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lundi 13 octobre 2008

« Je t'ai vue », polar irlandais de Julie Parsons

Les fantômes du passé interfèrent dans la dernière enquête de Michael McLoughlin, inspecteur retraité de la police de Dublin.


Drôle d'ambiance dans « Je t'ai vue », polar irlandais de Julie Parsons. Un peu triste, très nostalgique, un sentiment de fin inéluctable, d'achèvement, d'impasse. L'intrigue est surtout marquée par la détresse de deux mères ayant perdu leur enfant. Leur point commun : l'inspecteur Michael McLoughlin qui, à des années d'écart, va devoir affronter les mêmes pleurs, le même désespoir.

Ce vieux policier, célibataire, venant juste de prendre sa retraite, décide d'enquêter de manière officieuse puisqu'il n'est plus chargé de l'affaire. Marina, une jeune femme d'une vingtaine d'année, a été retrouvée noyée dans un lac. Un suicide à priori. Elle a laissé une lettre expliquant qu'elle regrettait, qu'il fallait l'excuser. De plus, elle avait avalé presque une bouteille de vodka. Comme pour se donner du courage.

Mais sa mère ne croit pas à cette version. Pour elle, Marina n'avait aucune raison de vouloir mettre fin à ses jours. Brillante dans son travail, jeune, jolie, courtisée : elle avait tout pour réussir. Elle l'explique à McLaughlin qui accepte, après bien des hésitations, de se pencher sur les faits et gestes de la jeune morte les jours précédents la noyade.

Il hésite car cette affaire lui en rappelle une autre. Une jeune femme avait été assassinée après des heures de tortures. Il avait promis à la mère éplorée, Margaret, de retrouver l'assassin. Ce qu'il avait fait. Mais au procès, le sadique avait été acquitté. La mère avait alors décidé de venger sa fille. Seule. McLaughlin avait été le témoin de cette froide vengeance. Et n'avait rien fait. Au contraire, il avait l'avait indirectement aidée. Le policier, intègre et bourru, vit depuis ce jour avec un meurtre sur la conscience.

Qui a vu qui ?

Ces deux histoires vont se chevaucher car au moment où l'ancien policier va tenter de découvrir la vérité, la première mère éplorée revient en Irlande après des années passées en Nouvelle-Zélande. Et elle va recroiser le chemin de McLaughlin qui l'avait protégée par amour.

Un policier solitaire, inactif, au bord de la dépression. Il se lance alors à corps perdu dans cette enquête officieuse et fait une découverte très étrange. Marina, venait de recevoir plusieurs coups de téléphone et des mails disant toujours la même chose : « Je t'ai vue ». Qu'avait elle à cacher, à se reprocher ? Serait-ce la raison du suicide ? A moins que ces signes annonciateurs, comme des menaces, aient été suivis d'effet. Suicide, accident ou meurtre ?

Le lecteur va se laisser happer par l'intrigue, entraîner par les personnalités hors normes des protagonistes, de McLoughlin à Margaret. Le personnage de cette dernière intrigue beaucoup. Pourquoi revient-elle ? Que vient-elle faire exactement à Dublin ? Va-t-elle se livrer à la justice ? Plus qu'un simple polar, ce roman de Julie Parsons est une œuvre éminemment psychologique. Avec deux âmes à la dérive qui mettront beaucoup de temps avant de se rencontrer, se comprendre et se trouver.

« Je t'ai vue », Julie Parsons (traduction de Pascale Haas), Calmann-Lévy, 20 € 

samedi 10 mars 2007

Polar - Passé irlandais

Irlande secrète, Irlande mystérieuse, Irlande sombre. Ce thriller de Julie Parsons explore le côté obscur de l'Île émeraude


Quand il arrive dans la région de Cape Clear, à l'extrême sud de l'Ir­lande, Adam se fait très vite des amis. Il est vrai que ce jeune Anglais, blond, grand et avenant, a un charme indé­niable. A la recherche de petits boulots, il s'embarque sur des chalutiers et c'est en revenant d'une sortie en mer qu'il découvre Trawbawn. Une grande bâtisse, entourée de jardins savamment entretenus par Lydia Beauchamp. Lydia est une vieille femme bien seule depuis le suicide de son mari, Alex, et le départ de sa fille Grace. Lydia et Grace Beauchamp, deux femmes écorchées, séparées par une génération mais tourmen­tées toutes les deux par un passé qu'elles tentent d'enfouir dans les années mais qui revient inexorablement à la surface.

Douloureuses naissances

Lydia et Grace sont donc les deux héroïnes de ce thriller verdoyant de Julie Parsons, néo-zélandaise installée en Irlande depuis presque un demi-siècle. Lydia était une jeu­ne infirmière anglaise pleine de vie jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte d'un chirurgien marié.

Elle garde l'enfant, Grace, et refait sa vie en Irlande,. trouvant un boulot dans un hôpi­tal psychiatrique. C'est là qu'elle rencontre Alex, un patient doux et dépressif. Ils se marient, Grace a ainsi une véritable famille. Un concours de circonstance fait qu'ils échouent dans la grande demeure de Daniel Chamberlain, à Trawbawn. A la mort de ce dernier, Lydia hérite de la propriété quelle bonifie en ouvrant au public les magnifiques jardins.

Tout irait pour le mieux si Grace, à l'âge de 16 ans, ne tombait à son tour enceinte. L'adolescente refusant de dévoiler le nom du père, Lydia fait le nécessaire pour que ce bébé ne soit pas un frein à l'ascension sociale de sa fille. Placée dans une institution, dès que le petit Daniel vient au monde, il est adopté par un couple stérile. Grace, tenant sa mère pour responsa­ble, quitte le foyer familial et poursuit, seule, ses étu­des à Londres. Brillante enseignante, elle se marie et a une petite fille, Amelia, aujourd'hui âgée de 16 ans.

Le lecteur découvre au fil des événements ces par­cours de femmes blessées et comprend que Lydia et Grace ne se sont plus parlées depuis 28 ans, autre­ment dit la naissance de Daniel.

Regrets éternels

Adam, pivot du roman, va quitter son rôle de gentil garçon pour se transformer en ange de la mort, outil d'une vengeance mûrement réfléchie. Il va s'immis­cer dans la vie de ces deux femmes déchirées de tris­tesse malgré le temps passé.

Ainsi, Grace, après une journée de travail,« s'offrirait le luxe de se souvenir. De son bébé à elle, son petit gar­çon. Arraché à elle à six semaines. Lorsqu'il avait été capable d'ouvrir ses yeux bleus laiteux et de la fixer, une minuscule ébauche de sourire flottant autour de ses peti­tes lèvres molles. Ce soir, où Amelia n'était pas là et où elle avait la maison pour elle seule, elle regarderait le des­sin du bébé et elle laisserait libre cours à ses larmes ». Et au même moment, dans sa grande maison vide, Lydia endure un véritable calvaire: « La douleur était devenue intolérable. Une souffrance atroce montait des profondeurs de son être. Elle avait envie de gémir, de san­gloter. De supplier qu'on la pardonne, qu'on la compren­ne. Mais il n'y avait personne pour entendre ses suppli­ques".

Julie Parsons utilise ce roman policier pour décorti­quer et expliquer comment le passé et les regrets peu­vent vous consumer lentement, de l'intérieur.

« Le sablier d'or », Julie Parsons, Calmann-Lévy, 20 €