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dimanche 1 février 2015

Benoît Peeters : « Les auteurs de BD vivent de façon très précaire »

Le succès du festival d'Angoulême cache une réalité plus sombre pour les auteurs de bande dessinée. Benoît Peeters, scénariste , revient sur un secteur de l'édition « fragilisé ». 


La bande dessinée en France est-elle réellement menacée ?
Benoît Peeters. Artistiquement, la bande dessinée en France n’est pas du tout en crise ni en danger. Elle regorge de talents et d’excellents albums. Par contre la situation du marché et plus précisément des auteurs est elle beaucoup plus problématique, fragilisée. Il y a quelques vedettes qui gagnent très bien leur vie, notamment en vendant des planches originales à des niveaux très élevés, mais à côté, l’écrasante majorité des auteurs vit de plus en plus mal avec un niveau de revenus en dessous du smic. Cette situation est en dégradation accélérée avec une réforme brutale et sans concertation de la retraite complémentaire qui prive les auteurs d’une année à l’autre d’un mois de revenus. Pour ceux qui sont en dessous du smic, alors qu’ils travaillent continûment, ce peut être le coup fatal qui pourrait les conduire à arrêter. Et contrairement aux écrivains, il n’est pas possible aux dessinateurs d’avoir un autre métier en parallèle. La BD c’est aussi un artisanat, c’est extrêmement exigeant en terme de temps et les éditeurs attendent des auteurs, surtout ceux qui font une série, qu’ils publient au minimum un album par an.
De quand date cette dégradation du métier ?
Le premier grand changement s’est produit avec la disparition des magazines de bande dessinée (Pilote, A SUIVRE...). Quand les histoires étaient publiées régulièrement dans ces titres, elles assuraient aux auteurs un revenu, notamment pour ceux qui étaient au début de leur carrière. Il y a 20 ans on avait 700 albums par an et aujourd’hui 5 000. La plupart de ces albums sont envoyés au casse-pipe avec une visibilité minimum et des ventes très faibles. L’éditeur est déçu mais l’auteur se retrouve dans une situation encore plus difficile. Ce marché aurait besoin de nouvelles règles et les états généraux que nous avons lancé vont étudier de façon très objective et scientifique toutes les facettes du problème pour essayer d’apporter des petits éléments de solution. Le public, celui que se fait dédicacer des albums par exemple, n’a pas conscience que des auteurs vivent de façon très précaire : pas de congé maladie, pas de congé maternité, une cotisation retraite pour laquelle on est lourdement ponctionné déjà avec un résultat très faible.
La protection sociale des auteurs peut-elle être assurée par un régime comparable à celui des intermittents du spectacle ?
Il est certain que le régime des intermittents apporte un certain nombre d’avantages, mais la situation des auteurs de BD est un peu différente et surtout on sait toutes les difficultés qu’il y a à maintenir ce régime. Donc je ne suis pas sûr que l’État ait envie d’y faire entrer une nouvelle catégorie d’auteurs.
Auteurs en crise, mais chiffre d’affaires du secteur en hausse chaque année. Un paradoxe ?
En fait le chiffre d’affaires du secteur de la BD s’est maintenu ou a très légèrement progressé. Mais maintenir son chiffre global quand on multiplie par sept le nombre de titres cela veut dire que chaque album, individuellement, a beaucoup baissé. C’est donc une illusion. Certains éditeurs, pour maintenir leur chiffre, ont augmenté de façon effrayante le nombre de titres, sans donner leurs chances à ces nouveautés. C’est un trompe-l’œil. Faire + 1 % alors qu’on a augmenté sa production de 10 % c’est vraiment un échec.
Le numérique peut-il sauver la BD ?
Pour l’instant, c’est plus une menace qu’une chance car il ne génère pratiquement aucun revenu aux auteurs ni même aux éditeurs. Il ne faut pas du tout se faire d’illusion et en plus les « bouquets numériques illimités » ne laisseraient que quelques centimes pour l’auteur car les œuvres ne seraient plus que des flux.
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Droit d’auteur en danger
Forte mobilisation des auteurs de bande dessinée lors de ce 42e festival d'Angoulême. Les états généraux, pourtant lancés il y a à peine trois mois, ont fait le plein et devraient déboucher sur des propositions très concrètes.
Cette association, présidée par Benoît Peeters, scénariste, universitaire et conseiller éditorial, soutient également la marche des auteurs qui s'est déroulée hier après-midi et fonde de grands espoirs sur son entrevue ce dimanche avec Fleur Pellerin, ministre de la Culture.
Les sujets d'inquiétude, en plus de la paupérisation des auteurs, sont multiples. « Il y a d'autres menaces qui pèsent sur nous, notamment au niveau européen où le principe même du droit d'auteur est remis en question assez fortement, explique Benoit Peeters. Il y a une alliance étrange entre les tenants du tout gratuit comme le Parti Pirate et les majors américaines comme Google ou Amazon qui trouveraient leur compte dans cette illusion de gratuité. »
Le secteur reste dynamique et porteur, mais cet équilibre est fragile. « C'est important, dans le cadre des états généraux, souligne Benoît Peeters, de montrer qu'auteurs, éditeurs et libraires ont des intérêts communs, qu'il ne faut pas les opposer frontalement l'un à l'autre. Parfois les analyses divergent. Mais il ne faut pas oublier quand même que l'auteur, à lui seul, tient ce que l'on appelle la chaîne du livre. Si les auteurs lâchent, les éditeurs, les libraires et les lecteurs en souffriront aussi. »
La BD, sans un vivier d'auteurs novateurs, risque de devenir un simple robinet à histoires formatées. Ce serait vraiment dommage de se priver de cette exception (et excellence) culturelle.

mercredi 26 décembre 2012

BD - La routine du flic dans l'intégrale de RG de Dragon et Peeters

Flic aux renseignements généraux, Pierre Dragon a transposé ses enquêtes en deux albums illustrés par Frederik Peeters. Ils sont repris dans une intégrale chez Folio BD. Dragon parvient à mélanger sa vie privée et son quotidien professionnel. Il est vrai que parfois, la vie privée disparaît complètement tant le travail prend le dessus. Des heures de planque, d'écoutes à déchiffrer, de travail administratif et de recherches dans les archives. Cela ne semble pas si palpitant que cela. 

Même si ces fonctionnaires se dévouent corps et âmes pour l'Etat. La première partie, Riyad-sur-Seine, débute par la mise au jour d'un trafic de contrefaçon dans le textile. Mais quand un des cerveau du trafic arrive à Roissy, c'est le branle-bas de combat : aux USA, il est soupçonné de financer plusieurs réseaux terroristes. Quelques mois plus tard, Dragon est chargé de démanteler un réseau de clandestins en provenance de la Thaïlande. Mais dans le lot, quelques jeunes filles intéressent également les mœurs. 

Une guerre des polices sans pitié, arbitrée par une juge d'instruction charmante. Tellement que Dragon en tombe amoureux. Ce volet plus personnel est passionnant et donne encore plus de force à un roman graphique d'exception.

« RG, l'intégrale », Folio BD, 8,90 € 

dimanche 30 novembre 2008

BD - La fillette rêveuse de Koma

Lancée en 2003, la série Koma est apparue un peu comme un ovni dans le paysage de la BD. Signée de deux auteurs suisses (Wazem au scénario, Peeters au dessin), on y découvrait une petite fille travaillant comme ramoneur avec son père dans une ville industrieuse. C'est en descendant très profond dans les cheminées des machines que Koma découvre des êtres, noirs, aux longs bras et yeux jaunes. 

La petite fille a bien des difficultés pour communiquer avec ces êtres. Un premier album séduisant et poétique. Avec plein d'interrogation. En ce mois de novembre, le sixième et dernier tome vient clore cette série passionnante et d'une grande régularité. Koma et son père étaient bloqués dans un hôtel hors du monde. Elle a osé franchir la porte interdite et se retrouve face à la « chose » qui a tout imaginé. Un monde négatif, oppressant, sans espoir. Koma le lui dit et l'affronte. 

Au risque de faire mourir tout être vivant, la fillette va tenter d'imaginer un nouveau monde : la campagne.

« Koma » (tome 6), Les Humanoïdes Associés, 10 € 

samedi 11 octobre 2008

BD - De la cause à l'effet


Dans cette rentrée BD 2008, rares sont les albums faisant l'unanimité. Le second tome de « La théorie du grain de sable » devrait en faire partie, à coup sûr. Le duo Schuiten (dessin) Peeters (scénario) signe une de ces BD qui restent longtemps dans la mémoire de ses lecteurs. Par l'originalité du propos, la beauté des dessins, la mise en page parfaite, les trouvailles multiples. 

L'album, de 120 pages au format italien, permet une publication par demi-planche dans un format plus grand que les albums ordinaires. Cela magnifie le dessin réaliste et précis de François Schuiten. Dans la ville de Brüsel, cité virtuelle, capitale de ce monde parallèle issu de l'imagination de Benoît Peeters, les événements étranges s'accélèrent. 

Dans l'appartement de Constant Abeels, des pierres de 6793 grammes apparaissent par enchantement. De même, du sable envahit un appartement, puis un immeuble et une rue, menaçant toute la ville. Les autorités font appel à Mary Von Rathen pour tenter d'enrayer le phénomène. En compagnie de Maurice, un homme flottant dans les airs, elle va tenter de retrouver la cause de tout cela : un objet sacré venant du Boulachistan.

« La théorie du grain de sable » (tome 2), Casterman, 17,50 € 

lundi 1 octobre 2007

BD - La petite héroïne de Koma est en colère


La petite Addidas est en colère. En fuyant la ville en compagnie de son père ramoneur, elle a échoué dans une maison qui se révèle être une prison. En compagnie de deux autres enfants, eux aussi prisonniers, elle décide de prendre la fuite, malgré le monstre qui semble les guetter dans les sous-sols. Son père, resté dans la maison, découvre les capacités du bâtiment. Durant quelques secondes, on change complètement de personnalité. De plus en plus souvent. Jusqu'à ne plus se souvenir qui on est. 

Cinquième volet de cette série fantastique de Wazem et Peeters : le premier imagine ce monde de cauchemar, le second l'illustre d'un trait charbonneux, adapté à cette ambiance angoissante.

Koma, Les Humanoïdes Associés, 10 euros 

samedi 22 septembre 2007

BD - Bruxelles la mystérieuse

Retour à Brüsel, la capitale belge fantasmée par Schuiten et Peeters, héroïne indirecte de la série des « Cités obscures ». Brüsel où arrive un géant barbu. Gholam Mortiza Kahan, fier guerrier Bugti, arrive avec des bijoux de son peuple qu'il espère vendre à Elsa Autrique. Cette dernière est fascinée par le pendentif de l'homme. 

Mais il ne veut pas le vendre, c'est une prise de guerre, le chef des Moktars le portait à son cou. Gholam accepte cependant de lui prêter quelques jours pour qu'elle en réalise une copie. En sortant, il est renversé par un tramway. C'est à partir de ce moment que des phénomènes inexpliqués perturbent le quotidien de la capitale. 

Des pierres apparaissent dans un appartement, ailleurs c'est du sable qui remplit les pièces. Un cuisinier enrobé constate qu'il s'allège de jour en jour... Des cas qui sont du ressort de Mary Von Rathen, l'enfant penchée. Une histoire fantastique et poétique, sous la forme d'un album de 120 planches à l'italienne, donnant toute sa force au dessin en bichromie de Schuiten.

("La théorie du grain de sable", Casterman, 17,50 €) 

jeudi 24 août 2006

BD - L'hôtel des enfants perdus


Dans une ville noire de pollution, un ramoneur passe ses journées à nettoyer d'immenses cheminées. Mais pour aller dans les petits conduits, il utilise les services de sa fillette, Addidas. Cette dernière est régulièrement sujette à des pertes de connaissance. Elle rêve alors à de noires créatures s'activant sur des machines sales et bruyantes. Un univers poétique et merveilleux, avec une petite héroïne très craquante. Le quatrième tome de Koma, toujours signé Wazem (scénario) et Peeters (dessin) voit Addidas et son père fuir les forces de l’ordre. Ils trouvent refuge dans un étrange hôtel habité par d’autres enfants qui eux aussi perdent parfois connaissance. Pendant ce temps, dans la ville, la police est parvenue à capturer la créature monstrueuse amis d'Addidas. Sorte de gorille aux bras démesurés, il ne dit pas un mot. Ce n’est pas du goût du commissaire qui n’hésite pas de menacer de le torturer pour lui faire dire où se cache Addidas. Un épisode transition, ouvrant de nouvelles perspectives fantastiques à cette série hors du commun. (Les Humanoïdes Associés, 9,45 €)