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mardi 12 décembre 2023

Un dictionnaire : La maison de la radio et de la musique


Pour les 60 ans de la maison ronde, c’est un habitué des lieux qui signe ce dictionnaire amoureux. Bernard Thomasson, quand il n’est pas dans les cuisines d’un bon restaurant, bosse dans les studios de la Maison de la radio. Il connaît parfaitement les couloirs (interminables) et surtout l’histoire de ce monument de la radio en France.

Alors de Artur, José de son prénom, créateur du Pop Club à zigotos, les créateurs de l’émission Des Papous dans la tête sur France Culture, souvenez-vous de ces belles heures passées à écouter que s’est toujours fait de mieux en création radiophonique en France.

« Dictionnaire amoureux de la Maison de la radio et de la musique », Bernard Thomasson, Plon & Radio France, 700 pages, 28 €

samedi 30 janvier 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Non, il n'a pas changé


Il faut toujours se méfier des grandes déclarations des hommes politiques après une défaite. Nicolas Sarkozy, battu en 2012, quitte dans un premier temps la sphère publique. Puis se ravise en précisant qu'il a changé. Maintenant il se retrouve à nouveau dans le rôle de l'outsider qui va tout casser pour reprendre sa place au sommet. Une reconquête qui passe par un livre paru la semaine dernière. Sarkozy dans ces pages a beau faire un certain nombre de mea culpa (Fouquet's, yacht de Bolloré...), il redevient la bête politique préférée des médias quand il répond aux nombreuses attaques à propos de son ouvrage. Et de se lancer dans une de ces comparaisons dont les plaisantins des réseaux sociaux s'emparent immédiatement. Racine, "a été très perturbé par les critiques quand il a sorti Phèdre. Les critiques sont oubliées, Racine non." L'ancien président ne doute de rien (c'est d'ailleurs une de ses forces), mais se comparer à Racine, faut oser... Résultat il déguste sur Twitter : "Sarkozy se compare à Racine ? Il a raison : son retour est une vraie tragédie !" écrit méchamment un certain Daarjeeling. Sarkozy n'a pas changé non plus alors qu'il agonit d'injures (selon le Canard Enchaîné), deux maires héraultais Les Républicains coupables d'avoir soutenu Dominique Reynié aux dernières régionales. Sarkozy tel qu'en lui-même donc, sûr de lui et en mode bulldozer. Mais son livre politique "La France pour la vie" dépassera certainement en succès "Pourquoi pas moi !", l'autobiographie de Jean-Vincent Placé qui plafonne à moins de 400 exemplaires.
Edit vendredi à 19 heures : Plusieurs lecteurs (Catherine, Aline...) m'ont signalé par email l'horrible faute publiée ce matin dans ce texte. Non, Nicolas Sarkozy "n'agonise" pas. Il""agonit" plus justement d'injures les deux maires. Je sens que cette faute risque de se retrouver dans les perles de la presse déchaînée du prochain Canard.

samedi 20 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le bonheur obligatoire

bonheur, joie, fioretto, pocket, plon Pascal Fioretto est génial. Cet auteur, habitué des pages de Fluide Glacial (le numéro d'octobre, un spécial loosers, avec poster central de François Hollande nu), publie régulièrement pamphlets décapants et autres pastiches savoureux aux éditions Chifflet & Cie. Sorti en 2008, « La joie du bonheur d'être heureux » est enfin disponible chez Pocket pour la modique somme de 6,50 euros. L'auteur suit la longue introspection de son héroïne, passe ainsi au karcher les techniques - elles visent toutes à atteindre les tréfonds de son moi - jusqu'à atteindre le nirvana intellectuel. Car notre société ne plaisante pas avec le bonheur. Il convient d'afficher sa joie, d'être heureux à tout prix. Une clique de charlatans en profite, tel le joueur de flûte de Hamelin, qui prennent le contrôle d'esprits faibles, dirigés vers une pensée unique positive. La charge de Pascal Fioretto est puissante. Mais surtout hilarante. En résumé, on pourrait citer l'homme politique le plus décrié de France en ce moment : « Pas facile d'être heureux ! ».
Pascal Fioretto vient également de publier chez Plon un roman au titre toujours aussi alléchant : « Un condamné à rire s'est échappé ».
(Chronique "De choses et d'autres" parue samedi 20 septembre en dernière page de l'Indépendant.)

lundi 7 septembre 2009

Roman - Prisonniers bourreaux

La liberté peut parfois être pire que la captivité. Philippe Carrese dans cette « Enclave » étudie la psychologie d'esclaves devenus bourreaux.


« Ils sont partis ce matin. »
La première phrase de ce roman de Philippe Carrese résume l'étonnement des prisonniers du camp de Medved' en Slovaquie. On est en janvier 1945. Ils, ce sont les soldats allemands. Depuis des années, des centaines d'hommes et de femmes sont prisonniers dans ce camp de travail isolé dans la montagne. Au début ils creusaient des galeries dans une mine. Puis la guerre devenant de plus en plus dure, ils ont eu pour tâche de fabriquer des cercueils. Des milliers de cercueils livrés partout dans le Reich par une voie ferrée, seul lien avec le reste du pays.

Les Allemands sont partis, en une nuit. Les prisonniers n'osent y croire. Et quand les plus téméraires veulent partir eux aussi, ils meurent dans l'explosion d'un pont miné par l'armée nazie. Les montagnes enneigées d'un côté, un ravin infranchissable de l'autre, les prisonniers de Medved' sont libres mais bloqués dans leur camp. Il ne faudra que trois jours pour que tout se remette en ordre, avec reprise du travail et chefs donnant des ordres.

Tout est gris

Les tortionnaires ne sont plus là, mais l'enfermement reste et de nouveaux bourreaux semblent avoir pris le pouvoir. Ces événements, le lecteur les vit à travers le regard de Mathias, un jeune garçon qui aura le bonheur de retrouver sa mère au départ des Allemands. Mais il comprendra rapidement et l'écrira dans des cahiers d'écoliers, que la vie à Medved' sera tout aussi rude dans les prochains mois. Pourtant, ce n'était déjà pas la joie : « Ici les couleurs n'existaient pas. Les façades en bois, les wagons, les grilles et leurs barbelés, les vêtements, les arbres de la forêt, les gardes-chiourmes et leurs supérieurs aryens, le ciel, la peau des hommes, tout était gris. Même le sang des suppliciés ne produisait aucune trace de rouge. »

Medved' en plus de produire des cercueils, servait également de centre reproducteur pour le Reich. Dans le « Palais », le bâtiment des officiers, une vingtaine de femmes, blondes, jeunes, répondant aux critères de la race aryenne, servaient de reproductrices. Pour assurer l'avenir de la race. Servir de putains aussi...

Bordel et maternité

Quelques enfants sont nés et vivent toujours à Medved'. D'autres ont été enlevés à leurs parents comme Dieter « et ses petits camarades blonds aux yeux bleus, des représentants parfaits de la race aryenne, conduits vers Medved', et oubliés là par l'administration de Heinrich Himmler. Paradoxe total. La pérennité de la race pure passait par Medved', et c'était une impasse. »

La situation va aller en empirant au fur et à mesure de la prise de pouvoir de Dankso, un prisonnier « au regard froid, perçant, un regard de guerrier ». Il y voit une opportunité inespérée de prendre sa revanche. Dankso, sous couvert de démocratie, va instaurer une véritable dictature qui fera au final presque autant de morts que la barbarie des nazis. Mathias va raconter ces quelques jours de liberté et comment la communauté va basculer. Des mois plus tard, il tentera de fuir. Mais il devra affronter une multitude de dangers, de la « police » de la république de Medved' aux mines laissés par les Allemands et les animaux sauvages de la forêt.

Ce roman, d'une grande dureté, est signé Philippe Carrese. Un auteur marseillais que l'on n'attendait pas dans ce genre. Il s'est surtout fait connaître en signant des polars truculents aux accents provençaux. Il démontre dans ce texte qu'il peut aborder tous les genres, même les plus dramatiques.

« Enclave », Philippe Carrese, Plon, 20 € 

samedi 5 avril 2008

Roman - Interdit à toute femme... et à toute femelle

Les premières pages risquent de désarçonner les lecteurs non avertis. On s'attend à un roman mystique, se déroulant en pleine Grèce orthodoxe avec moines intégristes et réflexions sur l'ascétisme et autres mortifications pour purifier son âme et on tombe dans une partie de sexe digne du porno du samedi soir sur une chaîne cryptée. Gabriel, le narrateur, est un jeune célibataire qui s'ennuie depuis que sa belle Faustine l'a abandonné pour un de ses amis, Octave. 

Dans ce roman de Christophe Ono-dit-Biot, les protagonistes dévorent la vie sans pour autant être sûrs d'agir à bon escient. Ils sont jeunes, beaux et indépendants ; ils ont tout pour réussir, et pourtantà Gabriel, au lendemain de cette soirée nauséabonde, est contacté par Faustine.

Il la retrouve toujours aussi belle, encore plus ce jour-là alors qu'elle donne le sein ("mat et plein de lait") à son enfant. Ce bébé aurait pu être celui de Gabriel. Mais c'est Octave le père. Il a disparu en Grèce. Du côté du Mont Athos, "le dernier état monastique en Europe. Entre la Grèce et la Turquie, une petite presqu'île entourée par la mer Egée. Tout autour de la côte, vingt monastères fortifiés, datant du XIe siècle." Faustine voudrait que Gabriel retrouve Octave. Elle ne peut pas y aller. Le Mont Athos est interdit à toute femme.

Chevalier servant un peu naïf, Gabriel accepte de se rendre dans cette région qui semble avoir cessé d'évoluer depuis des siècles. Une fois sur place, dans un monastère reculé, immobile depuis des siècles, il commence à se poser des questions. Oublie l'enfant et Faustine pour profiter du cadre.

"Le silence était parfait. Rien d'autre que le bruit des vagues.

Rien d'humain. Je comprenais Octave d'un seul coup. C'est peut-être cela que j'étais venu chercher. Me laver le corps. (à) Jeter par-dessus bord tout ce qui encombrait et qu'on nous foute une paix royale. Disparaître enfin.

Me mettre en stand-by pour des siècles. (à) Casser tout rêve en le dénonçant immédiatement comme une chimère". On le devine assez rapidement, ce périple ne sera pas sans laisser des traces sur la vie de Gabriel. Sur la nôtre également. Car en allant de surprise en surprise dans ce roman, le lecteur aura tendance à se remettre en cause à son tour. Mais gare aux retours de foi.

"Interdit à toute femme et à toute femelle", Christophe Ono-dit-Biot, Plon, 18,50 € (disponible en poche chez Pocket)