vendredi 29 février 2008

BD - Canardo à la filature


17e enquête de l'inspecteur Canardo. Il est en service commandé pour le maire de la ville en pleine campagne électorale pour sa réélection. Il doit surveiller la femme du notable. Un travail nécessitant « discrétion, ennui et routine ». Quand le jeune et impétueux policier Garenni arrive, pour la discrétion, c'est râpé. Mais l'avantage c'est qu'il permet également de rompre un peu l'ennui puisqu'il emmène Canardo sur la scène d'un crime tout frais. 

Une prostituée vient d'être abattue, une balle dans l'arrière du cou.  Le tueur, avant de quitter les lieux, a fouillé dans la vidéothèque de la victime. Une vielle cassette porno semble avoir été dérobée. Un meurtre qui est suivi d'un second puis d'un troisième. En attendant, Canardo s'ennuie à mort en surveillant une femme qui passe ses après-midi dans une chambre d'hôtel, mais seule. 

Sokal n'a pas perdu son mordant dans la description des moeurs parfois peu recommandables de la bourgeoisie. A la manière d'un Chabrol, il met avec plaisir un coup de pied dans la fourmilière. Le lecteur lui aussi prend son pied...

« Canardo, une bourgeoise fatale », Casterman, 9,80 € 

jeudi 28 février 2008

BD - Trois moines en mission


Dans la Chine du Xe siècle, le nouvel empereur désire imposer une paix négociée à l'ensemble des provinces composant son empire. Mais ce n'est pas chose aisée. Certains petits dictateurs n'en font qu'à leur tête. Plutôt que de faire parler la force brutale de ses armées, l'empereur décide de demander à des moines shaolin de porter la bonne parole. 

Reste à choisir ces moines. Le responsable du monastère décide de désigner trois jeunes moines, inséparables depuis l'enfance, différents mais aussi très complémentaires. Lei Li est le plus intellectuel, Peng le plus fort et Xiao le plus gros et beau parleur. Un trio qui n'a jamais quitté la quiétude du temple. Après avoir passé une dernière épreuve initiatique, ils se lancent sur les chemins pour obtenir leur feuille de route de l'empereur. Ils vont devoir affronter un seigneur ayant passé un accord avec des forces fantastiques.

 Masbou, au scénario, rend hommage à son enfance bercée par les films de Kung Fu, dans une BD dessinée par Duong.

« Empire céleste », Delcourt, 12,90 € 

mercredi 27 février 2008

BD - Double Prison break


Jena et Jim, les deux héros de cette série, sont en fait la même et unique personne. Deux corps différents liés par un miroir magique. Quand l'un est dans la réalité, l'autre est coincé de l'autre côté de la glace. Ils peuvent s'échanger les places mais jamais se trouver ensemble dans la réalité. Une contrainte qui peut devenir un atout. Dans ce sixième volume, « L'affaire du détenu 3491 », Jim est emprisonné. 

Ce policier d'élite est lâché par son service. Il va devenir ami avec un des plus gros parrains de la mafia locale. Une amitié qui va aller jusqu'à se faire la "belle" ensemble. Jim a-t-il définitivement changé de camp, préférant les malfrats aux forces chargées de faire respecter l'ordre ? 

Le lecteur plongera facilement dans cette aventure pleine de trahisons et de double-jeu. Jim est intrépide, Jena, séduisante et les personnages secondaires tous très réussis. Une plus grande maturité du dessin de Cyril Trichet parachève la très bonne impression laissée par cet album.

« Les arcanes du Midi-Minuit », Soleil, 12,90 € 

mardi 26 février 2008

Roman - Une famille (presque) parfaite

Toutes les difficultés de compréhension entre parents et ado se retrouvent dans les péripéties de la famille Stone dans ce roman de Jodi Picoult.


L’image même d’une famille dans l’air du temps, au-delà des conventions habituelles. C’est Daniel Stone, auteur de bandes dessinées, le père de Trixie, qui tient les rênes du foyer tandis que sa femme Laura est une brillante universitaire spécialiste de Dante, professant avec succès. Une famille heureuse, épanouie, avec des parents satisfaits dans l’ensemble de leur mode de vie et très fiers de leur fille, quatorze ans, lycéenne bien dans ses baskets. Mais justement, Trixie, jolie rousse au teint de pêche, a quatorze ans. Et quand elle ramène un petit ami, Jason, à la maison, Daniel a la désagréable impression de ne plus connaître sa fille et surtout, est lui-même étonné de la jalousie viscérale qui l’envahit. « En septembre de cette année, Trixie s’était trouvé un petit ami. Daniel, naturellement, avait eu sa part de fantasmes. Il se voyait en train de nettoyer, par le plus grands des hasards, une arme lorsque le petit ami passait prendre sa fille à la maison pour leur premier rendez-vous. Ou acheter une ceinture de chasteté sur Internet. » Et de fait, Trixie change, entraînée aussi il est vrai par sa meilleure amie depuis des années, Zéphyr Santorelli-Weinstein. Très dégourdie, celle-ci n’hésite pas à entraîner sa copine à sécher quelques cours, pour traîner et fumer en cachette.

Les affres de la jalousie

Trixie est heureuse, jusqu’au jour où, au détour d’un couloir du lycée, elle voit une super belle fille embrasser « son » Jason à pleine bouche, un Jason qui décide de rompre au bout de trois mois seulement d’avec la pauvre Trixie. Qui se donne un mal fou pour ne pas montrer le cataclysme qui la bouleverse, ce qui ne l’empêche pas de s’auto-mutiler pour, en quelque sorte, exorciser son mal-être. Lors d’une soirée trop arrosée entre copains, elle fait tout pour essayer de récupérer Jason, allant même jusqu’au strip-tease.

Mais les choses dégénèrent et Trixie, une fois rentrée chez elle après cette folle nuit, se terre dans une petit coin de la salle de bain, avant que son père la découvre toute tremblante et bouleversée. « Oh papa, balbutia-t-elle avant de fondre en larmes, (…) on m’a violée. » Hôpital, examens, l’absence de sperme fait douter médecins et policiers. Trixie, accuse son ex petit-ami Jason d’avoir fait le coup. Daniel voit rouge mais tout bascule quand on retrouve le corps de Jason assassiné. Trixie se retrouve dans le collimateur des policiers, persuadés d’avoir à faire à une vengeance. Interrogatoires sans fin, la jeune fille passe sur le gril encore et encore. Tant et si bien qu’elle décide de s’enfuir le plus loin possible, à savoir en Alaska, dans le petit village loin de tout où son père a grandi.

Ecriture enrichie de bande dessinée

Originalité de cet ouvrage, chaque chapitre est ponctué d’une sorte de mini-résumé sous forme de bande dessinée - n’oublions pas que Daniel est artiste. Des planches très noires, beaucoup plus violentes que les mots, interpellent le lecteur. Daniel, par recoupements, retrouve la trace de sa fille et file la rejoindre pour lui venir en aide, une fois découvert l’endroit où elle se terre.

Jodi Picoult dans « La couleur de la neige », nous fait profiter non seulement de son incontestable talent d’écrivain, mais aussi de l’histoire d’une relation père-fille dont la complexité s’explique en partie par l’âge de Trixie et par tous les rebondissements d’une enquête de meurtre qui finit par les poursuivre jusqu’en Alaska. Si Laura, la mère, est mise un peu à l’écart dans la première partie du roman, confrontée qu’elle est à ses propres problèmes (elle trompait Daniel avec l’un de ses étudiants), le mal-être de Trixie oblitère ceux-ci et la famille s’en trouve ressoudée.

Une très bonne étude de caractères, des personnages attachants et une intrigue intelligemment menée font de ce roman une œuvre très complète. Jodi Picoult prouve une fois encore son impeccable maîtrise de l’écriture et nous offre l’occasion de passer de très bons moments.

La couleur de la neige, Jodi Picoult, Presses de la Cité, 20,50 euros. 

lundi 25 février 2008

BD - Trois filles esseulées dans la société française


Leila, Chloé et Agnès sont trois petites filles nées presque au même moment. Issues de trois classes sociales très différentes, elles vont se rencontrer et devenir amies. Emmanuel Lepage, après les grands espaces de l'Amazonie (La Terre sans mal et Muchacho), met son dessin racé et élégant au service de ce récit de Sophie Michel. 

Leila, fille de travailleur immigré, en butte au racisme, Chloé, insouciante, heureuse malgré les difficultés financières de sa mère qui l'élève seule, Agnès, délaissée par sa mère, grande bourgeoise déléguant son éducation à une nounou. 

D'une rare justesse, ces trois histoires croisées résument toute la diversité française de ces 20 dernières années.

« Oh les filles ! », Futuropolis, 15 euros 

dimanche 24 février 2008

BD - Le fantôme et la jeune fille enlevée


Halloween Blues de Mythic et Kas raconte comment Forester, un simple policier d'une petite bourgade américaine, voit sa vie bouleversée quand son épouse, une star du cinéma, est assassinée. Il cherche le coupable et surtout est hantée par son épouse qui lui apparaît régulièrement. 

Dans ce 5e tome, l'histoire tourne autour de l'enlèvement d'une jeune fille. Forester est le premier sur l'enquête car il réceptionne, par erreur, la lettre de demande de rançon. Une intrigue classique, où le lecteur tente de découvrir qui est le kidnappeur et surtout quels sont ses véritables motifs. 

Kas, le dessinateur, semble prendre beaucoup de plaisir à reconstituer l'Amérique des années 50.

« Halloween Blues », Le Lombard, 13 euros 

samedi 23 février 2008

BD - De la fragilité de la mortalité


Dans un futur proche, les chercheurs ont trouvé le remède miracle rendant les humains immortels. Un progrès ou la fin de la civilisation humaine ? Morvan, le scénariste, dans cette série très intellectuelle, pose le problème en se penchant sur le destin d'Aster, la dernière mortelle. 

Aster en révolte complète. Elle a trouvé trois autres mortels et ils jouent à celui qui sera le dernier. Le dernier mortel. Mais les dés sont pipés, les immortels savent parfaitement qu'Aster est essentielle pour l'avenir. 

Nemiri, au dessin, effleure plus qu'il ne dessine. Comme des croquis donnant une impression de fragilité supplémentaire. Fragilité amplifiée par des couleurs à forte dominante rouge.

« Je suis morte », Glénat, 12,50 euros 

vendredi 22 février 2008

Roman - Le poids d'un amour contrarié

Gaby, héros de ce roman de François d'Epenoux, est devenu obèse en fréquentant une belle boulangère indifférente à son charme.

Drôle de personnage que ce Gaby Bobobska, héros d'un roman tournant entièrement autour de sa personne. Tournant, le mot se justifie car Gaby est obèse, plus de 170 kg pour ce célibataire vivant de ses rentes. Au début du roman, il visite sa mère placée dans une maison de retraite. Sa mère qui lui demande encore et encore s'il a bien mangé... Il vit tranquillement, sans trop se poser de questions, épargné par les soucis matériels. Il s'est découvert un don : celui du jeu. Il a gagné une fois un gros lot. Depuis il participe à tous les concours possibles et imaginables. Avec un minimum d'application, il gagne très souvent. Cela lui suffit largement pour vivre.

Mais en ce jour particulier, Gaby découvre qu'il va bientôt avoir 39 ans, soit la moitié exactement de l'espérance de vie des hommes en France. Bref, il va entrer dans la seconde partie de son existence, celle qui va vers le déclin. Avec à la clé l'impression de ne pas avoir fait grand chose d'intéressant. Mais cela va changer. Gaby décide de vider son compte en banque et de mener grand train pour ces quelques jours avant la bascule.

La petite Marie

Un gros qui s'éclate, mais un gros sentimental. François d'Epenoux avant de lancer l'action, revient sur l'enfance de Gaby, dressant son portrait psychologique et physique. Gaby n'a pas toujours été énorme. Au contraire, enfant, il était un redoutable sprinter. Dans les rues de Paris, il cavalait en permanence et il avait accroché sur les murs de sa chambre les photos des plus grands athlètes américains.

Et puis un jour, en allant chercher du pain pour sa mère, il croise le regard de Marie Moreau, la fille de la boulangère qu'elle aide derrière la caisse. « Marie devait avoir 13 ans – comme lui – quand Gaby l'avait vue pour la première fois, le lendemain de l'installation des Moreau dans l'appartement contigu à la boulangerie. » Elle est coiffée comme Sheila. Gaby a le coup de foudre. Il s'ingéniera désormais à venir tous les jours à la boulangerie. Et même plusieurs fois pour acheter des viennoiseries qu'il engouffre dans la foulée en pensant à sa belle. Mais sa timidité l'empêche de faire le premier pas.

Disparition de la boulangère

Des années plus tard, et quelques kilos en plus, il fréquente toujours la boulangerie, mais Marie a changé, « car de l'état de petite pousse mignonne, Marie était passée à celui de belle plante. Du haut de ses seize ans, elle dominait le comptoir où, avant et après ses cours, elle continuait d'aider sa mère. Elle portait des jeans, une mèche dégradée à la Karen Chéryl et une blouse rose sur laquelle le sigle « Boulangerie Moreau », cousu à l'anglaise sur ses seins, se lisait presque à l'horizontale tant ceux-ci s'étaient vite arrondis. »

Des années de croissants, de pains au chocolat et autres gâteaux riches en calories l'ont transformé en monstre adipeux. Et un jour Marie disparaît. Mystérieusement, définitivement. Aussi, quand Gaby décide de vivre pleinement les derniers instants de la première partie de sa vie, il se met en tête de retrouver Marie et de tenter de la séduire.

Le roman oscille entre le romantisme de cet amour impossible d'un enfant timide et d'une belle indifférente et les scènes de plus en plus trash et osée d'un Gaby bien décidé d'explorer toutes les limites de la vie. Une opposition savamment orchestrée par l'auteur pour assurer encore plus de fraîcheur au final étonnant.

« Gaby », François d'Epenoux, Anne Carrière, 17 €

jeudi 21 février 2008

BD - L'attaque des rêves

Rêves et cauchemars à New York. Un rêve fait partie du virtuel. Mais il existe certaines configurations permettant de lui donner corps. Lieu particulier ou rêveur plus puissant. Une conjonction réunie en permanence à New York. C'est donc dans cette ville que s'est formé Ellis Group, sorte de police parallèle chargée de régenter ou neutraliser ces phénomènes paranormaux. 

Car cela va du rêve de richesse au cauchemar sanglant. Latour, le scénariste, sur cette base ingénieuse, rajoute une touche de complexité car le héros, Deep O'Neil, n'est que la conséquence des rêves de son père, agent d'Ellis Group, plongé dans le coma. Le véritable Deep, flic de base, est mort quelques jours auparavant. 

Le premier tome (réédité pour l'occasion) plantait le décor, le second, toujours dessiné par Griffo au sommet de son art, se focalise sur un autre agent d'Ellis Group, Sax, géant noir aux pratiques peu orthodoxes. Il aura fort à faire face à une attaque massive et concertée de cauchemars. Un monde complexe et foisonnant à découvrir.

« Ellis group », Le Lombard, 10,40 € (le pack des tomes 1 et 2 est à 14,90 €)

mercredi 20 février 2008

BD - Le Bunker de l'élu de la guerre


Christophe Bec a tendance à multiplier les projets depuis quelques années. Avec succès. Exemple avec ce Bunker devenu une de séries phares de la nouvelle collection Empreintes de chez Dupuis. Il a coscénarisé avec Betbeder le premier tome, le dessinant en solo. Mais dès le second tome, il passe le relais graphique à un dessinateur italien, Genzianella, qui s'est parfaitement coulé dans le moule du style réaliste de Bec. Ce dernier se concentre sur le scénario de cette histoire prévue en cinq tomes. 

Après la montagne glaciale de la première partie, le héros, Aleksi Stassik, soldat de l'Imperator, dictateur du Velikistok, se retrouve dans les immensités d'un désert torride et étouffant. Aleksi qui, sans le savoir, est exceptionnel. Il serait l'élu, celui sur qui l'équilibre du monde repose. Pour l'instant, il fait partie de la délégation qui va négocier avec le prince des Territoires du Sud. L'armée a besoin des énergies fossiles du Sud. 

Mais c'est un piège, le prince décime la délégation, première bataille de la guerre sainte. Seul Stassik est épargné, mais abandonné sans eau ni nourriture dans le désert brûlant.

« Bunker », Dupuis, 13 € 

mardi 19 février 2008

BD - La planète des songes

Étrange cocktail que cet album franco japonais. Le scénariste, Kara, est passé par les Gobelins, le dessinateur, Masa, est un célèbre mangaka du pays du soleil levant. Ils se sont associés pour cette histoire complète de science-fiction onirique explorant les consciences de trois jeunes héroïnes. 

Dans un futur lointain, la planète est déchirée par une guerre civile. Le fiancé de Marie, jeune infirmière, part au front pour lui prouver son amour. Il n'en reviendra pas. Marie, rongée par la tristesse, s'engage dans l'armée spatiale et devient une des trois femmes composant l'équipage d'un vaisseau d'exploration. Elles se posent sur une planète qui serait habitable par les humains. Elle explore ce monde neuf. Un désert en fait, sans vie. Jusqu'au jour où elles découvrent d'immenses ruines et au centre de ces dernières rencontrent un petit garçon muet et en haillons. Qui est-t-il ? D'où vient-il ? 

Ces simples questions vont obliger les trois jeunes femmes à se remettre en cause, chercher des réponses dans leur propre parcours. Sur cette planète, les rêves de certaines semblent la réalité des autres. Une belle histoire, en ellipse, beaucoup plus intellectuelle que le dessin ne pourrait le laisser penser.

« Réalités », Soleil, 13,90 € 

lundi 18 février 2008

BD - Jeunes voyageurs temporels

Chouette, une nouvelle série de Zep avec des enfants qui ne font que des bêtises. En plus elle est dessinée par Stan et Vince ! Marvin et Adèle, alors qu'ils accompagnent leur père dans un marché aux puces, achètent un téléphone portable peu ordinaire. C'est une machine à voyager dans le temps. Il suffit de taper sur le clavier la date à laquelle on désire se rendre pour y être téléporté immédiatement. 

L'idée de base est d'une rare simplicité. Tout le talent de Zep fait la différence. Car les deux jeunes héros ne vont pas partir pour de grandes aventures débridées. Ils vont plus prosaïquement utiliser leur nouveau jouet pour fuir les tâches ménagères, gagner du temps sur leurs devoirs ou, pire, se rendre intéressants auprès de leurs copains. Ils vont par exemple aller dans l'atelier de Léonard de Vinci pour avoir une dédicace du « dessinateur le plus célèbre du monde ». Le maître, flatté dans un premier temps, se fâche quand les garnements lui demandent de dessiner... Titeuf. 

Ces histoires courtes permettent de visiter plein d'époques et d'apprendre en s'amusant. Une BD humoristique pour les adolescents et leurs parents.

« Les chronokids », Glénat, 9,40 € 

dimanche 17 février 2008

BD - Le grimoire de l'inventeur dans l'univers du Donjon


Dans le Donjon, tout est bon ! Surtout les épisodes de Donjons Monsters qui permettent à différents dessinateurs de se frotter avec l'univers quasiment infini créé par Lewis Trondheim et Joann Sfar. Pour ce 12e titre, c'est Keramidas qui se prête au jeu. Le dessinateur de Luuna, aux éditions Soleil, adopte un trait plus rond et souple, presque « disneyien » pour conter nombre de péripéties autour du grimoire de Vaucanson. 

Ce livre légendaire est très convoité car il permettra à son propriétaire de créer une armée d'automates pour gagner toutes les guerres possibles et imaginables. Si Guillaume de la Cour, redoutable marchand, n'y voit qu'une marchandise synonyme d'une montagne d'or, d'autres, comme le professeur Cormor (ou celui qui a pris son identité) y recherchent plus mystiquement la flamme de la vie. 

Tout cela s'anime un peu avec l'arrivée dans la course de Hyacinthe de Cavallère, le gardien du Donjon et ses sbires, Herbert, Melvin ou l'inénarrable Grogro. Un album assez sombre, avec une fin pleine de symbole, preuve que Sfar et Trondheim sont toujours bien aux manettes.

« Donjon Monsters », Delcourt, 9,80 € 

samedi 16 février 2008

BD - Retour sur investissement pour Les Colocataires


Rien ne va plus dans l'appartement des colocataires, série écrite par Runberg et dessinée par Christopher au trait ressemblant parfois beaucoup au duo Dupuy et Berberian (sacrés en janvier dernier grand prix à Angoulême). Ces jeunes, étudiants ou débutant dans la vie active, doivent, en plus des problèmes financiers, affronter les soucis amoureux des uns et des autres. Il y a le prof, obligé de travailler dans une école religieuse et donc de sanctionner cette jeune élève, aux tendances gothiques. Ou le musicien, faisant les marchés avec une commerçante intraitables en attendant d'avoir des nouvelles d'une maison de disque à qui il vient d'envoyer les maquettes de ses dernières compositions. 

Le troisième de la bande, après avoir arrêté ses études, sert des sandwiches devant l'entrée de la fac. Il espère un job dans la communication mais cela ne marche pas. Et surtout il est homosexuel et a des difficultés à l'assumer. 

Notamment quand il doit subir les réflexions, rarement délicates, de Max, le dernier colocataire. L'appartement est donc sur le point d'exploser. Un final très bien mené pour une série qu'on regrettera.

« Les colocataires », Dupuis, 10,40 € 

vendredi 15 février 2008

BD - Ric Hochet joue avec un Puzzle mortel

 La 74e enquête de Ric Hochet devrait intéresser tous les psychanalystes de la planète. Pas sur son côté policier, mais sur le fait que le héros sans peur et sans reproche se démène comme un beau diable pour retrouver sa mère qu'il n'a jamais connue. Et il ne le fait pas gratuitement car sa pauvre maman, Allégria serait aux mains du Bourreau. Une fausse piste, le méchant attitré de la série n'y est pour rien. Mais Allégria est effectivement sous la menace de deux frères, des mercenaires sanguinaires. Ce sont eux qui vont donner bien du fil à retordre à Ric qui pourtant en a déjà beaucoup vu. 

Avec Tibet au dessin, Duchâteau, dans son scénario, multiplie les temps forts et fausses pistes. Corps suspendu au bout d'un parachute qui explose à l'atterrissage, prisonniers carbonisés avec un lance flammes, espion tué avec une dose de polonium 210 ou Allégria enterrée vivante : le lecteur en a pour son argent question violence et tortures. 

Heureusement Ric est là pour les mettre hors d'état de nuire. Reste le volet psychologique, un peu exploité au début, rapidement abandonné au profit de l'action... On ne réécrit pas les codes d'une série qui marche depuis un demi siècle.

« Ric Hochet », Le Lombard, 9,25 € 

jeudi 14 février 2008

BD - Le Scrameustache et l'elfe des étoiles

Toujours avec la même fraîcheur, Gos poursuit l'animation des aventures du Scrameustache. Cette série de science-fiction destinée aux plus jeunes a trouvé refuge dans la collection Paris Bruxelles de chez Glénat. Khéna, le jeune humain et le Scrameustache, extraterreste poilu, téméraire et facétieux, reçoivent la visite d'une soucoupe pleine de Galaxiens. 

Et d'une jeune Elfe des étoiles qui perd la mémoire en percutant un arbre lors de son atterrissage. Grâce à une machine sophistiquée, les héros découvriront la mémoire de la petite Myrtille et la raison de sa venue sur Terre. 

Gos profite de ce 38e titre de la série pour réutiliser quelques personnages des précédentes aventures comme les Figueuleuses, un ramoucha ou Najboul, le biologiste inventeur du Scrameustache. Mais la véritable héroïne de ces 46 pages reste Myrtille, une elfe insaisissable, à la mission périlleuse et très initiatique et qu'on devrait revoir dans les prochaines aventures de Khéna et ses amis dont le petit monde ne cesse de s'étoffer et séduire les enfants de plusieurs générations.

« Le Scrameustache », Glénat, 9,40 € 

mercredi 13 février 2008

Roman historique - Inquisition et éminences grises

La trilogie de « La dame sans terre » d'Andrea Japp, forte de son succès jamais démenti, nous offre un quatrième tome toujours aussi passionnant.

Au départ, « La dame sans terre » était conçue comme une trilogie, laissant à l'imagination des lecteurs la suite des destins des différents protagonistes... Mais Andrea Japp, victime (consentante) de son succès, a fini par se rendre aux demandes pressantes de ses lecteurs et c'est ainsi que le tome IV, « Le combat des ombres » a fini par se retrouver dans les bacs des libraires, au plus grand bonheur des inconditionnels. L'auteur ayant pris la peine de fournir les résumés – succincts mais complets – de ses précédents ouvrages, ce quatrième tome se dévore au même titre que les premiers volumes. Et toujours avec avec la même soif d'en savoir plus sur les héros et héroïnes qui jalonnent ce nouvel ouvrage.

Les mêmes personnages

On y redécouvre les mêmes personnages, la belle Agnès de Souarcy, qui a échappé de peu aux griffes de l'inquisition en ces temps troublés, en grande partie grâce aux interventions de divers personnages travaillant dans l'ombre pour la plupart, mais aussi de son tout nouveau mari, Artus, comte d'Authon, qui fait des mains et des pieds pour la sortir de sa geôle. Chose qui finalement, se retourne contre lui puisque, lui aussi, est interrogé par les inquisiteurs. Enfin, Agnès retrouve sa demeure mais n'en est pas heureuse pour autant. Elle ne trouvera l'apaisement qu'une fois les recherches concernant Clémence, sa deuxième « fille de ventre », anciennement Clément, menées à bon terme. D'après les pontes de la religion, cette deuxième fille porterait « le sang nouveau » qui se transmet de mère en fille et activement convoité pour l'éradiquer par le camerlingue Honorius Benedetti, qui n'hésite pas à envoyer sa « femme de main », Aude de Neyrat, empoisonneuse hors pair, chargée d'enherber Agnès afin de l'empêcher d'enfanter une fille, qui porterait ce sang nouveau. A l'actif d'Agnès, ayant toujours fait passer Clémence pour le garçon qu'une de ses servantes a soi-disant enfanté avant de passer de vie à trépas, peut se targuer d'une longueur d'avance contre tous ceux qui désire sa perte. Le comte D'Arthus, son époux, tombe aussi aux mains pas toujours très délicates, de l'Inquisition et il y aura fort à faire pour l'arracher aux griffes de ses bourreaux.

Clément et Clémence

Au grand désespoir d'Agnès, Clémence reste introuvable, ce qui, tout bien considéré, la protège aussi de ses poursuivants.

Mais Agnès décline à vue d’œil, « enherbée » par on ne sait quel produit. Heureusement pour elle, Francisco de Léone, le chevalier de lumière qui se bat corps et âme pour la bonne cause, finira par démasquer « l'enherbeuse » (NDLR empoisonneuse) et finira par sortir Agnès de ce mauvais pétrin. N'hésitant pas à installer paillasse par terre devant la porte de la chambre de la belle pour démasquer au plus vite le ou la coupable. A présent, l'urgentissime se présente sous le fait de sortir Artus des griffes des inquisiteurs. Et pour ce faire, le couple compte beaucoup sur l'intervention de leur bonne étoile, le chevalier Francisco de Léone, dont le pouvoir paraît sans fin.

Bref, encore un volet qu'on dévore sans pause, tant l'intrigue passionne, sans compter le plaisir de profiter de l'écriture plus que parfaite d'Andrea Japp. Toxicologue de formation, elle n'hésite pas à mettre sa science à profit pour nous servir sur un plateau des tentatives d'empoisonnement, dont les ingrédients paraissent toujours on ne peut plus documentés au lecteur lambda que nous sommes.

Et, que l'auteur le veuille ou non, ces mêmes lecteurs ont hâte de se replonger dans la suite de ce 4° tome. Parce que, quand même, ils restent encore un peu sur leur faim concernant entre autres les retrouvailles d'Agnès et de Clémence... lesquelles ne sauraient tarder dans un prochain opus ? Que non seulement nous espérons mais attendons de pied ferme.

Andrea H. Japp, « La dame sans terre », « Le combat des ombres », tome 4, Calmann-Lévy, 21,50 euros. 

mardi 12 février 2008

BD - Le looser pathétique


Pauvre Victor Lalouz. Sa vie est pathétique. Incroyablement drôle aussi. Mais ça il ne le sait pas... Diego Aranega, en imaginant ce personnage qui ne peut pas exister dans la vraie vie (du moins on l'espère fort), a chargé la mule. 

Petit, puceau, myope, chauve, imbu de sa personne, traumatisé par une mère possessive et un père travesti, il a finalement trouvé sa voie en animant une libre antenne la nuit dans une radio privée. Dans le troisième recueil de ses gags, il doit faire face à un découvert bancaire, se dégoter une colocataire, passer son permis de conduire et poursuivre son analyse. Les passages avec la colocataire sont délirants. 

La pauvre fille ne sait pas dans quelle galère elle vient de mettre les pieds. On pourrait la plaindre, on se contente de rire aux éclats...

« Victor Lalouz », Dargaud, 10,40 euros 

lundi 11 février 2008

BD - Travailleurs précaires


Seul aux manettes, Bernard Swysen a imaginé une agence de travail en intérim étonnante prétexte à une foule de petits délires en une page. Sorte de best of de la série Jobs de chez Bamboo, cette série se penche sur des boulots aussi divers que proctologue, sémanticien ou cryptozoologue. 

La meilleure source de gags restent les deux secrétaires de l'agence. Betty, une belle rousse, courtisée par les intérimaires mais malheureuse en amour et Annette, brune, acariâtre, énorme, débordée par son travail mais incapable de faire autre chose de ses moments de loisirs. Ces deux personnages forts, particulièrement réussis grâce à un dessin simplifié au maximum, permettent à la série de sortir un peu de l'ordinaire de la collection.

« Interim Agency », Bamboo, 9,45 euros 

dimanche 10 février 2008

BD - Acariens rieurs


Ce n'est pas parce qu'on est tout petit, voire microscopique que l'on n'a pas une vie sociale normale. Prenez les acariens par exemple. Invisibles à l'oeil nu, il ont pourtant une vie comme vous et moi. De Groot, le scénariste (Robin Dubois, Léonard) et Godi le dessinateur (l'élève Ducobu) relatent sous forme de gags et histoires complètes cette vie de l'infiniment petit. 

Surprise cela se passe essentiellement dans un bar et les deux héros, pour fuir leurs femmes envahissantes, engloutissent des quantités astronomiques « d'eau de vie de jus de furoncle ». Ils ont également des problèmes avec le fisc et détestent faire des courses dans les supermarchés. Ces acariens ne sont que les caricatures des humains sur lesquels ils prospèrent.

« Le bar des acariens », Glénat, 9,40 euros 

samedi 9 février 2008

Roman - La contagion de la douleur

Comment aider une amie qui vient de perdre un être cher ? Comment partager la douleur, se demande Brigitte Kernel dans ce roman.


Léa aime Louise. Léa et Louise sont deux journalistes parisiennes et se cachent. Car même dans les milieux les plus ouverts, les plus progressistes, leur histoire d'amour a du mal à passer. A moins qu'elles ne trouvent une certaine excitation à ces cachotteries. Travaillant dans le même service de cette radio nationale, elles n'ont parlé de leur amour secret qu'à la narratrice du roman, elle-même animatrice sur cette même antenne.

En plein mois d'août, l'année de l'éclipse, dans un appartement parisien, Léa et Louise dînent en compagnie d'Olivier et de sa compagne, l'animatrice qui va raconter toute l'histoire, tout le drame. Ils ne le savent pas, mais c'est le dernier repas qu'ils prendront tous les quatre ensemble. Louise, grand reporter, a l'occasion de partir dans un pays en guerre, pour un reportage au plus près des combats. C'est dangereux, mais elle désire ardemment aller sur place, témoigner. Léa, plus jeune, très amoureuse, se résigne.

Pendant l'éclipse

Pour oublier cette petite période de solitude, elle accepte d'aller admirer l'éclipse dans la maison de campagne normande d'Olivier. Totalement obnubilée par l'événement, elle décroche de l'actualité, voulant vivre pleinement ce phénomène, unique dans le siècle. Alors que le soleil commence à se voiler, la narratrice reçoit un coup de fil de son réalisateur. Louise a eu un problème en reportage. Quelques minutes plus tard les précisions arrivent : elle est tombée dans un guet-apens, avec deux autres collègues elle a été dévalisée et froidement assassinée d'une rafale de kalachnikov. Un jour historique, un jour damné.

Comment annoncer la nouvelle à Léa ? Est-ce à elle de le faire ? Comme souvent dans les circonstances exceptionnelles, l'esprit humain tente de trouver une solution qui après coup semble dérisoire. Elle va tenter de préserver Léa, lui laisser quelques heures de répit, pour qu'elle profite de l'éclipse, elle est si joyeuse, si enthousiaste. La narratrice voudrait tant que cela ne soit pas la triste réalité : « Comment faire rebasculer le temps en arrière ? Comment effacer ce mauvais film, revenir à la scène de lundi, empêcher Louise de partir dans ce pays ? J'avais froid, le ciel s'obscurcissait, lourd de nuages. »

Face à la douleur

Mais alors qu'elles sont chez un éleveur de chiens (Olivier vient d'offrir à sa compagne un cocker) Léa apprend la nouvelle, par hasard. La jeune femme accuse le choc quand elle a la certitude que la journaliste assassinée est bien l'amour de sa vie. « Le corps de Léa, secoué de tremblements et de hoquets, c'est encore aujourd'hui insoutenable à évoquer. Devant une telle douleur, on a honte d'être impuissant, simple humain, incapable de rien d'autre que de prendre par la main, dans les bras, de caresser les cheveux. Souffrir avec l'autre n'est pas mourir avec lui. Je croyais le contraire avant cet événement ».

Brigitte Kernel, connue par ailleurs pour ses émissions nocturnes ou estivales sur France Inter, signe un roman poignant, plein de tristesse et de fureur. Si la première partie est consacrée à la mort de Louise, la seconde se focalise sur Léa, survivante malgré la douleur. Avec en témoin, puis en actrice, la narratrice, beaucoup plus touchée par cette disparition qu'elle ne le croit au début.

« Fais-moi oublier », Brigitte Kernel, Flammarion, 18 € 

vendredi 8 février 2008

BD - La petite fille et la mort


Ce récit en noir et blanc de Benoît Springer traite,avec une grande pudeur et une délicatesse extrême, de la découverte par une fillette de la différence entre la vie et la mort. Luce, petite fille de six ans, est en vacances chez son papi, retraité encore très actif. Elle aide au jardin, au marché, dans les taches quotidiennes de ce vieillard encore alerte mais seul. 

Une solitude temporairement brisée par la venue de Luce durant ces quelques jours. Luce qui ouvre de grands yeux sur ce monde qu'elle découvre petit à petit. Un jour, au marché, elle voit passer une petite fille drapée dans un crêpe noir, accompagnée d’un homme nu. Un couple qu'elle revoit quand le voisin de son papi, un retraité veuf lui aussi, met fin à ses jours. Luce, avant de comprendre ce qu'est la mort, la croise, mystérieuse et silencieuse. 

Un album de 80 pages qui prend le temps de montrer les sentiments. Springer, par exemple, dessine toute la détresse de la solitude en deux planches ne représentant qu'un chat mangeant ses croquettes avec en toile de fond le son d'un jeu télévisé. Une histoire entre réalisme social cru et fantastique masqué. Un cocktail étonnant et séduisant.

« Les funérailles de Luce », Vents d'Ouest, 15 € 

jeudi 7 février 2008

BD - Polar du futur


Même si la couverture n'est pas des plus engageante, plongez dans le premier tome de cette nouvelle série de science-fiction et découvrez Scoffoni, un dessinateur presque débutant (c'est son premier album, mais il travaille depuis de nombreuses années dans le milieu de la publicité) au trait réaliste et aux cadrages dignes d'un vieux briscard assis sur 20 années d'expérience. Une véritable merveille graphique, avec son lot de décors très poussés et de gueules chez les seconds rôles. 

Sans oublier les véhicules futuristes mais totalement crédibles. Côté histoire, le scénario de Benoît Rivière met un peu de temps à démarrer. Heureusement le personnage principal, Milo Deckman, flic de base de Los Angeles permet de faire passer quelques longueurs. Il est le témoin, par hasard, du meurtre d'une jeune femme dans la rue. 

Au moment de l'identification qui s'effectue à l'aide de l'iris, il découvre une double identité. Femme d'un chercheur avec l'oeil gauche et d'un dentiste avec l'autre. Qui est-elle exactement ? Pourquoi a-t-elle été abattue en pleine rue ? L'enquête ne fait que commencer et Milo, sans le savoir, vient de mettre les pieds dans une affaire complexe qui risque de lui gâcher l'existence.

« Milo », Delcourt, 12,90 €  

mercredi 6 février 2008

BD - Cuba libre

En 1902, Cuba a failli devenir le 46e état. Les USA, qui occupaient l'immense île des Caraïbes depuis quelques années, après l'élection d'un président fantoche, étaient sur le point de lui faire signer le traité d'annexion. 

Mais c'était sans compter sur les membres de l'agence WEST (Weird enforcement special team), des mercenaires venus sur place pour aider les Américains mais qui par éthique vont changer d'employeur et se mobiliser pour le peuple cubain en révolte. Le premier tome avait un fort goût de fantastique. Vaudou et magie noire avaient occupé le devant de la scène. 

Dans cette seconde partie, toujours écrite par Xavier Dorison et Fabien Nury avec Christian Rossi au dessin et aux couleurs, c'est la politique qui prend sa revanche. Reste qu'avec Chapel et ses hommes, souvent, avant que la raison ne l'emporte, les armes doivent parler. Les scènes de bagarre ou de combat sont donc nombreuses et les coups de théâtre multiples. 

La série est devenue en quatre albums une référence dans le genre BD d'action et de distraction, avec en plus quelques explications historiques toujours enrichissantes.

« West », Dargaud, 13 € 

mardi 5 février 2008

BD - Le terrorisme met Paris à feu et à sang


Dans un futur très proche, Paris est transformée en ville assiégée avec la tenue du G9. Le groupe des 8 pays les plus riches de la planète accueille pour la première fois son 9e membre : la Chine. Les réunions se tiennent au Louvre et le centre de la capitale est transformé en camp retranché. A l'extérieur, des milliers d'altermondialistes manifestent contre ce sommet du capitalisme et du libéralisme triomphant. 

Le cadre planté, Bartoll, le scénariste, présente les héros de cette nouvelle série de politique fiction dessinée par Rovero (qui signe également ce mois-ci le second tome des aventures de Malone chez Casterman). Arno Toms, journaliste couvrant l'événement, cherche des renseignements sur les opposants. Il les trouve par l'intermédiaire d'une photographe freelance, bien introduite dans le milieu des Blacks Blocs, un des groupuscules les plus violents. 

Alors que la venue du pape met encore plus les forces de sécurité sous pression, les Blacks Blocs tentent de prendre en otage les dirigeants. Arno, entraîné malgré lui dans l'assaut, va devenir le « terroriste » le plus recherché du monde.

« Terroriste », Glénat, 9,40 € 

lundi 4 février 2008

Roman - Sensuelle Sicile

Ce roman de Bertrand Visage se déroule en Sicile et plonge le lecteur dans les passions exacerbées par les mentalités volcaniques locales.


Huit ans. Huit ans d'absence, d'oubli, de quasi mort. Arturo a quitté la Sicile depuis huit ans. Ce Français, venu dans l'île italienne pour réaliser un film documentaire, est tombé amoureux de Véronica, une fille de gangster. Ils ont vécu une belle histoire d'amour durant quelques mois, presque une année. Mais c'est le passé. Arturo a mis longtemps pour s'en souvenir. Un matin, il a été retrouvé inanimé sur une plage sicilienne, après un sévère passage à tabac. Un mois de convalescence et puis un mystérieux émissaire lui a remis un billet d'avion pour le Chili. 

Sans mémoire, un peu perdu, il a franchi l'Atlantique et s'est refait une vie sur une île isolée. Un solitaire qui a lentement retrouvé la mémoire. Les instants de bonheur avec Veronica, la fin du rêve. En pleine reconstruction, il ne peut s'empêcher de penser à Veronica et malgré le danger, le risque, décide de reprendre contact avec ce passé qui a failli lui coûter la vie. Huit ans après, Arturo est de retour en Sicile.

Retour au bercail

Bertrand Visage, le romancier de cet « Intérieur Sud » connaît parfaitement cette région. Il y a longtemps vécu et plusieurs de ses romans ont la grande île pour cadre. Il excelle donc quand il décrit longuement la population picaresque de l'immeuble où vit Veronica. Le même appartement qu'il y a huit ans. Après quelques jours passés à espionner, Arturo a la certitude que si Veronica vit toujours dans l'appartement, elle est actuellement absente. Et par un concours de circonstance, il récupère les clés et s'installe de nouveau dans ces murs où il connu amour fou et bonheur intense. Il retrouve tous les voisins, ses chers voisins qui lui font un accueil chaleureux, persuadés qu'il est vient de reconquérir le cœur de son ancienne femme. Arturo, comme dans un rêve éveillé, fait comme si c'était la vérité, savourant avec délice ces instants de presque béatitude.

Tombée du ciel

Longtemps concentré sur le personnage d'Arturo et de l'absente, le roman change totalement d'orientation un soir d'orage. Arturo, dans un appartement plongé dans l'obscurité pour cause de coupure de courant, découvre à la faveur d'un éclair, une forme sur le petit balcon de la cuisine. « Une forme humaine. Couchée en biais sur le ciment du balcon, tout près de lui. Une fille. » Que fait-elle là ? Comment y est-elle arrivée ? « Arturo traversa la cuisine, mit un genou au sol. Assez près pour deviner que la fille n'était pas menaçante. Elle était là plutôt à la façon d'un sac de sable ou d'un panier de chiffons. Elle était là comme une vague tâche claire, comme du lait renversé. » On apprendra quelques pages plus tard qu'elle s'appelle Eva, qu'elle a 25 ans et qu'elle est étudiante en français. Occasionnellement, elle se prostitue dans l'appartement du dernier étage de l'immeuble. Eva qui va se reconstruire elle aussi, cachée chez Arturo, lui donnant une occasion d'oublier Veronica. Le solitaire du Chili, de retour en Sicile se retrouve à devoir faire un choix entre deux femmes, « Veronica est un nuage de poivre, Eva est un morceau de sucre sculpté en femme. » La sensualité et le doute sont sans cesse en toile de fond de ce roman aux succulentes saveurs sudistes.

« Intérieur Sud », Bertrand Visage, Seuil, 16 € 

dimanche 3 février 2008

BD - Jeu spatial pour les Naufragés d'Ythaq


Arleston, en dehors du monde de Troy, a lancé nombre de séries ces dernières années. Plus ou moins réussies tant du côté du texte que du choix des dessinateurs. Mais s'il en est une une qui ressort du lot, c'est bien « Les naufragés d'Ythaq ». 

Un récit de science-fiction qui paraissait basique au vu des premiers albums mais qui se révèle beaucoup plus fin et recherché quand on referme ce cinquième tome. Un vaisseau spatial s'est écrasé sur la planète Ythaq. Parmi les rescapés, Granite, astro-navigatrice passionnée et allergique à la hiérarchie, Callista, jeune aristocrate sexy et Narvarth, technicien touche-à-tout, sorte de McGyver jamais à court d'idées. 

Trois personnages principaux que l'on retrouve dans le vaisseau échoué, pris d'assaut par les hordes de soldats de Khengis. La bataille est dantesque, donnant l'occasion à Adrien Floch, le dessinateur, de faire admirer son art du mouvement et des compositions de masse. La mort frappe à tour de bras et pourtant certains protagonistes semblent peu concernés, comme happés par un jeu à l'échelle de l'espace et de l'univers.

« Les naufragés d'Ythaq », Soleil, 12,90 € 

samedi 2 février 2008

BD - Humour absurde et décalé pour une question d'humanité

Dessinée par Casanave sur un scénario de Vandermeulen, la première enquête du commissaire Crémèr nous entraîne en croisade au large de Sumatra. Le policier belge accompagné de son adjoint Lucas (prénom Georges) et de sa chienne Jessica rencontrent dans le grand restaurant du paquebot un chercheur ferraillant verbalement avec un homme d'église sur l'origine de l'homme. Réfutant l'histoire d'Adam et Eve, le savant prétend que nous descendons du singe. 

Reste à trouver le maillon manquant qu'il pense avoir aperçu dans les parages il y a quelques années : le faustolopithèque. Chance, le bateau tombe en panne au large d'une petite île isolée. Les passagers sont invités à aller se dégourdir les jambes et le commissaire, en compagnie de Lucas, va devoir enquêter sur le meurtre du savant. Il arrête rapidement un suspect, un jeune autochtone à moitié nu, l'arme du crime à la main. Un coupable pour le commissaire, un simple singe pour les autorités locales. Il va enquêter pour déterminer si le meurtrier est un humain ou un animal. 

Des situations abracadabrantes mettant en vedette un humour absurde et décalé qui fait tout le sel de cette BD.

« Une enquête du commissaire Crémèr », Dargaud, 10,40 € 

vendredi 1 février 2008

BD - Un peu de morale... mais de la bleue !


La morale, souvent sous-jacente dans les albums des Schtroumpfs de Peyo, est omniprésente dans ce 26e album de leurs aventures. La première page montre le Grand Schtroumpf obligé de s'absenter quelques jours et craignant pour l'harmonie du village : « Ce voyage me tracasse ! Chaque fois que je m'absente, tout schtroumpfe de travers ! ». 

Et effectivement dès la deuxième page, le Schtroumpf à lunette, décidé à nettoyer l'atelier du Grand Schtroumpfs, découvre un livre dont toutes les pages sont blanches. Un livre magique qui parle. Il demande à qui l'approche de lui poser une question. Il a toujours la réponse. 

A toutes les questions, à toutes les situations. L'heureux découvreur va vite tenter de s'accaparer entièrement l'objet. Un bon moyen d'être bien vu par tous ses congénères. Lotion pour l'éclat des cheveux pour la Schtroumpfette, recette pour le cuisinier, potion permettant de devenir plus musclé pour le costaud : tous vont profiter des réponses du « Livre qui dit tout ». Mais rapidement cela va semer la zizanie. Une histoire encore plus moralisatrice que les précédentes, c'est peu dire...

« Les Schtroumpfs », Le Lombard, 9,25 €