Les fantômes du passé interfèrent dans la dernière enquête de Michael McLoughlin, inspecteur retraité de la police de Dublin.
Drôle d'ambiance dans « Je t'ai vue », polar irlandais de Julie Parsons. Un peu triste, très nostalgique, un sentiment de fin inéluctable, d'achèvement, d'impasse. L'intrigue est surtout marquée par la détresse de deux mères ayant perdu leur enfant. Leur point commun : l'inspecteur Michael McLoughlin qui, à des années d'écart, va devoir affronter les mêmes pleurs, le même désespoir.
Ce vieux policier, célibataire, venant juste de prendre sa retraite, décide d'enquêter de manière officieuse puisqu'il n'est plus chargé de l'affaire. Marina, une jeune femme d'une vingtaine d'année, a été retrouvée noyée dans un lac. Un suicide à priori. Elle a laissé une lettre expliquant qu'elle regrettait, qu'il fallait l'excuser. De plus, elle avait avalé presque une bouteille de vodka. Comme pour se donner du courage.
Mais sa mère ne croit pas à cette version. Pour elle, Marina n'avait aucune raison de vouloir mettre fin à ses jours. Brillante dans son travail, jeune, jolie, courtisée : elle avait tout pour réussir. Elle l'explique à McLaughlin qui accepte, après bien des hésitations, de se pencher sur les faits et gestes de la jeune morte les jours précédents la noyade.
Il hésite car cette affaire lui en rappelle une autre. Une jeune femme avait été assassinée après des heures de tortures. Il avait promis à la mère éplorée, Margaret, de retrouver l'assassin. Ce qu'il avait fait. Mais au procès, le sadique avait été acquitté. La mère avait alors décidé de venger sa fille. Seule. McLaughlin avait été le témoin de cette froide vengeance. Et n'avait rien fait. Au contraire, il avait l'avait indirectement aidée. Le policier, intègre et bourru, vit depuis ce jour avec un meurtre sur la conscience.
Qui a vu qui ?
Ces deux histoires vont se chevaucher car au moment où l'ancien policier va tenter de découvrir la vérité, la première mère éplorée revient en Irlande après des années passées en Nouvelle-Zélande. Et elle va recroiser le chemin de McLaughlin qui l'avait protégée par amour.
Un policier solitaire, inactif, au bord de la dépression. Il se lance alors à corps perdu dans cette enquête officieuse et fait une découverte très étrange. Marina, venait de recevoir plusieurs coups de téléphone et des mails disant toujours la même chose : « Je t'ai vue ». Qu'avait elle à cacher, à se reprocher ? Serait-ce la raison du suicide ? A moins que ces signes annonciateurs, comme des menaces, aient été suivis d'effet. Suicide, accident ou meurtre ?
Le lecteur va se laisser happer par l'intrigue, entraîner par les personnalités hors normes des protagonistes, de McLoughlin à Margaret. Le personnage de cette dernière intrigue beaucoup. Pourquoi revient-elle ? Que vient-elle faire exactement à Dublin ? Va-t-elle se livrer à la justice ? Plus qu'un simple polar, ce roman de Julie Parsons est une œuvre éminemment psychologique. Avec deux âmes à la dérive qui mettront beaucoup de temps avant de se rencontrer, se comprendre et se trouver.
« Je t'ai vue », Julie Parsons (traduction de Pascale Haas), Calmann-Lévy, 20 €
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