Une héroïne journaliste à la télévision, un fait divers sordide, le tout dans la région de Nîmes : un polar atypique signé Martina Wachendorff.
Si vous cherchez de l'intrigue bien ficelée avec force de rebondissements et de fausses pistes, passez votre chemin. Ce premier roman de Martina Wachendorff, tout en intégrant une collection de roman policier, est avant tout le récit des doutes d'une journaliste face à certains faits divers. Cette journaliste, c'est Nadia Mamméri, jeune, jolie, d'origine khabile. Elle travaille pour France 3 Languedoc Roussillon. Basée à Nîmes, elle a connu la notoriété quand elle présentait un magazine de décryptage des faits divers. Quelques enquêtes délicates plus tard, l'émission est supprimée, Nadia doit se contenter de « couvrir » la petite actualité de la région tournant autour des quelques notables provinciaux, dont « l'empereur de Septimanie » qui au passage en prend un peu pour son grade.Enlèvement d'un enfant
Son chef, Prost, « l'envoie aux cocktails des pompiers... Mais attention, elle peut encore retomber plus bas, retourner aux piges de ses débuts. Sa place est fragile, elle la doit à son physique, sorte de diplôme supérieur pour une femme arabe désireuse de travailler dans les médias ».
Mais Nadia doit également être disponible quand un faits divers survient dans son rayon d'action. Son chef, Prost, l'envoie dans un institut spécialisé pour jeunes handicapés. Un enfant de 5 ans, Max, a été enlevé en plein jour. Atteint d'une maladie génétique, il est sourd, muet et défiguré. Nadia se souvient de lui. Sa famille avait bénéficié d'un vaste élan de solidarité pour faite opérer le visage du petit aux USA. Des fonds avaient été collectés. L'opération reportée. Prost est persuadé qu'il s'agit d'un acte raciste, la mère de Max est Maghrébine. Nadia n'y croit pas. Elle sait par expérience que dans la région tout est systématiquement mis sur le dos du racisme... ou des arabes.
Fausse couche
L'enquête change d'orientation quand une lettre de revendication arrive. Les ravisseurs exigent qu'un texte soit publié dans le Monde. Une longue déclaration dénonçant le manque de moyens dont souffre la recherche génétique. Cet enlèvement bouleverse Nadia. La jeune journaliste est en plein doute. Elle est amoureuse de José, un graphiste indépendant dans son travail et sa vie. Ils se retrouvent parfois, au restaurant puis dans l'appartement de l'un ou de l'autre. Quand Nadia découvre qu'elle est enceinte, elle sent que le moment est venu de franchir le pas. Elle n'en fera rien. Chez elle, alors qu'elle pensait si fort à cet enfant, elle fait une fausse couche. La jeune femme ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec l'enlèvement de Max. Et la revendication qui indique également que « les désordres génétiques sont dans 70% des cas à l'origine d'une fausse couche, de la mort enfantine subite et de la stérilité. »
Nadia va tout faire pour tenter de retrouver Max, comme pour sauver son enfant qu'elle n'aura pas. Une longue marche vers la vérité, vers l'horreur aussi. Mais comment Nadia Mamméri, petite journaliste de province, peut-elle faire exploser cette affaire aux dimensions nationales ?
On sera séduit par la personnalité de Nadia, volontaire mais également réaliste. Quant au fond politique du roman, chacun aura son avis, les débats entre scientifiques n'ayant jamais clarifié la situation. Mais il est probable que certains « devoirs de précauton » mis en avant de nos jours auraient été plus utiles il y a 50 ans...
« L'impossible enfant », Martina Wachendorff, Rivages Noir, 7,50 €