jeudi 8 mai 2014

Cinéma : "D'une vie à l'autre", fausse histoire familiale de Georg Maas


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Mensonge, fausse identité, agent dormant : l'ancienne RDA a longtemps brillé par ses services secrets. « D'une vie à l'autre » de Georg Maas revient sur ces pratiques.

Tout le poids de l'histoire européenne, sombre et meurtrière, du siècle dernier, repose sur ce film tantôt thriller, chronique familiale ou espionnage. Entre la Norvège et l'Allemagne, les relations ont souvent été compliquées. Durant la seconde guerre mondiale, les Nazis ont trouvé dans le pays des femmes susceptibles de garantir la « pureté de la race aryenne ». Des Lebensborn, sortes d'usine à reproduction ont vu le jour. Les soldats allemands, sélectionnés, avaient pour mission de procréer avec des femmes jugées « pures ». Les bébés, arrachés aux mères, étaient placés dans des orphelinats en Allemagne pour assurer la relève de la « suprématie blanche ». Ase Avensen (Liv Ullmann) a donné naissance à une petite fille. Depuis la Libération, elle n'avait plus de nouvelles de son enfant. Le rideau de fer empêchait toute recherche. Mais 20 ans plus tard, Katrine (Juliane Köhler) parvient à rejoindre les rives de la Norvège. Elle affirme être la fille d'Ase. La mère retrouve sa fille qui refait sa vie en Norvège, pays libre. Tout est bien qui finit bien...
Jeu de la vérité
Georg Maas, dont c'est le second long-métrage, aborde une double thématique. Les enfants des Lebensborn et les agissements de la Stasi. Car Katrine se révèle être un agent de l'ancienne Allemagne de l'Est. Le film se déroule en 1990, quelques mois après la chute du Mur de Berlin. L'Allemagne, en pleine réunification, n'a pas encore le temps de s'intéresser aux crimes d'État de la partie orientale. Par contre des organismes européens luttent pour que les mères et les enfants des Lebensborn soient indemnisés. Un jeune avocat (Ken Duken) va remuer le passé d'Ase et de Katrine. Au risque de faire éclater une vérité que Katrine refoule depuis des années.
Tout le film est centré sur Katrine. La première scène la montre se déguisant (perruque noire, lunettes sombres) pour rechercher des archives en Allemagne. De retour chez elle, elle reprend son aspect de mère attentionnée. Sa fille, adulte, a un bébé. Son mari, militaire dans la marine, est commandant d'un sous-marin. Sa mère continue toujours d'exploiter la ferme familiale. Elle-même travaille et a des responsabilités dans une entreprise de pointe. Cette image de bonheur familial ne serait qu'une façade. Katrine joue un rôle, toujours au service d'une Stasi qui tente de sauver (ou de se débarrasser) de ses derniers agents dormants.
Sans jamais juger, « D'une vie à l'autre » nous entraîne dans les états d'âmes d'une femme qui a presque cru à la mise en scène de sa vie. On assiste à ses doutes, ses renoncements et derniers sursauts pour tenter de rétablir la vérité. Déchirée, elle sait qu'elle risque de faire voler en éclat plusieurs vies. La sienne bien entendu, mais aussi et surtout celles de ses proches.



Merveilleuse Liv Ullmann

Ce film allemand permet de revoir à l'écran l'actrice norvégienne Liv Ullmann. Elle joue le rôle d'une femme vieillie et marquée par les épreuves de la vie. Un personnage fort, qui donne tout son sens à l'histoire. Liv Ullmann reste la muse et l'interprète préférée d'Ingmar Bergman. La merveilleuse blonde a tourné dans plusieurs films du génie suédois. Il l'engage pour la première fois pour le film « Persona ». Il est frappé par sa ressemblance avec son autre artiste fétiche, Bibi Anderson. Rapidement le metteur en scène tombe amoureux de la jeune comédienne et partage sa vie de longues années. Elle sera l'inoubliable Marianne de « Scènes de la vie conjugale ». Des rôles sur mesure, dans lesquels Bergman met beaucoup d'émotion.
C'est aussi le cas dans « Sonate d'automne ». Liv Ullmann y interprète le rôle d'une fille qui a beaucoup à reprocher à sa mère. La longue scène où elle avoue à sa mère qu'elle la hait depuis son plus jeune âge fait partie des moments d'anthologie du cinéma mondial. Pour vous en rendre compte par vous-même, ne manquez pas les projections de « Sonate d'Automne » au Castillet à Perpignan ou procurez-vous le DVD ou blu-ray (en version restaurée chez Studiocanal) de ce chef-d'œuvre.


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