Fredman n'est pas un inconnu dans le monde de la bande dessinée. Associé à Jim il a signé quantité de titres humoristiques modernes comme « Tous les défauts des mecs » ou « Rester jeune à tout prix ». Des albums très commerciaux qui n'empêchent pas ce dessinateur doué de tenter autre chose. Il a fait une première étape dans la BD sérieuse (intellectuelle pourrait-on dire si on ne craignait que cela ne soit jugé comme trop péjoratif par une majorité de lecteurs...) avec « Petites éclipses » toujours ne compagnie de Jim.
Cette fois il se lance seul dans un récit en deux parties traitant de la mémoire et de la filiation. Armand, vieil homme usé, est dans le coma dans un lit d'hôpital, à l'agonie. Son fils, Grégoire, qui a coupé les ponts depuis 24 ans, n'ose pas entrer dans cette chambre sentant la mort. Simon, le petit-fils, va regretter son papi. Un grand-père gâteau, comme pour se faire pardonner ce qu'il a fait subir à son fils. Mais la vérité est encore plus redoutable. Armand faisait partie de ces Français engagés dans les Waffen SS durant la seconde guerre mondiale. Il a participé à quantité d'opération d'extermination dans des villages ukrainiens et russes. C'est ce passé qui va venir s'interposer entre le père et son fils.
Ce long récit en noir et blanc alterne longues scènes de dialogues et séquences, magnifiques, muettes, entre souvenirs et allégorie. Toute la vivacité du trait de Fredman explose dans ces passages, souvent ponctués par un dessin pleine page. Une première partie très chargée émotionnellement annonçant une seconde encore plus déchirante.
« La vie secrète », Fredman, Casterman (collection Écritures), 13,50 €
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