dimanche 5 octobre 2008

BD - Névrose, géniale névrose


Jo Matt est un drôle de type, « un pauvre type » d'après lui. Dessinateur de BD underground, il fait dans l'autofiction. Sans concession. Il raconte par le menu son existence de névrosé. Obsédé sexuel passant des heures à se tripoter en matant des K7 pornos, il a pourtant une copine. Il vit même depuis quatre ans avec Trish. Mais ce n'est pas l'entente cordiale. Il passe son temps à la critiquer, refuse la plupart du temps de faire l'amour avec elle, fait toujours des comptes séparés et comme parmi ses nombreuses qualités il y a également l'avarice, même là les querelles sont nombreuses.

 Et pour couronner le tout, il tombe raide amoureux d'une copine à Trish et passes ses nuits à fantasmer sur elle. Jo Matt le vit et le raconte dans ses BD qu'il publie presque au jour le jour dans un comics. C'est comme ça que Trish découvre le port aux roses... et le quitte. Sur près de 170 pages, Jo Matt déballe son quotidien, ses doutes, ses lâchetés, son incapacité à changer, à s'améliorer. Comment il pisse dans un bocal pour ne pas aller aux toilettes qu'il trouve trop éloignées de sa chambre. Sa fascination pour les Asiatiques (femelles et maigres de préférence), pourquoi il pleure au téléphone pour que Trish lui donne une seconde chance. 

D'un côté il est tout à fait odieux, d'un autre il fait pitié. Des sentiments à nuancer quand on sait que c'est ce type, odieux et pitoyable, qui raconte tout et mène le jeu. N'est-il pas, là aussi, en train de se foutre de nous ? Le fait même de se poser la question montre que c'est un génie. On est pris dans sa nasse, captivé par cette non-vie transformée en œuvre d'art.

« Le pauvre type », Joe Matt, éditions Delcourt, 172 pages en noir et blanc, 16,50 euros.

P. S. : Ce titre est le premier d'une nouvelle collection chez Delcourt, « Outsider », proposant le must de la BD indépendante américaine. 

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