samedi 31 mars 2007

BD - Incontournable intégrale de Tif et Tondu

Il est des intégrales qui ont plus de poids que d'autres. Les éditions Dupuis, en lançant cette série de 16 albums à paraître dans les trois prochaines années remet au goût du jour un fond et une série trop vite oubliés après un demi-siècle de succès. Tif et Tondu étaient du premier numéro du journal de Spirou. Mais il a fallu attendre quelques décennies avant que ce duo atypique ne devienne une valeur sûre de la BD d'aventures. Grâce à Will, dessinateur incroyablement doué, jamais reconnu à sa juste valeur. On ne voyait que l'artisan dans son travail. C'était pourtant un véritable artiste. 

Dans ce premier tome, articulé autour des premières apparitions de M. Choc, le méchant absolu, très élégant dans son smoking noir et le visage caché derrière un casque médiéval, vous pourrez lire « Tif et Tondu contre la Main blanche », « Le retour de Choc » et « Passez muscade ». C'est Rosy qui a créé le personnage de Choc et qui scénarise ces 150 pages, précédées d'un dossier richement illustré sur les débuts de Will dans la bande dessinée. (Dupuis, 16 €)

vendredi 30 mars 2007

BD - Policiers : difficile de faire pire....


La ville de New York se serait bien passée de cette épreuve. En plus d'avoir les deux pires flics des Etats-Unis en la personne de Spoon et White, voilà que plane sur Big Apple une menace grave d'attentat à la bombe. Un certain Martinez est sur le point de donner une information essentielle à Zack Bauer quand Spoon juge bon d'intervenir. La cervelle de Martinez se retrouvant collée au plafond, la cellule antiterroriste va devoir trouver une solution de rechange pour obtenir les informations. 

Bizarrement ils ont l'idée saugrenue de demander l'aide du duo de policiers créé par Jean Léturgie et dessiné par son fils Simon, aidé par Franck Isard pour les décors. On se doute que cette décision aura pour conséquence une augmentation importante du nombre de victimes par explosion en quelques heures. Pourtant les deux nigauds se démènent car les terroristes ont capturé la belle Courtney Balconi, présentatrice vedette de BNN, leur idole. 

Pastiche de « 24 heures », feuilleton de la télé américaine, ce septième album de la série fait preuve d'un esprit jubilatoirement politiquement incorrect. 

("Spoon & White", Vents d'Ouest, 9,40 €)

jeudi 29 mars 2007

BD - Rions macabre avec Boucq

Le Grand Prix de l’Humour Noir a été décerné, le mois dernier, à François Boucq pour son album www.la-mort.fr, paru chez Fluide Glacial. Logique quand on sait que son héroïne, loin d’être pulpeuse, est au contraire squelettique. La mort est donc l’héroïne de ces histoires courtes toutes plus absurdes les unes que les autres. On y aborde le problème de l’intégration des jeunes dans les cimetières, des dégâts de la télévision chez les macchabées, de la place de l’homosexualité dans l’évolution de l’Homme ou de l’utilité des tueurs en série dans le business des pompes funèbres. Boucq laisse libre court à ses délires, avec des personnages aussi caricaturaux que sur les couvertures des San-Antonio qu’il signe régulièrement.

www.la-mort.fr, Fluide Glacial, 9,95 euros

mercredi 28 mars 2007

BD - Mini, classique et efficace

Le tome 43 de la série les Petits Hommes de Seron est la suite du 11e titre. "Dans les griffes du seigneur", résumé dans la première planche de "Castel Montrigu", est paru il y a 25 ans. 

Dans les caves d’un château en ruine, une communauté, réduite elle aussi par les effets de la météorite, a construit un château fort et vit comme au Moyen âge. Mais quand un groupe immobilier rachète la bâtisse et la transforme en hôtel de luxe, vivre secrètement est beaucoup plus difficile. 

Un album qui fait le grand écart entre les pratiques de rustres attardés façon "Visiteurs" et des Petits Hommes à la pointe de la technologie. Une série indémodable, à l’humour bon enfant et au dessin rond, classique et efficace.

Les Petits Hommes, Dupuis, 8,50 euros

mardi 27 mars 2007

BD - Les débuts de Cléopâtre

Cléopâtre a marqué l'histoire de l'Antiquité. Mais avant de devenir la reine d'Egypte, conquérante, intrigante, elle a vécu bien des péripéties. C'est un peu le chemin vers le pouvoir que Patrick Weber a entrepris de raconter dans cette série dessinée par Giancarlo Caracuzzo, un des plus doués de la nouvelle génération italienne. Cléopâtre est en fuite. Son frère, le pharaon Ptolémée, veut absolument la capturer car il sait qu'en secret elle complote pour s'accaparer du pouvoir. 

Une Cléopâtre belle et cruelle. Elle n'hésite pas à faire assassiner froidement les espions de son frère. Et elle pousse la cruauté à faire un retour à l'envoyeur de la tête tranchée de la victime. C'est dans ce contexte que Ptolémée apprend l'existence de Rahotep, un jeune liseur de songes tentant de maintenir en état les vieux temples du sud du pays. Il est emmené de force à Alexandrie, en compagnie de sa jeune sœur, pour aider, contre son gré, Ptolémée dans la quête de sa sœur. Mais c'est cette dernière qui parvient à séduire Rahotep, avant de passer une alliance avec les Romains pour asseoir totalement sa victoire. 

Une BD historique explorant également la mythologie égyptienne. 

("La dernière reine", Dupuis, 13 €)

lundi 26 mars 2007

BD - Enquête au cœur du passé

Dans le sud de l'Angleterre, la colline artificielle de Silbury Hill est en danger. Ce site préhistorique majeur, monticule de terre représentant des années de travail pour des centaines d'hommes, garde toujours son secret. Mais il y a quelques années, malgré une chape de béton en son sommet, quelqu'un est parvenu à faire un tunnel. Un trou qui a permis l'infiltration des eaux pluviales. Aujourd'hui c'est tout l'édifice qui risque de s'écrouer. 

Une mission pour Imago Mundi, l'agence d'Harald Haarfager. Ces archéologues du futur parviennent à « regarder » à l'intérieur des sites grâce à leur armée de lasers et autres ordinateurs sophistiqués. Sur place, ils vont se trouver confronté à des écologistes locaux les accusant de provoquer des radiations nucléaires. Et en plus d'attaques nocturnes, ils découvrent dans les champs alentours des crop circles, ces mystérieuses figures géométriques semblant apparaître par magie. 

Une série intelligente et scientifique avec Corbeyran au scénario, Braquelaire aux conseils techniques et Brahy au dessin. Ce dernier arrondit son trait, l'humanise, d'album en album. 

("Imago Mundi", Dargaud, 9,80 €)

dimanche 25 mars 2007

BD - Monstres sur Mars

Dans le genre héros dur à cuire qui n'en fait qu'à sa tête, David Soho, dit Boozer, en impose. Cet ancien « suicide trooper » devenu dépanneur dans le secteur du cratère de Gusev sur Mars dépense les rares dollars qu'il gagne en alcool fort. 

Cette nouvelle série de science fiction écrite par Corbeyran et dessinée par Sentenac sur un story-board de Moreno se déroule en 3455 sur la planète rouge. Elle a gardé sa couleur mais une bonne partie de sa surface est désormais vivable pour les terriens. Ils ont pris le relais des Afridiens, mutants créés de toute pièce pour accélérer la terraformation de Mars. Aujourd'hui, les descendants des Afridiens sont en guerre contre les colons débarqués en masse. 

Boozer tente de survivre dans cet environnement hostile. Accompagné de son reptile Jefko et d'un droïde de première génération, il va servir de guide à Donna, charmante diplomate chargée de trouver un terrain d'entente avec les Afridiens. 

Manque de chance, une grosse bête aimant la chair fraîche sème la panique dans la région. Exactement l'impondérable qui va donner un peu de sel à la mission de Boozer, un peu trop calme à son goût.

 ("Les hydres d'Arès", Delcourt, 12,90 €)

samedi 24 mars 2007

BD - Chick Bill, 68e !

L’avantage, quand on a plus d’un demi siècle de création derrière soi et des millions d’albums vendus, c’est que même les titres les plus délirants sont acceptés par l’éditeur. Dans le genre, Tibet, en impose. Après un improbable « Maligne Claire, la Mata Hari jaune » et un « Faux mage de Hollande » qui a bien fait rire en Belgique, il récidive avec la 68e aventure de Chick Bill intitulée « L’hideux Zorfeline ». 

Une fois ce titre trouvé, il a fallu y mettre des personnages et une intrigue dessus. Zorfeline c’est Youri, un gamin russe pas gâté par la nature mais aux pouvoirs extralucides redoutables. Confié à Chick Bill par son père, Youri sera enlevé par deux malfrats désireux de faire fructifier le don de cet albinos aux grandes dents et oreilles décollées. Un 44 pages parsemé de gags dont Dog Bull est la principale victime. 

A noter également la relative absence de Chick Bill, plus occupé à conter fleurette à une ravissante institutrice qu’à aider la veuve et l’orphelin. 


Une série increvable, toujours aussi efficace, malgré le poids des ans. Heureusement le potentiel comique des personnages principaux semble inépuisable. ("L’hideux Zorfeline", Le Lombard, 8,70 €)

vendredi 23 mars 2007

BD - A la découverte de la perspective

Jean-Charles Kraehn est un conteur hors pair. Il l’a prouvé dans les albums qu’il a dessiné lui-même comme Bout d’Homme ou Gil Saint-André. Mais il a également mis son imagination au service d’autres dessinateurs comme Jusseaume avec Tramp ou Miguel avec Myrkos. Cette dernière série, dont troisième tome vient de paraître, raconte la découverte par un élève dessinateur des extraordinaires possibilités de la perspective dans une civilisation imaginaire, mais qui ressemble beaucoup à la Grèce antique. Myrkos, en développant cette nouvelle forme de l’art, s’attire les foudres des prêtres. 

D’autant que dans cette société figée, seuls les Dieux ont le droit d’être représenté par les « ornemanistes ». Or Myrkos applique sa nouvelle technique à la représentation de femmes nues. Il croque des prostituées dans les bas-fonds de la ville. C’est là qu’il est repéré par Pyrtax, un brigand persuadé qu’il y a beaucoup d’argent à récolter en vendant les esquisses de Myrkos à quelques bourgeois riches et égrillards. 

Pour ce récit sur l’histoire de l’art il fallait un dessinateur irréprochable. Miguel, disciple de Léo, s’acquitte de sa tâche à la perfection. ("Myrkos", Dargaud, 13 €)

jeudi 22 mars 2007

BD - Valamon, destin exceptionnel


Reno, jeune dessinateur talentueux, a un seul et gros défaut : il est lent, incroyablement lent. Après avoir débuté dans les pages de Tchô, en racontant les histoires (comiques) des Womoks, il vient de franchir le pas et signe avec Valamon une série réaliste d’héroic-fantasy. Décors, costumes, animaux : il laisse libre cours à l’imagination de sa plume, le tout agrémenté de couleurs qu’il ne laisse le soin à personne d’autre de réaliser. Dans un petit village, Valamon est un jeune homme orphelin recueilli par le prêtre de la communauté. Quand il annonce à son mentor son intention de prendre la relève, ce dernier est fou de joie. Un chevalier par contre désapprouve ce choix car Valamon est un redoutable bretteur. En fait, l’orphelin accepte cette charge religieuse pour devenir un notable, ce qui lui permettra d’épouser la femme qu’il aime, Fassendre. Le jour de la cérémonie, le destin de Valamon va basculer. Il se saisit du poignard de la cérémonie et égorge le haut responsable religieux. Valamon a reconnu l’assassin de son père. C'était il y a 18 ans. Le scénario de Jarry laisse entrevoir des aventures très mouvementées pour un jeune héros en devenir. 
(Delcourt, 12,90 €)

MAJ : le tome 2 n'est jamais paru... 

mercredi 21 mars 2007

BD - Choc des religions au Japon

Au XVIIe siècle, au Japon, seuls les Portugais sont encore tolérés pour faire un peu de commerce. Une partie de la noblesse voudrait totalement couper les ponts avec les « barbares » occidentaux amenant en plus dans les cales de leurs bateaux la religion chrétienne. 

Mais certains sont un peu plus ouverts d’esprit. C’est le cas de Tadeka Kenshin, samouraï chargé de la sécurité du port. Il rencontre un géant roux, truculent, médecin : Hendrik Ven Effen, qui soigne rapidement et efficacement un jeune soldat. Kenshin se trouve de ce fait redevable de l’Occidental. Il trouvera rapidement l’occasion de payer sa dette puisque Ven Effen, malgré les mises en garde, part visiter Nagasaki, la Cité sans nuit, et se fait attaquer par des brigands. Entre les deux hommes, malgré les barrières des civilisations, une réelle amitié va naître, pour le meilleur et pour le pire. 

Un scénario plein de trouvailles de Luca Enoch mis en images par Maurizio di Vincenzo, dessinateur italien passé par l’école Dylan Dog, également enseignant à l’école de la bande dessinée de Rome. ("Rangaku", Les Humanoïdes Associés, 10,40 €)

mardi 20 mars 2007

Roman - L'été d'un souvenir

Antoine se souvient de cet été en Normandie. Il a rencontré Bérénice, aurait pu l'aimer. Mais Antoine l'a simplement enviée...

Amour de vacances ? Non, révélation de vacances. Quand Bérénice arrive dans la résidence d'été d'Antoine, il ne se doute pas que cette ancienne amie de sa sœur allait tant compter dans sa vie. Il a 15 ans, elle en a 20. Il a entendu parler depuis très longtemps de cette Bérénice, meilleure amie de sa sœur. Une sœur qu'il n'a jamais connu. Elle est morte, renversée par une voiture alors qu'il était encore dans le ventre sa mère. 

Bérénice, bien des années plus tard, vient donc passer quelques jours dans la maison de Normandie, à quelques centaines de mètres des dunes et de la mer. Dès le premier jour Antoine va se baigner avec Bérénice. La jeune femme est belle, désirable. Elle fait tout pour séduire Antoine mais ce dernier, en découvrant ce corps idéal ne le désire pas charnellement. Il l'envie simplement.

Bérénice, un modèle

Ce court roman de Fabrice Pataut est écrit à la première personne. C'est Dorine qui se souvient. Dorine, nouveau prénom d'Antoine qui a changé de sexe depuis ce bel été. Avec Bérénice, le jeu de la séduction n'est pas allé plus loin qu'un baiser langoureux. « Nous n'avons jamais parlé de ces journées passées ensemble à se tourner autour, de ce ballet improvisé, de ces passes et de ces esquives, des regards de désir sans concupiscence par lesquels je vous prenais pour modèle » se souvient Dorine. 

Par contre le père d'Antoine, séducteur redoutable, fier d'avoir un fils, déçu de son manque d'entrain avec le genre féminin, a rapidement trouvé l'occasion de transformer Bérénice en fruit défendu à déguster en cachette de sa femme, traumatisée par la mort de sa fille. 

Un roman triste, sur une famille blessée, où les non-dits sont devenus le pain quotidien. Entre Antoine et Dorine, notre cœur oscille. Il chavire aussi.

« En haut des marches », Fabrice Pataut, Seuil, 13 €

lundi 12 mars 2007

BD - Chaînon manquant


L'homme de Néandertal a disparu il y a des siècles et des siècles. Supplanté par l'homme de Cro-Magnon dont nous ne sommes que les descendants. Dans cette grosse BD de 150 pages signée Gary Frank, l'auteur américain imagine que ces primitifs ne l'étaient pas tant que cela. 

Et ils n'ont pas disparu, mais ils se cachent, pour éviter tout contact avec notre race, beaucoup trop belliqueuse à leurs yeux. Jusqu'au jour ou des militaires américains tuent un de ces singes recouvert de fourrure au cœur de l'Alaska. 

Dans un récit très mouvementé, Frank raconte comment une ranger et un agent secret aident Bob, dernier représentant de sa race, à fuir l'armée américaine. 

Entre théorie du complot et science-fiction urbaine, cette BD aux multiples personnages est superbement dessinée.

« Kin », Bamboo, 16,90 euros

dimanche 11 mars 2007

Roman - La mort à l'hôpital

Son père à l'agonie dans une chambre d'hôpital, Midgley, la quarantaine, fait le bilan de sa vie dans un roman très british d'Alan Bennett.


Alan Bennett est très connu en Grande-Bretagne. Ses pièces de théâtre, romans et séries télévisées remportent un immense succès populaire. Il est d'autant plus connu qu'il interprète parfois les personnages qu'il a imaginés.

C'est le cas de Midgley, le héros de ce court roman, adapté du scénario d'une dramatique tournée pour la BBC en 1982. Midgley est professeur. Il est dérangé en plein cours. L'hôpital le cherche car son père, 74 ans, vient d'être admis en «soins intensifs ». Retrouvé inanimé chez

lui par la femme de ménage. Pratiquement dans le coma, après deux journées passées étendu sur le carrelage de sa cuisine. Midgley décide de se rendre immédiatement à l'hôpital et c'est cette longue attente près de son père mourant qu'Alan Bennett raconte avec une férocité toute britannique. Car c'est bien connu, lors des coups durs, on a une forte propension à se remettre en cause. Midgley ne fait pas exception.

Au contraire. Il culpabilise de ne pas être allé voir son père dimanche dernier.

Comme pour expier cette faute, il a la ferme intention de rester à ses côtés jusqu'à son demier souffle. Cela ne devrait pas trop durer car le premier docteur rencontré, «un jeune Pakistanais pâlichon », lui confie d'emblée: «La pneumonie s'est bien installée, son cœur est très affaibli. Tout bien considéré, il est probable qu'il ne passera pas la nuit. »

L'éveil des sens

En compagnie de sa tante Kitty, insupportable commère passionnée par les affres de la famille royale et les nouvelles maladies rares, il va se remémorer les derniers instants passés avec son père conscient, cherchant dans le moindre détail un signe qu'il aurait pu interpréter comme un avertissement. Le vieillard, connecté à de multiples machines, ne bouge pas.

Inconscient, sans réaction. Midgley tente de se persuader qu'il va se réveiller et que tout va redevenir comme avant. Malgré les paroles définitives du docteur. Il attend, entre espoir et crainte, fatigué mais déteminé. Jusqu'à ce qu'un nouveau personnage fasse son apparition: « Midgley regagna la chambre et s'assit aux côtés de son père. En son absence, une infirmière était arrivée, une femme à la peau mate, un peu grassouillette, moins hautaine et apparemment plus humaine que les autres. À vrai dire, elle n'était pas d'une propreté exemplaire. Ses cheveux étaient ramenés à la va-comme-je-te-pousse sous son bonnet et ses bas filaient en plusieurs endroits. Elle entreprit de redresser les couvertures, se penchant au-dessus du corps inerte de telle sorte que son derrière se retrouva bientôt à quelques centimètres du visage de Midgley. » Et ce qui devait arriver arriva. Malgré sa petite vie casée et l'agonie de son père, Midgley va être irrésistiblement attiré par cette femme.

Alan Bennett raconte magistralement le cheminement intellectuel du héros, fils indigne, mari infidèle ; humain tout simplement.

« Soins intensifs », Alan Bennett (traduction de Pierre Ménard), Denoël, 12 €

samedi 10 mars 2007

Polar - Passé irlandais

Irlande secrète, Irlande mystérieuse, Irlande sombre. Ce thriller de Julie Parsons explore le côté obscur de l'Île émeraude


Quand il arrive dans la région de Cape Clear, à l'extrême sud de l'Ir­lande, Adam se fait très vite des amis. Il est vrai que ce jeune Anglais, blond, grand et avenant, a un charme indé­niable. A la recherche de petits boulots, il s'embarque sur des chalutiers et c'est en revenant d'une sortie en mer qu'il découvre Trawbawn. Une grande bâtisse, entourée de jardins savamment entretenus par Lydia Beauchamp. Lydia est une vieille femme bien seule depuis le suicide de son mari, Alex, et le départ de sa fille Grace. Lydia et Grace Beauchamp, deux femmes écorchées, séparées par une génération mais tourmen­tées toutes les deux par un passé qu'elles tentent d'enfouir dans les années mais qui revient inexorablement à la surface.

Douloureuses naissances

Lydia et Grace sont donc les deux héroïnes de ce thriller verdoyant de Julie Parsons, néo-zélandaise installée en Irlande depuis presque un demi-siècle. Lydia était une jeu­ne infirmière anglaise pleine de vie jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte d'un chirurgien marié.

Elle garde l'enfant, Grace, et refait sa vie en Irlande,. trouvant un boulot dans un hôpi­tal psychiatrique. C'est là qu'elle rencontre Alex, un patient doux et dépressif. Ils se marient, Grace a ainsi une véritable famille. Un concours de circonstance fait qu'ils échouent dans la grande demeure de Daniel Chamberlain, à Trawbawn. A la mort de ce dernier, Lydia hérite de la propriété quelle bonifie en ouvrant au public les magnifiques jardins.

Tout irait pour le mieux si Grace, à l'âge de 16 ans, ne tombait à son tour enceinte. L'adolescente refusant de dévoiler le nom du père, Lydia fait le nécessaire pour que ce bébé ne soit pas un frein à l'ascension sociale de sa fille. Placée dans une institution, dès que le petit Daniel vient au monde, il est adopté par un couple stérile. Grace, tenant sa mère pour responsa­ble, quitte le foyer familial et poursuit, seule, ses étu­des à Londres. Brillante enseignante, elle se marie et a une petite fille, Amelia, aujourd'hui âgée de 16 ans.

Le lecteur découvre au fil des événements ces par­cours de femmes blessées et comprend que Lydia et Grace ne se sont plus parlées depuis 28 ans, autre­ment dit la naissance de Daniel.

Regrets éternels

Adam, pivot du roman, va quitter son rôle de gentil garçon pour se transformer en ange de la mort, outil d'une vengeance mûrement réfléchie. Il va s'immis­cer dans la vie de ces deux femmes déchirées de tris­tesse malgré le temps passé.

Ainsi, Grace, après une journée de travail,« s'offrirait le luxe de se souvenir. De son bébé à elle, son petit gar­çon. Arraché à elle à six semaines. Lorsqu'il avait été capable d'ouvrir ses yeux bleus laiteux et de la fixer, une minuscule ébauche de sourire flottant autour de ses peti­tes lèvres molles. Ce soir, où Amelia n'était pas là et où elle avait la maison pour elle seule, elle regarderait le des­sin du bébé et elle laisserait libre cours à ses larmes ». Et au même moment, dans sa grande maison vide, Lydia endure un véritable calvaire: « La douleur était devenue intolérable. Une souffrance atroce montait des profondeurs de son être. Elle avait envie de gémir, de san­gloter. De supplier qu'on la pardonne, qu'on la compren­ne. Mais il n'y avait personne pour entendre ses suppli­ques".

Julie Parsons utilise ce roman policier pour décorti­quer et expliquer comment le passé et les regrets peu­vent vous consumer lentement, de l'intérieur.

« Le sablier d'or », Julie Parsons, Calmann-Lévy, 20 €

vendredi 9 mars 2007

Polar - Papy mafia avec "La fille de l'arnaqueur" d'Ed Dee au seuil

Eddie Dunne, ancien flic alcoolique, s'est reconverti en grand-père gâteau. Mais son passé le rattrape quand des inconnus enlèvent sa fille


Ed Dee, ancien lieutenant de police de New York spécialisé dans le démantèlement du crime organisé, puise dans son expérience personnelle du terrain pour signer des polars d'un étonnant réalisme. Que cela soit dans les faits et gestes des policiers comme des truands, tout sonne juste. Une peinture sociale sans fioritures. Son personnage principal, par exemple, a probablement existé.

Eddie Dunne a longtemps été un flic de base à New York. Un bon flic, presque exemplaire. Mais il a été entraîné dans les excès par son coéquipier, un Italien dont tout le reste de la famille faisait partie, corps et âme, de la Camorra. Devenu alcoolique, surpris par sa hiérarchie dans une réception en compagnie de tous les truands italiens de la région, il a dû quitter la grande maison sans les honneurs.

Et pour survivre, il a accepté de servir de garde du corps à un important mafieux russe installé aux USA. Pas dangereux comme job, mais terriblement compromettant. Quelques années pour se constituer une bonne cagnotte, histoire de vivre décemment une retraite enfin calme et sereeine.

Grand-père gâteau

Aujourd'hui, il passe beaucoup de temps avec sa petite-fille, Grace. Il héberge même sa mère, Kate, depuis qu'elle s'est séparée de son mari. Dans les premières pages, très bucoliques et enfantines, il accompagne Grace à l'école.

Et en revenant chez lui, il découvre que Kate vient d'être enlevée par des inconnus. Eddie contacte ses anciens collègues, attendant un signe des ravisseurs. Mais ces derniers ne se manifestent pas. Qui en veut à Eddie au point de s'attaquer à ce qu'il a de plus cher, sa famille?

Malgré les avertissements de la police locale, il décide d'enquêter du côté de ses anciens employeurs. Il contacte donc Anatoly Lukin, vieil homme fatigué, totalement paranoïaque et riche à millions après ses arnaques à la sécurité sociale: « Quoi qu'ait pu faire Lukin en Russie, il n'avait pas recours à la violence en Amérique. C'était un escroc, un trafiquant de chèques falsifiés qui s'en prenait aux grandes administrations et aux grosses entreprises. » Aux yeux d'Eddie, « il n'était pas pire que les conspirateurs de Wall Street en costumes Armani ou que les voleurs enfermés dans leur tour d'ivoire au sein de la plupart des grosses sociétés. »

Comme un uppercut

Lukin le met sur la piste de Borodenko. Un jeune caïd russe aux méthodes expéditives. Il veut tout le pouvoir et n'hésite pas à faire le vide autour de lui. Eddie soupçonne Borodenko d'être l'instigateur de l'enlèvement et une véritable guerre se déclare entre l'ancien flic d'originaire d'Irlande et le gangster slave, ex-agent du KGB. Les recherches d'Eddie permettent au lecteur de pénétrer dans les lieux les plus malfamés de New York, de côtoyer des escrocs et tueurs en tout genre, des nervis russes en passant par les coqs italiens et les gitans insaisissables. Toute une faune effrayante pour le commun des mortels, pas pour un père à la recherche de sa fille. n polar sec et efficace, comme les uppercuts que décochait Eddie, dans sa jeunesse, quand il gagnait quelques dollars entre les cordes d'un ring.

« La fille de l'arnaqueur », Ed Dee, Seuil Policiers, 21 €, également en Points policier, 7,8 €.

jeudi 8 mars 2007

BD - Alack Sinner et le Secret américain


Pas facile de prendre sa retraite quand on a passé toute sa vie à chercher la vérité. Alack Sinner, ancien policier, ne se résout pas à devenir un ancien détective privé. A New York, en août 2001, il vient de rouvrir son bureau et s'apprête à devenir grand-père. Et le travail ne manque pas. Il suffit qu'il croise une de ses anciennes maîtresses, Jill, pour qu'elle l'engage.

Devenue conseillère de la présidence, elle voudrait en savoir un peu plus sur les hommes qui la suivent sans relâche. Et il accepte même un second travail, surveiller le jeune fils de la femmed'un ponte de la mafia. Pas très compliqué, mais rapidement très dangereux.

Le jeune homme est enlevé et assassiné. Deux anciens mafieux, contactés par Sinner sont eux aussi exécutés. Et pour couronner le tout, la propre fille de Sinner est enlevée... Munoz et Sampayo reviennent à leur héros favori. Pour signer un album en noir et blanc qui donne une explication malheureusement très plausible aux attentats du 11 septembre 2001. (Casterman, 14,75 €)

mercredi 7 mars 2007

Roman - Pamela hésite entre deux hommes...

Annie Lemoine romance un triangle amoureux. Pamela n'arrive pas à choisir entre deux hommes. L'indécision jusqu'au drame

Pamela hésite. Pamela doute. Rester fidèle ou tenter l'aven­ture ? Dans la première scène de ce roman au style très épuré, la jeune femme est littéralement à genou devant son compagnon. Elle lui demande de l'aide. De l'aide pour choisir. Choisir entre lui et l'autre. Il le prend mal. Pour lui c'est un aveu de l'infidé­lité qui pourtant n'a pas encore eu lieu.

La suite de cette histoire d'amour et de déchirement, c'est l'autre homme qui la raconte.

Après un mariage raté, il expli­que avoir « renoué sans appréhen­sion avec un statut que je n'aurais jamais dû abandonner: celui de célibataire. Un célibataire qui teste joyeusement toutes sortes de pro­duits, pourquoi le cacher, de la blonde et jeune Suédoise (exigeant une belle énergie) au professeur de lycée plus posé (dernier essai en date). Ce butinage me convient parfaitement. Pas d'engagements ? Surtout pas de plan à long terme. »

Attirance irrésistible

Un quadragénaire moderne par­tant en vacances avec ses copains, multipliant les conquê­tes sans lendemain. Et puis, un soir, la grosse tuile : sa rencontre avec Pamela. Et immédiatement une attirance charnelle irrésisti­ble. L'envie de la revoir, de partager tout et n'im­porte quoi avec elle. Et dès la seconde rencontre elle lui donne son numéro de téléphone portable, comme une invitation à lui faire la cour. Les ren­contres sont d'une rare intensité.

Au moment des au revoir, il doit serrer Pamela dans ses bras: «Je suis resté le plus naturel possible.

Je priais pour qu'elle ne sente pas mon cœur contre ma poitrine et fantasmais sur une résolution immé­diate de l'intrigue par elle en quelques mots : Je reste avec vous... Nous nous aimons n'est-ce pas ? »

Mais la réalité est tout autre. Pas de grande décla­ration et encore moins de décision définitive.

Elle le voit en cachette, se contentant d'aiguiser son désir par des SMS laconiques. Ils vont boire des cafés en terrasse ou admirer des expositions. Mais le soir, c'est toujours vers l'autre que Pamela retourne. Le narrateur, lui, se laisse entraîner sans résister dans cet amour impossible. Au grand dam de ses copains.

Rencontre avec l'autre

Quand il lui déclare ouvertement sa flamme, elle préfere couper les ponts. Il ne parvient pas à l'oublier. Au contraire passe des heures à contem­pler sa photo. Il est totalement ensorcelé. Jusqu'à ce qu'il ait à nouveau des nouvelles d'elle. Par l'in­termédiaire de l'autre. Et pour la première fois, ils vont se rencontrer... dans une chambre d'hôpital. Second roman d'Annie Lemoine, «La vie d'avant» dresse le portrait d'une femme déchirée. Incapable de choisir, comme paralysée de peur par le mal qu'elle pourrait faire en avantageant l'un par rapport à l'autre. Pamela est une femme à fleur de peau, au bord du gouffre.

«La vie d'avant », Annie Lemoine, Flammarion, 14 €.

mardi 6 mars 2007

Roman - Tragique coup de couteau à Nîmes

Déprime au cœur de la féria de Nîmes. Le héros de Jean-Pierre Milovanoff, chômeur de 51 ans, a-t-il encore le droit à l’espoir ?

Une petite vie tranquille. Avec ses hauts et ses bas. Mais tranquille. Isidore a 51 ans. Ouvrier spécialisé dans une usine depuis des années, quand il reçoit sa lettre de licenciement, tout s’écroule. Petit, timide, timoré, il n’a que peu de ressemblance avec le sud (Nîmes exactement) qui héberge ce roman de Jean-Pierre Milovanoff.

Le chômage, cette bête insidieuse qui lentement mais sûrement ronge une vie de labeur et d’efforts. Isidore, dans son petit meublé, se réjouit pourtant de l’arrivée du printemps et des robes courtes des passantes. « Le flâneur chanceux aurait mille occasions, préparées ou imprévues, de découvrir sous les étoffes parcimonieuses la chair inaccessible et douce que l’hiver garde en réserve dans ses pelisses… ». Les femmes, Isidore les aime passionnément mais s’en méfie. Certes il y a eu Gabrielle. On comprend en vivant les errances de ce paumé que Gabrielle a beaucoup compté. Mais elle n’est plus là.


Père violent

A une certaine époque, il a parfois rêvé à un destin plus rieur. Lui aussi aurait pu séduire… Si… Une enfance malheureuse, une père violent, une taille très inférieure à la moyenne, un travail inintéressant et un bégaiement fatidique dans les moments d’émotion l’ont fortement handicapé. Il a su se protéger, au fil des années, des brimades et désillusions. « Si son voisin de palier le plaisantait sur sa taille il disait «Attendez, je n’ai pas fini de grandir !» Ainsi va la vie. Dans un monde peuplé d’imbéciles, qui sont méchants faute de mieux, il fallait bien garder quelques cartouches dans sa ceinture et se tenir sur ses gardes ».

Le bourgeois et le chômeur. Le premier jour de la feria, Isidore prend une grande décision après avoir acheté un chapeau. Il va quitter sa chambre meublée et vivre dans un jardin, sous un figuier qui semble très accueillant. S’en suit un coup de folie. Sanglant. Sa psychiatre lui évite la prison en le plaçant homme à tout faire chez son fiancé, Odilon. C’est ce dernier qui raconte l’histoire d’Isidore. Car paradoxalement, alors que le chômeur était au bout du rouleau, c’est ce bourgeois égoïste et pédant, qui va le remettre sur les bons rails en lui offrant son amitié. Jusqu’au jour où Gabrielle refera son apparition.

Jean-Pierre Milovanoff explore la profondeur de ces vies extrêmes. Entre Isidore et Odilon, un gouffre. Qui se comble lentement, au gré des embryons de conversation autour de la piscine ou du gravier de l’allée. Ils se découvriront même bien des points communs. La vraie vie est au cœur de ce roman émouvant.

« Dernier couteau », Jean-Pierre Milovanoff, Le Livre de Poche, 5,50 €

lundi 5 mars 2007

Thriller - Folie et manipulation

Vigo Ravel, en réchappant à un attentat, découvre une vaste machination dont il semble être le pivot. "Le syndrome Copernic" est un roman français entre thriller et fantastique.


Quand on est persuadé être un malade mental et que l'on découvre qu'en réalité on est normal, il faut du temps pour s'adapter. C'est la trame de ce roman d'Henri Loevenbruck se passant dans une France contemporaine.

Tout commence par un attentat dans une tour de la Défense. Il y a des centaines de morts. C'est à ce moment que Vigo Ravel prend la parole. Le narrateur explique : « J'ai 36 ans et je suis schizophrène ». Ce matin-là, il allait voir son psychiatre, mais arrivé dans le hall de l'immeuble, il a entendu des voix dans sa tête et a deviné qu'il devait quitter ces lieux avant que tout n'explose.

Après une fuite éperdue dans la capitale, il dort presque une journée complète. Ce n'est que 36 heures après l'explosion qu'il retourne sur les lieux de l'attentat pour avoir des nouvelles de son médecin. Premier étonnement, les secours lui affirment qu'il n'y avait pas de cabinet médical dans la tour. Des incohérences qui vont aller crescendo. Ses parents sont injoignables, l'entreprise qui l'employait n'existe plus, deux hommes en survêtement gris tentent de l'enlever. Il décide alors de ne plus prendre les médicaments qu'il avale depuis des années. Le choc est rude mais salutaire.

Protocole 88

Errant dans Paris, se demandant s'il ne devient pas complètement fou, il ne doit son salut qu'à un message mystérieux, déposé à l'accueil de l'hôtel miteux où il a trouvé refuge. Le petit papier affirme qu'il n'est pas schizophrène, que son vrai nom n'est pas Vigo Ravel et qu'il doit trouver les protocole 88. Arrivé à ce stade du récit, le lecteur se demande quand va prendre fin ce cauchemar. Car en ne suivant que le héros se posant de plus en plus de questions, on se sent emporté avec lui dans la spirale de la folie. Il faut l'arrivée d'un second personnage principal pour stopper la descente. Agnès, jeune inspectrice de police, tape dans l'oeil de Vigo. Malgré sa timidité maladive, il trouve le courage de lui offrir un verre dans un bar. C'est attablé face à elle que Vigo découvre une première clé : les voix qu'il entend dans sa tête ne sont pas des hallucinations mais les pensées des gens proches.

La suite du roman, de plus en passionnant, raconte de façon très réaliste l'enquête de Vigo et d'Agnès pour découvrir la réalité. Henri Loevenbruck, après un début très angoissant, finit par de l'action et de grandes révélations. Manipulations, expériences interdites, secret d'Etat, le futur décrit par l'auteur nous pend au bout du nez. Un récit qui devrait certainement intéresser des producteurs de cinéma.

« Le syndrome Copernic », Henri Loevenbruck, Flammarion, 19,90 €

dimanche 4 mars 2007

BD - Mousquetaires mystiques


Il faut parfois plusieurs tentatives avant de trouver son style, ou du moins la série correspondant le mieux avec son univers graphique. Exemple avec Belladone dessinée par Pierre Alary. Très doué, il est passé par la prestigieuse école des Gobelins, puis a longtemps travaillé dans l'animation. 

Son trait, nerveux et précis, a servi deux séries différentes avant de véritablement éclater dans Belladone, BD scénarisée par Ange. Une histoire de cape et d'épée dont le troisième tome, bouclant un premier cycle, vient de paraître. Marie, jeune femme élevée aux Indes, est de retour dans son pays natal, la France. Cette fine lame est au service de la Chambre secrète, une unité chargée d'assurer la sécurité de Louis XIV. 

Victime d'une diabolique machination, Marie se retrouve dans l'obligation de tuer le roi. Très dramatique, plein d'action et de violence, cet album permet aux auteurs d'en dire un peu plus sur l'enfance de Marie et surtout de lui donner l'occasion de retourner aux Indes. Ce sera le décor du prochain cycle. 

("Belladone", Soleil, 12,90 €)

samedi 3 mars 2007

BD - Virginie, nostalgie de jeunesse


Son premier amour, qui ne se souvient pas de son premier amour ? Généralement c'était sur les bancs de l'école. Des jeux innocents, sans lendemain. Un redoublement, un déménagement... il existe tant de bonnes raisons pour oublier. Kek, alors qu'il avait 9 ans, était très amoureux de Virginie. Et cette dernière le lui rendait bien. A la récréation ils se faisaient des bisous, en cours ils s'échangeaient des mots doux. Et puis le père de Virginie a trouvé du travail à Grenoble. La famille a quitté Dunkerque, Kek s'est retrouvé seul. Mais il pensait régulièrement à Virginie. Bien des années plus tard, comme pour conjurer une malédiction, il s'est mis en quête de cette petite fille. Il a raconté ses recherches sur un blog dessiné qui a rapidement attiré des milliers de visiteurs chaque jour. Un travail de narration rigoureux, une approche dessinée originale : il n'en fallait pas plus pour que Lewis Trondheim remarque et publie cette BD. Cela donne un petit album très romantique pour "une histoire qui sent la colle Cléopâtre". 
(Delcourt, 7,90 €)

BD - Cauchemar au sanatorium


Cette bande dessinée terrifiante serait basée sur des faits réels. Une chose est sûre : le Waverly Hills Sanatorium a véritablement existé. Cet établissement américain était spécialisé dans le traitement de la tuberculose. Entre 1920 et 1960, on estime à plus de 63 000 le nombre de personnes qui y ont trouvé la mort. 

Sur cette base, et en voyant les photos du bâtiment, Christophe Bec a imaginé une histoire se déroulant dans les années 50. Doris, jeune divorcée sans le sou, amène sa fille Cora au Sanatorium. Pour payer les soins, elle accepte de devenir aide-soignante. Elles vont donc s'installer toutes les deux dans ce lieu chargé de secrets et de mystères. Cora, la première, se doute qu'il s'est passé des choses horribles entre ces murs. 

Elle reçoit régulièrement la visite d'un homme lui racontant des histoires épouvantables. Un homme invisible aux yeux des adultes. 

L'ambiance de peur panique va aller crescendo, Stefano Raffaele, au dessin, maîtrisant parfaitement ces décors sombres et cauchemardesques. 

("Pandémonium", Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)

vendredi 2 mars 2007

BD - Virginie, nostalgie de jeunesse


Son premier amour, qui ne se souvient pas de son premier amour ? Généralement c'était sur les bancs de l'école. Des jeux innocents, sans lendemain. Un redoublement, un déménagement... il existe tant de bonnes raisons pour oublier. Kek, alors qu'il avait 9 ans, était très amoureux de Virginie. Et cette dernière le lui rendait bien. 

A la récréation ils se faisaient des bisous, en cours ils s'échangeaient des mots doux. Et puis le père de Virginie a trouvé du travail à Grenoble. La famille a quitté Dunkerque, Kek s'est retrouvé seul. Mais il pensait régulièrement à Virginie. 

Bien des années plus tard, comme pour conjurer une malédiction, il s'est mis en quête de cette petite fille. Il a raconté ses recherches sur un blog dessiné qui a rapidement attiré des milliers de visiteurs chaque jour. Un travail de narration rigoureux, une approche dessinée originale : il n'en fallait pas plus pour que Lewis Trondheim remarque et publie cette BD. 

Cela donne un petit album très romantique pour "une histoire qui sent la colle Cléopâtre". (Delcourt, 7,90 €)

jeudi 1 mars 2007

BD : BigFoot, le western décalé de Dumontheuil


Très librement adaptée d'un roman de Richard Brautigan, cette BD vient prouver une fois encore l'incroyable richesse de l'univers graphique de Nicolas Dumontheuil. Révélé par "L'enclave", reconnu comme un grand créateur avec "Qui a tué l'idiot ?", cet auteur complet vient de rejoindre Futuropolis. 

Dans ce western décalé, on découvre les pérégrinations de deux tueurs à gages, Ned et Zed. Ils prennent à peu près tous les contrats, ne lésinant pas sur les balles pour arriver à leurs fins. Mais depuis quelques temps, Ned a un gros problème. Comme s'il était devenu humain du jour au lendemain. Conséquence, il est incapable de tuer. Nos deux pistolleros vont être embauchés par une fausse indienne, mais vraie beauté, pour retrouver une soeur jumelle mystérieusement disparue. 

De la Louisiane à Hawaï en passant par les montagnes Rocheuses, Ned et Zed vont croiser le chemin de Saswatch, équivalent peau-rouge du Bigfoot. Découpées en 24 courtes séquences, ces 72 pages entraînent le lecteur dans une folle spirale de sexe et de violence. 

("BigFoot", Futuropolis, 16 €)