre - Bouleversant témoignage de « L'enfant de Schindler » chez PKJ

Mort l'an dernier, Leon Leyson, avant de s'éteindre, a tenu à témoigner de son enfance de jeune Juif sauvé par la fameuse Liste de Schindler.
Au début du mois, la France a célébré la capitulation de l'Allemagne nazie. Si depuis les deux pays sont réconciliés, cela n'empêche pas de se remémorer les horreurs commises par Hitler et ses sbires. Un bouleversant témoignage vient d'être publié aux éditions PKJ. Leon Leyson raconte comment il est devenu « L'enfant de Schindler ».

Cet Juif polonais, en 1943, était le plus jeune nom de la fameuse liste devenue célèbre après le film de Steven Spielberg. Son témoignage poignant permet de mieux comprendre dans quelles conditions les Nazis ont persécuté la communauté juive. L'action se déroule à Cracovie en Pologne. Léon, gamin insouciant, vit heureux auprès de son père, employé dans une entreprise locale. Quand les Allemands envahissent le pays et s'approprient l'industrie, Moshe Leyson change de patron. Il dépend désormais d'un certain Schindler.

Ghetto de Cracovie
Rapidement les Juifs sont parqués dans un ghetto, les premières rafles ont lieu. « Les parents ne pouvaient plus rassurer leurs enfants avec des mots comme "ce sera bientôt fini". A présent ils disaient "ça pourrait être pire" »... Leon raconte ces années d'insouciance avec une étonnante fraîcheur. Comme si ces jeux de gamins, encore épargnés par la folie des hommes étaient plus importants que les scènes d'horreur à venir. Car ensuite c'est le transfert dans le camp de travail de Plaszow : « Ma première impression, celle de me trouver en enfer sur terre, n'a jamais changé ». Sa description de la vie (survie exactement) dans ce camp est hallucinante. Encore plus quand on réalise que ces brimades quotidiennes sont vécues par un gamin de 12 ans.
« Les nazis avaient profané et détruit deux cimetières juifs pour construire le camps. Un lieu vide, lugubre et chaotique. Des cailloux, de la poussière, des fils barbelés, des chiens féroces, des gardes menaçants et des hectares de baraques miteuses alignées à l'infini. Des centaines de prisonniers en haillons couraient d'un détachement de travail à l'autre, menacés par des gardes allemands et ukrainiens à la gâchette facile. » Seul, Leon devra y rester de longs mois avant de retrouver ses parents et finalement échapper à la mort grâce à la fameuse liste écrite par Schindler. Il a terminé ses jours en Californie, rare rescapé de l'enfer de Plaszow.
Alors pour ne jamais oublier, lisez et faites lire à vos enfants ce récit paru récemment en librairie.

« L'enfant de Schindler » de Leon Leyson, PKJ, 15,90 €



dimanche 18 mai 2014

BD - Héritage en errance

Chaque année en France des milliers de personnes meurent sans avoir le moindre héritier. Si personne ne se manifeste, tout va à l'État. Certains notaires cherchent cependant à trouver le fils caché ou le petit neveu oublié. Ils utilisent les services de « chasseurs d'héritiers ». Lélio fait partie de cette confrérie très réduite. Il vit largement de ses recherches car empoche 25 % de la somme en jeu à chaque dossier résolu. La série, écrite par Jarry et Rivière et dessinée par Tavernier, débute dans la jungle d'Amérique du Sud

Un loser, pourchassé par des trafiquants de drogue, est sauvé in extrémis par Lélio, porteur d'une très bonne nouvelle. Il vient d'hériter d'un peu plus d'un million d'euros d'une tante très éloignée. Un prologue animé pour une suite tout aussi mouvementée avec la recherche d'héritiers d'un baron assassiné dans son château. Lélio va devoir faire des recherches du côté de la mère du baron. Une artiste qui a eu la mauvaise idée de tomber amoureuse d'un officier allemand durant l'occupation. Au centre des recherches, un tableau convoité par un peu trop de personnes...

« Chasseurs d'héritiers » (tome 1), Delcourt, 13,95 €


samedi 17 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Terrible Chambre bleue de Mathieu Amalric


Un
classique du roman policier, un acteur inspiré, une réalisation au cordeau, un ton et une ambiance : 'La chambre bleue' de Mathieu Amalric a tout du bon film français. Présenté hier dans la catégorie 'Un certain regard' au festival de Cannes, il est en salles depuis hier et vaut véritablement le détour.

Mathieu Amalric, auréolé du succès de son 'Tournée' sur les stripteaseuses américaines bien en chair, change totalement de registre. Dans le texte de Simenon on retrouve les basiques de ses polars provinciaux : le couple de notables, l'ami d'enfance, l'adultère, des morts, les gendarmes et un juge. Tout commence dans cette chambre bleue d'un hôtel d'une petite ville de province. Un couple y fait l'amour. Julien, l'ami d'enfance (Mathieu Amalric) est en plein adultère avec Esther la femme du pharmacien (Stéphanie Cléau). Des mots d'amour. Des promesses. A la vie à la mort. Mais ces scènes d'une grande sensualité (Amalric filme sa compagne à la ville) sont entrecoupées de l'interrogatoire de Julien par un juge d'instruction teigneux. L'amant est en garde à vue. On se doute qu'il y a eu mort mais on ne sait pas encore qui. Ni comment. Depuis le bureau exigu du juge, loin du bonheur de la chambre bleue, Julien revit cette année terrible. Dans une ambiance de plus en plus oppressante, tendue, il va se désintéresser de son sort. Jusqu'à scruter, absent, les détails de la tapisserie du tribunal lors de la réquisition du procès.
Amoureux, fébrile, parfois halluciné, Mathieu Amalric confirme qu'il a une présence formidable à l'écran : aussi bon acteur que réalisateur.

BD - Espions de compétitions


Ça ne plaisante pas dans la petite coterie des espions internationaux. Pas de quartiers. Une acrimonie encore plus exacerbée tous les quatre ans lors du « Kontest ». Il s'agit d'une sorte de jeux olympiques des forces spéciales. Huit équipes, autant de codes à récupérer pour au final acquérir dans un coffre les dizaines de secrets d'État mis en jeu. L'idée de ce scénario est de Jean David Morvan. Le créateur de Sillage, pour cette série on ne peut plus internationale, a sélectionné un dessinateur coréen. Kim Jung Gi dessine les scènes d'actions, les explosions et les flingues comme d'autres, en France... les gros nez. Impossible de faire plus virtuose. 
La preuve en image : un flash code en couverture permet de voir l'artiste au travail. Certains dessinateurs européens, en visionnant la scène, ont abandonné le métier pour se reconvertir comme traders (fausse information propagée par le Gorafi mais qui a le mérite de faire sourire...) Parmi les 8 pays, la France : souvent qualifiée en finale mais jamais gagnante. Mais on est loin du concours de l'Eurovision. La claque graphique est monumentale !

« Spy Games » (tome 1), Glénat, 13,90 €
En bonus, le dessinateur virtuose en plein travail :




vendredi 16 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Voir ou être vu, le dilemme de Cannes

Le festival de Cannes, ses milliers de journalistes et dizaines de chaînes de télévision en direct chaque jour sont le miroir de notre société. Certains s'y rendent pour voir. D'autres pour être vus. A la base, les réalisateurs et les acteurs des films sélectionnés se partagent la vedette. Mais le barnum médiatique entraîne des centaines de personnes en mal de reconnaissance ou de gloire (même éphémère) à se donner rendez-vous sur la Croisette. Pas la peine de leur parler de l'œuvre de Turner (le peintre au centre du film de Mike Leigh) ou de la situation géopolitique de l'Afrique subsaharienne (Timbuktu, film coup de poing d'Abderrhamane Sissako). Non, l'unique appétit de ces festivaliers réside dans les invitations aux soirées et les meilleurs plans pour se montrer près des stars, les vraies.
On retrouve dans le lot l'ancienne candidate de téléréalité Ayem Nour qui a décroché une émission sur MCM, chaîne musicale du câble et du satellite. Pour se faire un peu de pub, mardi soir, elle arrive en Rolls-Royce et robe longue fendue dans la zone des photographes. Tellement fendue qu'en sortant de la voiture, les reporters immortalisent sa petite culotte, montrée en long en large et en travers. Et voilà comment on lance le premier buzz d'un festival toujours avide de chair fraîche. Voulu ou pas, cet incident de parcours permet à Ayem d'exister à Cannes, au moins le temps d'une journée et sans monter les marches.
Signe des temps ? Non. Rien de nouveau sous le soleil : les starlettes à l'époque bronzaient topless sur la plage pour attirer les regards des producteurs.

Cinéma - La santé insolente des comédies françaises en cette année 2014

Après « Supercondriaque » et « Les trois frères », d'autres comédies attirent les foules.


Le millésime 2014 sera une excellente cuvée pour le cinéma français. La moitié de l’année n’est pas encore écoulée et plusieurs films remportent un incroyable succès. Après le retour attendu et gagnant des Inconnus dans la suite des « Trois frères », Dany Boom a frappé un grand coup avec son « Supercondriaque ». Sans atteindre le niveau des « Ch’tis », la barre des 5 millions d’entrées a facilement été passée.
A côté de ces succès prévisibles, la grosse surprise de ces trois dernières semaines : « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? » de Philippe De Chauveron a aussi dépassé les 5 millions d’entrées. Mais à la différence du film de Dany Boom, il se maintient en tête de la course, même face aux grosses productions américaines. A ce rythme, les producteurs peuvent envisager de doubler la mise et frôler les 10 millions. Pourtant le scénario est on ne peut plus risqué. Mettre en vedette une famille française catholique de droite, obligée de voir ses filles se marier avec des immigrés en cette période de repli communautaire, c’est marcher sur des braises. La justesse des dialogues, l’excellence des acteurs et la multitude de gags transforme le pari en jackpot. Claude et Marie Verneuil (Christian Clavier et Chantal Lauby) ont quatre filles. La première épouse un avocat musulman d’origine algérienne, la seconde un entrepreneur juif et la troisième un banquier chinois. Pour ces Français de souche, traditionalistes et provinciaux, la pilule est difficile à avaler. Ils revivent quand leur cadette, Laure (Elodie Fontan), leur annonce son intention de se marier avec Charles, comédien mais fervent catholique. Le détail que Laure n’ose pas avouer immédiatement c’est que Charles (Noom Diawara) et noir d’origine ivoirienne. Les Verneuil vont mériter encore plus le surnom de « famille Benetton » dans la bourgeoisie de Chinon.

Les deux pères
Le ressort comique réside dans les clashs incessants entre les quatre gendres, alimentés par la mauvaise foi crasse de beau-papa. Le film fait carrément œuvre de salubrité publique en se moquant du racisme. Ou plus exactement de tous les racismes. Car aucune des communautés n’est épargnée par les scénaristes. Christian Clavier, après quelques errements, excelle à nouveau dans ce rôle sur mesure. Il bénéficie en plus de l’apport comique de son double de couleur, le père de Charles, interprété par Pascal N’Zonzi, hilarant dans son personnage de patriarche africain très à cheval sur les principes.
Dans le sillage de « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu », d’autres comédies remportent un beau succès comme « Babysitting » ou « Barbecue » toujours à l’affiche.
Et devraient surfer sur la vague « Amour sur place ou à emporter » d’Amelle Chahbi (où l’on retrouve Noom Diawara) le 28 mai et « Les vacances du Petit Nicolas » de Laurent Tirard début juillet.
Bref, la France est en crise... de rire.

jeudi 15 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES (spécial Cannes) - J'ai vu Grace...

Je ne suis pas à Cannes, mais j'ai quand même eu la chance de voir 'Grace de Monaco' le film d'ouverture présenté hier soir au Palais des Festivals. Pas de passe-droit de journaliste accrédité, juste la possibilité de me libérer deux heures en début après-midi et d'aller dans une des nombreuses salles qui programme le film d'Olivier Dahan.
Terminées les polémiques, jugeons sur pièce. Je précise d'entrée que je n'ai jamais été fan des histoires de têtes couronnées. Mais j'aime beaucoup les actrices, celles qui arrivent à transcender l'art de la comédie. Donc le film ne me plaît qu'à moitié. L'interprétation de Nicole Kidman dans le rôle de Grace Kelly est convaincant. Elle est moins crédible en Grace de Monaco. Le film montre comment la petite Américaine rêveuse, fière de son mariage royal, se transforme en princesse de fer prête à tout pour sauver sa famille et au passage sa principauté. Le rôle du méchant est tenu par De Gaulle, le président français qui veut étrangler le peuple monégasque en lui faisant payer - sacrilège suprême - des impôts. On est en 1962 et finalement Monaco gardera son statut particulier devenant de fait un des paradis fiscaux les plus renommés. Et grâce à Grace, selon le film ! Tous les milliardaires de la planète devraient lui élever une statue et la vénérer éternellement.
A Cannes, le film 'Grace de Monaco' est programmé hors compétition. Heureusement pour Olivier Dahan car ce n'est pas avec ses interminables plans de palais d'opérette, toilettes chics et séances de confession qu'il aurait obtenu la Palme d'or.

Polar - "Ne lâche pas ma main" de Michel Bussi chez Pocket

Vacances en famille pour les Bellion. Martial, son épouse Liane et la petite Sofa, six ans, profitent de la piscine de l'hôtel Alamanda à Saint-Gilles de la Réunion. En plein après-midi, Liane va faire une sieste dans la chambre climatisée. Une heure plus tard, Martial la rejoint. Il découvre la chambre vide. Les vêtements de Liane ont disparu, du sang souille le lit. Panique du jeune Métropolitain en villégiature. Il demande à la direction de l'hôtel de prévenir la gendarmerie. C'est Aja Purvi, gendarmette ambitieuse qui se déplace. Si ce n'est les traces de sang, elle pencherait pour l'escapade amoureuse de la belle Liane. L'auteur, Michel Bussi, dans les 100 premières pages, ne dévoile rien de l'intrigue véritable. Il renseigne le lecteur avec les déductions d'Aja. Et tout se complique quand Martial prend la fuite avec sa fillette. A-t-il quelque chose à se reprocher ? Que s'est-il passé quelques années auparavant, ici à la Réunion, qui terrorise tant ce père protecteur ? Michel Bussi s'impose comme une valeur sûre du thriller à la française. Il vient de publier aux Presses de la Cité « N'oublier jamais ». (Pocket, 7,30 €)