mercredi 30 avril 2008

BD - Entre quatre murs


La vie est tellement dure dans la prison de Templeton Bay que certains détenus, sans hésiter, choisissent la mort. Deux d'entre eux, pourtant condamnés à des peine minimes, se donnent la mort. Le premier en sautant du toit, le second en s'immolant avec du white spirit qu'il a dérobé dans la buanderie. 

Une drôle d'ambiance semble s'instaurer entre ces quatre murs. Une nouvelle drogue, aux effets dévastateurs, ne serait pas étrangère à cette modification de l'atmosphère générale. Aleks Wojda, un des gardiens, héros de cette série écrite par Callède et dessinée par Gihef, enquête et tente de découvrir qui inonde la prison de cette substance mortelle. Cette série, d'une rare violence, crue, ne laissant aucune des atrocités de la captivité dans l'ombre, est en fait très psychologique. 

Derrière ces attitudes se cachent de profondes fêlures, dans tous les camps. Gardien de prison corrompu, taulard terrorisé par son compagnon de cellule, caïd froid et sans pitié, femme facile au passé douloureux, maton cocu et trop conscient de l'être : la galerie de personnages est riche et diverse. Tout un monde dont on devient rapidement accro.

« Haute sécurité » (tome 3), Dupuis, 10,40 € 

mardi 29 avril 2008

BD - Intrigue glaciale


Changement de nom pour la série Imago Mundi de Corbeyran, Braquelaire et Brahy. Le temps de quatre albums autonomes, elle va prendre le nom de Climax. Mais les personnages sont les mêmes. Notamment Leia Lewis, la jeune et belle mathématicienne qui va quitter le havre de paix tropical de la base d'Imago Mundi pour une mission dans les conditions climatiques extrêmes de l'Antarctique. 

A la base Dumont d'Urville, elle va procéder à un travail de recoupement de mesures pour tenter de définir le plus précisément possible le rythme du réchauffement de la planète. Dans cette communauté exclusivement peuplée de scientifiques, sans arme ni police, elle va rapidement s'apercevoir que quelqu'un fait tout pour ralentir ses recherches, allant même jusqu'à la pousser dans un piège qui pourrait lui être fatal. 

L'intrigue policière est très discrète, l'intérêt de l'album réside surtout sur la description de la vie dans cet enfer glacé. Avec également en filigrane la volonté pour les auteurs d'alerter les lecteurs sur la politique du pire qui est en train de rapidement détruire l'équilibre climatique de notre Terre nourricière.

« Climax » (tome 1), Dargaud, 10,40 € 

lundi 28 avril 2008

BD - L'apprentissage du vert


Cyril Pedrosa, en quelques albums tous plus différents les uns que les autres, a imposé un style, une vision de son œuvre, amplifiés par un trait fluide et de plus en plus efficace. A l'automne dernier, il a étonné avec « Trois ombres », récit fleuve en noir et blanc sur la perte d'un enfant dans une famille unie. Sa famille, il l'utilise sans vergogne dans ce recueil de gags relatant, de façon hilarante, la prise de conscience du trentenaire gauchiste, écologiste, militant pour le développement durable. 

Il est soutenu par sa femme, encore plus sensible que lui aux dérives du monde, ne consommant que du bio. Mais ce n'est pas tous les jours facile et Pedrosa, parfois, craque pour quelques saucisses cocktail, si bonnes quand elle sont réchauffées à la vapeur, malgré la présence dans leur composition de « plasma de porc ». Pedrosa qui panique carrément quand son épouse se met dans l'idée de construire sa maison en murs de paille, avec toilette sèches. 

Et bien évidemment le héros ne peut s'empêcher de se poser la question qui tue : « Suis-je un bobo ? » La réponse devrait rassurer tout le monde...

« Autobio », Fluide Glacial, 9,95 € 

dimanche 27 avril 2008

BD - Fugues en si majeur


Cet album traite de deux problèmes de société de plus en plus fréquents dans notre monde contemporain exigeant et individualiste : le suicide et les fugues des adolescents. Des adolescentes exactement dans la première partie de « La porte au ciel » de Makyo et Sicomoro.

Le scénariste français le plus « psychologique » a fait appel à un maître italien du réalisme. Cela donne assez étrangement des images d'une rare beauté pour des situations qui le sont beaucoup moins. Manu, Julie et Anna sont trois amies surnommées « les Japonaises » car elles ont chacune fait une tentative de suicide et sont, depuis, inséparables. Les problèmes n'étant pas résolus (père pervers, beau-père violent, frère envahissant), elles décident de tout plaquer et de trouver refuge dans une maison forestière. 

Là, loin de la vie urbaine, seule réalité qu'elles connaissent, elles rencontreront un peintre dépressif marqué par la disparition de sa fille et un berger un peu simplet tyrannisé par sa tante. Et comme souvent avec Makyo, le fantastique va bousculer l'ordre des choses, donnant un tour inattendu à cette très belle bande dessinée publiée dans le cadre des 20 ans de la collection Aire Libre.

« La porte au ciel » (tome 1), Dupuis, 14 €

samedi 26 avril 2008

BD - "Frères de sang", un album très viril


Henscher (scénario) et Fabien Rondet (dessin) signent un premier album très viril. Très masculin également. L'action se déroule au Moyen-Orient, au temps des croisades, à Alamut, une école un peu particulière. On y apprend à des enfants à devenir de redoutables assassins. Le seigneur des couteaux, maître absolu de cette forteresse, explique à des nobles chrétiens qui veulent acheter ses services : « Je commande à une armée de jeunes gueux sans honneur ni armoiries, c'est vrai. Mais ils peuvent frapper n'importe qui, n'importe où. Et ils n'ont pas de vœu plus cher que de mourir au combat ». 

Ce premier tome, en couleurs directes au tons sombres, raconte l'apprentissage de plusieurs novices. Selim, surnommé le poète, prend la défense du chétif Hicham contre les intentions belliqueuses de Brahim. Ces trois vont apprendre, ensemble, à tuer et, à la fin de leur formation, il se pourrait que l'un d'eux fasse partie des frères de sang morts durant la nuit de l'initiation. 

Violence, guerre de religion, foi aveugle : cette BD historique résonne d'une façon très contemporaine. Rien n'a changé dans cette région ?

« Le seigneur des couteaux » (Tome 1), Casterman, 11,50 € 

vendredi 25 avril 2008

BD - En voie d'extinction


Les trois antiquaires de « L'association des cas particuliers » sont de retour. Ils sont toujours à la recherche d'un homme, visiblement dérangé, à moitié SDF, clamant à qui veut l'entendre dans les rues d'un Paris écrasé par une vague de canicule qu'il est le dernier d'une espèce en voie d'extinction. 

Trois jeunes femmes sont également à sa recherche. Elles ont pour mission de l'éliminer. Nos héros, pas forcément habitués à faire le coup de poing et éviter les rafales de kalachnikov, savent que la clé de cette mystérieuse affaire est dans un reliquaire contenant un crâne de ce qui semblerait être un homme de Néanderthal. 

Philippe Riche mène de main de maître cette enquête policière au ton toujours décalé. Il truffe ses planches de dialogues sous forme de digressions qui donne tout son charme et son intérêt, à cette série beaucoup plus intellectuelle qu'elle n'y paraît. La fin est également surprenante, à l'opposé d'un politiquement correct prouvant que ces trois cas sont véritablement particuliers.

« L'association des cas particuliers » (Tome 2), Les Humanoïdes Associés, 10 € 

jeudi 24 avril 2008

Livres jeunesse - La déferlante Spiderwick

La semaine dernière dernier est sortie au cinéma l'adaptation des « Chroniques de Spiderwick », récit fantastique pour les plus jeunes. Ceux qui découvriront ces personnages dans les salles obscures pourront prolonger le plaisir dans plusieurs livres édités par Pocket Jeunesse. En premier, le plus complet, le plus fidèle, l'édition intégrale. Si vous ne croyez toujours pas aux fées et aux créatures fantastiques, découvrez les aventures des enfants Grace avec toutes Les chroniques enfin réunies en une seul volume, les cinq livres du chef-d'œuvre de Tony Di Terlizzi et Holly Black (16 €).

Beaucoup plus ludique ce beau livre sous titré « Un voyage au cœur du monde merveilleux avec Chafoin ». Plongez dans le monde de Spiderwick, peuplé de créatures fantastiques, et laissez-vous guider par Chafouin, le majordome. Voulez-vous connaître l'histoire du manoir, percer ses secrets, admirer les collections d'objets personnels de Jared, Simon et Mallory, lire le récit de leurs rencontres avec les fées ou des lettres restées cachées ? Alors ouvrez cet album, où sont rassemblés documents d'époque et objets magiques. Il regorge de cachettes, de trésors et de surprises... Mais attention ! Soyez vigilant ! Vous pourriez bien ne jamais en revenir (25 €).

Pour les plus jeunes vous pourrez redécouvrir le film dans une novélisation fidèle au scénario et très largement illustrée (6,40 €). Enfin deux petits livres mélangent illustrations de Tony Di Terlizzi et photos sur deux thèmes particuliers : « Attention aux trolls ! » et « Mallory mène l'enquête » (5 € chaque volume). 

mercredi 23 avril 2008

BD - Dangereuses jumelles


Judith, après avoir perdu sa sœur jumelle, est sur le point de perdre sa fille, Julia. Le quatrième (et peut-être dernier) tome de cette série fantastique dessinée par Godeau et écrite par Oliveira donne toutes les clés au lecteur pour comprendre les événements mystérieux des trois précédents volumes. La petite fille aux pouvoirs psychiques très développés semble parfaitement savoir ce qu'elle fait quand elle se jette dans la gueule du loup : un laboratoire de recherche où sa mère et sa tante ont été conçues deux décennies plus tôt. 

Manipulations génétiques, pouvoir de l'esprit, recherche de l'immortalité : des thèmes bien mis en valeur par un duo d'artistes de talent

« Judith », Bamboo, 12,90 euros 

mardi 22 avril 2008

BD - Faille temporelle dans l'espace


Ce gros premier volume de « Meteors » (72 pages plus un cahier graphique explicatif de 6 pages), ne vous laissera pas sur votre faim. Plusieurs personnages sont longuement présentés par Duval et Ogaki, comme pour mieux appréhender ce monde futuriste où les Intelligences artificielles, IA, sont en train de prendre le pouvoir. Noria, jeune adolescente suicidaire, se retrouve par hasard sur le chemin d'un commando de rebelles humains. 

Dans l'espace, au même moment, Dustin, pilote d'une benne à ordure, découvre le cadavre d'un cosmonaute russe. Des faits qui se relieront ensemble pour mettre à jour des failles temporelles, redoutées par les IA.

« Meteors », Delcourt, 13,95 euros

lundi 21 avril 2008

BD - Naja, tueuse insensible


Jean-David Morvan est devenu un scénariste qui compte. Il en faudrait peu pour qu'il devienne, en plus, un écrivain reconnu. Pour preuve cette nouvelle série, « Naja », dont il vient de confier les dessins à Bengal. Très peu de dialogues dans cette histoire de tueuse professionnelle insensible à la douleur. Les explications viennent en grande partie d'un monologue intérieur brillant qui pourrait tout à fait devenir autonome. Naja y explique pourquoi elle déteste les Français, les Anglais, les Islandais et d'une façon plus générale tous les Sud-Américains. Des réflexions qu'elle doit faire cohabiter avec un instinct de survie décuplé. Tueuse N° 3, elle découvre que le N° 1 veut lui faire la peau.

« Naja », Dargaud, 13 euros


dimanche 20 avril 2008

BD - Quête maritime


Sur la Mer du Nord et la Manche, à plusieurs époques différentes, « Lautremer » raconte la quête d'hommes et de femmes fascinés par un roi de la mer, le général Carausius. Cette série de Heurteau (dessin) et Leclercq (scénario), mélange plusieurs mythes. 

Une sorte de dieu maritime, mais également Alceister Crowley, ce mage du début du siècle, présent dans nombre de récits fantastique et dont la fille cachée, Marcia, est une des héroïnes de l'album. Cette Marcia qui découvre à la mort de son père qu'elle est en fait une petite fille adoptée. Un soir de tempète, son véritable père, l'a confiée à ce couple de pêcheurs. Elle se lance donc à la recherche de ses véritables parents aidée d'un trésor en pièces anciennes légué par son père. 

Elle retrouvera l'épave du yacht de ce dernier, le restaurera et repartira sur les flots à la recherche d'un hypothétique ailleurs. Assez dense, cette histoire balade le lecteur entre différentes époques (entre 1910 et 1930 et du temps de la conquête romaine de la Gaule) . Avec cependant un même « méchant », énigmatique capitaine d'une goélette allemande.

« Lautremer » (tome 1), Casterman, 11,50 € 

vendredi 18 avril 2008

BD - Frissons garantis avec de nouvelles Légendes urbaines


Corbeyran et Rémi Guérin, les scénaristes, se sont amusés à collecter les plus célèbres légendes urbaines circulant de bouche en bouche. Pour ce second recueil, ils en ont sélectionné et adapté quatre et les ont confiées à différents dessinateurs qui y trouvent un parfait terrain pour un premier galop d'essai. Vous pourrez donc visiter « L'antre de la folie » dessiné par Defali, découvrir qui est « Le meilleur ami de l'homme » de Jean-Christophe Fournier et choisir « Un bon jour pour mourir » d'Alice Picard. 

Cette histoire se passe le 11 septembre 2001 à New York. Ce matin-là, un trader a eu la mauvaise idée de ne pas aller au bureau pour passer quelques heures dans les bras de sa maîtresse. Un choix chanceux dans un premier temps, fatal peu de temps après. 

Mais la meilleur histoire reste celle dessinée par Marcelo Frusin. On est dans les pas de deux policiers américains qui vont apprendre à un couple de jeunes campeurs les finesses de « L'hospitalité du Sud ». Moralité : il ne faut jamais trop profiter de son pouvoir.

« Les véritables légendes urbaines » (tome 2), Dargaud, 13 € 

jeudi 17 avril 2008

BD - Gal, naufragée sur une île


À l’affiche de cette aventure de science-fiction qui combine la puissance des univers cosmiques de La Caste des Méta-Barons avec un récit basé sur une action trépidante, une belle et pulpeuse héroïne dans la lignée des pin-up qui ont fait la renommée de Juan Gimenez, excellent dès qu'il est question de dessiner des rondeurs. 

Miss Kennington, Gal, pour ne pas la nommer, est une fugitive en raison des pouvoirs fabuleux qu’elle détient. Elle trouve refuge sur une planète où se trouve un enfant doté des mêmes pouvoirs, mais qu’une maladie risque de faire mourir. Tout en se trouvant impliquée dans un combat intergalactique opposant l’humanité aux extra-terrestres... 

On apprécie dans cette histoire complète les scènes de combats galactiques et dans un tout autre genre les passages au cours desquels Gal, après des mois d'errance, profite d'une bonne douche chaude... Un mélange détonnant de modernité technologique et de glamour absolu, le tout par le dessinateur de La Caste des Méta-Barons, avec des personnages du Quatrième Pouvoir. Bref, on aurait bien tort de bouder son plaisir...

« L'île D-7 », Les Humanoïdes Associés, 12,90 € 

mercredi 16 avril 2008

Roman - Dérive nippone par Dany Laferrière

Dany Laferrière, Québécois d'origine haïtienne, peut-il devenir un écrivain japonais ? Son interrogation se transforme en dérive.


Pour son retour au romanesque, Dany Laferrière signe un petit bijou littéraire. L'écrivain canadien, d'origine haïtienne, aime prendre ses lecteurs à contre-pied. En tentant de se glisser dans la peau d'un écrivain japonais, il pousse l'exotisme à son paroxysme. Un roman dans lequel il n'hésite pas à se mettre en scène, avec ses travers, ses manies, ses obsessions, ses vaines tentatives de se prendre au sérieux. Fiction, réalité, il mélange le tout dans un joyeux charivari peuplé de personnages aussi déjantés que l'écrivain, le héros.

Donc, Dany Laferrière décide d'écrire un roman intitulé « Je suis un écrivain japonais ». Au début ce n'est qu'un titre après une réflexion dont il explique la genèse : « Quand je suis devenu moi-même un écrivain et qu'on me fit la question « Etes-vous un écrivain haïtien, caribéen ou francophone ? » je répondis que je prenais la nationalité de mon lecteur. Ce qui veut dire que quand un Japonais me lit, je deviens immédiatement un écrivain japonais. » Une fois le titre trouvé, il lui suffit de le vendre à son éditeur, qui, enthousiaste, lui verse une belle avance. Mais l'auteur reconnaît que s'il est un bon titreur, il est moins aisé d'aller au bout de son idée.

Chanteuse et diplomates

Il va donc tenter de s'imbiber de la culture japonaise. Mais à Québec, cela ne va pas plus loin que le cliché. Armé d'une montagne de préjugés glanés dans les revues et vus à la télévision, il va tenter de se transformer en bon nippon, lisant sans cesse l'œuvre de Basho, un célèbre poète du pays du soleil levant. Et il va payer de sa personne en traînant dans un bar où une chanteuse japonaise, Midori, se produit accompagnée d'une multitude d'amies (rivales ou maîtresses) toutes plus bridées les unes que les autres. Dans ce roman foisonnant, on rencontre Bjork, la chanteuse islandaise possédée par une poupée vaudou, des policiers accusateurs légèrement sadiques et des diplomates nippons très intrigués par la démarche de cet écrivain noir ayant la prétention de devenir, selon leur vision, le prototype de l'écrivain japonais.

L'occasion également pour Dany Laferrière pour lâcher, de-ci delà, quelques réflexions acerbes sur la perception du monde par nos contemporains. Clairvoyant et désabusé, il signe des pages qui feront date comme ce passage sur le pouvoir du sourire : « L'Anglais a déjà tenté de conquérir le monde avec son flegme et son parapluie. Le Japonais, son large sourire et un appareil photo. Le Louvre fait recette avec le sourire de la Mona Lisa. Personne ne rit en Occident. Le sourire c'est le pouvoir. Le rire souligne la défaite du Nègre. Je passe des journées entières à apprendre le sourire japonais. Un sourire détaché du visage. »

Moins « chaud » que ses précédentes œuvres (« Comment faire l'amour avec un Nègre sans se fatiguer » ou « Le goût des jeunes filles »), ce roman donne une dimension supplémentaire à un écrivain inclassable, hors du commun, passionnant dans ses différences.

« Je suis un écrivain japonais », Dany Laferrière, Grasset, 17,90 € 

mardi 15 avril 2008

BD - Fin de cavale pour la fille du Yukon


Assez déroutante la troisième et dernière partie de la série "La fille du Yukon" écrite par Philippe Thirault et dessinée par Sinisa Radovic. Ce western âpre et sans concession se déroulant durant la grande ruée vers l'or de la fin du 19e siècle vers les territoires du Nord, prend des airs de mélodrame dans cet album. 

Après les nombreuses morts violentes des précédents tomes, c'est l'heure de la stabilité et du calme. Bonnie, la petite fille née dans les dernières pages du tome 2, est au centre de l'histoire. Elle est devenue adulte et est amoureuse d'un jeune indien. Une passion naissante racontée en parallèle à son enfance et la mort de ses parents. Une nouvelle épreuve attend cependant la jeune femme : quelques jours avant son mariage, son fiancé est mobilisé et envoyé dans les tranchées de la guerre 14/18. 

Des grands espaces sauvages, au confinement de la boue, de la sueur et du sang. Un grand écart graphique que Radovic maîtrise parfaitement.

"La fille du Yukon" (tome3), Dupuis, 13 € 

lundi 14 avril 2008

BD - Quand des humains étaient exhibés en cage


Le premier tome de « Kia Ora », paru en janvier 2007, avait fait sensation. Cette histoire de troupe de danseurs et chanteurs Maoris, embauchés par un promoteur de spectacle anglais pour présenter leurs coutumes à Londres à la fin du 19e siècle, était profondément humain. Le premier volume montrait comment Maaka et son épouse, jeune couple ayant des difficultés financières, avait accepté de partir durant ces quelques mois, laissant leur fillette, Nyree, aux grands-parents. 

Mais la petite parvient à se glisser à bord du bateau en partance. Elle sera découverte quelques jours plus tard, affamée, et sera donc du voyage. Pour ces maoris, fiers et courageux, la découverte de Londres est un rêve éveillé. Leur accueil par les Européens est beaucoup moins agréable. Passé la surprise, le spectacle remporte beaucoup moins de succès. Un « haka » cela fait peur une fois, mais c'est assez limité dans le temps. 

Le promoteur, au bord de la faillite, trouve comme solution de repli le jardin d'acclimatation de Paris. La troupe de Maoris y sera exhibée comme des animaux en cages. Les hommes du Pacifique appréciera moyennement. 

Le scénario de Jouvray et Olagnier s'appuie sur la vision de Nyree. Efa, au dessin, est sobre et efficace.

« Kia Ora » (tome 2), Vents d'Ouest, 13 € 

dimanche 13 avril 2008

BD - Apprendre l'Histoire en s'amusant


A chaque rentrée scolaire, ils font rire des milliers de jeunes et de moins jeunes. Les Profs, en quelques années, sont devenus les champions du rire et des ventes. Une formule qui marche parfaitement et que les deux auteurs, Pica (dessin) et Erroc (scénario) ont décidé de prolonger par une série thématique sur l'Histoire. 

Pas de gags cette fois mais huit récits complets qui conduisent les héros à divers époques de l'Humanité, de la préhistoire à un futur proche. On appréciera particulièrement le récit se déroulant en Egypte à l'époque des Pharaons. Les scribes Antoinis et Paulis, après une vaine tentative de grève, sont chargés, pour se faire racheter, de rédiger la légende du pharaon Touthéfaktis. 

Ils mettent beaucoup de coeur à l'ouvrage, mais le résultat final laisse à désirer car ils ont eu le malheur de confier à Boulardis, le pire cancre du Nil, la rédaction au propre de leur brouillon. Pica a du retrouver avec plaisir les décors et costumes d'une de ses séries défuntes. Du temps où il signait Pierre Tranchand et que Chafouin et Baluchon étaient les héros du mensuel « Gomme ». Nostalgie, quand tu nous tiens...

« Les Profs refont l'Histoire » (tome 1), Bamboo, 9,45 € 

samedi 12 avril 2008

BD - L'énergie des barbouzes


Un scénariste français ayant fait ses débuts dans l'écriture de jeux vidéos, Fred Weytens, un dessinateur canadien longtemps spécialisé dans les super héros, Denis Rodier, se sont associés pour cette nouvelle série d'action et d'espionnage de la collection Impact de chez Delcourt. Egide est une officine secrète, dépendant directement des gouvernements de quelques pays européens. 

Ses membres sont sollicités quand il faut intervenir à la limite de la légalité. Marc de Saint-Mont en est le chef. Il a sous sa responsabilité un génie de l'informatique, une pilote d'exception et un gros bras aimant les sensations fortes. Ils vont être chargés de surveiller un ancien agent secret russe sur le point de détourner une invention déterminante pour l'avenir. Un premier album mené à 100 à l'heure, où en plus de l'intrigue, Egide va tenter de recruter un nouvel élément. 

Aléna est une jeune cambrioleuse russe. Ses compétences de discrétion et de camouflages seront utiles à ce groupe de barbouzes efficaces et sympathiques. Reste à la convaincre de l'utilité de choisir le bien commun contre ses intérêts personnels...

« Egide » (tome 1), Delcourt, 10,50 € 

vendredi 11 avril 2008

BD - Kogaratsu dans la fournaise


Kogaratsu, presque à la retraite, a délaissé son sabre pour la hache. Le samouraï errant subvient à des moyens en fendant des bûches de bois pour un fermier. Une existence calme et tranquille qui ne va pas durer. Il reçoit un énigmatique message qui le pousse à reprendre la route. Il se rend au rendez-vous et découvre que c'est sa famille qui lui lance un appel au secours. Il se rend donc au chevet de la « Mère », dans ce donjon perché au sommet des montagnes. 

Une communauté de femmes qui fait bien des envieux. Une bande de brigands conspire pour prendre la place forte et s'emparer du trésor. Ils ont l'avantage d'avoir une alliée dans la place. Mais l'issue du combat pourrait changer avec l'arrivée de Kogaratsu. Le héros japonais de Bosse et Michetz était resté longtemps silencieux. Une parenthèse due au perfectionnisme du dessinateur qui a particulièrement soigné ces 52 planches. 

Un trait de plus en plus épuré, des scènes d'action époustouflantes : cet album ne vous décevra pas. L'incendie du donjon est reconstituée avec grande minutie par un graphiste d'exception. Une série rare à ne pas oublier.

« Kogaratsu » (tome 11), Dupuis, 10,40 € 

jeudi 10 avril 2008

BD - Mortimer aux sources de la civilisation

La nouvelle aventure de Blake et Mortimer de Sente et Juillard se passe en grande partie en Afrique.


Un peu plus de trois ans après la parution du second tome des « Sarcophages du 6e continent », Blake et Mortimer sont de retour, toujours animés par le duo Yves Sente au scénario et André Juillard au dessin. Après la Belgique et l'Antarctique, les deux héros britanniques vivent une aventure se déroulant en grande partie en Afrique. Tout commence par la découverte d'une grotte dont l'accès est sous le niveau de l'eau du lac du Ngorongo, dans la région centrale du Tanganyaka. Un ethnologue allemand, Ulrich Heidegang, visite une vaste salle recouverte d'or et subtilise une bague portée par une statue gigantesque. Il est surpris par des hommes lycaons qui le blesse avec une lance empoisonnée. Heidegang parvient à rejoindre la civilisation mais est devenu dément.

Trois mois après ces faits, le professeur Mortimer, en lisant la presse, remarque que les motifs sur la bague sont très étranges, du jamais vu. Il va se lancer dans des recherches pour tenter de découvrir à quelle civilisation elle se réfère et avec l'aide de deux amies, Nastasia et Sarah, va se retrouver sur la trace d'une civilisation perdue, vieille de 350 millions d'années, quand la Terre n'avait qu'un seul continent, le Gondwana.

Face à la faune sauvage

Une premier partie savante suivie de l'expédition dans la savane. Là cela se complique pour le trio qui devra affronter les fauves (éléphants, lycaons, lions et hippopotames) ainsi que les sbires du colonel Olrik. Le méchant emblématique de la série, loin d'être éliminé comme les fidèles lecteurs le pensaient, est toujours en vie et avide de richesse et de vengeance.

Dans cette aventure, la 18e, le professeur Mortimer tient la vedette, le capitaine Blake n'intervenant que dans les dernières pages. Un album qui, tout en restant fidèle à l'oeuvre originale, tente de renouveler un peu cet univers qui franchit les décennies. Au niveau du scénario, on regrettera l'exploitation limitée de la civilisation perdue et le coup de théâtre, peu crédible, des dix dernières pages. Par contre on ne peut que s'extasier devant les dessins de Juillard. Il parvient à injecter une bonne dose d'élégance à l'image graphique de la série, Mortimer est moins rigide et les femmes de plus en plus belles. Chaque vignette de transition, que cela soit dans les rues de Londres ou dans la savane africaine, sont de superbes miniatures qui méritent toutes d'être encadrées.

« Blake et Mortimer, Le sanctuaire du Gondwana », Yves Sente et André Juillard, Editions Blake et Mortimer, 14 euros 

mercredi 9 avril 2008

BD - En piste pour les souvenirs de cirque


La mode est aux autobiographies dessinées. Rudy Spiessert, dessinateur de Ingmar et du Stéréo Club, dans « Les villes d'un jour », raconte son enfance. 

Par chance, son quotidien était peu banal : il jouait avec des éléphants, ramassait des paillettes dans de la sciure de bois, n'allait jamais à l'école, déménageait tous les jours, rencontrait régulièrement des magiciens et des clowns espagnols. 

Ses parents étaient employés dans un grand cirque et il a sillonné 11 mois sur 12 les routes de France dans une caravane, admirant le spectacle caché sous les gradins. Même ceux qui n'aiment pas le cirque seront sensibles à ces histoires simples et belles.

« Les villes d'un jour », Soleil Quadrants, 9,90 € 

mardi 8 avril 2008

BD - Didier Tronchet loin du train-train quotidien


Didier Tronchet le reconnaît, « La gueule du loup » doit beaucoup à son expérience du cinéma. On pourrait effectivement se croire dans un film. Notamment le premier acte, quand François Renard, gynécologue, et Jacky Mousselin, chômeur longue durée, se croisent dans une soirée de speed-dating. 

Deux hommes que tout oppose mais qui finalement seront attirés par la même femme, la mystérieuse Iléna. Mais ce début entre comédie et romance, classique histoire à trois, prend rapidement des airs de thrillers déjanté. L'intrigue est millimétrée, les personnages réussis, la fin inoubliable, le dessin vif : de la belle ouvrage sur plus de 100 pages.

« La gueule du loup », Futuropolis, 19 € 

lundi 7 avril 2008

BD - Art-mement


1912 à Paris, l'artiste peintre Luciano Salvatori ne s'en sort pas. Ce créateur adepte du futurisme, ne mange pas à sa faim. Sur le point de tout abandonner, il rencontre un riche mécène qui lui commande des centaines de dessins. Une demande qui semble extravagante : imaginer et peindre les machines de destruction qui pourraient être utilisées dans les guerres du futur. 

Salvatori va totalement s'investir dans cette oeuvre, délaissant amis et compagne pour laisser libre cours à son imagination. 

Ce roman graphique ambitieux et réussi est le premier album de deux auteurs venus de l'animation, Olivier Cotte qui signe le scénario et Jules Stromboli au dessin.

« Le Futuriste », Casterman, 13,75 € 

dimanche 6 avril 2008

BD - Et Tanâtos provoqua le chaos...


Second tome de la très feuilletonesque série "Tanâtos" de Convard (scénario) et Delitte (dessin). Tanâtos est une sorte de génie du mal qui manoeuvre dans les coulisses pour arriver à son but ultime : gagner de millions en faisant tourner à plein régime ses usines d'armement. En ce début d'année 1914, les bruits de bottes se font de plus en plus présents partout en Europe. Il ne reste plus beaucoup d'obstacles. 

En empruntant les apparences que quelques personnages clés (député, industriel...), Tanâtos parviendra a mener son plan à bien. Mais il trouvera sur son chemin le détective Victor, toute l'agence de Fiat Lux, quelques policiers et des politiques hostiles à la guerre. Jaurès par exemple. Mais Jaurès ne verra pas le début des hostilités, un homme de main de Tanâtos va se charger de faire définitivement taire le pacifiste. Ce sont 54 pages denses, reconstituant parfaitement cette époque et les mentalités d'alors. 

Convard rend hommage aux grands romanciers du genre (Souvestre et Allain, créateurs de Fantomas) mais en donnant une dimension politique supplémentaire. Car au final, le message est clair : les guerres ne sont que des artifices pour permettre à quelques capitalistes de décupler leurs profits le temps d'une situation exceptionnelle. Une vérité qui est encore d'actualité, il suffit de voir quelles sont les sociétés qui profitent le plus de l'invasion de l'Irak actuellement. Et qui sait, Tanatôs est peut-être derrière là aussi...

« Tanatos » (tome ), Glénat, 12,50 € 

samedi 5 avril 2008

Roman - Interdit à toute femme... et à toute femelle

Les premières pages risquent de désarçonner les lecteurs non avertis. On s'attend à un roman mystique, se déroulant en pleine Grèce orthodoxe avec moines intégristes et réflexions sur l'ascétisme et autres mortifications pour purifier son âme et on tombe dans une partie de sexe digne du porno du samedi soir sur une chaîne cryptée. Gabriel, le narrateur, est un jeune célibataire qui s'ennuie depuis que sa belle Faustine l'a abandonné pour un de ses amis, Octave. 

Dans ce roman de Christophe Ono-dit-Biot, les protagonistes dévorent la vie sans pour autant être sûrs d'agir à bon escient. Ils sont jeunes, beaux et indépendants ; ils ont tout pour réussir, et pourtantà Gabriel, au lendemain de cette soirée nauséabonde, est contacté par Faustine.

Il la retrouve toujours aussi belle, encore plus ce jour-là alors qu'elle donne le sein ("mat et plein de lait") à son enfant. Ce bébé aurait pu être celui de Gabriel. Mais c'est Octave le père. Il a disparu en Grèce. Du côté du Mont Athos, "le dernier état monastique en Europe. Entre la Grèce et la Turquie, une petite presqu'île entourée par la mer Egée. Tout autour de la côte, vingt monastères fortifiés, datant du XIe siècle." Faustine voudrait que Gabriel retrouve Octave. Elle ne peut pas y aller. Le Mont Athos est interdit à toute femme.

Chevalier servant un peu naïf, Gabriel accepte de se rendre dans cette région qui semble avoir cessé d'évoluer depuis des siècles. Une fois sur place, dans un monastère reculé, immobile depuis des siècles, il commence à se poser des questions. Oublie l'enfant et Faustine pour profiter du cadre.

"Le silence était parfait. Rien d'autre que le bruit des vagues.

Rien d'humain. Je comprenais Octave d'un seul coup. C'est peut-être cela que j'étais venu chercher. Me laver le corps. (à) Jeter par-dessus bord tout ce qui encombrait et qu'on nous foute une paix royale. Disparaître enfin.

Me mettre en stand-by pour des siècles. (à) Casser tout rêve en le dénonçant immédiatement comme une chimère". On le devine assez rapidement, ce périple ne sera pas sans laisser des traces sur la vie de Gabriel. Sur la nôtre également. Car en allant de surprise en surprise dans ce roman, le lecteur aura tendance à se remettre en cause à son tour. Mais gare aux retours de foi.

"Interdit à toute femme et à toute femelle", Christophe Ono-dit-Biot, Plon, 18,50 € (disponible en poche chez Pocket) 

vendredi 4 avril 2008

Thriller - La magie de la mort

Après 12 années de prison, un tueur d'enfant retrouve la liberté et tous ses démons. « Le Magicien », un thriller français de Jean-Marc Souvira.


Deux hommes face à face. Deux personnages principaux dont les points de vue alternent tout au long de ce roman policier de Jean-Marc Souvira. Premier à entrer en scène, Arnaud Lécuyer. Il vient de purger 12 années de prison pour le viol et le meurtre d'une vieille dame. De l'autre le commissaire Ludovic Mistral, flic d'élite récemment nommé à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris, le fameux 36, quai des Orfèvres. Arnaud Lécuyer sous ses airs de petit homme tranquille, maigrichon, timide et effacé, cache un redoutable prédateur. Durant les 12 années de prison, il a tué, en toute discrétion, trois co-détenus qui avaient abusé de lui à son arrivée.

Mais Arnaud Lécuyer, « tombé » pour le viol d'une personne âgée, est surtout attiré par les petits garçons. Il en a six dans sa « collection », six gamins de 9 à 11 ans qu'il a entraînés dans une cave d'immeuble, étranglés puis violés. Un tueur en série qui a terrorisé la capitale il y a 13 ans. Il était surnommé le Magicien car pour obtenir la confiance des jeunes garçons, il leur faisait des tours de cartes. Les enfants, fascinés, suivaient ce prestidigitateur qui acceptait de révéler ses secrets, mais à l'abri des regards et oreilles indiscrètes.

Un policier presque parfait

Arnaud Lécuyer sort donc de prison et malgré un emploi d'insertion chez un plombier, des convocations chez le juge d'application des peines et des séances obligatoires chez un psychiatre, retombe dans tous ses travers, ses perversions. Au volant de sa camionnette de service, il ne peut s'empêcher de se mettre en « chasse ». Il repère un gamin qui s'ennuie et tente de recommencer, comme avant. Il est dérangé par un clochard qui y perd la vie. Mais l'enfant survit et raconte aux policiers comment il a été abordé par ce « Magicien ».

Un Magicien de sinistre mémoire qui refait surface, provoquant un branle-bas de combat dans le service du commissaire Mistral. Ce policier est l'antithèse du flic communément véhiculé dans les polars : marié, deux enfants, aimant le jazz, formé aux USA, « le fait de parler avec son épouse, de la resituer dans leur environnement familial avec leurs deux enfants, apaise Mistral qui a besoin de ces contacts familiaux pour affronter son travail. Ce n'est pas le genre de flic solitaire qui fume deux paquets de clopes, boit une bouteille de whisky par jour et qui a u mal à rentrer chez lui en se demandant de quoi demain sera fait. » Un policier presque parfait qui, en plus de cette délicate enquête, doit faire face à l'ambition d'un collègue frustré.

« Prédateur » en « chasse »

Cela donne un contraste très fort entre cet homme équilibré, aimant, épanoui et croyant fermement à sa mission de justice et le tueur, névrosé, avide de sexe et de sang, comme pour mieux entretenir le souvenir des violences sexuelles imposées par son père. Récupérant sa liberté, son premier échec ne le refroidit pas : « Le prédateur cherche une place de stationnement à proximité du Trocadéro. Il y a toujours beaucoup de monde dans ce lieu touristique. Lécuyer se dit qu'un môme qui s'égare, même un touriste, ferait l'affaire ».

Jean-Marc Souvira ne raconte, dans ce premier roman très documenté, que le quotidien de nombre de ses collègues car il est lui-même policier à Paris. Le lecteur, entre les explications savantes des rouages d'une enquête, sera surtout marqué par les pensées abominablement macabres de Lécuyer, la figure centrale, et très réussie, de ce thriller plaisant bien que parfois à la limite du morbide.

« Le Magicien », Jean-Marc Souvira, Fleuve Noir, 20 € (disponible en poche chez Pocket) 

jeudi 3 avril 2008

BD - Le côté obscur d'une belle brune


Il paraît que Hélène Bruller est une vraie salope. Une information de source sûre puisqu'elle vient de la principale intéressée. Hélène Bruller, après avoir tenté de trouver le prince charmant, se penche sur son cas. Pas loin d'être désespéré. Elle vient de se faire larguer par Martin, son fiancé. Alors forcément cela joue sur son moral et elle devient légèrement caustique. 

Avant de devenir une loque définitivement solitaire, elle réagit et se lance à la recherche d'un nouveau mec. Mais il ne faut pas se tromper entre le « con, le moche, l'inférieur et le sensible ». Sous forme de gags en deux planches, elle s'épanche également sur ses rapports compliqués avec sa mère, ses sœurs, ses collègues de travail et des copines qui ne le sont pas toujours... 

Un dessin très simple, très expressif dans la caricature, vient renforcer cette formidable critique de nos rapports avec le sexe opposé. Et puis cet album finit bien car dans le cadre de son travail, Hélène Bruller rencontre Zep, le dessinateur de Titeuf. Un Suisse difficile à cerner. Finalement Hélène le reverra, ira chez lui, sera dans ses bras, puis dans ses draps et enfin dans sa vie... Martin est oublié.

« Hélène Bruller est une vraie salope », Vent des Savanes, 13,90 € 

mercredi 2 avril 2008

BD - Sur la route de l'imagination


Les éditions Bamboo, célèbres pour leur collections comiques Job et Sport, étoffent leur catalogue avec des séries différentes. Ainsi « Nationale 0 », série d'histoires courtes (dessinées par Maltaite) parues au milieu des année 90 dans les pages du journal Spirou, obtient une seconde chance avec cette publication en album. Janssens, dont c'était presque les premiers scénarios, explorait la veine du fantastique comique. Le héros, Emile Karpoto, obtient un travail royal : il est chargé de convoyer à travers les USA, les voitures de riches clients qui eux préfèrent prendre l'avion. 

Au cours de sa première mission, il renverse une tortue sacrée indienne qui lui lance une malédiction : il devra affronter les incohérences spatio-temporelles de la Nationale 0. Une route peu banale sur laquelle vous pouvez croiser un chevalier en armure lancé à la poursuite d'un dragon, des Pères Noël assassins, des chevaliers Tectoniques, participant à une incroyable bataille dans les profondeurs de la terre ou un homme en papier, signant ses meurtres en laissant une cocotte en papier sur le corps de ses victimes. 

A ne pas manquer la meilleure histoire, celle des personnages des contes anciens tentant de résister à l'invasion des super héros et des personnages modernes des mangas ou séries télévisisées.

« Nationale 0 », Bamboo, 9,45 €



mardi 1 avril 2008

BD - Quand les Indiens se rebellent


Au début du 19e siècle, dans l'Ouest américain, Robert Frazer, un ancien soldat ayant participé à l'expédition héroïque de Lewis et Clark six ans auparavant, est installé au bord de la rivière Missouri. Dans une cabane construite de ses mains, il vit avec sa femme Elizabeth et son fils Joshua. Il chasse et revend les peaux dans la ville distante de quelques kilomètres. 

Au début du premier album de cette nouvelle série de Roger Seiter (scénario) et Vincent Wagner (dessin), il est justement en train de vendre une partie de sa production et en profite pour accueillir son frère, James, médecin fraîchement diplômé. Au même moment, une bande d'Indiens Crows attaque la maison isolée, vole armes et denrées et enlève la jeune Blanche et son fils. 

Quand Robert, de retour, découvre la maison saccagée, il se lance à la poursuite des ravisseurs. Il a deux jours de retard et trouve des preuves de la survie de sa femme et de son fils. Le long du fleuve, en canoë et à cheval, c'est une course poursuite âpre et difficile qui attend les Occidentaux. 

Les Indiens, de leur côté, attaquent des trafiquants et tentent de soulever toutes les tribus qu'ils rencontrent sur leur chemin. Une BD qui revisite le mythe des pionniers, montrant des Indiens ivres de sang et des colons pillant une terre qui n'est pas la leur.

« Wild River » (tome 1), Casterman, 11,50 €